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«C'est un cri de détresse»
Docteur Mahiou, radiothérapeute au Midi Libre :
Publié dans Le Midi Libre le 10 - 10 - 2011

Nous avons rencontré le docteur Mahiou radiothérapeute au CPMC du CHU Mustapha à Alger, qui a eu l'amabilité de répondre à nos questions malgré son agenda surchargé. A l'évidence, c'est un médecin desemparé qui donne des réponses sans fioritures et franches sur la réalité du traitement du cancer dans notre pays. Les moyens dérisoires de prise en charge ne sont pas dus à un manque d'argent en Algérie, loin s'en faut ,mais sans doute à une bureaucratie tenace. Les médecins essayent de soigner ces malades le cœur serré. Ecoutons Docteur Mahiou.
Nous avons rencontré le docteur Mahiou radiothérapeute au CPMC du CHU Mustapha à Alger, qui a eu l'amabilité de répondre à nos questions malgré son agenda surchargé. A l'évidence, c'est un médecin desemparé qui donne des réponses sans fioritures et franches sur la réalité du traitement du cancer dans notre pays. Les moyens dérisoires de prise en charge ne sont pas dus à un manque d'argent en Algérie, loin s'en faut ,mais sans doute à une bureaucratie tenace. Les médecins essayent de soigner ces malades le cœur serré. Ecoutons Docteur Mahiou.
Midi Libre : Elles sont
combien les personnes atteintes de cancers en Algérie ?
Docteur Mahiou : En Algérie, et selon les dernières statistiques, il y a entre 38.000 et 40.000 nouveaux cas, tous cancers confondus.
Quels sont les cancers les plus fréquents?
Chez la femme, on constate le cancer du sein en première ligne, ensuite, vient en deuxième position le cancer du col utérin, puis le cancer colorectal. Chez les hommes, les cancers les plus répandus demeurent, malheureusement, ceux des poumons et de la prostate. Il y a aussi, comme chez la femme le cancer colorectal.
Sur les 40.000 nouveaux cas enregistrés, où se situe le cancer du sein ?
Les chiffres sont, malheureusement, effarants et toujours en progression, car on enregistre 10.000 nouveaux cas annuellement. On rencontre une particularité en Algérie comme dans les pays du Maghreb (Tunisie, Maroc) chez les femmes jeunes.
Que voulez-vous dire par chez les femmes jeunes ?
C'est-à-dire chez les femmes qui ne sont pas ménopausées et qui sont en activité ovarienne. En Europe, cette pathologie survient après 50 ans, c'est-à-dire à la fin de l'activité ovarienne de la femme. Au niveau du CPMC, nous avons fait une étude pour connaître la moyenne d'âge : c'est entre 40 et 42 ans.
Donc, ce sont des femmes qui peuvent encore procréer ou désirant, en outre, avoir des enfants. Donc, c'est un peu inquiétant, car non seulement il est fréquent mais, en plus, il touche les sujets jeunes.
Peut-on en connaître les causes et pourquoi cette particularité au Maghreb ?
Sincèrement, on l'ignore encore, et jusqu'à présent, aucune étude sérieuse n'a été menée dans ce sens en Algérie.
Il y a même des cancers du sein chez des adolescentes car nous avons rencontré dans notre centre une jeune fille âgée à peine de 17 ans atteinte. On ignore toujours les causes de cette précocité. Contrairement à la femme européenne qui est atteinte généralement entre 50 et 55 ans.
Quelles sont les stratégies de prise en charge du
cancer ?
Les stratégies sont multiples : le malade du cancer bénéficie généralement et dans 98% de 3 traitement, à savoir :
une chirurgie, une radiothérapie et une chimiothérapie. Ce sont, là, les
opérations les plus fréquentes du traitement.
Vous êtes radiothérapeute. Quels sont les moyens de radiothérapie dont dispose notre pays pour prendre en charge le cancer ?
D'abord, ce qu'il faut savoir est que les normes internationales pour faire la radiothérapie exigent un appareil pour 600.000 habitants. En Algérie, il y a 36 millions habitants, donc, il nous faut 72 appareils pour répondre aux normes internationales. Actuellement en Algérie les services sont dotés comme suit : CPMC : 3 ; Blida :
3 ; Aïn Naâdja : 2 ; Constantine : aucun appareil malheureusement, Oran : 3 appareils (2 au CHU d'Oran et 1 à Messerghine qui est un nouveau centre anticancéreux situé à 30 km d'Oran) ; Ouargla : 1 appareil de traitement. Donc, si l'on fait le compte, actuellement il n'y a que 12 appareils fonctionnels. Cela est particulièrement dérisoire.
