Bejaia: une caravane du CSJ à Akbou    Boughali rencontre à Mascate les ministres omanais des Transports et de l'Energie    Championnat d'Afrique des clubs vainqueurs de coupe de handball (quarts de finale dames): Le HCBC El Biar éliminé par Petro Atlètico    Championnat d'Afrique des clubs vainqueurs de coupe de handball: l'Espérance de Tunis en demi-finale    Le ministre de la Santé insiste sur la "transparence" et la "rigueur" dans l'élaboration du cahier des charges concernant les équipements médicaux    Sidi Bel Abbes : transformer le théâtre universitaire en un produit commercialisable    Air Algérie: une nouvelle offre dédiée aux familles algériennes pour les vacances d'été    Match USMA/RS Berkane: la décision de la CAF attendue au plus tard mercredi    Violation du droit international au Sahara occidental : les Sahraouis de France appellent à protéger les civils    Justice: Tabi souligne l'importance de maîtriser la numérisation    Coupe d'Algérie (1/2 finale-MCA-CSC): un plan pour détourner le trafic automobile autour du complexe olympique Miloud Hadefi d'Oran    Ghaza: plusieurs martyrs et des dizaines de blessés au 200e jour de l'agression sioniste    Hadj: reprise mardi de l'opération de réservation de billets pour les hadjis voyageant avec l'ONPO    « C'est Israël qui a attaqué l'Iran avec son consulat à Damas, il y a eu 16 morts dans la frappe aérienne »    35 nouveaux bus au profit d'Adrar    De profondes réformes s'imposent pour devenir un pays émergent    L'Algérienne des eaux à Mostaganem Perturbation dans l'alimentation en eau potable dans les 32 communes    Médiature de la République: de nouvelles plateformes pour une meilleure prise en charge des préoccupations des citoyens    Plus de 50 % des périmètres agricoles du pays raccordés au réseau électrique    Génocide à Ghaza : Manifestation en République Tchèque    Des opérations d'aménagement et de réalisation de routes à Souaflia    Moutons importés de Roumanie    1.785 comprimés de Prégabaline interceptés et deux suspects arrêtés    « L'Occident s'est engagé sur la voie du suicide collectif »    Réception en l'honneur des artistes    Mouloudji préside le lancement d'une formation pour les cadres de la DGSN    L'amphithéâtre du ministère de la Santé baptisé du nom du défunt moudjahid Pierre Chaulet    Le président de la République regagne Alger    L'Algérie participe au 38e Salon international du livre de Tunis    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80    Les participants saluent la très bonne organisation de la compétition    Coupe d'Algérie Mobilis 2024 : Désignation des arbitres des demi-finales    L'ASVB en quarts de finale, le WAT éliminé    La classe politique bouge    Les plans subversifs du mouvement terroriste ''Rachad'' et ses liens avec le terrorisme international dévoilés    Colloque international «Cheikh Abdelkrim Dali» du 25 au 27 avril    Assurer un climat d'affaires sain, serein et stable        L'ORDRE INTERNATIONAL OU CE MECANISME DE DOMINATION PERVERSE DES PEUPLES ?    Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Le diktat des autodidactes    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    El Tarf: Des agriculteurs demandent l'aménagement de pistes    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La peur de l'inconnu
Pupille de l'état de Mohamed Zerguine
Publié dans Le Midi Libre le 17 - 02 - 2009

Un livre qui vous plonge dans les affres de la solitude, vous fait partager le goût amer de l'abandon, de la perte de l'être aimée, vous affronte à la peur de l'inconnu, est celui de Mohamed Zerguine, intitulé, "Pupille de l'Etat : la peur de l'inconnu". Le livre nous plonge, l'espace de 143 pages, dans le monde austère de l'enfance abandonnée. Un monde douloureux, frustrant, rude, froid, qui a quandmême donné naissance à un être sensible, aimant, tendre, et talentueux.
Un livre qui vous plonge dans les affres de la solitude, vous fait partager le goût amer de l'abandon, de la perte de l'être aimée, vous affronte à la peur de l'inconnu, est celui de Mohamed Zerguine, intitulé, "Pupille de l'Etat : la peur de l'inconnu". Le livre nous plonge, l'espace de 143 pages, dans le monde austère de l'enfance abandonnée. Un monde douloureux, frustrant, rude, froid, qui a quandmême donné naissance à un être sensible, aimant, tendre, et talentueux.
