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la dure condition de l'exil
les écrivains arabes et la liberté d'expression
Publié dans Le Midi Libre le 28 - 06 - 2007

L'irakien El Bayati en aura fait les frais toute sa vie, Malek Haddad aussi, Dib, le marocain Kheiredine …et bien d'autres, présents ou non à Alger la semaine passée. La question est de parler de l'exil, des raisons qui font que…signifie-t-il pour autant que l'on absout le lieu d'où l'on parle ?
L'irakien El Bayati en aura fait les frais toute sa vie, Malek Haddad aussi, Dib, le marocain Kheiredine …et bien d'autres, présents ou non à Alger la semaine passée. La question est de parler de l'exil, des raisons qui font que…signifie-t-il pour autant que l'on absout le lieu d'où l'on parle ?
Il ne s'agit bien entendu pas de faire le procès du bien fondé de la rencontre qui vient d'être organisée dans la capitale algérienne Ici, le propos est ailleurs. Sans doute dans le fait, entre autres, que rares auront été les époques où ce mal nécessaire, à un moment ou à un autre, de la vie et du parcours tant de l'écrivain, de l'artiste, du poète ou de l'intellectuel en général, ne se soit manifesté dans toute sa prégnance. Au reste, certains auteurs, et non des moindres, tel Kateb Yacine lui-même, en était arrivé à considérer qu'au même titre que la passion, l'exil était une condition sine qua non dans l'accomplissement des exigences du métier. Les causes politiques préexistant à la prise de décision de la nécessité de l'exil ne sont donc que l'une des raisons qui font qu'à un moment ou à un autre, l'on ait guère de choix que l'entame de ce «dur métier», selon l'expression consacrée.
Un peu partout à travers le monde arabe, et surtout pour un pays comme le nôtre, l'on sait bien toutes les formes d'exil qui existent et les façons d'y apporter réponse ; par l'écrit ou non. Qu'y a-t-il en effet de comparable entre l'exil d'un Malek Haddad, celui d'un Mohamed Dib ou encore du grand poète et écrivain marocain décédé dans la misère la plus totale en 1994, Mohammed Kheiredine ? L'un se sentait, à en étouffer en exil dans une langue étrangère, l'autre dans le carcan du prisme nationaliste aux contours particulièrement éprouvant, et le dernier enfin, en proie à un système politique qu'il aura exécré toute sa vie durant.
L'on rétorquera qu'il n'y a rien de comparable entre l'exil imposé pour des raisons politiques telles que l'absence de liberté d'expression ou la répression, même non dite, des libertés individuelles, et celle qui trouvent ses raisons dans des préoccupations plus strictement individuelles quelles fussent d'ordre esthétiques ou ontologiques. L'on pourrait aussi avancer l'argument qui veut que cela fut et cela sera, le contexte global dans lequel évoluent nos sociétés respectives ayant peu de chances d'opérer une mue subite à la faveur de telle ou telle prise de décision politique. L'on pourra aussi puiser à satiété dans les récurrentes raisons historiques telles que le colonialisme, l'autoritarisme, la dictature quand ce n'est pas le népotisme pur et simple. Toutes réalités qui ne sont au reste pas étrangères et pas plus aux Arabes qu'au reste de l'humanité. Enfoncer des portes ouvertes, en somme.
Les différents rapports d'institutions internationales d'envergure et respectées telle par exemple que le PNUD, font régulièrement état dans leurs constats annuels, de l'état lamentable des libertés individuelles et du statut de la femme, entre autres, dans les pays qui nous concernent ici. Dans cet ordre d'idée, l'exil pour raison de nécessité d'écriture ou de toute autre forme d'expression prend allure de tragicomique puisque l'on ne verrait pas au nom de quoi le droit d'un ou d'un certain nombre d'individus à l'accomplissement d'eux-mêmes devrait prendre le pas sur celui de populations entières. Ici aussi, l'on rétorquera que justement, l'écrivain, l'artiste ou encore l'intellectuel agit en révélateur de l'état d'avancement d'une société. D'où l'évidence de comprendre que, sans chercher à les absoudre, les pouvoirs politiques en place ne sont pas forcément seuls responsables de l'état de fait incriminé.