Comment peut-on soigner les malades avec ce manque flagrant ?
Eh bien ! C'est une chose terrible, car avec les 10.000 nouveaux cas annuels de cancer du sein, on ne peut traiter que 3.000 cas, et pour être vraiment optimiste, disons 4.000 cas, mais pas plus. Il serait quasiment impossible de traiter les 6.000 ou les 7.000 autres cas. Car, ces 12 appareils ne sont pas uniquement destinés à soigner le cancer du sein mais tous les cancers. Donc, 60% des nouveaux cas ne bénéficieront pas d'une radiothérapie, et lorsqu'on ne fait pas de radiothérapie, le taux de récidive est très important, et qui dit récidive dit mauvais pronostic, une évolution défavorable...
La réalité sur terrain est
dramatique. Quelle est la réaction de la tutelle ?
En 2005 déjà, nous avons fait une réunion avec le ministre de la Santé. Pour être honnête, il y a une volonté politique concernant le dossier de la radiothérapie au niveau du ministère. 14 centres anticancéreux ont été prévus. Lorsqu'on dit centre spécialisé, c'est-à-dire des centres d'oncologie où il va y avoir la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, la médecine nucléaire. Sur les 14 centres, il y a 57 appareils de radiothérapie qui sont prévus pour Sétif, Batna, Tizi-Ouzou, Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Annaba, Béjaïa, Béchar. Donc, si l'on ajoute les 57 appareils aux 12 existants, déjà on obtiendra 69 appareils, et si l'on ajoute les trois de Constantine (qui sont toujours en panne), on sera alors dans les normes.
Vous dites que le projet date de 2005, mais rien n'a démarré jusque-là. Pourquoi, donc ?
En étant optimiste, le projet démarrera en 2020.
Quel est votre avis sur ce manque ?
C'est simple, et il ne faut pas manquer de le dire ni de dissimuler «le soleil avec un tamis». La réalité est qu'il y a des personnes qui font mal leur travail ou qui ne le font pas du tout. Sinon, comment expliquer ce désordre ? Il y a une mauvaise gestion, du laisser-aller, un manque de responsabilité… Et je veux passer ce message comme un cri d'alarme.
Là, nous avons surtout parlé de la radiothérapie. Qu'en est-il de la chimiothérapie ?
C'est triste de le dire, mais il y a de cela deux ans, nous disposions des mêmes traitements que possède l'Europe pour soigner les malades, et des traitements les plus récemment inventés.
On donnait des traitements qui n'existaient pas encore dans les pays de l'Est. Mais ces deux dernières années, particulièrement cette année, c'est la déchéance. Il y a une pénurie atroce de chimiothérapie, la moins chère au monde.
Midi Libre : Elles sont
combien les personnes atteintes de cancers en Algérie ?
Docteur Mahiou : En Algérie, et selon les dernières statistiques, il y a entre 38.000 et 40.000 nouveaux cas, tous cancers confondus.
Quels sont les cancers les plus fréquents?
Chez la femme, on constate le cancer du sein en première ligne, ensuite, vient en deuxième position le cancer du col utérin, puis le cancer colorectal. Chez les hommes, les cancers les plus répandus demeurent, malheureusement, ceux des poumons et de la prostate. Il y a aussi, comme chez la femme le cancer colorectal.
Sur les 40.000 nouveaux cas enregistrés, où se situe le cancer du sein ?
Les chiffres sont, malheureusement, effarants et toujours en progression, car on enregistre 10.000 nouveaux cas annuellement. On rencontre une particularité en Algérie comme dans les pays du Maghreb (Tunisie, Maroc) chez les femmes jeunes.
Que voulez-vous dire par chez les femmes jeunes ?
C'est-à-dire chez les femmes qui ne sont pas ménopausées et qui sont en activité ovarienne. En Europe, cette pathologie survient après 50 ans, c'est-à-dire à la fin de l'activité ovarienne de la femme. Au niveau du CPMC, nous avons fait une étude pour connaître la moyenne d'âge : c'est entre 40 et 42 ans.
Donc, ce sont des femmes qui peuvent encore procréer ou désirant, en outre, avoir des enfants. Donc, c'est un peu inquiétant, car non seulement il est fréquent mais, en plus, il touche les sujets jeunes.