Pupille de l'Etat, Mohamed Zerguine, l'est et, tout au long de son livre, il se proclame enfant abandonné, délaissé, rejeté, puis adopté, chérie et protégé par une famille qui lui a permis de se frayer un chemin dans la vie sociale, de réussir à être l'homme résilient, l'époux attentionné, le père tendre et dévoué à son foyer et l'auteur remarquable de cette réflexion sur la condition de l'enfance abandonné. A travers son vécu, Mohamed-Chérif Zerguine expose les contradictions vécues par les enfants illégitimes en Algérie. Bien que les pouvoirs publics leur confèrent un statut social, (droit à la protection, au soutien matériel et moral), il n'en demeure pas moins qu'ils restent victimes d'une société connue pour son conservatisme aveugle, qui se veut stigmatisante et marginalisante à leur égard.
La face cachée de la peur de l'abandon
Dans sa réflexion poussée, tirée de son propre vécu, dont il parle de manière fort poignante, traçant les étapes par lesquelles il est passé, faisant étalages de ces souffrances, de ses peurs, Zerguine dévoile la face cachée de la peur de l'inconnu. La nécessité et les difficultés d'exister culturellement. Rejeté, exclu ou même raillé, l'enfant illégitime porte, durant sa vie, l'empreinte indélébile des circonstances honteuses de sa naissance. Son maintien au sein du groupe familial (protégé par sa mère) constitue une marque de l'infamie et du déshonneur.
Mohamed Zerguine parle de lui, de son enfance, de cette mère fusionnelle de laquelle il a gardé un vague souvenir, le souvenir des premiers affectes éprouvés dans le monde ténébreux de son utérus, de son premier contact avec la réalité, un certain Novembre 1963, de son destin tracé au préalable par des géniteurs qui n'ont pas eu le cran de faire face à la société et d'assumer la conséquence de leur amour interdit. Abandonné dans un foyer pour enfants assistés, il subit les sanctions injustes d'un crime qu'il n'a pas commis.
Abandonné à l'âge de quatre jours à la pouponnière de Nôtre Dame des Apôtres à Constantine, l'enfant a été, trois mois après, adopté par une famille qui lui a apporté amour, protection et stabilité. Pour Mohamed, ils étaient tous là, une véritable famille d'amour qui lui donna un autre prénom. De son enfance, l'auteur garde quelques souvenirs vagues. Sa famille d'accueil, par amour et également par protection, lui dissimula toutes les informations sur son passé. Ses souvenirs, relate-t-il, se résumait en des allers-retours réguliers, pour contrôle de santé de l'enfant placé, chez les sœurs du centre d'œuvres sociales de Notre Dame des Apôtres à Constantine. Ne dit-on pas que l'enfance est l'âge de l'insouciance ? Pour l'auteur, les questions allaient inévitablement faire leur apparition, éveillant, dans les profondeurs de son âme, une vive douleur.
Ce qui fait la force de l'enfant
«A l'âge adolescent, après avoir vécu une solitude extrêmement douloureuse, le déclic s'était produit», écrit-il. «Il était vital pour moi d'affronter, de combattre et de m'imposer. J'ai commencé à exprimer ou plutôt à crier ma souffrance, grâce à une activité artistique, d'ailleurs les textes écrits et interprétés, le relatent parfaitement». La musique, où plutôt, la rédaction de textes reflétant la souffrance intérieure qui le consumait, ont permis à l'auteur de se libérer un tant soit peu de son passé lourd de chagrin, dont il ne connaissait que des bribes d'informations, récoltées après élaboration d'efforts monstres.
L'amour qui lui a été prodigué par sa famille adoptive, son besoin de donner et de recevoir l'affection, ont fait de Mohamed, un époux et un père à un jeune âge. A ce propos, il écrit. « Père de famille très jeune, pour combler ce vide, adversité quasi-permanente dans le quotidien, et enfin, ce voyage spirituel qui m'a apporté un apaisement et une détermination inébranlable. Mon vrai nom ne me faisait plus honte».
L'auteur n'oublie pas d'évoquer les moments clés de son histoire. Des moments qui l'ont fortement marqué, faisant de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. A chaque partie de son livre, il évoque ce nom qui hantait ses nuits, son nom, dont il ne connaissait presque pas la provenance. Son départ pour la France, à l'âge de Sept ans, sa séparation avec ses grands parents adoptifs raviva sa douleur, rouvrit sa plaie et laissa place au doute, à la confusion et à l'incertitude.
