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L'avocat contemporain de Camus
Rencontre avec Stéphane Babey au CCF
Publié dans Le Midi Libre le 09 - 05 - 2010

Le Centre culturel français d'Alger a organisé, jeudi dernier, une rencontre avec Stéphane Babey. Une conférence-débat qui a fait salle comble autour du thème «Albert Camus, une passion algérienne». De l'avis même de l'assistance, le conférencier a tenu des propos provocateurs. Le débat fut parfois houleux surtout quand il s'est agi de traiter du silence de Camus durant la guerre d'Indépendance, du Prix Nobel de littérature qui lui a été décerné en 1957, et de «l'algérianité» de l'écrivain ainsi que de ses relations avec les intellectuels de son époque…
Le Centre culturel français d'Alger a organisé, jeudi dernier, une rencontre avec Stéphane Babey. Une conférence-débat qui a fait salle comble autour du thème «Albert Camus, une passion algérienne». De l'avis même de l'assistance, le conférencier a tenu des propos provocateurs. Le débat fut parfois houleux surtout quand il s'est agi de traiter du silence de Camus durant la guerre d'Indépendance, du Prix Nobel de littérature qui lui a été décerné en 1957, et de «l'algérianité» de l'écrivain ainsi que de ses relations avec les intellectuels de son époque…
La conférence de Stéphane Bébey, journaliste et écrivain français coïncide avec la commémoration des massacres de 8 Mai 1945, un des faits sanglants qui a marqué l'histoire de l'Algérie, qui a beaucoup pesé sur le cours des événements et dont le souvenir douloureux a inspiré les œuvres de plusieurs écrivains à l'instar de Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib…
Stéphane Bébey aborde «le dilemme qu'avait Camus avec l'Algérie». Il défend l'auteur de L'Etranger en soulignant «que la relation avec le pays natal était une véritable passion». Selon lui Camus avait un amour physique, voire même érotique avec l'Algérie. Mais cette passion était également douloureuse. Cet amour voué à l'Algérie nous l'apercevons à travers la description faite par l'écrivain de Tipaza, ou encore des chaleurs d'Oran… D'ailleurs, nous retrouvons cette citation connue de Camus : «Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux».
Un conférencier provocateur
Durant la guerre de Libération, Camus a choisi de se confiner dans un silence absolu, car d'après le conférencier, «il ne voulait pas adhérer à l'un des camps. Car ce qui l'intéressait et cherchait, c'était la quête de la place de l'Homme, une attitude dans la nature. Camus refusait le dogme. Il croyait à l'innocence, à ceux qui sont victimes par l'Histoire écrite par les hommes. Camus ne voulait pas prendre de position car il a vu ce qui se passait autour de lui, il a vécu les événements et il sait ce qu'est le sang. Son silence est un silence de deuil» en ajoutant : «Je suis parti à Ruisseau, j'y ai rencontré un desamis de Camus, aujourd'hui âgé de soixante-dix ans, il m'a dit : Je regrette l'Algérie française».
La réaction de l'assistance ne s'est pas fait attendre. Un intervenant, ayant vécu la Guerre d'Algérie, Ami Zoubir, était indigné par ce genre de déclarations en disant «ce n'est pas possible de proférer ce genre de choses. Mais à l'époque et durant ce contexte historique et politique, personne ne pouvait rester neutre, encore moins un écrivain et un intellectuel. Il a vécu dans une période où l'on ne pouvait pas se dérober».
D'ailleurs, durant l'époque, les réactions et les critiques de plusieurs intellectuels ne se feront pas attendre également puisque Camus a été défini comme étant la «mauvaise conscience de son temps».
L'historien Benjamin Stora releve dans son œuvre que «Yves Dechezelles et sa jeune assistante Gisèle Halimi lui demandent son appui pour sauver différents Algériens musulmans condamnés à mort». Et comme le souligne Herbert Lottmann dans sa biographie de Camus, « défendre un musulman accusé de terrorisme constituait un acte de bravoure»… Mais contrairement à d'autres intellectuels «libéraux» originaires d'Algérie, Albert Camus n'a pas pris de position tranchée sur l'indépendance de l'Algérie. Profondément attaché à sa terre natale, il tente d'adopter un discours plus nuancé, dénonçant les violences commises aussi bien par le FLN que par les forces françaises.
Camus et les autres intellectuels
Cette position de Camus à l'égard de l'Algérie est appuyée par son Prix Nobel de littérature en 1957. Plusieurs personnes de l'assistance relèvent ce détail pertinent. Car pour eux «Camus ne devait pas accepter ce prix qu'a refusé, des années plus tard, Sartre».
Ce prix lui vaudra de virulentes critiques. D'abord les communistes dans notamment l'Humanité: «C'est le «philosophe» du mythe de la liberté abstraite. Il est l'écrivain de l'illusion».
Puis, l'histoire se souviendra également de la déclaration de Jean-Paul Sartre qui n'y va pas avec douceur en disant : «C'est bien fait !».
Du côté des écrivains et intellectuels algériens, Kateb Yacine a adressé une lettre à travers laquelle il désigne leur relation «comme deux frères ennemis» en ajoutant «On crie dans les ruines de Tipasa et du Nadhor. Irons-nous ensemble apaiser le spectre de la discorde, ou bien est-il trop tard ? Verrons-nous à Tipasa et au Nadhor les fossoyeurs de l'Onu déguisés en juges, puis en commissaires priseurs ? Je n'attends pas de réponse précise et ne désire surtout pas que la publicité fasse de notre hypothétique coexistence des échos attendus dans les quotidiens.»
