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Récession : un risque réel à ne pas dramatiser
Publié dans Le Midi Libre le 21 - 11 - 2011

Oui, les marchés boursiers ont chuté. Oui, l'activité stagne ou diminue. Oui, on est face à trois grands risques : la crise de la dette souveraine, la faiblesse du secteur financier et le marasme de l'économie mondiale. Mais ne nous laissons pas impressionner.
Oui, les marchés boursiers ont chuté. Oui, l'activité stagne ou diminue. Oui, on est face à trois grands risques : la crise de la dette souveraine, la faiblesse du secteur financier et le marasme de l'économie mondiale. Mais ne nous laissons pas impressionner.
Il est probable que la France et la zone euro dans son ensemble sont déjà entrées en récession cet automne. Les économistes le prévoient depuis plusieurs mois et les médias commencent à en parler. Les uns et les autres s'influencent d'ailleurs mutuellement: un des instruments utilisés par les spécialistes pour mesurer la confiance des acteurs de l'économie est la fréquence d'utilisation du mot récession dans la presse…
Mais le même terme de «récession» peut servir à décrire des situations très différentes. Ne nous laissons pas impressionner et regardons la réalité d'un peu plus près. Certains indices, il faut le reconnaître, sont franchement inquiétants, à commencer par la rechute des marchés boursiers cet été, qui ont certes vigoureusement remonté en octobre mais n'ont pas pu être stabilisés. Il faut toutefois se souvenir de ce que disait le grand économiste américain Paul Samuelson en 1966 : «Le marché des actions a prédit neuf des cinq dernières récessions.»
Indéniablement, les événements de ces derniers mois ont eu des répercussions fortes sur les indices boursiers de tous les continents et ce qui se passe en Bourse peut être de mauvais augure pour l'économie réelle. Que ce soit sur le continent américain ou en Asie, on s'inquiète de la tournure prise par la crise de la dette souveraine en Europe. Mais les marchés financiers peuvent facilement se retourner; on ne peut déduire des cours boursiers l'évolution future du PIB d'un pays.
Autour de zéro, on peut raisonnablement estimer que, dans l'Hexagone, la croissance est retombée autour de zéro et a certainement laissé la place à un recul de l'activité. L'Insee, en annonçant une croissance zéro pour le quatrième trimestre laissait la place à cette éventualité: compte tenu de la marge d'erreur que l'institut s'accorde pour ses prévisions, le chiffre qui sera effectivement annoncé peut se situer entre - 0,2% et +0,2%. La Banque de France vient elle aussi d'annoncer une croissance zéro pour ce trimestre (elle préfère employer le terme plus neutre de «stabilité»).
Mais d'autres économistes, américains notamment, annoncent des chiffres négatifs allant jusqu'à - 0,3%, avec la possibilité de chiffres de cet ordre dans les premiers mois de 2012, ce qui ferait une récession en bonne et due forme (au moins deux trimestres négatifs consécutifs).
Un tel scénario à l'échelle de l'Europe n'est plus du tout exclu aujourd'hui. Mario Draghi l'a déclaré lors la conférence de presse qu'il a tenue à l'issue de son premier conseil des gouverneurs en tant que président de la Banque centrale européenne: les dirigeants de la BCE observent «une croissance lente qui s'achemine vers une récession modérée d'ici la fin de l'année». Dans ce contexte, ajoute-t-il, «une sensible révision à la baisse des prévisions et des projections de la croissance réelle moyenne du PIB en 2012» paraît «très probable».
La Commission européenne partage ce point de vue. Elle vient de ramener sa prévision de croissance à 0,5% pour la zone euro en 2012 (0,6% pour la France). Olli Rehn, vice-président de la Commission en charge des Affaires économiques et monétaires prévient:
«La croissance s'est arrêtée en Europe et nous pourrions connaître une nouvelle phase de récession.»
Des risques d'aller plus bas… ou plus haut. Faut-il pour autant dramatiser la situation ? A Bruxelles, on préfère tenir un discours équilibré. Les prévisions publiées le 10 novembre peuvent être encore abaissées, car trois grands risques demeurent: la crise de la dette souveraine, la faiblesse du secteur financier et enfin le marasme de l'économie mondiale. A l'opposé, une évolution plus favorable que celle qui est envisagée aujourd'hui n'est pas à exclure. Un retour plus rapide que prévu de la confiance pourrait stimuler l'investissement des entreprises et la consommation des ménages; une amélioration de la situation extérieure, autrement dit une reprise de l'économie mondiale, pourrait permettre un redémarrage des exportations et enfin l'économie pourrait profiter de la baisse du prix des matières premières.
