Détérioration de la balance commerciale de l'Algérie durant le premier trimestre 2025 : une situation inquiétante    Saidal et Madar Holding s'engagent dans la santé stratégique    Les véritables enjeux énergétiques et géopolitiques de l'opération de nettoyage ethnique    Le Canada continue d'envoyer massivement des armes à l'occupant sioniste    Près d'un million de signatures pour décerner le prix Nobel de la paix à Francesca Albanese et aux médecins de Ghaza    Compétitions africaines interclubs 2025-2026 Les clubs algériens connaissent leurs adversaires    Des matchs, des objectifs et de la sportivité    La directrice de l'éducation nationale supervise une réunion de coordination    La rue d'un village italien pavée de 3000 livres    Algérie-Somalie: volonté commune d'impulser une nouvelle dynamique aux relations fraternelles    In-Salah: le moudjahid Ahmed Chegga inhumé au cimetière d'In-Ghar    Le diplomate algérien Larbi Latrèche, désigné commissaire de la 4ème édition de l'IATF 2025    Lancement à Boussaâda du tournage du documentaire historique ''Marvel au champ d'honneur''    BDL : résultat net en hausse de 31% à près de 23 milliards Da en 2024    Lancement d'une session de formation pour les chargés de l'enquête nationale sur les dépenses de consommation et le niveau de vie des ménages    FOOT/CHAN 2024 (décalé à 2025)/Algérie : match d'application pour les remplaçants samedi    Quatre terroristes abattus au niveau des frontières sud-est du pays    Osaka Kansai Expo 2025: la Protection civile participe à la semaine de la paix, de la sécurité et de la dignité au Japon    Mouloudji préside une réunion de coordination sur les préparatifs de la rentrée sociale    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 61.430 martyrs et 153.213 blessés    Alerte sur la dégradation des conditions carcérales d'un journaliste sahraoui dans les geôles marocaines    Festival Culturel National de la Chanson Raï : une exposition d'arts plastiques en hommage à l'artiste défunt Ahmed Zergui    Mascara: commémoration du 67e anniversaire de la bataille de Djebel Stamboul    Dans les relations internationales, ils n'existent pas de sentiments mais que des intérêts    La Protection civile poursuit ses efforts pour éteindre les feux de forêt dans certaines wilayas du pays    La cohésion entre les Algériens et leur armée, une épine dans la gorge des ennemis de l'Algérie    Gemini invente les contes du soir    Basket 3x3 (U23) : l'Algérie, 1ère nation africaine et 5ème mondiale, signe une première historique    Natation / Traversée de la Baie d'Alger : 189 nageurs engagés dans la 3e édition    Souk El Tenine refait ses surfaces urbaines en peau neuve    CHAN-2025 Une course pour un trophée    Réunion de coordination sur la santé publique et l'environnement    Il y a 68 ans, le commando Ali Khoudja menait une farouche bataille à Bouzegza    Boudjemaa met en avant les réformes structurelles et la modernisation du système judiciaire    Abdelmadjid Tebboune préside la cérémonie    Le président de la République honore les retraités de l'Armée et leurs familles    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le sceau de l'universalité
Avant-première du documentaire «Ath-yenni, Paroles d'argent» d'Arezki Metref
Publié dans Le Midi Libre le 25 - 06 - 2007

Le village, entité isolée au milieu de nulle part, n'existe plus. Les Ath-yenni, tribu présentée par Ibn Khaldoun comme valeureuse, étaient des artisans armuriers, ils battaient la monnaie pour l'émir Abdel-Kader et confectionnaient de la fausse monnaie sous le règne ottoman.
Le village, entité isolée au milieu de nulle part, n'existe plus. Les Ath-yenni, tribu présentée par Ibn Khaldoun comme valeureuse, étaient des artisans armuriers, ils battaient la monnaie pour l'émir Abdel-Kader et confectionnaient de la fausse monnaie sous le règne ottoman.
