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Afrique : Le premier combat, c'est de renforcer ses institutions civiles et militaires
Publié dans Le Maghreb le 29 - 11 - 2019

Les demandes pour une réforme des Nations unies fusent de toutes parts, notamment en ce qui concerne le renforcement du mandat de la MINUSMA. Sputnik France a demandé à Gilles Yabi, fondateur du think tank WATHI, comment la société civile pourrait davantage contribuer à cette lutte contre l'insécurité et les attaques djihadistes. "Il ne s'agit pas seulement de nous battre pour que les missions de paix de l'ONU soient plus efficaces. Il faut se battre pour qu'on n'ait pas besoin de missions de maintien de la paix en Afrique. Cela passe par le renforcement de nos États, par le renforcement de nos sociétés civiles, par la réponse à des défis structurels comme l'éducation, la gouvernance politique, la lutte contre la corruption... Nous devons choisir nos combats et privilégier le renforcement de nos institutions qui sont aujourd'hui considérablement affaiblies", a martelé au micro de Sputnik le Béninois Gilles Yabi, fondateur du think tank WATHI et docteur en économie du développement. Pour le fondateur, en décembre 2014, de ce think tank "citoyen, participatif et multidisciplinaire" basé à Dakar afin de mieux étudier les dynamiques ouest-africaines, force est de constater qu'une grande partie de l'agenda des Nations unies est occupée par le continent africain. Mais, alors que les demandes pour une réforme de l'ONU fusent de toutes parts, il faut distinguer, selon lui, celles qui relèvent de laréforme de l'organisation onusienne en tant que telle (membres permanents du Conseil de sécurité, droit de veto de ce même conseil, etc.), de celles qui relèvent des mandats de maintien de la paix. "Nous devons nous organiser au niveau africain pour que l'Afrique ne soit pas constamment sur la table des discussions du Conseil de sécurité. Et devons faire en sorte que l'avenir des missions de paix des Nations unies ne se trouve pas sur le continent", a ajouté le consultant indépendant dans les domaines de l'analyse des conflits, de la sécurité et de la gouvernance politique en Afrique de l'Ouest.

Mettre en adéquation les moyens et les objectifs
Bien que cantonnée pour l'instant au seul territoire malien, la zone d'action de la MINUSMA a déjà été étendue. Le 29 juin 2019, à l'unanimité, le Conseil de sécurité a adopté, renouvelant d'un an le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unis pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). Avec, selon le texte de cette résolution, des effectifs qui restent dans les mêmes proportions: "13.289 militaires et 1.920 policiers au maximum"; et comme "première priorité stratégique" la mise en œuvre de l'Accord pour la paix, dit accord d'Alger, signé en 2015 par Bamako et les groupes armés indépendantistes du nord du Mali, en vue de la réconciliation.
Alors que, jusque-là, la zone d'action de la MINUSMA était limitée au nord du pays, sa seconde priorité est devenue la protection des populations du centre "où vivent 30% des 20 millions de Maliens". Une région où la "situation est explosive", de l'aveu même des Nations unies, en raison des violences récurrentes entre Peuls et Dogons, ce dont profite-le groupe djihadiste "Katiba Macina", dirigée par Amadou Koufa. Ce dernier se présente comme le "protecteur" de la communauté peule, au sein de laquelle il recrute ses combattants. Notant que la région centrale du Mali est, aussi, celle où s'est produit le plus grand nombre d'attaques contre des civils ayant fait le plus de victimes, Gilles Yabi déplore, pour sa part, que la MINUSMA soit devenue la mission de maintien de la paix "la plus meurtrière de l'histoire des Nations Unies" en raison d'une recrudescence des affrontements et de la violence intercommunautaires, ainsi que des attaques par des groupes terroristes et des milices d'autodéfense. Elle est aussi devenue "la plus chère", selon des chiffres compilés par divers instituts de recherche spécialisés sur les questions de paix et de sécurité. Compte tenu de l'afflux toujours plus grand de combattants djihadistes dans cette région, "la question du caractère inadapté de la MINUSMA s'est posée dès le départ", rappelle-t-il. D'où l'autorisation faite à la force française Barkhane d'"user de tous moyens nécessaires, dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement, jusqu'à la fin du mandat confié à la MINUSMA pour intervenir à l'appui d'éléments de la Mission en cas de menace grave et imminente.". Malgré un "plan d'urgence" dont les contours ont été récemment dévoilés, en plus de mesures visant à aider les autorités maliennes à "combattre l'impunité" dont jouissent les auteurs des violences commises dans le centre du Mali et à faciliter l'aide humanitaire pour les "populations meurtries " dont les "villages et les greniers ont été brûlés", Gilles Yabi ne croit pas que le salut viendra des troupes étrangères stationnées au Mali:
"Renforcer le mandat de la MINUSMA ne suffira pas. La vraie question qui continue de se poser au Mali est comment parvenir à mettre en adéquation un mandat politique, -la mise en application de l'accord de paix (d'Alger)-, avec le déploiement des forces nécessaires pour y parvenir", souligne Gilles Yabi.

