Ca y est, le SILA ouvre enfin ses portes au public. C'est donc l'occasion aux algériens de renouer avec leur amour pour ce salon qui est devenu au fil des ans un carrefour incontournable pour les « lectomanes» de l'Algérie entière. Ca y est, le SILA ouvre enfin ses portes au public. C'est donc l'occasion aux algériens de renouer avec leur amour pour ce salon qui est devenu au fil des ans un carrefour incontournable pour les « lectomanes» de l'Algérie entière. Ainsi, hier depuis 10 H du matin, les allées du pavillon principal de la SAFEX d'Alger, sont petit à petit prises d'assaut par des visiteurs hétérogènes. Les agents de sécurité s'évertuent à tout contrôler, fouille au corps et bagages passés au peigne fin, non sans la moindre appréhension. « Les mesures de sécurité ont été renforcées cette année. En réalité, on craint beaucoup plus les petits malfrats qui s'amusent à piquer aux exposants des livres que les terroristes qui n'ont jamais menacé le salon. Les quelques 300.000 visiteurs qui jugeront que le salon vaut le détour sont visiblement assoiffés de connaissance et pétris de curiosité. Ainsi, on y retrouve des citoyens venus des quatre coins de l'Algérie à l'image de Hamid, 33 ans, libraire à Djelfa. « Sans le SILA, je ne vois pas comment je pourrais maintenir en vie ma libraire. Ici, chaque année, je rencontre des éditeurs étrangers qui me font des remises exceptionnelles. Je me constitue donc un stock important grâce auquel je vais répondre aux attentes de mes clients. Mais je dois reconnaitre que ce salon est une expérience humaine remarquable. C'est fou ce qu'on se fait comme rencontres et des connaissances », témoigne notre interlocuteur dont l'espoir placé en ce SILA 2008 est aussi grand que son amour pour les livres. Un budget limité A Midi, le SILA s'agite. L'affluence gagne en intensité et les stands des exposants sont assaillis par un flux incessant de visiteurs. « Je cherche des livres parascolaires pour mon garçon âgé de 14 ans. Je sais qu'au cours de ce salon, les réductions sont systématiques et le nombre des livres exposés est plus important qu'ailleurs. Depuis des années, je ne rate aucune édition du SILA », confie Hanane, 35 ans, accompagnée de son petit Kamel dont les caprices « livresques » se font de plus en plus expressifs. « Lui, il préfère les BD. L'année dernière, je lui en ai acheté quelques exemplaires. Mais leurs prix sont loin d'être abordables. C'est pour cela que je préfère les éviter cette année », révèle encore la jeune mère. En effet, la plupart des personnes interrogées, pères et mères de familles notamment, nous ont assurés que pour cette année, leur budget consacré à l'achat de livres est plus « limité que les années précédentes ». « Il y a eu d'abord le Ramadan, la rentrée scolaire et l'Aïd et pour compléter le tableau le SILA. Il est donc impossible que je fasse encore un sacrifice pour les livres. C'est à peine si je peux faire un effort pour les petits livres de poche. Ils auraient du programmer ce salon vers la fin de l'année. Au moins, comme ça on pourrait économiser pour pouvoir acheter des livres », explique Omar, 48 ans, père de deux enfants scolarisés et à qui il a envie d'inculquer le « virus » de la lecture. Un virus de luxe apparemment car côté prix, « ce n'est pas la joie», pour reprendre les propos de Tahar, 19 ans, étudiant à la fac centrale. «Rien n'a changé. Tous les livres qui m'intéressent demeurent inabordables. Un ouvrage universitaire avoisine facilement les 2500 DA ! Cela représente tout le montant de ma bourse », déplore-t-il en ne comprenant toujours pas pourquoi notre Etat ne soutient pas le livre. « Seuls les livres religieux sont accessibles à tout le monde. C'est à se demander si ces exposants spécialisés dans le livre religieux ne font pas dans le social. Je trouve personnellement que cette exacerbation religieuse dans le SILA, vraiment dangereuse pour notre société », décrète Ibrahim M, 