Sur les deux derniers points, la tendance est plutôt favorable: en trois mois, de fin juillet à fin octobre, les prix des matières premières (hors énergie) importées par la France ont reculé de 10,6% dans leur monnaie de facturation et le prix du pétrole s'est un peu détendu, avec un recul de 6,9% en dollars et de 3,1% en euros. Quant à la conjoncture internationale, en dehors des interrogations sur le niveau de la demande en Europe, elle est plutôt moins défavorable qu'on ne pouvait le craindre.
Pas de rechute
aux Etats-Unis
La situation des Etats-Unis est loin d'être excellente: les finances publiques sont dans un état plus déplorable que celles de la zone euro (avec une dette publique que l'on peut estimer pour 2011 à près de 100% du PIB contre 88% pour la zone euro) et l'immobilier, qui a été au point de départ de la crise financière, n'est pas encore sorti de l'ornière.
Mais, après une croissance très faible de 0,4% (en rythme annualisé) au premier trimestre qui avait fait craindre un «double dip» (une rechute), le PIB a progressé de 1,3% au deuxième et de 2,5% au troisième. Quant à la situation de l'emploi, elle reste préoccupante, mais s'améliore doucement, avec un taux de chômage revenu à 9% de la population active en octobre contre 9,7% en octobre 2010 et 10,1% en octobre 2009.
Autre bonne nouvelle : l'évolution dans les pays émergents. Tandis que les pays avancés donnaient un tour de vis budgétaire pour lutter contre les déficits, ils resserraient leur politique monétaire pour calmer l'inflation et éviter la surchauffe. Ainsi tout le monde freinait en même temps et on pouvait légitimement avoir des inquiétudes pour la croissance mondiale. Avant même que l'inflation ne ralentisse, la Banque du Brésil, soucieuse d'éviter un fléchissement trop marqué de l'activité, a commencé à baisser ses taux cet été. Elle a eu raison : après avoir atteint un pic en septembre à 7,3% (sur un an), la hausse des prix est revenue à 6,9% en octobre et se rapproche de l'objectif-plafond fixé par la banque centrale (6,5%). De même, en Chine, la hausse des prix est revenue en octobre de 6,1% à 5,5%. Globalement, on peut penser qu'on arrive à la fin de la période de resserrement des politiques monétaires. Bref, les prochains mois risquent d'être difficiles en Europe, mais, en matière de catastrophes, tout ce qui pouvait être annoncé l'a été et, s'il doit y avoir des surprises, c'est plutôt dans le bon sens. Enfin, comme le soulignent certains économistes, comme ceux d'Aurel BGC, les entreprises ne sont pas aujourd'hui dans la situation de sureffectifs qu'elles ont pu connaître fin 2008. Même si l'on reparle de récession, celle-ci sera moins forte et l'impact ne devrait pas être le même.
Il est probable que la France et la zone euro dans son ensemble sont déjà entrées en récession cet automne. Les économistes le prévoient depuis plusieurs mois et les médias commencent à en parler. Les uns et les autres s'influencent d'ailleurs mutuellement: un des instruments utilisés par les spécialistes pour mesurer la confiance des acteurs de l'économie est la fréquence d'utilisation du mot récession dans la presse…
Mais le même terme de «récession» peut servir à décrire des situations très différentes. Ne nous laissons pas impressionner et regardons la réalité d'un peu plus près. Certains indices, il faut le reconnaître, sont franchement inquiétants, à commencer par la rechute des marchés boursiers cet été, qui ont certes vigoureusement remonté en octobre mais n'ont pas pu être stabilisés. Il faut toutefois se souvenir de ce que disait le grand économiste américain Paul Samuelson en 1966 : «Le marché des actions a prédit neuf des cinq dernières récessions.»
Indéniablement, les événements de ces derniers mois ont eu des répercussions fortes sur les indices boursiers de tous les continents et ce qui se passe en Bourse peut être de mauvais augure pour l'économie réelle. Que ce soit sur le continent américain ou en Asie, on s'inquiète de la tournure prise par la crise de la dette souveraine en Europe. Mais les marchés financiers peuvent facilement se retourner; on ne peut déduire des cours boursiers l'évolution future du PIB d'un pays.
Autour de zéro, on peut raisonnablement estimer que, dans l'Hexagone, la croissance est retombée autour de zéro et a certainement laissé la place à un recul de l'activité. L'Insee, en annonçant une croissance zéro pour le quatrième trimestre laissait la place à cette éventualité: compte tenu de la marge d'erreur que l'institut s'accorde pour ses prévisions, le chiffre qui sera effectivement annoncé peut se situer entre - 0,2% et +0,2%. La Banque de France vient elle aussi d'annoncer une croissance zéro pour ce trimestre (elle préfère employer le terme plus neutre de «stabilité»).