«La douleur de la séparation de mes grands parents adoptifs a été impitoyable. Je ne voulais pas les quitter, en aucun cas je n'admettais ce départ. A l'école je vivais dans la peau d'un autre enfant, à travers ce nom patronymique, inconnu jusque-là. Se déclencha ainsi, une angoisse extrêmement récurrente. A l'âge de 7 ans, mes rêves d'enfants ont été fracassés par cette machine du doute, laissant place à un état d'incertitude».
Les moments clés de son
existence
Vivant dans une famille adoptive qui lui cacha tout de son passé et comme tout enfant adopté, un jour la réalité éclata, en 1973, pendant les vacances à Constantine, quand une cousine à lui révéla qu'il n'était qu'un orphelin. C'est à partir de cette date que tout à basculer dans sa vie. Les questions s'enchainaient, les peurs se multipliaient et une seule chose comptait : qui était-il ? Cette question, évoque-t-il, dans son livre, est malheureusement imposée à tous les gosses adoptifs comme une gymnastique cérébrale contraignante.
L'auteur insiste que ce moment clé de son existence l'a mené vers une aventure assez extraordinaire à la recherche d'un soulagement à ses douleurs. Musique, écriture, composition et interprétation sont les activités artistiques qui lui ont permis de panser sa blessure, de parvenir à traverser sagement son adolescence. Les événements se suivent après. Décès du grand-père tant adoré qui a plongé Mohamed dans la tristesse absolue, retour dans la ville natale. Tout cela a contribué à ranimer ses doutes, créant chez lui le besoin impérieux de partir à la recherche de ses racines, de cette mère qui l'a abandonner, de retracer son passé, d'affronter sa destinée.
La douloureuse quête des
origines
Cette quête, tout au long du livre, s'avéra infructueuse, mais permis à l'auteur d'être en contact avec une administration algérienne qu'il accuse de négligence et d'une société stigmatisante. Une quête aux origines qui déboucha sur un véritable plaidoyer pour améliorer la condition de l'enfance assistée en Algérie. Tout au long de son récit, Mohamed Zerguine, se plaçant au préalable, en position d'acteur et de spectateur à la fois de sa condition d'enfant abandonné ensuite adopté, dresse une liste loin d'être exhaustive des difficultés face à lesquelles est livrée l'enfance assistée. S'appuyant sur des lectures très poussées de livre en psychologie, portant sur le psychisme et le vécu des enfants nés sous X, l'auteur dresse un tableau peu reluisant de la situation de cette frange sociétale encore exclue. Exclusion marquée, par l'absence de loi nouvelle portant sur la protection de cette catégorie. Mohamed Zerguine achève son livre par un appel aux consciences vives. «Impérativement, il est nécessaire, voire urgent que toute la société investisse davantage ses efforts, pour favoriser l'accueil rapide de l'enfant abandonne et cela des sa naissance pour qu'il ait une famille. Peu importe qu'elle soit biologique ou adoptive, le plus important est que la transparence et l'amour y soient présent».
D. S.
Un livre qui vous plonge dans les affres de la solitude, vous fait partager le goût amer de l'abandon, de la perte de l'être aimée, vous affronte à la peur de l'inconnu, est celui de Mohamed Zerguine, intitulé, "Pupille de l'Etat : la peur de l'inconnu". Le livre nous plonge, l'espace de 143 pages, dans le monde austère de l'enfance abandonnée. Un monde douloureux, frustrant, rude, froid, qui a quandmême donné naissance à un être sensible, aimant, tendre, et talentueux.
Par Dalila Soltani
Pupille de l'Etat, Mohamed Zerguine, l'est et, tout au long de son livre, il se proclame enfant abandonné, délaissé, rejeté, puis adopté, chérie et protégé par une famille qui lui a permis de se frayer un chemin dans la vie sociale, de réussir à être l'homme résilient, l'époux attentionné, le père tendre et dévoué à son foyer et l'auteur remarquable de cette réflexion sur la condition de l'enfance abandonné. A travers son vécu, Mohamed-Chérif Zerguine expose les contradictions vécues par les enfants illégitimes en Algérie. Bien que les pouvoirs publics leur confèrent un statut social, (droit à la protection, au soutien matériel et moral), il n'en demeure pas moins qu'ils restent victimes d'une société connue pour son conservatisme aveugle, qui se veut stigmatisante et marginalisante à leur égard.
