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L'économie indienne rattrapée
Crise mondiale
Publié dans Le Midi Libre le 04 - 06 - 2012

Alors qu'elle jouissait depuis plusieurs années d'un taux de croissance autour de 9%, à faire pâlir d'envie les pays développés, l'économie indienne n'a progressé "que" de 5,3 % au premier trimestre 2012, enregistrant son plus faible score trimestriel depuis 2002-2003, quand les analystes s'attendaient à une progression de 6,1%.
Alors qu'elle jouissait depuis plusieurs années d'un taux de croissance autour de 9%, à faire pâlir d'envie les pays développés, l'économie indienne n'a progressé "que" de 5,3 % au premier trimestre 2012, enregistrant son plus faible score trimestriel depuis 2002-2003, quand les analystes s'attendaient à une progression de 6,1%.
Sur la même période, la quatrième puissance économique d'Asie a enregistré une contraction de 0,3% de la production de son secteur industriel. "L'activité est plombée par les services [qui forment 59% du PIB indien], qui décélèrent en deça de 8% [contre 8,9% précédemment]", selon les économistes de Standard Chartered Bank. "En particulier, le commerce de gros et de détail qui est un bon indicateur pour la consommation ralentit fortement", analysent-ils. Quant aux secteurs agricole, de la construction et des mines, ils n'ont progressé que modestement par rapport aux dernières années.
Après avoir connu un "boom" économique entre 2003 et 2008, l'économie indienne doit aujourd'hui faire face à des problèmes structurels, dans un contexte de crise économique mondiale où la méfiance des investisseurs a des conséquences de plus en plus lourdes.
"C'est un ralentissement cyclique, que l'on observe dans l'ensemble des pays émergents. L'Inde est affectée par la crise bancaire et monétaire internationale. Depuis neuf mois, les investisseurs retirent leurs capitaux du pays, et notamment les banques qui ont besoin de liquidités pour augmenter leurs réserves. Ce tarissement de l'investissement est d'autant plus lourd pour l'Inde, dont la balance des paiements est dans le rouge", explique Jean-Joseph Boillot, conseiller au Club du Centre d'études prospectives et d'informations internationales et spécialiste de l'économie indienne.
"Huit à dix milliards de dollars sont retirés chaque mois, affectant en grande partie les prêts aux grandes entreprises indiennes dits ECB (External commercial borrowing)", censés justement faciliter l'accès à l'investissement pour les étrangers, qui représentent la moitié des investisseurs à la Bourse de Bombay, détaille-t-il. Or, l'Inde, contrairement à la Chine, possède des réserves de change limitées : "Elles ont baissé de 30 milliards de dollars ces derniers mois, sur un total de 300 milliards environ", précise M. Boillot.
Outre le prix d'une conjoncture mondiale défavorable, Delhi commence à payer celui de son environnement des affaires "très médiocre, qui tient la 83e place du classement de la Banque mondiale [le Doing Business report, qui juge l'attractivité d'un territoire], juge M. Boillot. Quand la croissance de l'Inde était de 8 ou 9% de 2003 à 2008, ce n'était pas gênant, mais en temps de crise, c'est un critère important pour les investisseurs qui font la chasse aux actifs de qualité", souligne-t-il. Très touché par ce phénomène, le secteur de l'informatique a enregistré de nombreuses pertes de contrats avec les entreprises étrangères ces derniers mois.
Par ailleurs, les entreprises doivent compter avec une inflation toujours très élevée (7,2% au mois d'avril), dans un pays où plus de 455 millions personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, selon les données de la Banque mondiale. En octobre, l'envolée des prix alimentaires avait même frôlé les 10%. "Il y a une incertitude sur la consommation, qui pousse les entreprises à freiner leurs investissements en matière de développement. Par exemple, les ventes de voitures ont fortement décéléré ces derniers mois", indique M. Boillot. A la fuite des capitaux, s'ajoute désormais la faiblesse du marché intérieur.