De manière très provocante, le conférencier répond qu'«on ne peut pas comparer Albert Camus et Kateb Yacine».
Une réaction de la part de l'assistance ne s'est pas fait, encore une fois, attendre, puisque Ami Zoubir, connu dans les milieux intellectuels rétorque aussitôt : «Bien sûr, l'un a défendu sa mère la France, et l'autre sa mère l'Algérie. D'ailleurs, vous dites que Camus est un écrivain algérien. Non Monsieur. C'est un écrivain pied-noir qui défendait les intérêts des pieds-noirs, sous une plume néocolonialiste».
La conférence de Stéphane Bébey, journaliste et écrivain français coïncide avec la commémoration des massacres de 8 Mai 1945, un des faits sanglants qui a marqué l'histoire de l'Algérie, qui a beaucoup pesé sur le cours des événements et dont le souvenir douloureux a inspiré les œuvres de plusieurs écrivains à l'instar de Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib…
Stéphane Bébey aborde «le dilemme qu'avait Camus avec l'Algérie». Il défend l'auteur de L'Etranger en soulignant «que la relation avec le pays natal était une véritable passion». Selon lui Camus avait un amour physique, voire même érotique avec l'Algérie. Mais cette passion était également douloureuse. Cet amour voué à l'Algérie nous l'apercevons à travers la description faite par l'écrivain de Tipaza, ou encore des chaleurs d'Oran… D'ailleurs, nous retrouvons cette citation connue de Camus : «Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux».
Un conférencier provocateur
Durant la guerre de Libération, Camus a choisi de se confiner dans un silence absolu, car d'après le conférencier, «il ne voulait pas adhérer à l'un des camps. Car ce qui l'intéressait et cherchait, c'était la quête de la place de l'Homme, une attitude dans la nature. Camus refusait le dogme. Il croyait à l'innocence, à ceux qui sont victimes par l'Histoire écrite par les hommes. Camus ne voulait pas prendre de position car il a vu ce qui se passait autour de lui, il a vécu les événements et il sait ce qu'est le sang. Son silence est un silence de deuil» en ajoutant : «Je suis parti à Ruisseau, j'y ai rencontré un desamis de Camus, aujourd'hui âgé de soixante-dix ans, il m'a dit : Je regrette l'Algérie française».
La réaction de l'assistance ne s'est pas fait attendre. Un intervenant, ayant vécu la Guerre d'Algérie, Ami Zoubir, était indigné par ce genre de déclarations en disant «ce n'est pas possible de proférer ce genre de choses. Mais à l'époque et durant ce contexte historique et politique, personne ne pouvait rester neutre, encore moins un écrivain et un intellectuel. Il a vécu dans une période où l'on ne pouvait pas se dérober».
D'ailleurs, durant l'époque, les réactions et les critiques de plusieurs intellectuels ne se feront pas attendre également puisque Camus a été défini comme étant la «mauvaise conscience de son temps».
L'historien Benjamin Stora releve dans son œuvre que «Yves Dechezelles et sa jeune assistante Gisèle Halimi lui demandent son appui pour sauver différents Algériens musulmans condamnés à mort». Et comme le souligne Herbert Lottmann dans sa biographie de Camus, « défendre un musulman accusé de terrorisme constituait un acte de bravoure»… Mais contrairement à d'autres intellectuels «libéraux» originaires d'Algérie, Albert Camus n'a pas pris de position tranchée sur l'indépendance de l'Algérie. Profondément attaché à sa terre natale, il tente d'adopter un discours plus nuancé, dénonçant les violences commises aussi bien par le FLN que par les forces françaises.
Camus et les autres intellectuels
Cette position de Camus à l'égard de l'Algérie est appuyée par son Prix Nobel de littérature en 1957. Plusieurs personnes de l'assistance relèvent ce détail pertinent. Car pour eux «Camus ne devait pas accepter ce prix qu'a refusé, des années plus tard, Sartre».
Ce prix lui vaudra de virulentes critiques. D'abord les communistes dans notamment l'Humanité: «C'est le «philosophe» du mythe de la liberté abstraite. Il est l'écrivain de l'illusion».
Puis, l'histoire se souviendra également de la déclaration de Jean-Paul Sartre qui n'y va pas avec douceur en disant : «C'est bien fait !».
Du côté des écrivains et intellectuels algériens, Kateb Yacine a adressé une lettre à travers laquelle il désigne leur relation «comme deux frères ennemis» en ajoutant «On crie dans les ruines de Tipasa et du Nadhor. Irons-nous ensemble apaiser le spectre de la discorde, ou bien est-il trop tard ? Verrons-nous à Tipasa et au Nadhor les fossoyeurs de l'Onu déguisés en juges, puis en commissaires priseurs ? Je n'attends pas de réponse précise et ne désire surtout pas que la publicité fasse de notre hypothétique coexistence des échos attendus dans les quotidiens.»
De manière très provocante, le conférencier répond qu'«on ne peut pas comparer Albert Camus et Kateb Yacine».
Une réaction de la part de l'assistance ne s'est pas fait, encore une fois, attendre, puisque Ami Zoubir, connu dans les milieux intellectuels rétorque aussitôt : «Bien sûr, l'un a défendu sa mère la France, et l'autre sa mère l'Algérie. D'ailleurs, vous dites que Camus est un écrivain algérien. Non Monsieur. C'est un écrivain pied-noir qui défendait les intérêts des pieds-noirs, sous une plume néocolonialiste».


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