Redonner le moral aux troupes!
Pour le fondateur de WATHI, l'impatience des chefs d'État africains de la région, surtout ceux impliqués dans le G5 Sahel (Burkina Faso, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad) s'explique par le manque de moyens financiers dont ils disposent. Toutefois, toute tentative de coopérer pour lutter contre les attaques djihadistes restera vaine, selon lui, tant que les États de la région n'auront pas réussi à réhabiliter voire, pour certains, à complètement réformer leurs forces armées et de sécurité: "Le renforcement des institutions militaires est la priorité. Il faut bien voir que toute coopération régionale ou internationale ne peut venir qu'en appoint d'un renforcement des institutions visant à renforcer le rôle et la capacité des États africains à faire face à leurs obligations régaliennes. Sinon, ça ne sert à rien de se mettre ensemble pour coopérer", affirme l'analyste. Car, même si le lien entre sécurité et développement est, aujourd'hui, établi, pour autant la menace terroriste grandissante en Afrique de l'Ouest et du Centre révèle la profondeur de la crise de gouvernance. La méfiance latente des populations vis-à-vis des forces armées mais aussi les limites de la coopération militaire entre contingents africains et forces extérieures n'en sont que l'expression audible, explique-t-il.
"C'est pourquoi il serait souhaitable que la communauté internationale remette l'accent sur la formation des armées nationales au Sahel. Chaque État concerné doit, de son côté, prendre la responsabilité de réformer son armée et de rendre le moral aux troupes en créant les conditions pour qu'elles soient à nouveau en lien avec les populations", préconise Gilles Yabi. Dans ces conditions, des initiatives de "paix par le bas" pourront à nouveau voir le jour et être encouragées. "C'est vrai que le recours aux acteurs des sociétés civiles africaines comme contributeurs à la paix est encore très timide. Mais dans des conditions d'insécurité extrême comme celles qui prévalent actuellement au Mali, au Burkina Faso ou au Niger, il est difficile de demander à ces acteurs de s'exposer", explique-t-il. Hors de question, toutefois, de "technocratiser" la société civile dont l'engagement doit "demeurer citoyen". Il évoque, à ce titre, le rôle joué à Gao (Mali) pendant l'occupation djihadiste de 2012 par des femmes et des jeunes pour maintenir un semblant de vie normale. S'il salue l'implication de tels acteurs et demande à ce que leur rôle de résistance soit davantage reconnu pour qu'ils puissent participer, à l'avenir, à la prévention des conflits et au maintien de la paix, au final rien ne pourra se faire sans des décisions politiques d'envergure. "D'où l'importance d'un véritable leadership politique sous nos latitudes!", martèle-t-il.


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