La face cachée de la peur de l'abandon
Dans sa réflexion poussée, tirée de son propre vécu, dont il parle de manière fort poignante, traçant les étapes par lesquelles il est passé, faisant étalages de ces souffrances, de ses peurs, Zerguine dévoile la face cachée de la peur de l'inconnu. La nécessité et les difficultés d'exister culturellement. Rejeté, exclu ou même raillé, l'enfant illégitime porte, durant sa vie, l'empreinte indélébile des circonstances honteuses de sa naissance. Son maintien au sein du groupe familial (protégé par sa mère) constitue une marque de l'infamie et du déshonneur.
Mohamed Zerguine parle de lui, de son enfance, de cette mère fusionnelle de laquelle il a gardé un vague souvenir, le souvenir des premiers affectes éprouvés dans le monde ténébreux de son utérus, de son premier contact avec la réalité, un certain Novembre 1963, de son destin tracé au préalable par des géniteurs qui n'ont pas eu le cran de faire face à la société et d'assumer la conséquence de leur amour interdit. Abandonné dans un foyer pour enfants assistés, il subit les sanctions injustes d'un crime qu'il n'a pas commis.
Abandonné à l'âge de quatre jours à la pouponnière de Nôtre Dame des Apôtres à Constantine, l'enfant a été, trois mois après, adopté par une famille qui lui a apporté amour, protection et stabilité. Pour Mohamed, ils étaient tous là, une véritable famille d'amour qui lui donna un autre prénom. De son enfance, l'auteur garde quelques souvenirs vagues. Sa famille d'accueil, par amour et également par protection, lui dissimula toutes les informations sur son passé. Ses souvenirs, relate-t-il, se résumait en des allers-retours réguliers, pour contrôle de santé de l'enfant placé, chez les sœurs du centre d'œuvres sociales de Notre Dame des Apôtres à Constantine. Ne dit-on pas que l'enfance est l'âge de l'insouciance ? Pour l'auteur, les questions allaient inévitablement faire leur apparition, éveillant, dans les profondeurs de son âme, une vive douleur.
Ce qui fait la force de l'enfant
«A l'âge adolescent, après avoir vécu une solitude extrêmement douloureuse, le déclic s'était produit», écrit-il. «Il était vital pour moi d'affronter, de combattre et de m'imposer. J'ai commencé à exprimer ou plutôt à crier ma souffrance, grâce à une activité artistique, d'ailleurs les textes écrits et interprétés, le relatent parfaitement». La musique, où plutôt, la rédaction de textes reflétant la souffrance intérieure qui le consumait, ont permis à l'auteur de se libérer un tant soit peu de son passé lourd de chagrin, dont il ne connaissait que des bribes d'informations, récoltées après élaboration d'efforts monstres.
L'amour qui lui a été prodigué par sa famille adoptive, son besoin de donner et de recevoir l'affection, ont fait de Mohamed, un époux et un père à un jeune âge. A ce propos, il écrit. « Père de famille très jeune, pour combler ce vide, adversité quasi-permanente dans le quotidien, et enfin, ce voyage spirituel qui m'a apporté un apaisement et une détermination inébranlable. Mon vrai nom ne me faisait plus honte».
L'auteur n'oublie pas d'évoquer les moments clés de son histoire. Des moments qui l'ont fortement marqué, faisant de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. A chaque partie de son livre, il évoque ce nom qui hantait ses nuits, son nom, dont il ne connaissait presque pas la provenance. Son départ pour la France, à l'âge de Sept ans, sa séparation avec ses grands parents adoptifs raviva sa douleur, rouvrit sa plaie et laissa place au doute, à la confusion et à l'incertitude.
«La douleur de la séparation de mes grands parents adoptifs a été impitoyable. Je ne voulais pas les quitter, en aucun cas je n'admettais ce départ. A l'école je vivais dans la peau d'un autre enfant, à travers ce nom patronymique, inconnu jusque-là. Se déclencha ainsi, une angoisse extrêmement récurrente. A l'âge de 7 ans, mes rêves d'enfants ont été fracassés par cette machine du doute, laissant place à un état d'incertitude».
Les moments clés de son
existence
Vivant dans une famille adoptive qui lui cacha tout de son passé et comme tout enfant adopté, un jour la réalité éclata, en 1973, pendant les vacances à Constantine, quand une cousine à lui révéla qu'il n'était qu'un orphelin. C'est à partir de cette date que tout à basculer dans sa vie. Les questions s'enchainaient, les peurs se multipliaient et une seule chose comptait : qui était-il ? Cette question, évoque-t-il, dans son livre, est malheureusement imposée à tous les gosses adoptifs comme une gymnastique cérébrale contraignante.