Austérité contre dévaluation
L'Inde doit également faire face à un déficit budgétaire trop élevé (5,8 % du PIB), alors qu'elle s'était fixé l'objectif de le limiter à 3,9 % du PIB en 2012, précise M. Boillot. Dans un pays où l'économie parallèle est très développée, Delhi a du mal à collecter des impôts. Le gouvernement de centre-gauche de Manmohan Singh a donc décidé de prendre des mesures d'austérité. Jeudi, les compagnies pétrolières publiques ont annoncé la hausse de près de 12% des prix du pétrole à la pompe, provoquant un appel à la grève générale.
Cette mesure vise, entre autres, à répercuter une dévaluation de la roupie, qui augmente considérablement la facture du pétrole importé (80% du total), qui pèse à lui seul pour un tiers des achats du pays à l'étranger. La devise indienne est actuellement la monnaie asiatique la plus mal en point, avec la perte d'un quart de sa valeur sur les douze derniers mois.
La Banque centrale indienne, sur laquelle pèsent de nombreuses attentes, doit faire face à un véritable dilemme concernant sa politique monétaire : si elle baisse ses taux, elle relance la croissance mais fait chuter le cours de la roupie et augmenter l'inflation - ce qui est très difficile à faire passer politiquement. En revanche, si elle augmente ses taux, elle fera grimper le cours de sa monnaie et diminuer l'inflation, mais également la croissance.
"C'est le gouvernement qui a les cartes en mains, notamment sur deux défis importants : l'acquisition de terres, dont certaines sont occupées, afin que de nouvelles entreprises puissent s'installer, et l'augmentation de la capacité du pays à générer de l'énergie, via notamment la construction de centrales nucléaires."
C'est sans compter sur l'inertie de la bureaucratie indienne. "Ces deux dossiers sont victimes d'un imbroglio législatif qui les empêche d'avancer", regrette M. Boillot, pointant la difficulté du gouvernement à faire adopter ses décisions. Derniers exemples en date, l'annulation de l'ouverture de la grande distribution aux multinationales étrangères — dont Carrefour et Wal-Mart — ou la levée des restrictions qu'il avait imposées quelques semaines plus tôt sur les exportations de coton vers l'étranger. Des fluctuations qui risquent, à terme, de faire perdre du terrain à l'Inde, face à sa rivale économique chinoise.
Sur la même période, la quatrième puissance économique d'Asie a enregistré une contraction de 0,3% de la production de son secteur industriel. "L'activité est plombée par les services [qui forment 59% du PIB indien], qui décélèrent en deça de 8% [contre 8,9% précédemment]", selon les économistes de Standard Chartered Bank. "En particulier, le commerce de gros et de détail qui est un bon indicateur pour la consommation ralentit fortement", analysent-ils. Quant aux secteurs agricole, de la construction et des mines, ils n'ont progressé que modestement par rapport aux dernières années.
Après avoir connu un "boom" économique entre 2003 et 2008, l'économie indienne doit aujourd'hui faire face à des problèmes structurels, dans un contexte de crise économique mondiale où la méfiance des investisseurs a des conséquences de plus en plus lourdes.
"C'est un ralentissement cyclique, que l'on observe dans l'ensemble des pays émergents. L'Inde est affectée par la crise bancaire et monétaire internationale. Depuis neuf mois, les investisseurs retirent leurs capitaux du pays, et notamment les banques qui ont besoin de liquidités pour augmenter leurs réserves. Ce tarissement de l'investissement est d'autant plus lourd pour l'Inde, dont la balance des paiements est dans le rouge", explique Jean-Joseph Boillot, conseiller au Club du Centre d'études prospectives et d'informations internationales et spécialiste de l'économie indienne.
