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Tamazight, 30 ans après….
Commémoration du printemps berbère
Publié dans Le Midi Libre le 17 - 04 - 2010

Que de chemin parcouru par la revendication de la langue et de la culture amazighes depuis le 20 avril 1980 !
Que de chemin parcouru par la revendication de la langue et de la culture amazighes depuis le 20 avril 1980 !
Trente ans dans l‘histoire d‘un pays ne représentent pas vraiment grand-chose. Mais quand on voit le stade auquel est parvenue la langue amazighe, on est tenté de dire que les choses sont allées trop vite. En effet, tamazight est passée rapidement de la phase d‘exclusion et d‘interdiction où l‘on pouvait risquer l‘emprisonnement, à la phase d‘une prise en charge institutionnelle et culturelle qui permet à la langue d‘enregistrer régulièrement des avancées considérables. Malgré beaucoup d‘insuffisances et de difficultés enregistrées notamment sur le plan de la production littéraire et audiovisuelle, tamazight est aujourd‘hui une langue qui compte en Algérie. En plus des trois départements de langue et culture amazighes qui ont été créés à Tizi Ouzou, Béjaia et Bouira, la revendication berbère a enregistré d‘autres acquis. Ainsi tamazight est enseignée dans les trois wilayas avec un taux couvrant 95 % de la population scolarisée. Depuis une année, la culture amazighe dispose d‘une chaîne de télévision étatique qui diffuse quotidiennement des programmes en langue berbère. Il faut ajouter à son actif les deux institutions qui travaillent d‘arrache-pied pour sa réhabilitation, à savoir le Haut commissariat à l‘amazighité et le Centre national pédagogique et linguistique pour l‘enseignement de tamazight. La culture ancestrale a bénéficié également de l‘institutionnalisation d‘un festival annuel du cinéma amazigh. Après des débuts dominés par l‘improvisation et le bricolage, le festival, entièrement financé par l‘Etat, s‘est amélioré avant d‘être institutionnalisé en 2004. Cela sans compter le progrès sur le plan politique dont bénéficie la langue amazighe. L‘Etat algérien, y compris ses représentants au niveau les plus élevés, reconnaissent la langue amazighe comme étant un segment linguistique, culturel et civilisationnel indissociable des autres dimensions composant l‘Algérie. Les choses se sont emballées dès 1995 avec la grève du cartable, mais la vitesse de croisière sera atteinte en 2003 avec la constitutionnalisation de tamazight comme langue nationale.
Retour sur les péripéties
Avant 1988, la langue amazighe était quasiment exclue des espaces publics. Quand elle n‘était pas interdite, elle était perçue comme un tabou. Des militants de la cause ont été arrêtés et jugés parce qu‘ils ont osé se révolter contre l‘ostracisme qui pesait sur leur langue maternelle. Le printemps berbère a été le moment inaugurateur de la révolte contre le déni identitaire. Malgré l‘ampleur des événements les retombées allaient tarder à se faire sentir, tamazight restera marginalisée durant encore de longs mois. C‘est l‘interdiction d‘une conférence que Mouloud Mammeri devait animer à Tizi-Ouzou sur la poésie kabyle ancienne qui a déclenché la révolte d‘Avril 1980. Sitôt la nouvelle de l‘interdiction répandue aux quatre coins de la Kabylie, les gens avaient partout investi la rue pour crier leur ras-le-bol tout en défiant les forces de répression. Le déclenchement du Printemps berbère a coïncidé avec le début de carrière d‘un certain Matoub Lounès. Celui-ci défiant les autorités a édité un double album spécialement dédié aux événements du Printemps berbère et à la revendication culturelle qui lui est sous-jacente intitulé Yehzen Oued Aissi en hommage aux étudiants de la cité universitaire d‘Oued Aissi d‘où est partie la révolte. Des militants de la cause berbère avaient été arrêtés. Ils seront relâchés quelques mois plus tard sous la pression populaire.