L'auteur insiste que ce moment clé de son existence l'a mené vers une aventure assez extraordinaire à la recherche d'un soulagement à ses douleurs. Musique, écriture, composition et interprétation sont les activités artistiques qui lui ont permis de panser sa blessure, de parvenir à traverser sagement son adolescence. Les événements se suivent après. Décès du grand-père tant adoré qui a plongé Mohamed dans la tristesse absolue, retour dans la ville natale. Tout cela a contribué à ranimer ses doutes, créant chez lui le besoin impérieux de partir à la recherche de ses racines, de cette mère qui l'a abandonner, de retracer son passé, d'affronter sa destinée.
La douloureuse quête des
origines
Cette quête, tout au long du livre, s'avéra infructueuse, mais permis à l'auteur d'être en contact avec une administration algérienne qu'il accuse de négligence et d'une société stigmatisante. Une quête aux origines qui déboucha sur un véritable plaidoyer pour améliorer la condition de l'enfance assistée en Algérie. Tout au long de son récit, Mohamed Zerguine, se plaçant au préalable, en position d'acteur et de spectateur à la fois de sa condition d'enfant abandonné ensuite adopté, dresse une liste loin d'être exhaustive des difficultés face à lesquelles est livrée l'enfance assistée. S'appuyant sur des lectures très poussées de livre en psychologie, portant sur le psychisme et le vécu des enfants nés sous X, l'auteur dresse un tableau peu reluisant de la situation de cette frange sociétale encore exclue. Exclusion marquée, par l'absence de loi nouvelle portant sur la protection de cette catégorie. Mohamed Zerguine achève son livre par un appel aux consciences vives. «Impérativement, il est nécessaire, voire urgent que toute la société investisse davantage ses efforts, pour favoriser l'accueil rapide de l'enfant abandonne et cela des sa naissance pour qu'il ait une famille. Peu importe qu'elle soit biologique ou adoptive, le plus important est que la transparence et l'amour y soient présent».
D. S.
Pupille de l'Etat, Mohamed Zerguine, l'est et, tout au long de son livre, il se proclame enfant abandonné, délaissé, rejeté, puis adopté, chérie et protégé par une famille qui lui a permis de se frayer un chemin dans la vie sociale, de réussir à être l'homme résilient, l'époux attentionné, le père tendre et dévoué à son foyer et l'auteur remarquable de cette réflexion sur la condition de l'enfance abandonné. A travers son vécu, Mohamed-Chérif Zerguine expose les contradictions vécues par les enfants illégitimes en Algérie. Bien que les pouvoirs publics leur confèrent un statut social, (droit à la protection, au soutien matériel et moral), il n'en demeure pas moins qu'ils restent victimes d'une société connue pour son conservatisme aveugle, qui se veut stigmatisante et marginalisante à leur égard.
La face cachée de la peur de l'abandon
Dans sa réflexion poussée, tirée de son propre vécu, dont il parle de manière fort poignante, traçant les étapes par lesquelles il est passé, faisant étalages de ces souffrances, de ses peurs, Zerguine dévoile la face cachée de la peur de l'inconnu. La nécessité et les difficultés d'exister culturellement. Rejeté, exclu ou même raillé, l'enfant illégitime porte, durant sa vie, l'empreinte indélébile des circonstances honteuses de sa naissance. Son maintien au sein du groupe familial (protégé par sa mère) constitue une marque de l'infamie et du déshonneur.
Mohamed Zerguine parle de lui, de son enfance, de cette mère fusionnelle de laquelle il a gardé un vague souvenir, le souvenir des premiers affectes éprouvés dans le monde ténébreux de son utérus, de son premier contact avec la réalité, un certain Novembre 1963, de son destin tracé au préalable par des géniteurs qui n'ont pas eu le cran de faire face à la société et d'assumer la conséquence de leur amour interdit. Abandonné dans un foyer pour enfants assistés, il subit les sanctions injustes d'un crime qu'il n'a pas commis.