Peut-on en connaître les causes et pourquoi cette particularité au Maghreb ?
Sincèrement, on l'ignore encore, et jusqu'à présent, aucune étude sérieuse n'a été menée dans ce sens en Algérie.
Il y a même des cancers du sein chez des adolescentes car nous avons rencontré dans notre centre une jeune fille âgée à peine de 17 ans atteinte. On ignore toujours les causes de cette précocité. Contrairement à la femme européenne qui est atteinte généralement entre 50 et 55 ans.
Quelles sont les stratégies de prise en charge du
cancer ?
Les stratégies sont multiples : le malade du cancer bénéficie généralement et dans 98% de 3 traitement, à savoir :
une chirurgie, une radiothérapie et une chimiothérapie. Ce sont, là, les
opérations les plus fréquentes du traitement.
Vous êtes radiothérapeute. Quels sont les moyens de radiothérapie dont dispose notre pays pour prendre en charge le cancer ?
D'abord, ce qu'il faut savoir est que les normes internationales pour faire la radiothérapie exigent un appareil pour 600.000 habitants. En Algérie, il y a 36 millions habitants, donc, il nous faut 72 appareils pour répondre aux normes internationales. Actuellement en Algérie les services sont dotés comme suit : CPMC : 3 ; Blida :
3 ; Aïn Naâdja : 2 ; Constantine : aucun appareil malheureusement, Oran : 3 appareils (2 au CHU d'Oran et 1 à Messerghine qui est un nouveau centre anticancéreux situé à 30 km d'Oran) ; Ouargla : 1 appareil de traitement. Donc, si l'on fait le compte, actuellement il n'y a que 12 appareils fonctionnels. Cela est particulièrement dérisoire.
Comment peut-on soigner les malades avec ce manque flagrant ?
Eh bien ! C'est une chose terrible, car avec les 10.000 nouveaux cas annuels de cancer du sein, on ne peut traiter que 3.000 cas, et pour être vraiment optimiste, disons 4.000 cas, mais pas plus. Il serait quasiment impossible de traiter les 6.000 ou les 7.000 autres cas. Car, ces 12 appareils ne sont pas uniquement destinés à soigner le cancer du sein mais tous les cancers. Donc, 60% des nouveaux cas ne bénéficieront pas d'une radiothérapie, et lorsqu'on ne fait pas de radiothérapie, le taux de récidive est très important, et qui dit récidive dit mauvais pronostic, une évolution défavorable...
La réalité sur terrain est
dramatique. Quelle est la réaction de la tutelle ?
En 2005 déjà, nous avons fait une réunion avec le ministre de la Santé. Pour être honnête, il y a une volonté politique concernant le dossier de la radiothérapie au niveau du ministère. 14 centres anticancéreux ont été prévus. Lorsqu'on dit centre spécialisé, c'est-à-dire des centres d'oncologie où il va y avoir la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, la médecine nucléaire. Sur les 14 centres, il y a 57 appareils de radiothérapie qui sont prévus pour Sétif, Batna, Tizi-Ouzou, Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Annaba, Béjaïa, Béchar. Donc, si l'on ajoute les 57 appareils aux 12 existants, déjà on obtiendra 69 appareils, et si l'on ajoute les trois de Constantine (qui sont toujours en panne), on sera alors dans les normes.
Vous dites que le projet date de 2005, mais rien n'a démarré jusque-là. Pourquoi, donc ?
En étant optimiste, le projet démarrera en 2020.
Quel est votre avis sur ce manque ?
C'est simple, et il ne faut pas manquer de le dire ni de dissimuler «le soleil avec un tamis». La réalité est qu'il y a des personnes qui font mal leur travail ou qui ne le font pas du tout. Sinon, comment expliquer ce désordre ? Il y a une mauvaise gestion, du laisser-aller, un manque de responsabilité… Et je veux passer ce message comme un cri d'alarme.
Là, nous avons surtout parlé de la radiothérapie. Qu'en est-il de la chimiothérapie ?
C'est triste de le dire, mais il y a de cela deux ans, nous disposions des mêmes traitements que possède l'Europe pour soigner les malades, et des traitements les plus récemment inventés.
On donnait des traitements qui n'existaient pas encore dans les pays de l'Est. Mais ces deux dernières années, particulièrement cette année, c'est la déchéance. Il y a une pénurie atroce de chimiothérapie, la moins chère au monde.


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