Les 8 ans qui séparent la revendication berbère des événements d‘Octobre 88 ne vont enregistrer aucun fait notable. Tout au long de cette période la question amazighe marquera le pas. Ce n‘est donc qu‘après les événements d‘octobre avec l‘avènement du régime du multipartisme que tamazight va commencer à occuper vraiment la scène. Des centaines d‘associations qui allaient faire de la promotion du berbère leur préoccupation majeure seront créées. Le Mouvement culturel berbère organise alors une série de manifestations et réussit à drainer les grandes foules (des dizaines de milliers de personnes) pour revendiquer la reconnaissance par l‘Etat de tamazight. Ce n‘est qu‘en 1991 que l‘introduction de tamazight dans les institutions étatiques se réalise, quoique timidement. Mais sous une pression populaire sans précédent le pouvoir finit pas céder, l‘Etat décide enfin de réserver pour la langue amazighe des tranches horaires à la télévision. Cinq minutes en tamazight injectées à la fin du journal télévisé de 13h. La deuxième décision qui viendra conforter la revendication a trait à la création de deux instituts de langue et culture amazighes au niveau des deux universités de la Kabylie (Bejaïa et Tizi-Ouzou). Le combat pour le recouvrement de l‘identité nationale ne fléchit pas. Suivent des marches populaires et des grèves générales qui paralysent l‘ensemble des activités économiques et scolaires de l‘ensemble des wilayas de la Kabylie. La mobilisation atteint des records lors de la rentrée scolaire et universitaire 1994/1995. Le MCB appelle à une grève générale et illimitée dans tous les établissements scolaires pour réclamer l‘introduction de tamazight dans le système éducatif. L‘action du boycott scolaire est massivement suivie dans les wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaia et la partie nord de Bouira. S‘ouvrent par la suite des négociations avec des représentants autoproclamés. Les premières tractations se soldent par un échec. Mais sous la pression du boycott qui s‘inscrit dans la durée, le gouvernement de l‘époque entame un dialogue plus sérieux qui devait aboutir le 22 avril 1995 à des accords qualifiés d‘historiques par une partie du MCB. Mais l‘épisode des négociations avait fait apparaître au grand jour les divergences entre les animateurs du MCB. Des masques tombent. Le MCB connaît alors sa première grande crise jamais vécue auparavant. En quelques semaines, le Mouvement culturel berbère, qui était uni contre toute épreuve, éclate en trois tendances.
Désormais aucune action de protestation ne peut plus être organisée dans l‘union. Entre temps, les accords du 22 avril permettent à tamazight de faire ses premiers pas dans le système éducatif. Une institution étatique rattachée à la présidence de la République ayant pour mission la réhabilitation de l‘amazighité est créée, il s‘agit du Haut Commissariat à l‘amazighité qui sera mis en place en 1995 par décret présidentiel. Un journal télévisé complet et quotidien en tamazight est diffusé à 18 h, une heure de grande écoute. Tous les engagements pris par le gouvernement sont concrétisés dans les délais et tamazight connaissait un début d‘institutionnalisation. Sur le plan politique la revendication s‘impose désormais à toute la classe politique. En 2003, tamazight est reconnue comme langue nationale dans la Constitution suite à une décision du président Abdelaziz Bouteflika, votée par l‘Assemblée populaire nationale. Il a fallu 23 ans depuis le Printemps berbère pour que tamazight figure enfin dans la Constitution algérienne comme langue nationale. Cette consécration est venue après des sacrifices énormes consentis par des militants de la cause à l‘image de Matoub Lounès, Mohand Haroun, Bessaoud Mohand Arab et tant d‘autres militants disparus dans l‘anonymat.
L. B.
Trente ans dans l‘histoire d‘un pays ne représentent pas vraiment grand-chose. Mais quand on voit le stade auquel est parvenue la langue amazighe, on est tenté de dire que les choses sont allées trop vite. En effet, tamazight est passée rapidement de la phase d‘exclusion et d‘interdiction où l‘on pouvait risquer l‘emprisonnement, à la phase d‘une prise en charge institutionnelle et culturelle qui permet à la langue d‘enregistrer régulièrement des avancées considérables. Malgré beaucoup d‘insuffisances et de difficultés enregistrées notamment sur le plan de la production littéraire et audiovisuelle, tamazight est aujourd‘hui une langue qui compte en Algérie. En plus des trois départements de langue et culture amazighes qui ont été créés à Tizi Ouzou, Béjaia et Bouira, la revendication berbère a enregistré d‘autres acquis. Ainsi tamazight est enseignée dans les trois wilayas avec un taux couvrant 95 % de la population scolarisée. Depuis une année, la culture amazighe dispose d‘une chaîne de télévision étatique qui diffuse quotidiennement des programmes en langue berbère. Il faut ajouter à son actif les deux institutions qui travaillent d‘arrache-pied pour sa réhabilitation, à savoir le Haut commissariat à l‘amazighité et le Centre national pédagogique et linguistique pour l‘enseignement de tamazight. La culture ancestrale a bénéficié également de l‘institutionnalisation d‘un festival annuel du cinéma amazigh. Après des débuts dominés par l‘improvisation et le bricolage, le festival, entièrement financé par l‘Etat, s‘est amélioré avant d‘être institutionnalisé en 2004. Cela sans compter le progrès sur le plan politique dont bénéficie la langue amazighe. L‘Etat algérien, y compris ses représentants au niveau les plus élevés, reconnaissent la langue amazighe comme étant un segment linguistique, culturel et civilisationnel indissociable des autres dimensions composant l‘Algérie. Les choses se sont emballées dès 1995 avec la grève du cartable, mais la vitesse de croisière sera atteinte en 2003 avec la constitutionnalisation de tamazight comme langue nationale.
