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Un coffret bourré d'euros et d'illusions
Escroquerie
Publié dans Le Midi Libre le 15 - 08 - 2012

Résumé : Zakia, une veuve de 38 ans, se voit proposer par une «amitié» récente de récupérer le contenu d'un probable compte bancaire qu'aurait possédé en France son défunt mari.
Résumé : Zakia, une veuve de 38 ans, se voit proposer par une «amitié» récente de récupérer le contenu d'un probable compte bancaire qu'aurait possédé en France son défunt mari.
Zakia et le Malien «érudit en savoir millénaire africain» se rendirent chez un marchand de bijoux artisanaux et de maroquinerie et achetèrent un coffret en bois.
- Maintenant, lui confia le Malien, les choses sérieuses commencent. Nous allons chez vous pour procéder à une opération ésotérique qui nous permettra de savoir si votre défunt mari avait un compte en banque en France.
Une heure et demie plus tard, Zakia et son érudit arrivèrent à Blida où elle réside. Ce dernier, le coffret entre les mains, donna les explications nécessaires.
- Voilà, madame... Ce coffret, comme vous pouvez le constater, est vide. Je vais le déposer dans un coin de cette pièce et réciter en silence quelques formules venant des fins fonds des âges.
- Des formules magiques ?
- Je préfère les qualifier de sacrées. Ce sont des formules sacrées, madame.
- D'accord.
Il choisit un coin du salon et y déposa le coffret sous le regard inquiet et intéressé de Zakia. Le Malien ferma les yeux, se tint la tête et se mit à bouger ses lèvres. A un moment donné, il se laissa tomber sur ses genoux puis posa son front sur le sol. Il demeura dans cette posture trois bonnes minutes. Puis, il se releva et essuya son front ruisselant à l'aide du revers de sa main droite. Il regarda Zakia et lui dit :
- Je vais ouvrir le coffret... s'il est vide comme nous l'avons déposé cela signifie que votre mari n'a pas ouvert de compte à votre insu en France... Approchez, madame... mais attention... vous ne devez pas toucher ce coffret pour le moment.
- D'accord...
Le Malien ouvrit le couvercle, lentement, précautionneusement et Zakia hurla :
- Là ! Là ! Des billets ! Je crois que ce sont des euros !
- Oui, madame... Il s'agit de trois billets de 10 euros !
- Et qu'est-ce que cela signifie ?
- Cela signifie que votre mari a un compte en banque en France...
- Ces billets proviennent de ce compte ?
- Parfaitement. Madame, je vous demanderai de garder votre calme... pour que je puisse me concentrer. Je dois faire un calcul très compliqué...
- En vue de trouver quoi ?
- Le montant du contenu de ce compte. J'ai besoin de le connaître pour arrêter le nombre de fois que je dois effectuer les opérations de rapatriement de tout cet argent.
- D'accord, calculez, calculez.
Il ferma les yeux de nouveau, serra les trois billets dans sa main droite, puis se mit à sourire.
- Pourquoi souriez-vous, monsieur ?
- En vérité, j'ai envie de hurler de joie... mais dans ces moments-là, la retenue est de rigueur... madame. Asseyez-vous parce que ce que je vais vous dire risque de vous choquer... Vous risquez même de vous évanouir. Vous avez l'habitude de manipuler de grosses sommes d'argent mais celle du compte de votre pauvre mari est fabuleuse ! Elle est de 18 millions d'euros !
- 18 millions d'euros ? Oh ! ce n'est pas vrai ! En les convertissant en dinars cela donne approximativement quelque chose comme 250 milliards de centimes ! Mais comment avez-vous fait pour savoir qu'il y a autant d'argent ?
- Je ne dois pas vous le dire parce que seuls les grands initiés en matière de science millénaire africaine doivent avoir accès à des explications telles que celles que vous me demandez... Je vous dirai juste que ces 30 euros correspondent en fait aux 26.000 euros que vous devez payer pour récompenser les «esprits» qui m'aideront à transférer l'argent de votre mari de la banque où il se trouve dans ce coffret. cette somme est toujours réclamée sur la base d'un pourcentage prélevé sur la somme en jeu.
- Une sorte de TVA, quoi ?
- Oui, si vous voulez..., mais sans le paiement de cette somme, le transfert est impossible.
- Je comprends, donc, il faut que je me procure 26.000 euros...
- Oui.
- Et je les mets dans le coffret que nous poserons dans un coin ?
- Oui... sauf qu'une fois que j'aurai pris le coffret contenant les 26.000 euros, il faudra poser un autre coffret pour pouvoir réceptionner les liasses de billets de votre défunt mari.
- D'accord...
- Et puis, pour ce soir, je vais vous donner un talisman que vous mettrez sous votre oreiller.
- Un talisman ? Pourquoi faire ?
- Ce talisman est nécessaire... Il permettra aux esprits de mes ancêtres d'entrer en communication avec vous...
- Des esprits vont communiquer avec moi ? s'exclama avec inquiétude Zakia...
- Rassurez-vous, ils voudront juste vous voir, histoire de voir à qui ils rendront service.
- Ah ! d'accord...