Mais d'autres économistes, américains notamment, annoncent des chiffres négatifs allant jusqu'à - 0,3%, avec la possibilité de chiffres de cet ordre dans les premiers mois de 2012, ce qui ferait une récession en bonne et due forme (au moins deux trimestres négatifs consécutifs).
Un tel scénario à l'échelle de l'Europe n'est plus du tout exclu aujourd'hui. Mario Draghi l'a déclaré lors la conférence de presse qu'il a tenue à l'issue de son premier conseil des gouverneurs en tant que président de la Banque centrale européenne: les dirigeants de la BCE observent «une croissance lente qui s'achemine vers une récession modérée d'ici la fin de l'année». Dans ce contexte, ajoute-t-il, «une sensible révision à la baisse des prévisions et des projections de la croissance réelle moyenne du PIB en 2012» paraît «très probable».
La Commission européenne partage ce point de vue. Elle vient de ramener sa prévision de croissance à 0,5% pour la zone euro en 2012 (0,6% pour la France). Olli Rehn, vice-président de la Commission en charge des Affaires économiques et monétaires prévient:
«La croissance s'est arrêtée en Europe et nous pourrions connaître une nouvelle phase de récession.»
Des risques d'aller plus bas… ou plus haut. Faut-il pour autant dramatiser la situation ? A Bruxelles, on préfère tenir un discours équilibré. Les prévisions publiées le 10 novembre peuvent être encore abaissées, car trois grands risques demeurent: la crise de la dette souveraine, la faiblesse du secteur financier et enfin le marasme de l'économie mondiale. A l'opposé, une évolution plus favorable que celle qui est envisagée aujourd'hui n'est pas à exclure. Un retour plus rapide que prévu de la confiance pourrait stimuler l'investissement des entreprises et la consommation des ménages; une amélioration de la situation extérieure, autrement dit une reprise de l'économie mondiale, pourrait permettre un redémarrage des exportations et enfin l'économie pourrait profiter de la baisse du prix des matières premières.
Sur les deux derniers points, la tendance est plutôt favorable: en trois mois, de fin juillet à fin octobre, les prix des matières premières (hors énergie) importées par la France ont reculé de 10,6% dans leur monnaie de facturation et le prix du pétrole s'est un peu détendu, avec un recul de 6,9% en dollars et de 3,1% en euros. Quant à la conjoncture internationale, en dehors des interrogations sur le niveau de la demande en Europe, elle est plutôt moins défavorable qu'on ne pouvait le craindre.
Pas de rechute
aux Etats-Unis
La situation des Etats-Unis est loin d'être excellente: les finances publiques sont dans un état plus déplorable que celles de la zone euro (avec une dette publique que l'on peut estimer pour 2011 à près de 100% du PIB contre 88% pour la zone euro) et l'immobilier, qui a été au point de départ de la crise financière, n'est pas encore sorti de l'ornière.
Mais, après une croissance très faible de 0,4% (en rythme annualisé) au premier trimestre qui avait fait craindre un «double dip» (une rechute), le PIB a progressé de 1,3% au deuxième et de 2,5% au troisième. Quant à la situation de l'emploi, elle reste préoccupante, mais s'améliore doucement, avec un taux de chômage revenu à 9% de la population active en octobre contre 9,7% en octobre 2010 et 10,1% en octobre 2009.
Autre bonne nouvelle : l'évolution dans les pays émergents. Tandis que les pays avancés donnaient un tour de vis budgétaire pour lutter contre les déficits, ils resserraient leur politique monétaire pour calmer l'inflation et éviter la surchauffe. Ainsi tout le monde freinait en même temps et on pouvait légitimement avoir des inquiétudes pour la croissance mondiale. Avant même que l'inflation ne ralentisse, la Banque du Brésil, soucieuse d'éviter un fléchissement trop marqué de l'activité, a commencé à baisser ses taux cet été. Elle a eu raison : après avoir atteint un pic en septembre à 7,3% (sur un an), la hausse des prix est revenue à 6,9% en octobre et se rapproche de l'objectif-plafond fixé par la banque centrale (6,5%). De même, en Chine, la hausse des prix est revenue en octobre de 6,1% à 5,5%. Globalement, on peut penser qu'on arrive à la fin de la période de resserrement des politiques monétaires. Bref, les prochains mois risquent d'être difficiles en Europe, mais, en matière de catastrophes, tout ce qui pouvait être annoncé l'a été et, s'il doit y avoir des surprises, c'est plutôt dans le bon sens. Enfin, comme le soulignent certains économistes, comme ceux d'Aurel BGC, les entreprises ne sont pas aujourd'hui dans la situation de sureffectifs qu'elles ont pu connaître fin 2008. Même si l'on reparle de récession, celle-ci sera moins forte et l'impact ne devrait pas être le même.


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