Abandonné à l'âge de quatre jours à la pouponnière de Nôtre Dame des Apôtres à Constantine, l'enfant a été, trois mois après, adopté par une famille qui lui a apporté amour, protection et stabilité. Pour Mohamed, ils étaient tous là, une véritable famille d'amour qui lui donna un autre prénom. De son enfance, l'auteur garde quelques souvenirs vagues. Sa famille d'accueil, par amour et également par protection, lui dissimula toutes les informations sur son passé. Ses souvenirs, relate-t-il, se résumait en des allers-retours réguliers, pour contrôle de santé de l'enfant placé, chez les sœurs du centre d'œuvres sociales de Notre Dame des Apôtres à Constantine. Ne dit-on pas que l'enfance est l'âge de l'insouciance ? Pour l'auteur, les questions allaient inévitablement faire leur apparition, éveillant, dans les profondeurs de son âme, une vive douleur.
Ce qui fait la force de l'enfant
«A l'âge adolescent, après avoir vécu une solitude extrêmement douloureuse, le déclic s'était produit», écrit-il. «Il était vital pour moi d'affronter, de combattre et de m'imposer. J'ai commencé à exprimer ou plutôt à crier ma souffrance, grâce à une activité artistique, d'ailleurs les textes écrits et interprétés, le relatent parfaitement». La musique, où plutôt, la rédaction de textes reflétant la souffrance intérieure qui le consumait, ont permis à l'auteur de se libérer un tant soit peu de son passé lourd de chagrin, dont il ne connaissait que des bribes d'informations, récoltées après élaboration d'efforts monstres.
L'amour qui lui a été prodigué par sa famille adoptive, son besoin de donner et de recevoir l'affection, ont fait de Mohamed, un époux et un père à un jeune âge. A ce propos, il écrit. « Père de famille très jeune, pour combler ce vide, adversité quasi-permanente dans le quotidien, et enfin, ce voyage spirituel qui m'a apporté un apaisement et une détermination inébranlable. Mon vrai nom ne me faisait plus honte».
L'auteur n'oublie pas d'évoquer les moments clés de son histoire. Des moments qui l'ont fortement marqué, faisant de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. A chaque partie de son livre, il évoque ce nom qui hantait ses nuits, son nom, dont il ne connaissait presque pas la provenance. Son départ pour la France, à l'âge de Sept ans, sa séparation avec ses grands parents adoptifs raviva sa douleur, rouvrit sa plaie et laissa place au doute, à la confusion et à l'incertitude.
«La douleur de la séparation de mes grands parents adoptifs a été impitoyable. Je ne voulais pas les quitter, en aucun cas je n'admettais ce départ. A l'école je vivais dans la peau d'un autre enfant, à travers ce nom patronymique, inconnu jusque-là. Se déclencha ainsi, une angoisse extrêmement récurrente. A l'âge de 7 ans, mes rêves d'enfants ont été fracassés par cette machine du doute, laissant place à un état d'incertitude».
Les moments clés de son
existence
Vivant dans une famille adoptive qui lui cacha tout de son passé et comme tout enfant adopté, un jour la réalité éclata, en 1973, pendant les vacances à Constantine, quand une cousine à lui révéla qu'il n'était qu'un orphelin. C'est à partir de cette date que tout à basculer dans sa vie. Les questions s'enchainaient, les peurs se multipliaient et une seule chose comptait : qui était-il ? Cette question, évoque-t-il, dans son livre, est malheureusement imposée à tous les gosses adoptifs comme une gymnastique cérébrale contraignante.
L'auteur insiste que ce moment clé de son existence l'a mené vers une aventure assez extraordinaire à la recherche d'un soulagement à ses douleurs. Musique, écriture, composition et interprétation sont les activités artistiques qui lui ont permis de panser sa blessure, de parvenir à traverser sagement son adolescence. Les événements se suivent après. Décès du grand-père tant adoré qui a plongé Mohamed dans la tristesse absolue, retour dans la ville natale. Tout cela a contribué à ranimer ses doutes, créant chez lui le besoin impérieux de partir à la recherche de ses racines, de cette mère qui l'a abandonner, de retracer son passé, d'affronter sa destinée.