Retour sur les péripéties
Avant 1988, la langue amazighe était quasiment exclue des espaces publics. Quand elle n‘était pas interdite, elle était perçue comme un tabou. Des militants de la cause ont été arrêtés et jugés parce qu‘ils ont osé se révolter contre l‘ostracisme qui pesait sur leur langue maternelle. Le printemps berbère a été le moment inaugurateur de la révolte contre le déni identitaire. Malgré l‘ampleur des événements les retombées allaient tarder à se faire sentir, tamazight restera marginalisée durant encore de longs mois. C‘est l‘interdiction d‘une conférence que Mouloud Mammeri devait animer à Tizi-Ouzou sur la poésie kabyle ancienne qui a déclenché la révolte d‘Avril 1980. Sitôt la nouvelle de l‘interdiction répandue aux quatre coins de la Kabylie, les gens avaient partout investi la rue pour crier leur ras-le-bol tout en défiant les forces de répression. Le déclenchement du Printemps berbère a coïncidé avec le début de carrière d‘un certain Matoub Lounès. Celui-ci défiant les autorités a édité un double album spécialement dédié aux événements du Printemps berbère et à la revendication culturelle qui lui est sous-jacente intitulé Yehzen Oued Aissi en hommage aux étudiants de la cité universitaire d‘Oued Aissi d‘où est partie la révolte. Des militants de la cause berbère avaient été arrêtés. Ils seront relâchés quelques mois plus tard sous la pression populaire.
Les 8 ans qui séparent la revendication berbère des événements d‘Octobre 88 ne vont enregistrer aucun fait notable. Tout au long de cette période la question amazighe marquera le pas. Ce n‘est donc qu‘après les événements d‘octobre avec l‘avènement du régime du multipartisme que tamazight va commencer à occuper vraiment la scène. Des centaines d‘associations qui allaient faire de la promotion du berbère leur préoccupation majeure seront créées. Le Mouvement culturel berbère organise alors une série de manifestations et réussit à drainer les grandes foules (des dizaines de milliers de personnes) pour revendiquer la reconnaissance par l‘Etat de tamazight. Ce n‘est qu‘en 1991 que l‘introduction de tamazight dans les institutions étatiques se réalise, quoique timidement. Mais sous une pression populaire sans précédent le pouvoir finit pas céder, l‘Etat décide enfin de réserver pour la langue amazighe des tranches horaires à la télévision. Cinq minutes en tamazight injectées à la fin du journal télévisé de 13h. La deuxième décision qui viendra conforter la revendication a trait à la création de deux instituts de langue et culture amazighes au niveau des deux universités de la Kabylie (Bejaïa et Tizi-Ouzou). Le combat pour le recouvrement de l‘identité nationale ne fléchit pas. Suivent des marches populaires et des grèves générales qui paralysent l‘ensemble des activités économiques et scolaires de l‘ensemble des wilayas de la Kabylie. La mobilisation atteint des records lors de la rentrée scolaire et universitaire 1994/1995. Le MCB appelle à une grève générale et illimitée dans tous les établissements scolaires pour réclamer l‘introduction de tamazight dans le système éducatif. L‘action du boycott scolaire est massivement suivie dans les wilayas de Tizi-Ouzou, Béjaia et la partie nord de Bouira. S‘ouvrent par la suite des négociations avec des représentants autoproclamés. Les premières tractations se soldent par un échec. Mais sous la pression du boycott qui s‘inscrit dans la durée, le gouvernement de l‘époque entame un dialogue plus sérieux qui devait aboutir le 22 avril 1995 à des accords qualifiés d‘historiques par une partie du MCB. Mais l‘épisode des négociations avait fait apparaître au grand jour les divergences entre les animateurs du MCB. Des masques tombent. Le MCB connaît alors sa première grande crise jamais vécue auparavant. En quelques semaines, le Mouvement culturel berbère, qui était uni contre toute épreuve, éclate en trois tendances.
Désormais aucune action de protestation ne peut plus être organisée dans l‘union. Entre temps, les accords du 22 avril permettent à tamazight de faire ses premiers pas dans le système éducatif. Une institution étatique rattachée à la présidence de la République ayant pour mission la réhabilitation de l‘amazighité est créée, il s‘agit du Haut Commissariat à l‘amazighité qui sera mis en place en 1995 par décret présidentiel. Un journal télévisé complet et quotidien en tamazight est diffusé à 18 h, une heure de grande écoute. Tous les engagements pris par le gouvernement sont concrétisés dans les délais et tamazight connaissait un début d‘institutionnalisation. Sur le plan politique la revendication s‘impose désormais à toute la classe politique. En 2003, tamazight est reconnue comme langue nationale dans la Constitution suite à une décision du président Abdelaziz Bouteflika, votée par l‘Assemblée populaire nationale. Il a fallu 23 ans depuis le Printemps berbère pour que tamazight figure enfin dans la Constitution algérienne comme langue nationale. Cette consécration est venue après des sacrifices énormes consentis par des militants de la cause à l‘image de Matoub Lounès, Mohand Haroun, Bessaoud Mohand Arab et tant d‘autres militants disparus dans l‘anonymat.
L. B.


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