D'où aussi le besoin de chercher à comprendre ce qui fait que parfois, souvent, ce sont les sociétés elles-mêmes qui sécrètent les germes de l'impossibilité, ou en tout cas, de la difficulté à s'exprimer en toute liberté et conscience.
Il y a de belles et de vilaines formes d'exil. Celle par exemple d'un Abdelwahab El Bayati, l'un des plus grands poètes irakiens du vingtième siècle, force en même temps que le respect, l'humilité. Ici, dans ce cas précis, il n'y eu rien à choisir ou à décider : la solution, si tant est que l'exil soit une quelconque solution à quoi que ce soit, s'imposait d'elle-même, question de survie en somme. Autre chose est l'exil d'un Malek Haddad. Le poète, vivant ou emprisonné, ligoté dans une langue qui n'était pas la sienne et qui, selon lui, contribuait davantage à son isolement qu'à une quelconque symbiose d'avec les siens, se voit résolu tout simplement d'arrêter d'écrire. Une mutilation contre une autre. Ce qu'un esprit aiguisé et libre comme Kateb Yacine a appelé "une forme de suicide». Chez un Mohamed Dib, les choses auront été tout autrement puisque ce fut l'engagement politique initial déçu ou en tout cas, frustrant, qui aura été à l'origine d'un exil de plus de quarante-cinq ans aux contours de solitude évidents. L'écrivain ayant, dans la souffrance certes, trouvé son compte dans ce double statut de solitaire exilé. Troisième exemple choisi ici pour ce "tour de table" non exhaustif, le Marocain Mohammed Kheiredine dont la vie toute entière se sera confondue avec révolte et refus de l'ordre inique établi. Et qui, bien entendu, l'aura plus que chèrement payé.
Reste l'exil intérieur, le pire de tous. C'est ce que nous expliquent autant politologues que psychanalystes puisque cet exil là ne se vit, fondamentalement, que sur le mode du silence et de la castration, symbolique ou non. Reste aussi qu'il faille se garder en la matière à ne pas se risquer, par la dénonciation de la «chose» elle-même et justement, d'accorder un quelconque titre de gloire à l'endroit d'où l'on parle. La récupération politique, gît et se traîne d'abord là où l'on s'y attend le moins.
Il ne s'agit bien entendu pas de faire le procès du bien fondé de la rencontre qui vient d'être organisée dans la capitale algérienne Ici, le propos est ailleurs. Sans doute dans le fait, entre autres, que rares auront été les époques où ce mal nécessaire, à un moment ou à un autre, de la vie et du parcours tant de l'écrivain, de l'artiste, du poète ou de l'intellectuel en général, ne se soit manifesté dans toute sa prégnance. Au reste, certains auteurs, et non des moindres, tel Kateb Yacine lui-même, en était arrivé à considérer qu'au même titre que la passion, l'exil était une condition sine qua non dans l'accomplissement des exigences du métier. Les causes politiques préexistant à la prise de décision de la nécessité de l'exil ne sont donc que l'une des raisons qui font qu'à un moment ou à un autre, l'on ait guère de choix que l'entame de ce «dur métier», selon l'expression consacrée.
Un peu partout à travers le monde arabe, et surtout pour un pays comme le nôtre, l'on sait bien toutes les formes d'exil qui existent et les façons d'y apporter réponse ; par l'écrit ou non. Qu'y a-t-il en effet de comparable entre l'exil d'un Malek Haddad, celui d'un Mohamed Dib ou encore du grand poète et écrivain marocain décédé dans la misère la plus totale en 1994, Mohammed Kheiredine ? L'un se sentait, à en étouffer en exil dans une langue étrangère, l'autre dans le carcan du prisme nationaliste aux contours particulièrement éprouvant, et le dernier enfin, en proie à un système politique qu'il aura exécré toute sa vie durant.