La douloureuse quête des
origines
Cette quête, tout au long du livre, s'avéra infructueuse, mais permis à l'auteur d'être en contact avec une administration algérienne qu'il accuse de négligence et d'une société stigmatisante. Une quête aux origines qui déboucha sur un véritable plaidoyer pour améliorer la condition de l'enfance assistée en Algérie. Tout au long de son récit, Mohamed Zerguine, se plaçant au préalable, en position d'acteur et de spectateur à la fois de sa condition d'enfant abandonné ensuite adopté, dresse une liste loin d'être exhaustive des difficultés face à lesquelles est livrée l'enfance assistée. S'appuyant sur des lectures très poussées de livre en psychologie, portant sur le psychisme et le vécu des enfants nés sous X, l'auteur dresse un tableau peu reluisant de la situation de cette frange sociétale encore exclue. Exclusion marquée, par l'absence de loi nouvelle portant sur la protection de cette catégorie. Mohamed Zerguine achève son livre par un appel aux consciences vives. «Impérativement, il est nécessaire, voire urgent que toute la société investisse davantage ses efforts, pour favoriser l'accueil rapide de l'enfant abandonne et cela des sa naissance pour qu'il ait une famille. Peu importe qu'elle soit biologique ou adoptive, le plus important est que la transparence et l'amour y soient présent».
D. S.
Un livre qui vous plonge dans les affres de la solitude, vous fait partager le goût amer de l'abandon, de la perte de l'être aimée, vous affronte à la peur de l'inconnu, est celui de Mohamed Zerguine, intitulé, "Pupille de l'Etat : la peur de l'inconnu". Le livre nous plonge, l'espace de 143 pages, dans le monde austère de l'enfance abandonnée. Un monde douloureux, frustrant, rude, froid, qui a quandmême donné naissance à un être sensible, aimant, tendre, et talentueux.
Par Dalila Soltani
Pupille de l'Etat, Mohamed Zerguine, l'est et, tout au long de son livre, il se proclame enfant abandonné, délaissé, rejeté, puis adopté, chérie et protégé par une famille qui lui a permis de se frayer un chemin dans la vie sociale, de réussir à être l'homme résilient, l'époux attentionné, le père tendre et dévoué à son foyer et l'auteur remarquable de cette réflexion sur la condition de l'enfance abandonné. A travers son vécu, Mohamed-Chérif Zerguine expose les contradictions vécues par les enfants illégitimes en Algérie. Bien que les pouvoirs publics leur confèrent un statut social, (droit à la protection, au soutien matériel et moral), il n'en demeure pas moins qu'ils restent victimes d'une société connue pour son conservatisme aveugle, qui se veut stigmatisante et marginalisante à leur égard.
La face cachée de la peur de l'abandon
Dans sa réflexion poussée, tirée de son propre vécu, dont il parle de manière fort poignante, traçant les étapes par lesquelles il est passé, faisant étalages de ces souffrances, de ses peurs, Zerguine dévoile la face cachée de la peur de l'inconnu. La nécessité et les difficultés d'exister culturellement. Rejeté, exclu ou même raillé, l'enfant illégitime porte, durant sa vie, l'empreinte indélébile des circonstances honteuses de sa naissance. Son maintien au sein du groupe familial (protégé par sa mère) constitue une marque de l'infamie et du déshonneur.
Mohamed Zerguine parle de lui, de son enfance, de cette mère fusionnelle de laquelle il a gardé un vague souvenir, le souvenir des premiers affectes éprouvés dans le monde ténébreux de son utérus, de son premier contact avec la réalité, un certain Novembre 1963, de son destin tracé au préalable par des géniteurs qui n'ont pas eu le cran de faire face à la société et d'assumer la conséquence de leur amour interdit. Abandonné dans un foyer pour enfants assistés, il subit les sanctions injustes d'un crime qu'il n'a pas commis.
Abandonné à l'âge de quatre jours à la pouponnière de Nôtre Dame des Apôtres à Constantine, l'enfant a été, trois mois après, adopté par une famille qui lui a apporté amour, protection et stabilité. Pour Mohamed, ils étaient tous là, une véritable famille d'amour qui lui donna un autre prénom. De son enfance, l'auteur garde quelques souvenirs vagues. Sa famille d'accueil, par amour et également par protection, lui dissimula toutes les informations sur son passé. Ses souvenirs, relate-t-il, se résumait en des allers-retours réguliers, pour contrôle de santé de l'enfant placé, chez les sœurs du centre d'œuvres sociales de Notre Dame des Apôtres à Constantine. Ne dit-on pas que l'enfance est l'âge de l'insouciance ? Pour l'auteur, les questions allaient inévitablement faire leur apparition, éveillant, dans les profondeurs de son âme, une vive douleur.
