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« Le bourreau achève souvent sa victime »
Professeur Rachid Belhadj, expert auprès des tribunaux de médecine légale, au Midi Libre
Publié dans Le Midi Libre le 05 - 12 - 2010

Même si de nos jours on tente de briser le mur du silence de la violence sexuelle et de l'inceste commis sur mineurs, il n'en demeure pas moins que le sujet reste tabou et sensible en Algérie. En effet, il n'est pas aisé de dénoncer un père qui abuse de ses enfants. Pourtant le père est censé protéger son enfant, le mettre à l'abri de tout danger, lui indiquer les bons repères. Les experts, pour lesquels le travail d'enquêteur est difficile, dénoncent l'inceste, ainsi que le silence de la mère. Celle-ci est d'ailleurs poursuivie en justice pour non assistance au même titre que le père. Dans cet entretien accordé au Midi Libre. Le professeur Belhadj est formel, il est urgent d'introduire dans les écoles l'enseignement sexuel.
Même si de nos jours on tente de briser le mur du silence de la violence sexuelle et de l'inceste commis sur mineurs, il n'en demeure pas moins que le sujet reste tabou et sensible en Algérie. En effet, il n'est pas aisé de dénoncer un père qui abuse de ses enfants. Pourtant le père est censé protéger son enfant, le mettre à l'abri de tout danger, lui indiquer les bons repères. Les experts, pour lesquels le travail d'enquêteur est difficile, dénoncent l'inceste, ainsi que le silence de la mère. Celle-ci est d'ailleurs poursuivie en justice pour non assistance au même titre que le père. Dans cet entretien accordé au Midi Libre. Le professeur Belhadj est formel, il est urgent d'introduire dans les écoles l'enseignement sexuel.
Midi Libre : En plus de la violence sexuelle et de l'insecte, quels sont les actes commis sur un enfant que l'on peut qualifier de maltraitance ?
Pr Belhadj : On retrouve la violence intrafamiliale, où ce sont les parents qui sont les auteurs de ces violences.
Nous avons également les violences extérieures commises par les voisins, généralement à la sortie de l'école, et la violence à l'intérieur même des structures de l'éducation (écoles, cem, crèches). Il y a aussi des parents en instance de divorce qui veulent imputer la cause de la violence à l'un ou l'autre des parents. Leur objectif dans ce cas est de pouvoir bénéficier de nos documents pour que la justice leur donne la garde de l'enfant. Il y a aussi une violence qu'il ne faut pas occulter, à savoir les accidents de la route qui, certes, ne sont pas des accidents volontaires, mais qui font des centaines de morts, dont des enfants, chaque année. Il faut aussi parler d'une autre forme de violence liée celle-là aux accidents domestiques et qui peuvent être quelquefois fatals.
Combien d'enfants sont-ils présentés au service de médecine légale quotidiennement ?
Le service de médecine légale à travers le territoire national reçoit des dizaines d'enfants, dont l'âge ne dépasse pas les 16 ans, victimes de différentes violences quotidiennement. Nous recevons également chaque jour 3 à 4 enfants victimes des accidents de la route. Pour les accidents domestiques, rien que le mois dernier, j'ai fait deux autopsies sur des enfants décédés suite à une chute d'un haut niveau. C'est aussi une sorte de violence, car c'est à la famille, aux parents et aux personnes adultes de protéger ces êtres vulnérables. Il existe aussi la problématique de la maltraitance et de la violence sexuelle sur les enfants. Nous recevons dans nos locaux en moyenne deux cas par semaine.
Du garçon ou de la fille qui est le plus touché par cette violence sexuelle ?
Nous avons remarqué que dans le milieu urbain le garçon est plus touché que la fille et qu'inversement, dans le milieu rural, la fille est plus touchée. Nous avons également constaté que la plupart des violences sexuelles sont commises les après-midis et le plus souvent lors des vacances scolaires. Ces actes sont généralement commis dans les cages d'escaliers ou des chantiers de construction. Ce qui a été également constaté, ce sont les attouchements. Le responsable de ces violences est généralement un proche qui guette ces proies.
Comment arrivez-vous à avoir des preuves en cas d'absence de lésions organiques, c'est-à-dire lorsque l'enfant a subi uniquement des attouchement ?
Effectivement, cela nous rend la tâche extrêmement difficile. En cas d'absence de lésions sur le corps, la justice ne peut pas inculper quelqu'un ou même prendre en considération les aveux de la victime ou des parents. Mais grâce à la médecine moderne, nous avons recours au test ADN, et pour cela, je conseille aux parents, si jamais leur enfant a été victime de cette violence de ne jamais laver ses vêtements, avant de les emmener aux services de police.
