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La Guerre d'Algérie s'évade des «banlieues de l'histoire»
Conférence de Benjamin Stora et Mohamed Harbi au CCF d'Alger
Publié dans Le Midi Libre le 30 - 04 - 2009

Lors de leurs interventions de mardi au CCF d'Alger, les deux passionnés de mémoire et d'histoire, le maître harrouchi et son disciple khencheli de souche, ont soulevé nombre d'interrogations sur les conséquences présentes et futures des fissures, ombres et dénis de l'écriture historique et sur le devenir des mémoires portées par des groupes ou des individus. La « Nostalgéria, l'oubli nécessaire et l'oubli pervers, la dégénérescence du discours historique en liturgie et incantations et les conséquences de la mis de l'histoire sous haute surveillance » ont été autant de problématiques abordées à partir de la question de l'ouverture à la recherche scientifique des archives de la Guerre d'Algérie.
Lors de leurs interventions de mardi au CCF d'Alger, les deux passionnés de mémoire et d'histoire, le maître harrouchi et son disciple khencheli de souche, ont soulevé nombre d'interrogations sur les conséquences présentes et futures des fissures, ombres et dénis de l'écriture historique et sur le devenir des mémoires portées par des groupes ou des individus. La « Nostalgéria, l'oubli nécessaire et l'oubli pervers, la dégénérescence du discours historique en liturgie et incantations et les conséquences de la mis de l'histoire sous haute surveillance » ont été autant de problématiques abordées à partir de la question de l'ouverture à la recherche scientifique des archives de la Guerre d'Algérie.
«Ouayni ouadni ? Concernant la récupération des archives algériennes, il faut se poser le problème en tant que citoyen ! Et vous êtes ni plus ni moins responsable que moi ! » a déclaré M. Mohamed Harbi répondant à un intervenant qui, lors du débat, demandait avec véhémence aux « professeurs » d'agir pour la récupération des archives algériennes. « Il faut balayer devant sa porte » a continué le chercheur qui s'est dit tout aussi passionné que celui qui l'interpellait ainsi. Il a également dénoncé l'inaccessibilité des archives en Algérie. « Quand je fais des recherches sur la période qui va de 1956 à 1958, les archives me sont ouvertes à Aix en Provence… Pas ici. » Sous une avalanche de questions allant de l'impact de Abane Ramdane, s'il n'avait pas été assassiné par ses frères d'armes sur le devenir de l'histoire de l'Algérie post-indépendance à l'invitation récente du Président par Nicolas Sarkozy, Benjamin Stora s'est dit heureux du lien fait entre l'actualité brûlante et l'écriture et la compréhension de l'histoire. Il a souligné que faire de la question des archives une abstraction qui se règle d'Etat à Etat n'est pas suffisant et que cela nécessite un engagement citoyen. « De 1975 à 1990, il y avait très peu de chercheurs dans le domaine de l'histoire d'Algérie et ma biographie de Messali Hadj, je l'ai faite sur la base d'articles de presse, de témoignages de militants et d'archives privées.» Le spécialiste d' histoire maghrébine a relevé lors de ses interventions le regain d'intérêt que la Guerre d'Algérie suscite auprès des nouvelles générations de chercheurs français. « Il y a eu à partir de l'année 1988 l'ouverture d'une période d'effervescence extrême et le début d'un travail réellement historique. L'ouverture officielle en 1992 des archives de la Guerre d'Algérie permet théoriquement, au bout de trente ans, le début d'un travail historique.
L'année 2000 a constitué un tournant avec la publication du livre d'Aussaresses et les témoignages de Louisette Ighil-Ahriz sur la torture. Les expériences nucléaires, et la question de l'esclavage qui a renvoyé à celle de la colonisation, ont créé une explosion mémorielle, une plongée intérieure, un rééxamen de soi. Puis il y a eu l'apothéose de la loi du 23 févier 2005, dont l'article 4 a été abrogé par Chirac. » Tout cela, a, selon Benjamin Stora remis à l'ordre du jour la Guerre d'Algérie jusque-là reléguée « aux banlieues de l'histoire ». Seul dans son domaine lors des années 70, le chercheur a cité de nombreux travaux qui se réalisent aujourd'hui sur les traces des pionniers Pierre Vidal-Naquet, Pierre Bourdieu et André Mandouze. Le chercheur a notamment cité une thèse récemment soutenue sur la base de 150 000 photos de l'armée française.
Cette mémoire jusqu'à présent portée par les pieds-noirs, un million et demi de militaires français et la communauté des Algériens émigrés fait donc incursion dans la vie des Français obligés de regarder leur passé en face. Jusqu'à présent vécue comme «blessure narcissique» et «défaite politique», cette mémoire avait conduit à l'oubli. En partie naturel, car sans lui pas de survie possible, l'oubli est devenu pervers lorsqu'il a été organisé à coup de lois d'amnistie en 1962, 1964,1968, et 1974.