Ce qui fait la force de l'enfant
«A l'âge adolescent, après avoir vécu une solitude extrêmement douloureuse, le déclic s'était produit», écrit-il. «Il était vital pour moi d'affronter, de combattre et de m'imposer. J'ai commencé à exprimer ou plutôt à crier ma souffrance, grâce à une activité artistique, d'ailleurs les textes écrits et interprétés, le relatent parfaitement». La musique, où plutôt, la rédaction de textes reflétant la souffrance intérieure qui le consumait, ont permis à l'auteur de se libérer un tant soit peu de son passé lourd de chagrin, dont il ne connaissait que des bribes d'informations, récoltées après élaboration d'efforts monstres.
L'amour qui lui a été prodigué par sa famille adoptive, son besoin de donner et de recevoir l'affection, ont fait de Mohamed, un époux et un père à un jeune âge. A ce propos, il écrit. « Père de famille très jeune, pour combler ce vide, adversité quasi-permanente dans le quotidien, et enfin, ce voyage spirituel qui m'a apporté un apaisement et une détermination inébranlable. Mon vrai nom ne me faisait plus honte».
L'auteur n'oublie pas d'évoquer les moments clés de son histoire. Des moments qui l'ont fortement marqué, faisant de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. A chaque partie de son livre, il évoque ce nom qui hantait ses nuits, son nom, dont il ne connaissait presque pas la provenance. Son départ pour la France, à l'âge de Sept ans, sa séparation avec ses grands parents adoptifs raviva sa douleur, rouvrit sa plaie et laissa place au doute, à la confusion et à l'incertitude.
«La douleur de la séparation de mes grands parents adoptifs a été impitoyable. Je ne voulais pas les quitter, en aucun cas je n'admettais ce départ. A l'école je vivais dans la peau d'un autre enfant, à travers ce nom patronymique, inconnu jusque-là. Se déclencha ainsi, une angoisse extrêmement récurrente. A l'âge de 7 ans, mes rêves d'enfants ont été fracassés par cette machine du doute, laissant place à un état d'incertitude».
Les moments clés de son
existence
Vivant dans une famille adoptive qui lui cacha tout de son passé et comme tout enfant adopté, un jour la réalité éclata, en 1973, pendant les vacances à Constantine, quand une cousine à lui révéla qu'il n'était qu'un orphelin. C'est à partir de cette date que tout à basculer dans sa vie. Les questions s'enchainaient, les peurs se multipliaient et une seule chose comptait : qui était-il ? Cette question, évoque-t-il, dans son livre, est malheureusement imposée à tous les gosses adoptifs comme une gymnastique cérébrale contraignante.
L'auteur insiste que ce moment clé de son existence l'a mené vers une aventure assez extraordinaire à la recherche d'un soulagement à ses douleurs. Musique, écriture, composition et interprétation sont les activités artistiques qui lui ont permis de panser sa blessure, de parvenir à traverser sagement son adolescence. Les événements se suivent après. Décès du grand-père tant adoré qui a plongé Mohamed dans la tristesse absolue, retour dans la ville natale. Tout cela a contribué à ranimer ses doutes, créant chez lui le besoin impérieux de partir à la recherche de ses racines, de cette mère qui l'a abandonner, de retracer son passé, d'affronter sa destinée.
La douloureuse quête des
origines
Cette quête, tout au long du livre, s'avéra infructueuse, mais permis à l'auteur d'être en contact avec une administration algérienne qu'il accuse de négligence et d'une société stigmatisante. Une quête aux origines qui déboucha sur un véritable plaidoyer pour améliorer la condition de l'enfance assistée en Algérie. Tout au long de son récit, Mohamed Zerguine, se plaçant au préalable, en position d'acteur et de spectateur à la fois de sa condition d'enfant abandonné ensuite adopté, dresse une liste loin d'être exhaustive des difficultés face à lesquelles est livrée l'enfance assistée. S'appuyant sur des lectures très poussées de livre en psychologie, portant sur le psychisme et le vécu des enfants nés sous X, l'auteur dresse un tableau peu reluisant de la situation de cette frange sociétale encore exclue. Exclusion marquée, par l'absence de loi nouvelle portant sur la protection de cette catégorie. Mohamed Zerguine achève son livre par un appel aux consciences vives. «Impérativement, il est nécessaire, voire urgent que toute la société investisse davantage ses efforts, pour favoriser l'accueil rapide de l'enfant abandonne et cela des sa naissance pour qu'il ait une famille. Peu importe qu'elle soit biologique ou adoptive, le plus important est que la transparence et l'amour y soient présent».
D. S.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.