Une fois que vos recherches confirment qu'il y a eu effectivement violence sexuelle, que faites-vous par la suite ?
La première chose à faire est bien sûr de prendre en charge psychologiquement la victime, car cette victime d'aujourd'hui pourrait devenir demain un criminel potentiel. Cela créé souvent une déchirure au sein de toute la famille de la victime, alors souvent, c'est toute la famille qui doit être soumise à une thérapie familiale. Il faut dire que la violence sexuelle n'est pas sans conséquence. Malheureusement, parfois cela ne s'arrête pas seulement aux attouchements ou à l'accomplissement de l'acte sexuel. L'auteur de ces sévices assassine l'enfant par crainte qu'il le dévoile.
Qu'en est-il de l'inceste ?
Lorsque c'est le père qui est l'auteur de ces actes abominables, la mère, qui est censée protéger sa progéniture, ne dénonce pas le père pour plusieurs raisons. D'une part, il y a la honte et le scandale autour de ce crime. D'autre part, il y a la tyrannie du père surtout lorsque ce dernier est la seule ressource de la famille. Tous ces paramètres laissent place au silence et au mensonge. On n'en parle jamais ; les chiffres sont effarants, et parfois les filles victimes d'inceste n'atterrissent dans nos services qu'une fois enceintes. Parfois, l'enfant fugue, ou bien il commence à présenter des troubles psychiatriques, et ce n'est qu'au cours de l'interrogatoire qu'on saura que l'enfant a été victime d'inceste. Dans certains cas, il arrive que des victimes d'inceste se suicident, et après l'établissement d'une autopsie complète, on découvre une grossesse chez la fille, et le test génétique révèle que le coupable n'est autre qu'un proche parent. Le père et la mère se retrouvent respectivement poursuivis l'un pour inceste et l'autre pour non assistance à personne en danger.
Comment se fait l'enquête ?
Lorsqu'on entame la procédure de l'enquête, il nous arrive parfois de nous retrouver confrontés à de faux témoignages ; les parents imputant la faute à une tierce personne. J'ai assisté à un cas récemment où une fillette de 13 ans est tombée enceinte, la grossesse était assez avancée. Cette fillette a inculpé son enseignant et décrit la situation de façon claire, disant que ce dernier lui a fait subir des attouchements et est passé à l'acte plusieurs fois. L'enseignant a nié en bloc être le responsable de cet acte et malgré cela il a été poursuivi en justice car il devient présumé coupable. A la naissance de l'enfant, nous avons eu recours à un test ADN et il s'est avéré que la fille a été engrossée par son père.
Comment expliquer ce phénomène incestueux ?
On a souvent et en vain essayé de trouver des explications à ce phénomène, mettant en cause, à cet effet, l'absence d'éducation sexuelle dans notre pays. On peut citer également un autre volet : lorsqu'on fait l'étude psychosociale et une analyse psychanalytique d'un pédophile ou d'un père qui a commis l'inceste ou des actes de maltraitance envers sa progéniture, on découvre que l'inculpé lui-même a été victime d'un mauvais traitement au cours de son enfance et qu'il en garde des séquelles. Dans ce cas-là, la prise en charge psychologique est obligatoire au risque qu'il y est une récidive.
Midi Libre : En plus de la violence sexuelle et de l'insecte, quels sont les actes commis sur un enfant que l'on peut qualifier de maltraitance ?
Pr Belhadj : On retrouve la violence intrafamiliale, où ce sont les parents qui sont les auteurs de ces violences.
Nous avons également les violences extérieures commises par les voisins, généralement à la sortie de l'école, et la violence à l'intérieur même des structures de l'éducation (écoles, cem, crèches). Il y a aussi des parents en instance de divorce qui veulent imputer la cause de la violence à l'un ou l'autre des parents. Leur objectif dans ce cas est de pouvoir bénéficier de nos documents pour que la justice leur donne la garde de l'enfant. Il y a aussi une violence qu'il ne faut pas occulter, à savoir les accidents de la route qui, certes, ne sont pas des accidents volontaires, mais qui font des centaines de morts, dont des enfants, chaque année. Il faut aussi parler d'une autre forme de violence liée celle-là aux accidents domestiques et qui peuvent être quelquefois fatals.
Combien d'enfants sont-ils présentés au service de médecine légale quotidiennement ?
Le service de médecine légale à travers le territoire national reçoit des dizaines d'enfants, dont l'âge ne dépasse pas les 16 ans, victimes de différentes violences quotidiennement. Nous recevons également chaque jour 3 à 4 enfants victimes des accidents de la route. Pour les accidents domestiques, rien que le mois dernier, j'ai fait deux autopsies sur des enfants décédés suite à une chute d'un haut niveau. C'est aussi une sorte de violence, car c'est à la famille, aux parents et aux personnes adultes de protéger ces êtres vulnérables. Il existe aussi la problématique de la maltraitance et de la violence sexuelle sur les enfants. Nous recevons dans nos locaux en moyenne deux cas par semaine.