ParEn invitant les spectateurs à partager une simple promenade dans son village d'origine, Arezki Metref, lui fait redécouvrir le village africain. Ce faisant, il frappe du sceau de l'universalité la carte d'identité des lieux ancestraux qu'il établit cette fois-ci avec l'aide, faussement naïve, d'une caméra. Dans une démarche qui semble calquée sur celle de son reportage «Kabylie Story», publié récemment par un confrère, le journaliste-écrivain, qui s'essaye pour la première fois à l'image cinématographique, révèle les liens complexes que ce petit morceau d'Algérie, haut perché, tisse depuis des millénaires avec l'ensemble de la planète. Du coup, l'enclavement tant décrié retrouve sa véritable définition, avant tout matérielle, fait de pauvreté et d'abandon et qui n'est nullement celui des esprits curieux, ouverts, brillants. Du particulier au général, du local au planétaire, le décor bucolique s'efface peu à peu pour nous rappeler que ces lieux habités depuis des millénaires constituent ce que Braudel, ce spécialiste de la méditerrannée, appelle civilisation agraire et urbanité montagnarde. Le village, entité isolée au milieu de nulle part, n'existe plus. Les Ath-yenni, tribu présentée par Ibn Khaldoun comme valeureuse, étaient des artisans armuriers, ils battaient la monnaie pour l'émir Abdel-Kader et confectionnaient de la fausse monnaie sous le règne ottoman. Quand les autorités coloniales leur interdisent de fabriquer des armes, ils se convertissent en orfèvres de talent. Côté Afrique, tout y est : la somptuosité de la nature, la pauvreté des habitations.
La vétusté des lieux de spiritualité traditionnelle n'empêche pas la vie de continuer à les irriguer. A travers les sinuosités d'une architecture millénaire, le spectateur rencontre des habitants de tous les âges. De succulents petits vieux au parler dru content l'histoire des tribus du village, s'interrogent sur l'origine des noms et se souviennent des disparus. Ainsi, on s'interroge sur Mimoun ce personnage qui a donné son nom au village Taourirt-Mimoun. L'origine hébraïque du patronyme Mimoun (le chanceux, le béni) que l'on retrouve dans toutes les contrées du sud du Maghreb à travers Timimoun, Lalla Mimouna, etc., semble complètement ignorée. Pourtant, selon les historiens, à travers le temps, des milliers de familles de confession juive se sont réfugiées en Kabylie fuyant les persécutions diverses.
Elles se sont complètement fondues dans le décor. Le cas beaucoup plus récent du jeune homme dont la famille originaire de M'Sila s'est installée à Ath-Yenni est plus que parlant. A l'écran, dans un kabyle parfait, le jeune homme exprime sa satisfaction de vivre dans cette région du pays sans s'être jamais senti étranger. Combien de ces apports de populations déplacées ont eu lieu à travers les millénaires pour arriver à une population mosaïque ? semble s'interroger l'auteur.
Mouloud Mammeri, le fils de l'endroit qui a consacré une recherche sur l'Ahellil du Gourara n'en ignorait rien, lui qui a privilégié une approche complexe du phénomène linguistique loin de toute idéologie réductrice. La danse sacrée des gouraris occupe la caméra un bon moment et, bousculant le spectateur, elle fait ressurgir à travers les rythmes, les bijoux en argent, le jdib, l'unité profonde de l'Afrique amazighe.
A la zaouïa des Ath-lahcène où est enterré le chanteur Brahim Izri, Tahyaun authentique derwiche chante avec une technique vocale apparemment innée qui défierait le plus futé des musicologues. Tout dans cette voix, la tessiture, le timbre et la liberté d'interprétation rappelle la filiation d'autres voix magiques : celle d'El-Anka, de Matoub et de Brahim Izri, d'Idir et du vieux chanteur Slimani qui, face à la caméra, explique que ceux de sa génération ont cassé un tabou de taille.
Surfant sur trois langues, le film, l'air de rien, continue son voyage à travers les générations. L'horizon obstrué des jeunes semble les éloigner peu à peu de la sobriété des aînés.
Les grands événements politiques semblent volontairement effleurés au bénéfice d'une approche complexe et d'une justesse de ton recherchée tout au long du film.
"Ath-Yenni, paroles d'argent" offre des moments de forte intensité malgré la fragilité inévitable d'une première œuvre.