55 ans, enseignant à l'université de Bouzaréah. Pour notre interlocuteur, les exposants moyen-orientaux font dans la « surenchère idéologique » en bradant de manière ostentatoire des livres religieux dont le contenu relaie certains discours islamistes qui font froid dans le dos. Dans certains stands, l'on commence, dès le premier jour, à offrir 40 % de réduction sur des traités religieux abordant des thèmes aussi divers que la place de la femme dans la société, le respect de la prière et la bonne conduite du musulman exemplaire. A coup de matériel high tech, plusieurs allées du salon résonnent de chants religieux. Des jeunes s'arrachent la série complète de l'Histoire des Prophètes dont les livrets sont vendus pour moins de 100 DA. « Je vais attendre les derniers jours car comme chaque année, ces barbus vont nous les offrir gratuitement », nous dévoile avec beaucoup de malice Farid, 16 ans, qui reconnait sans ambages le but de ses visites quotidiennes. « Je prends tous ces livres gratuits et je les revends à l'extérieur avec un bon prix. Je l'ai toujours fait. Et ça me rapporte un bon paquet d'argent», raconte-t-il. Du côté des exposants francophones, l'atmosphère est nettement différente. Les prix également. Chez ces derniers, il faut débourser au moins 300 DA pour rentrer à la maison avec de quoi feuilleter. Décidément, ce n'est pas parce qu'on est exposant dans le même salon qu'on vit dans le même monde. SILA : lieu d'espoir Nouveauté de cette année, le ministère de la Solidarité nationale s'invite au SILA. Sur son stand, les visiteurs ont pu rencontrer des représentants d'associations de sourds, d'aveugles et d'inadaptés mentaux. A ce sujet, Samir Chgour, représentant d'une association d'aveugle en Algérie, nous apprend que pas moins de 60.000 livres en braille ont été édités depuis 2005, soit tout le programme scolaire de la 1ére année jusqu'à à la 9ème. Pour notre interlocuteur, la participation des représentants de ces catégories fragiles au SILA est un signe d'espoir. Lieu de culture, lieu d'affaires, lieu d'espoir, le SILA est aujourd'hui un évènement multidimensionnel qui reflète l'image de cette Algérie qui se cherche tout en se construisant. S. A. Ainsi, hier depuis 10 H du matin, les allées du pavillon principal de la SAFEX d'Alger, sont petit à petit prises d'assaut par des visiteurs hétérogènes. Les agents de sécurité s'évertuent à tout contrôler, fouille au corps et bagages passés au peigne fin, non sans la moindre appréhension. « Les mesures de sécurité ont été renforcées cette année. En réalité, on craint beaucoup plus les petits malfrats qui s'amusent à piquer aux exposants des livres que les terroristes qui n'ont jamais menacé le salon. Les quelques 300.000 visiteurs qui jugeront que le salon vaut le détour sont visiblement assoiffés de connaissance et pétris de curiosité. Ainsi, on y retrouve des citoyens venus des quatre coins de l'Algérie à l'image de Hamid, 33 ans, libraire à Djelfa. « Sans le SILA, je ne vois pas comment je pourrais maintenir en vie ma libraire. Ici, chaque année, je rencontre des éditeurs étrangers qui me font des remises exceptionnelles. Je me constitue donc un stock important grâce auquel je vais répondre aux attentes de mes clients. Mais je dois reconnaitre que ce salon est une expérience humaine remarquable. C'est fou ce qu'on se fait comme rencontres et des connaissances », témoigne notre interlocuteur dont l'espoir placé en ce SILA 2008 est aussi grand que son amour pour les livres. Un budget limité A Midi, le SILA s'agite. L'affluence gagne en intensité et les stands des exposants sont assaillis par un flux incessant de visiteurs. « Je cherche des livres parascolaires pour mon garçon âgé de 14 ans. Je sais qu'au cours de ce salon, les réductions sont systématiques et le nombre des livres exposés est plus important qu'ailleurs. Depuis des années, je ne rate aucune édition du SILA », confie Hanane, 35 ans, accompagnée