Du garçon ou de la fille qui est le plus touché par cette violence sexuelle ?
Nous avons remarqué que dans le milieu urbain le garçon est plus touché que la fille et qu'inversement, dans le milieu rural, la fille est plus touchée. Nous avons également constaté que la plupart des violences sexuelles sont commises les après-midis et le plus souvent lors des vacances scolaires. Ces actes sont généralement commis dans les cages d'escaliers ou des chantiers de construction. Ce qui a été également constaté, ce sont les attouchements. Le responsable de ces violences est généralement un proche qui guette ces proies.
Comment arrivez-vous à avoir des preuves en cas d'absence de lésions organiques, c'est-à-dire lorsque l'enfant a subi uniquement des attouchement ?
Effectivement, cela nous rend la tâche extrêmement difficile. En cas d'absence de lésions sur le corps, la justice ne peut pas inculper quelqu'un ou même prendre en considération les aveux de la victime ou des parents. Mais grâce à la médecine moderne, nous avons recours au test ADN, et pour cela, je conseille aux parents, si jamais leur enfant a été victime de cette violence de ne jamais laver ses vêtements, avant de les emmener aux services de police.
Une fois que vos recherches confirment qu'il y a eu effectivement violence sexuelle, que faites-vous par la suite ?
La première chose à faire est bien sûr de prendre en charge psychologiquement la victime, car cette victime d'aujourd'hui pourrait devenir demain un criminel potentiel. Cela créé souvent une déchirure au sein de toute la famille de la victime, alors souvent, c'est toute la famille qui doit être soumise à une thérapie familiale. Il faut dire que la violence sexuelle n'est pas sans conséquence. Malheureusement, parfois cela ne s'arrête pas seulement aux attouchements ou à l'accomplissement de l'acte sexuel. L'auteur de ces sévices assassine l'enfant par crainte qu'il le dévoile.
Qu'en est-il de l'inceste ?
Lorsque c'est le père qui est l'auteur de ces actes abominables, la mère, qui est censée protéger sa progéniture, ne dénonce pas le père pour plusieurs raisons. D'une part, il y a la honte et le scandale autour de ce crime. D'autre part, il y a la tyrannie du père surtout lorsque ce dernier est la seule ressource de la famille. Tous ces paramètres laissent place au silence et au mensonge. On n'en parle jamais ; les chiffres sont effarants, et parfois les filles victimes d'inceste n'atterrissent dans nos services qu'une fois enceintes. Parfois, l'enfant fugue, ou bien il commence à présenter des troubles psychiatriques, et ce n'est qu'au cours de l'interrogatoire qu'on saura que l'enfant a été victime d'inceste. Dans certains cas, il arrive que des victimes d'inceste se suicident, et après l'établissement d'une autopsie complète, on découvre une grossesse chez la fille, et le test génétique révèle que le coupable n'est autre qu'un proche parent. Le père et la mère se retrouvent respectivement poursuivis l'un pour inceste et l'autre pour non assistance à personne en danger.
Comment se fait l'enquête ?
Lorsqu'on entame la procédure de l'enquête, il nous arrive parfois de nous retrouver confrontés à de faux témoignages ; les parents imputant la faute à une tierce personne. J'ai assisté à un cas récemment où une fillette de 13 ans est tombée enceinte, la grossesse était assez avancée. Cette fillette a inculpé son enseignant et décrit la situation de façon claire, disant que ce dernier lui a fait subir des attouchements et est passé à l'acte plusieurs fois. L'enseignant a nié en bloc être le responsable de cet acte et malgré cela il a été poursuivi en justice car il devient présumé coupable. A la naissance de l'enfant, nous avons eu recours à un test ADN et il s'est avéré que la fille a été engrossée par son père.
Comment expliquer ce phénomène incestueux ?
On a souvent et en vain essayé de trouver des explications à ce phénomène, mettant en cause, à cet effet, l'absence d'éducation sexuelle dans notre pays. On peut citer également un autre volet : lorsqu'on fait l'étude psychosociale et une analyse psychanalytique d'un pédophile ou d'un père qui a commis l'inceste ou des actes de maltraitance envers sa progéniture, on découvre que l'inculpé lui-même a été victime d'un mauvais traitement au cours de son enfance et qu'il en garde des séquelles. Dans ce cas-là, la prise en charge psychologique est obligatoire au risque qu'il y est une récidive.


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