ParEn invitant les spectateurs à partager une simple promenade dans son village d'origine, Arezki Metref, lui fait redécouvrir le village africain. Ce faisant, il frappe du sceau de l'universalité la carte d'identité des lieux ancestraux qu'il établit cette fois-ci avec l'aide, faussement naïve, d'une caméra. Dans une démarche qui semble calquée sur celle de son reportage «Kabylie Story», publié récemment par un confrère, le journaliste-écrivain, qui s'essaye pour la première fois à l'image cinématographique, révèle les liens complexes que ce petit morceau d'Algérie, haut perché, tisse depuis des millénaires avec l'ensemble de la planète. Du coup, l'enclavement tant décrié retrouve sa véritable définition, avant tout matérielle, fait de pauvreté et d'abandon et qui n'est nullement celui des esprits curieux, ouverts, brillants. Du particulier au général, du local au planétaire, le décor bucolique s'efface peu à peu pour nous rappeler que ces lieux habités depuis des millénaires constituent ce que Braudel, ce spécialiste de la méditerrannée, appelle civilisation agraire et urbanité montagnarde. Le village, entité isolée au milieu de nulle part, n'existe plus. Les Ath-yenni, tribu présentée par Ibn Khaldoun comme valeureuse, étaient des artisans armuriers, ils battaient la monnaie pour l'émir Abdel-Kader et confectionnaient de la fausse monnaie sous le règne ottoman. Quand les autorités coloniales leur interdisent de fabriquer des armes, ils se convertissent en orfèvres de talent. Côté Afrique, tout y est : la somptuosité de la nature, la pauvreté des habitations.
La vétusté des lieux de spiritualité traditionnelle n'empêche pas la vie de continuer à les irriguer. A travers les sinuosités d'une architecture millénaire, le spectateur rencontre des habitants de tous les âges. De succulents petits vieux au parler dru content l'histoire des tribus du village, s'interrogent sur l'origine des noms et se souviennent des disparus. Ainsi, on s'interroge sur Mimoun ce personnage qui a donné son nom au village Taourirt-Mimoun. L'origine hébraïque du patronyme Mimoun (le chanceux, le béni) que l'on retrouve dans toutes les contrées du sud du Maghreb à travers Timimoun, Lalla Mimouna, etc., semble complètement ignorée. Pourtant, selon les historiens, à travers le temps, des milliers de familles de confession juive se sont réfugiées en Kabylie fuyant les persécutions diverses.
Elles se sont complètement fondues dans le décor. Le cas beaucoup plus récent du jeune homme dont la famille originaire de M'Sila s'est installée à Ath-Yenni est plus que parlant. A l'écran, dans un kabyle parfait, le jeune homme exprime sa satisfaction de vivre dans cette région du pays sans s'être jamais senti étranger. Combien de ces apports de populations déplacées ont eu lieu à travers les millénaires pour arriver à une population mosaïque ? semble s'interroger l'auteur.
Mouloud Mammeri, le fils de l'endroit qui a consacré une recherche sur l'Ahellil du Gourara n'en ignorait rien, lui qui a privilégié une approche complexe du phénomène linguistique loin de toute idéologie réductrice. La danse sacrée des gouraris occupe la caméra un bon moment et, bousculant le spectateur, elle fait ressurgir à travers les rythmes, les bijoux en argent, le jdib, l'unité profonde de l'Afrique amazighe.
A la zaouïa des Ath-lahcène où est enterré le chanteur Brahim Izri, Tahyaun authentique derwiche chante avec une technique vocale apparemment innée qui défierait le plus futé des musicologues. Tout dans cette voix, la tessiture, le timbre et la liberté d'interprétation rappelle la filiation d'autres voix magiques : celle d'El-Anka, de Matoub et de Brahim Izri, d'Idir et du vieux chanteur Slimani qui, face à la caméra, explique que ceux de sa génération ont cassé un tabou de taille.
Surfant sur trois langues, le film, l'air de rien, continue son voyage à travers les générations. L'horizon obstrué des jeunes semble les éloigner peu à peu de la sobriété des aînés.
Les grands événements politiques semblent volontairement effleurés au bénéfice d'une approche complexe et d'une justesse de ton recherchée tout au long du film.
"Ath-Yenni, paroles d'argent" offre des moments de forte intensité malgré la fragilité inévitable d'une première œuvre.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.