"Huit à dix milliards de dollars sont retirés chaque mois, affectant en grande partie les prêts aux grandes entreprises indiennes dits ECB (External commercial borrowing)", censés justement faciliter l'accès à l'investissement pour les étrangers, qui représentent la moitié des investisseurs à la Bourse de Bombay, détaille-t-il. Or, l'Inde, contrairement à la Chine, possède des réserves de change limitées : "Elles ont baissé de 30 milliards de dollars ces derniers mois, sur un total de 300 milliards environ", précise M. Boillot.
Outre le prix d'une conjoncture mondiale défavorable, Delhi commence à payer celui de son environnement des affaires "très médiocre, qui tient la 83e place du classement de la Banque mondiale [le Doing Business report, qui juge l'attractivité d'un territoire], juge M. Boillot. Quand la croissance de l'Inde était de 8 ou 9% de 2003 à 2008, ce n'était pas gênant, mais en temps de crise, c'est un critère important pour les investisseurs qui font la chasse aux actifs de qualité", souligne-t-il. Très touché par ce phénomène, le secteur de l'informatique a enregistré de nombreuses pertes de contrats avec les entreprises étrangères ces derniers mois.
Par ailleurs, les entreprises doivent compter avec une inflation toujours très élevée (7,2% au mois d'avril), dans un pays où plus de 455 millions personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, selon les données de la Banque mondiale. En octobre, l'envolée des prix alimentaires avait même frôlé les 10%. "Il y a une incertitude sur la consommation, qui pousse les entreprises à freiner leurs investissements en matière de développement. Par exemple, les ventes de voitures ont fortement décéléré ces derniers mois", indique M. Boillot. A la fuite des capitaux, s'ajoute désormais la faiblesse du marché intérieur.
Austérité contre dévaluation
L'Inde doit également faire face à un déficit budgétaire trop élevé (5,8 % du PIB), alors qu'elle s'était fixé l'objectif de le limiter à 3,9 % du PIB en 2012, précise M. Boillot. Dans un pays où l'économie parallèle est très développée, Delhi a du mal à collecter des impôts. Le gouvernement de centre-gauche de Manmohan Singh a donc décidé de prendre des mesures d'austérité. Jeudi, les compagnies pétrolières publiques ont annoncé la hausse de près de 12% des prix du pétrole à la pompe, provoquant un appel à la grève générale.
Cette mesure vise, entre autres, à répercuter une dévaluation de la roupie, qui augmente considérablement la facture du pétrole importé (80% du total), qui pèse à lui seul pour un tiers des achats du pays à l'étranger. La devise indienne est actuellement la monnaie asiatique la plus mal en point, avec la perte d'un quart de sa valeur sur les douze derniers mois.
La Banque centrale indienne, sur laquelle pèsent de nombreuses attentes, doit faire face à un véritable dilemme concernant sa politique monétaire : si elle baisse ses taux, elle relance la croissance mais fait chuter le cours de la roupie et augmenter l'inflation - ce qui est très difficile à faire passer politiquement. En revanche, si elle augmente ses taux, elle fera grimper le cours de sa monnaie et diminuer l'inflation, mais également la croissance.
"C'est le gouvernement qui a les cartes en mains, notamment sur deux défis importants : l'acquisition de terres, dont certaines sont occupées, afin que de nouvelles entreprises puissent s'installer, et l'augmentation de la capacité du pays à générer de l'énergie, via notamment la construction de centrales nucléaires."
C'est sans compter sur l'inertie de la bureaucratie indienne. "Ces deux dossiers sont victimes d'un imbroglio législatif qui les empêche d'avancer", regrette M. Boillot, pointant la difficulté du gouvernement à faire adopter ses décisions. Derniers exemples en date, l'annulation de l'ouverture de la grande distribution aux multinationales étrangères — dont Carrefour et Wal-Mart — ou la levée des restrictions qu'il avait imposées quelques semaines plus tôt sur les exportations de coton vers l'étranger. Des fluctuations qui risquent, à terme, de faire perdre du terrain à l'Inde, face à sa rivale économique chinoise.


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