de son petit Kamel dont les caprices « livresques » se font de plus en plus expressifs. « Lui, il préfère les BD. L'année dernière, je lui en ai acheté quelques exemplaires. Mais leurs prix sont loin d'être abordables. C'est pour cela que je préfère les éviter cette année », révèle encore la jeune mère. En effet, la plupart des personnes interrogées, pères et mères de familles notamment, nous ont assurés que pour cette année, leur budget consacré à l'achat de livres est plus « limité que les années précédentes ». « Il y a eu d'abord le Ramadan, la rentrée scolaire et l'Aïd et pour compléter le tableau le SILA. Il est donc impossible que je fasse encore un sacrifice pour les livres. C'est à peine si je peux faire un effort pour les petits livres de poche. Ils auraient du programmer ce salon vers la fin de l'année. Au moins, comme ça on pourrait économiser pour pouvoir acheter des livres », explique Omar, 48 ans, père de deux enfants scolarisés et à qui il a envie d'inculquer le « virus » de la lecture. Un virus de luxe apparemment car côté prix, « ce n'est pas la joie», pour reprendre les propos de Tahar, 19 ans, étudiant à la fac centrale. «Rien n'a changé. Tous les livres qui m'intéressent demeurent inabordables. Un ouvrage universitaire avoisine facilement les 2500 DA ! Cela représente tout le montant de ma bourse », déplore-t-il en ne comprenant toujours pas pourquoi notre Etat ne soutient pas le livre. « Seuls les livres religieux sont accessibles à tout le monde. C'est à se demander si ces exposants spécialisés dans le livre religieux ne font pas dans le social. Je trouve personnellement que cette exacerbation religieuse dans le SILA, vraiment dangereuse pour notre société », décrète Ibrahim M, 55 ans, enseignant à l'université de Bouzaréah. Pour notre interlocuteur, les exposants moyen-orientaux font dans la « surenchère idéologique » en bradant de manière ostentatoire des livres religieux dont le contenu relaie certains discours islamistes qui font froid dans le dos. Dans certains stands, l'on commence, dès le premier jour, à offrir 40 % de réduction sur des traités religieux abordant des thèmes aussi divers que la place de la femme dans la société, le respect de la prière et la bonne conduite du musulman exemplaire. A coup de matériel high tech, plusieurs allées du salon résonnent de chants religieux. Des jeunes s'arrachent la série complète de l'Histoire des Prophètes dont les livrets sont vendus pour moins de 100 DA. « Je vais attendre les derniers jours car comme chaque année, ces barbus vont nous les offrir gratuitement », nous dévoile avec beaucoup de malice Farid, 16 ans, qui reconnait sans ambages le but de ses visites quotidiennes. « Je prends tous ces livres gratuits et je les revends à l'extérieur avec un bon prix. Je l'ai toujours fait. Et ça me rapporte un bon paquet d'argent», raconte-t-il. Du côté des exposants francophones, l'atmosphère est nettement différente. Les prix également. Chez ces derniers, il faut débourser au moins 300 DA pour rentrer à la maison avec de quoi feuilleter. Décidément, ce n'est pas parce qu'on est exposant dans le même salon qu'on vit dans le même monde. SILA : lieu d'espoir Nouveauté de cette année, le ministère de la Solidarité nationale s'invite au SILA. Sur son stand, les visiteurs ont pu rencontrer des représentants d'associations de sourds, d'aveugles et d'inadaptés mentaux. A ce sujet, Samir Chgour, représentant d'une association d'aveugle en Algérie, nous apprend que pas moins de 60.000 livres en braille ont été édités depuis 2005, soit tout le programme scolaire de la 1ére année jusqu'à à la 9ème. Pour notre interlocuteur, la participation des représentants de ces catégories fragiles au SILA est un signe d'espoir. Lieu de culture, lieu d'affaires, lieu d'espoir, le SILA est aujourd'hui un évènement multidimensionnel qui reflète l'image de cette Algérie qui se cherche tout en se construisant. S. A.