L'on rétorquera qu'il n'y a rien de comparable entre l'exil imposé pour des raisons politiques telles que l'absence de liberté d'expression ou la répression, même non dite, des libertés individuelles, et celle qui trouvent ses raisons dans des préoccupations plus strictement individuelles quelles fussent d'ordre esthétiques ou ontologiques. L'on pourrait aussi avancer l'argument qui veut que cela fut et cela sera, le contexte global dans lequel évoluent nos sociétés respectives ayant peu de chances d'opérer une mue subite à la faveur de telle ou telle prise de décision politique. L'on pourra aussi puiser à satiété dans les récurrentes raisons historiques telles que le colonialisme, l'autoritarisme, la dictature quand ce n'est pas le népotisme pur et simple. Toutes réalités qui ne sont au reste pas étrangères et pas plus aux Arabes qu'au reste de l'humanité. Enfoncer des portes ouvertes, en somme.
Les différents rapports d'institutions internationales d'envergure et respectées telle par exemple que le PNUD, font régulièrement état dans leurs constats annuels, de l'état lamentable des libertés individuelles et du statut de la femme, entre autres, dans les pays qui nous concernent ici. Dans cet ordre d'idée, l'exil pour raison de nécessité d'écriture ou de toute autre forme d'expression prend allure de tragicomique puisque l'on ne verrait pas au nom de quoi le droit d'un ou d'un certain nombre d'individus à l'accomplissement d'eux-mêmes devrait prendre le pas sur celui de populations entières. Ici aussi, l'on rétorquera que justement, l'écrivain, l'artiste ou encore l'intellectuel agit en révélateur de l'état d'avancement d'une société. D'où l'évidence de comprendre que, sans chercher à les absoudre, les pouvoirs politiques en place ne sont pas forcément seuls responsables de l'état de fait incriminé.
D'où aussi le besoin de chercher à comprendre ce qui fait que parfois, souvent, ce sont les sociétés elles-mêmes qui sécrètent les germes de l'impossibilité, ou en tout cas, de la difficulté à s'exprimer en toute liberté et conscience.
Il y a de belles et de vilaines formes d'exil. Celle par exemple d'un Abdelwahab El Bayati, l'un des plus grands poètes irakiens du vingtième siècle, force en même temps que le respect, l'humilité. Ici, dans ce cas précis, il n'y eu rien à choisir ou à décider : la solution, si tant est que l'exil soit une quelconque solution à quoi que ce soit, s'imposait d'elle-même, question de survie en somme. Autre chose est l'exil d'un Malek Haddad. Le poète, vivant ou emprisonné, ligoté dans une langue qui n'était pas la sienne et qui, selon lui, contribuait davantage à son isolement qu'à une quelconque symbiose d'avec les siens, se voit résolu tout simplement d'arrêter d'écrire. Une mutilation contre une autre. Ce qu'un esprit aiguisé et libre comme Kateb Yacine a appelé "une forme de suicide». Chez un Mohamed Dib, les choses auront été tout autrement puisque ce fut l'engagement politique initial déçu ou en tout cas, frustrant, qui aura été à l'origine d'un exil de plus de quarante-cinq ans aux contours de solitude évidents. L'écrivain ayant, dans la souffrance certes, trouvé son compte dans ce double statut de solitaire exilé. Troisième exemple choisi ici pour ce "tour de table" non exhaustif, le Marocain Mohammed Kheiredine dont la vie toute entière se sera confondue avec révolte et refus de l'ordre inique établi. Et qui, bien entendu, l'aura plus que chèrement payé.
Reste l'exil intérieur, le pire de tous. C'est ce que nous expliquent autant politologues que psychanalystes puisque cet exil là ne se vit, fondamentalement, que sur le mode du silence et de la castration, symbolique ou non. Reste aussi qu'il faille se garder en la matière à ne pas se risquer, par la dénonciation de la «chose» elle-même et justement, d'accorder un quelconque titre de gloire à l'endroit d'où l'on parle. La récupération politique, gît et se traîne d'abord là où l'on s'y attend le moins.


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