- Il est possible aussi que l'esprit de votre mari vous rende visite... ce sera la preuve qu'il est satisfait et soulagé d'apprendre que son argent ira enfin vers son épouse.
Le lendemain, à son réveil, Zakia était une femme heureuse. Pour la première fois depuis des années, elle avait vu son mari en rêve ! Il ne lui avait rien dit. Il s'était juste contenté de lui sourire comme il l'avait toujours fait. Zakia était bien sûr loin vraiment loin de réaliser que ce rêve avait été provoqué par le Malien grâce à son pouvoir de suggestion et à l'ascendant psychique qu'il avait sur elle.
Le lendemain, une heure après son réveil, Zakia était dans sa banque où elle retira de son compte en devises 26.000 euros.
Dans l'après-midi, le Malien revint avec un autre petit coffret.
- Alors, comment s'est déroulé votre sommeil, madame ?
- Très bien... jamais je n'ai aussi bien dormi. Et puis tenez-vous bien : j'ai vu mon mari en rêve...
- Oh ! mais c'est formidable ! Cela signifie qu'il est d'accord pour que vous puissiez récupérer l'argent. Oh ! que je suis content. Cela veut dire aussi qu'il facilitera le transfert de son argent... ainsi les esprits de mes ancêtres travailleront à l'aise. Oh ! que je suis content !
- Moi aussi je suis contente et j'ai retiré de mon compte les 26.000 euros que vous m'avez réclamés
- Très bien, mettez-les dans le coffre que nous avons posé hier dans un petit coin du salon.
- Mais ne m'avez pas interdit d'y toucher ?
- C'est vrai, mais maintenant que votre mari vous a rendu visite, cette interdiction est levée. C'est vous la patronne désormais !
- Oh ! merci !
Et ce fut une femme heureuse qui courut au salon pour placer les 26.000 euros dans le coffret qu'elle remit au Malien. Celui-ci avant de s'en aller lui enjoignit :
- Pour que l'opération réussisse à 100%, il faut sacrifier un mouton... Il n'est pas nécessaire qu'il soit énorme. Un agneau suffira. Vous verserez un peu de sang de ce mouton dans une tasse à café que vous poserez dans le coin à côté du coffret. Et le lendemain à votre réveil vous trouverez une très bonne surprise.
- L'argent de mon mari ?
- Oui... Vous renouvellerez l'opération autant de fois qu'il faudra jusqu'à ce que vous ayez récupéré les 18 millions d'euros.
Zakia éclata de rire.
- Oh ! C'est formidable. Quelles émotions fortes m'attendent ! Je crois que je vais prendre quelques jours de repos.
- Je reviendrai vous voir dans une dizaine de jours pour que vous puissiez me donner un peu d'argent de poche...
- Avec plaisir ! je vous récompenserai royalement.
(à suivre...)
Zakia et le Malien «érudit en savoir millénaire africain» se rendirent chez un marchand de bijoux artisanaux et de maroquinerie et achetèrent un coffret en bois.
- Maintenant, lui confia le Malien, les choses sérieuses commencent. Nous allons chez vous pour procéder à une opération ésotérique qui nous permettra de savoir si votre défunt mari avait un compte en banque en France.
Une heure et demie plus tard, Zakia et son érudit arrivèrent à Blida où elle réside. Ce dernier, le coffret entre les mains, donna les explications nécessaires.
- Voilà, madame... Ce coffret, comme vous pouvez le constater, est vide. Je vais le déposer dans un coin de cette pièce et réciter en silence quelques formules venant des fins fonds des âges.
- Des formules magiques ?
- Je préfère les qualifier de sacrées. Ce sont des formules sacrées, madame.
- D'accord.
Il choisit un coin du salon et y déposa le coffret sous le regard inquiet et intéressé de Zakia. Le Malien ferma les yeux, se tint la tête et se mit à bouger ses lèvres. A un moment donné, il se laissa tomber sur ses genoux puis posa son front sur le sol. Il demeura dans cette posture trois bonnes minutes. Puis, il se releva et essuya son front ruisselant à l'aide du revers de sa main droite. Il regarda Zakia et lui dit :
- Je vais ouvrir le coffret... s'il est vide comme nous l'avons déposé cela signifie que votre mari n'a pas ouvert de compte à votre insu en France... Approchez, madame... mais attention... vous ne devez pas toucher ce coffret pour le moment.
- D'accord...
Le Malien ouvrit le couvercle, lentement, précautionneusement et Zakia hurla :
- Là ! Là ! Des billets ! Je crois que ce sont des euros !
- Oui, madame... Il s'agit de trois billets de 10 euros !
- Et qu'est-ce que cela signifie ?
- Cela signifie que votre mari a un compte en banque en France...
- Ces billets proviennent de ce compte ?
- Parfaitement. Madame, je vous demanderai de garder votre calme... pour que je puisse me concentrer. Je dois faire un calcul très compliqué...
- En vue de trouver quoi ?
- Le montant du contenu de ce compte. J'ai besoin de le connaître pour arrêter le nombre de fois que je dois effectuer les opérations de rapatriement de tout cet argent.