Il y a alors eu construction de l'amnésie. Selon Stora, si la nostalgéria est demeurée vivace dans les milieux pieds-noirs et militaires, elle est condamnée à disparaître car ne s'appuyant sur aucun projet ni perspective. Ce qui n'est pas le cas de la mémoire des juifs d'Algérie qui, par le désir d'Orient inculqué à leurs enfants tentent de se réapproprier la langue du pays perdu. Mohamed Harbi prenant la parole après Benjamin Stora a retracé les étapes du discours historique en Algérie qui, sur la base de celui de l'intelligentsia cléricale, qui définissait l'identité algérienne par ses composantes politique et culturelle, est devenu de plus en plus autoritariste. «L'histoire est devenue un tribunal » a déclaré l'historien qui a dénoncé « l'interprétation oratoire du passé qui fait et défait les héros selon les besoins du moment». Fidèle à lui-même l'enfant terrible du FLN a souligné la nécessité vitale de poser un regard froid et serein sur le passé. La rencontre a été modérée par les universitaires Ouanassa Siari-Tengour et Abdelmadjid Merdaci.
«Ouayni ouadni ? Concernant la récupération des archives algériennes, il faut se poser le problème en tant que citoyen ! Et vous êtes ni plus ni moins responsable que moi ! » a déclaré M. Mohamed Harbi répondant à un intervenant qui, lors du débat, demandait avec véhémence aux « professeurs » d'agir pour la récupération des archives algériennes. « Il faut balayer devant sa porte » a continué le chercheur qui s'est dit tout aussi passionné que celui qui l'interpellait ainsi. Il a également dénoncé l'inaccessibilité des archives en Algérie. « Quand je fais des recherches sur la période qui va de 1956 à 1958, les archives me sont ouvertes à Aix en Provence… Pas ici. » Sous une avalanche de questions allant de l'impact de Abane Ramdane, s'il n'avait pas été assassiné par ses frères d'armes sur le devenir de l'histoire de l'Algérie post-indépendance à l'invitation récente du Président par Nicolas Sarkozy, Benjamin Stora s'est dit heureux du lien fait entre l'actualité brûlante et l'écriture et la compréhension de l'histoire. Il a souligné que faire de la question des archives une abstraction qui se règle d'Etat à Etat n'est pas suffisant et que cela nécessite un engagement citoyen. « De 1975 à 1990, il y avait très peu de chercheurs dans le domaine de l'histoire d'Algérie et ma biographie de Messali Hadj, je l'ai faite sur la base d'articles de presse, de témoignages de militants et d'archives privées.» Le spécialiste d' histoire maghrébine a relevé lors de ses interventions le regain d'intérêt que la Guerre d'Algérie suscite auprès des nouvelles générations de chercheurs français. « Il y a eu à partir de l'année 1988 l'ouverture d'une période d'effervescence extrême et le début d'un travail réellement historique. L'ouverture officielle en 1992 des archives de la Guerre d'Algérie permet théoriquement, au bout de trente ans, le début d'un travail historique.
L'année 2000 a constitué un tournant avec la publication du livre d'Aussaresses et les témoignages de Louisette Ighil-Ahriz sur la torture. Les expériences nucléaires, et la question de l'esclavage qui a renvoyé à celle de la colonisation, ont créé une explosion mémorielle, une plongée intérieure, un rééxamen de soi. Puis il y a eu l'apothéose de la loi du 23 févier 2005, dont l'article 4 a été abrogé par Chirac. » Tout cela, a, selon Benjamin Stora remis à l'ordre du jour la Guerre d'Algérie jusque-là reléguée « aux banlieues de l'histoire ». Seul dans son domaine lors des années 70, le chercheur a cité de nombreux travaux qui se réalisent aujourd'hui sur les traces des pionniers Pierre Vidal-Naquet, Pierre Bourdieu et André Mandouze. Le chercheur a notamment cité une thèse récemment soutenue sur la base de 150 000 photos de l'armée française.
Cette mémoire jusqu'à présent portée par les pieds-noirs, un million et demi de militaires français et la communauté des Algériens émigrés fait donc incursion dans la vie des Français obligés de regarder leur passé en face. Jusqu'à présent vécue comme «blessure narcissique» et «défaite politique», cette mémoire avait conduit à l'oubli. En partie naturel, car sans lui pas de survie possible, l'oubli est devenu pervers lorsqu'il a été organisé à coup de lois d'amnistie en 1962, 1964,1968, et 1974.
Il y a alors eu construction de l'amnésie. Selon Stora, si la nostalgéria est demeurée vivace dans les milieux pieds-noirs et militaires, elle est condamnée à disparaître car ne s'appuyant sur aucun projet ni perspective. Ce qui n'est pas le cas de la mémoire des juifs d'Algérie qui, par le désir d'Orient inculqué à leurs enfants tentent de se réapproprier la langue du pays perdu. Mohamed Harbi prenant la parole après Benjamin Stora a retracé les étapes du discours historique en Algérie qui, sur la base de celui de l'intelligentsia cléricale, qui définissait l'identité algérienne par ses composantes politique et culturelle, est devenu de plus en plus autoritariste. «L'histoire est devenue un tribunal » a déclaré l'historien qui a dénoncé « l'interprétation oratoire du passé qui fait et défait les héros selon les besoins du moment». Fidèle à lui-même l'enfant terrible du FLN a souligné la nécessité vitale de poser un regard froid et serein sur le passé. La rencontre a été modérée par les universitaires Ouanassa Siari-Tengour et Abdelmadjid Merdaci.


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