- D'accord, calculez, calculez.
Il ferma les yeux de nouveau, serra les trois billets dans sa main droite, puis se mit à sourire.
- Pourquoi souriez-vous, monsieur ?
- En vérité, j'ai envie de hurler de joie... mais dans ces moments-là, la retenue est de rigueur... madame. Asseyez-vous parce que ce que je vais vous dire risque de vous choquer... Vous risquez même de vous évanouir. Vous avez l'habitude de manipuler de grosses sommes d'argent mais celle du compte de votre pauvre mari est fabuleuse ! Elle est de 18 millions d'euros !
- 18 millions d'euros ? Oh ! ce n'est pas vrai ! En les convertissant en dinars cela donne approximativement quelque chose comme 250 milliards de centimes ! Mais comment avez-vous fait pour savoir qu'il y a autant d'argent ?
- Je ne dois pas vous le dire parce que seuls les grands initiés en matière de science millénaire africaine doivent avoir accès à des explications telles que celles que vous me demandez... Je vous dirai juste que ces 30 euros correspondent en fait aux 26.000 euros que vous devez payer pour récompenser les «esprits» qui m'aideront à transférer l'argent de votre mari de la banque où il se trouve dans ce coffret. cette somme est toujours réclamée sur la base d'un pourcentage prélevé sur la somme en jeu.
- Une sorte de TVA, quoi ?
- Oui, si vous voulez..., mais sans le paiement de cette somme, le transfert est impossible.
- Je comprends, donc, il faut que je me procure 26.000 euros...
- Oui.
- Et je les mets dans le coffret que nous poserons dans un coin ?
- Oui... sauf qu'une fois que j'aurai pris le coffret contenant les 26.000 euros, il faudra poser un autre coffret pour pouvoir réceptionner les liasses de billets de votre défunt mari.
- D'accord...
- Et puis, pour ce soir, je vais vous donner un talisman que vous mettrez sous votre oreiller.
- Un talisman ? Pourquoi faire ?
- Ce talisman est nécessaire... Il permettra aux esprits de mes ancêtres d'entrer en communication avec vous...
- Des esprits vont communiquer avec moi ? s'exclama avec inquiétude Zakia...
- Rassurez-vous, ils voudront juste vous voir, histoire de voir à qui ils rendront service.
- Ah ! d'accord...
- Il est possible aussi que l'esprit de votre mari vous rende visite... ce sera la preuve qu'il est satisfait et soulagé d'apprendre que son argent ira enfin vers son épouse.
Le lendemain, à son réveil, Zakia était une femme heureuse. Pour la première fois depuis des années, elle avait vu son mari en rêve ! Il ne lui avait rien dit. Il s'était juste contenté de lui sourire comme il l'avait toujours fait. Zakia était bien sûr loin vraiment loin de réaliser que ce rêve avait été provoqué par le Malien grâce à son pouvoir de suggestion et à l'ascendant psychique qu'il avait sur elle.
Le lendemain, une heure après son réveil, Zakia était dans sa banque où elle retira de son compte en devises 26.000 euros.
Dans l'après-midi, le Malien revint avec un autre petit coffret.
- Alors, comment s'est déroulé votre sommeil, madame ?
- Très bien... jamais je n'ai aussi bien dormi. Et puis tenez-vous bien : j'ai vu mon mari en rêve...
- Oh ! mais c'est formidable ! Cela signifie qu'il est d'accord pour que vous puissiez récupérer l'argent. Oh ! que je suis content. Cela veut dire aussi qu'il facilitera le transfert de son argent... ainsi les esprits de mes ancêtres travailleront à l'aise. Oh ! que je suis content !
- Moi aussi je suis contente et j'ai retiré de mon compte les 26.000 euros que vous m'avez réclamés
- Très bien, mettez-les dans le coffre que nous avons posé hier dans un petit coin du salon.
- Mais ne m'avez pas interdit d'y toucher ?
- C'est vrai, mais maintenant que votre mari vous a rendu visite, cette interdiction est levée. C'est vous la patronne désormais !
- Oh ! merci !
Et ce fut une femme heureuse qui courut au salon pour placer les 26.000 euros dans le coffret qu'elle remit au Malien. Celui-ci avant de s'en aller lui enjoignit :
- Pour que l'opération réussisse à 100%, il faut sacrifier un mouton... Il n'est pas nécessaire qu'il soit énorme. Un agneau suffira. Vous verserez un peu de sang de ce mouton dans une tasse à café que vous poserez dans le coin à côté du coffret. Et le lendemain à votre réveil vous trouverez une très bonne surprise.
- L'argent de mon mari ?
- Oui... Vous renouvellerez l'opération autant de fois qu'il faudra jusqu'à ce que vous ayez récupéré les 18 millions d'euros.
Zakia éclata de rire.
- Oh ! C'est formidable. Quelles émotions fortes m'attendent ! Je crois que je vais prendre quelques jours de repos.
- Je reviendrai vous voir dans une dizaine de jours pour que vous puissiez me donner un peu d'argent de poche...
- Avec plaisir ! je vous récompenserai royalement.
(à suivre...)


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