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La guerre des clans en Algérie
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 20 - 03 - 2010

Par Anis Allik, Dominique Lagarde, L'Express, publié le 19/03/2010
Dans une atmosphère de fin de règne, les luttes d'influence au sommet de l'Etat reprennent de plus belle. Sous couvert de lutte anticorruption.
Y a-t-il un pilote dans l'avion? Il y a moins d'un an, le 9 avril 2009, Abdelaziz Bouteflika était triomphalement réélu à la présidence de la République algérienne avec un score de plus de 90 %. Non sans avoir été auparavant adoubé par le tout-puissant patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) – les services secrets – le général Mohamed Médiène, dit « Toufik ».
Mais, depuis quelques semaines, le chef de l'Etat a quasiment disparu des écrans radar. Le 24 février dernier, il a manqué la traditionnelle cérémonie marquant l'anniversaire de la nationalisation (en 1971) des hydrocarbures. Il était aussi absent, deux jours plus tard, lors des funérailles d'Etat du colonel Ali Tounsi, directeur général de la police nationale, assassiné par son plus proche collaborateur dans des circonstances non élucidées.
Quant aux Conseils des ministres, ils se font de plus en plus rares… Une courte séquence télévisée a montré le président, le 3 mars, entouré de ses frères, en compagnie du footballeur français Zinédine Zidane. Des images destinées, de toute évidence, à couper court aux rumeurs qui ont relancé les critiques sur la dérive monarchique du régime.
Le compromis n'aura tenu que quelques mois
Dans cette atmosphère de fin de règne, les luttes d'influence au sommet de l'Etat sont reparties de plus belle. Le compromis entre l' »armée des costumes » – le sobriquet du DRS – et le clan présidentiel, qui avait permis la réélection de Bouteflika, n'aura tenu que quelques mois. Dès la mi-décembre 2009, les hostilités ont repris, sous couvert de lutte contre la corruption. Officiellement, cette vaste opération « mains propres » résulterait d'une « inspiration présidentielle ». Mais personne n'est dupe. Diligentée par les services de Toufik, elle ne vise que les hommes du président. « C'est du bluff, affirme ainsi Hocine Malti, un ancien dirigeant de la Sonatrach devenu consultant international. Il n'y a pas de lutte contre la corruption, ce ne sont que des règlements de comptes. »
C'est à la fin de l'an dernier qu'éclate la première affaire. Elle concerne le « chantier du siècle », un projet d'autoroute qui doit traverser le pays, de la frontière marocaine à celle de la Tunisie. Les révélations portent sur de très généreuses commissions – au moins 200 millions d'euros – versées par des entreprises chinoises à des intermédiaires.
Des têtes tombent: celle du directeur du cabinet du ministre des Travaux publics, du secrétaire général du ministère et de plusieurs hauts fonctionnaires, dont certains sont proches d'un frère du chef de l'Etat, Saïd Bouteflika. S'il ne perd pas son poste, le ministre, Amar Ghoul, un islamo-conservateur qui a le soutien du président, est éclaboussé par le scandale.
Puis, le 12 janvier de cette année, c'est au tour de la Sonatrach de faire la Une des journaux. Cette société, qui produit et exporte le pétrole et le gaz algérien, fournit au pays 98% de ses devises et à l'Etat 60% de ses recettes. En clair, elle est le coffre-fort de l'Algérie. En quelques jours, elle est décapitée. Son PDG, Mohamed Meziane, est placé sous contrôle judiciaire, deux de ses enfants sont sous les verrous, tout comme deux des vice-présidents de la compagnie, ainsi qu'un ancien patron du Crédit populaire d'Algérie, Hachemi Meghaoui, et son fils. Dans la ligne de mire des enquêteurs du DRS: le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, l'une des figures du clan présidentiel.
Faux handicapés
L'Algérie occupe la 111e place, sur 180, dans le palmarès 2009 de l'ONG Transparency International, qui classe les pays en fonction de leur degré de corruption. Pots-de-vin, prévarication, tricherie : le mal est endémique. Aucun secteur de la société n'est à l'abri. Le ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, vient ainsi de révéler que ses services avaient découvert l'existence de 121 000 « bénéficiaires indus » dont 600 faux handicapés. Tous en excellente santé.
Reste à savoir pourquoi le patron des services a décidé de déterrer la hache de guerre. Depuis sa première élection à la tête du pays, en 1999, Bouteflika n'a eu de cesse d'élargir la marge de manoeuvre de la présidence. La disparition de plusieurs hauts gradés appartenant, dans les années 1990, au club des « décideurs » – une poignée de militaires qui faisaient et défaisaient les présidents – l'ont aidé à y parvenir. Mais il n'a pas, jusqu'ici, réussi à entamer l'influence des services secrets et de leur puissant patron.
A-t-il tenté, après sa réélection, en avril 2009, de faire passer le DRS sous l'autorité du ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, l'un de ses hommes de confiance? Toufik a-t-il jugé que l'immobilisme du chef de l'Etat était dangereux pour le pays? L'un des deux a-t-il rouvert la guerre de succession mise entre parenthèses lors de la présidentielle de l'année dernière? Bouteflika rêve toujours de voir son frère Saïd lui succéder, mais les militaires n'en veulent à aucun prix… La campagne actuelle sonne en tout cas comme un rappel à l'ordre: le président ne doit pas oublier qui l'a fait roi. Ni où se situe le vrai pouvoir.
Comment ripostera le chef de l'Etat?
Il est possible aussi – c'est la thèse que défend Hocine Malti, l'ex-dirigeant de la Sonatrach – que le DRS se soit inquiété de la réserve manifestée par les Etats-Unis à l'égard de la présidence algérienne depuis l'arrivée de Barack Obama. L'armée, qui s'enorgueillit d'être devenue l'une des pièces maîtresses du dispositif antiterroriste de Washington dans la zone saharo-sahélienne, est très attachée à cette relation avec la première puissance mondiale: elle lui permet de redorer son blason et de faire oublier la « sale guerre » des années 1980.
Or Chakib Khelil, le ministre de l'Energie et des Mines, vrai patron de la Sonatrach, ne dispose plus à Washington des mêmes réseaux que du temps de George W. Bush. Très proche des pétroliers qui gravitaient dans l'entourage de l'ancien président américain, cet allié de Bouteflika était, jusqu'à l'élection d'Obama, également très utile, par son entregent, au « clan Toufik », ce qui le rendait intouchable. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Pourquoi, dans ces conditions, laisser les clefs du « coffre-fort » au chef de l'Etat? Pour la petite histoire, Chakil Khelil est le seul homme politique algérien à avoir indirectement reconnu l'existence d'une guerre au sommet de l'Etat en affirmant que ni lui « ni le clan présidentiel » ne se sentaient visés par les scandales…
Quel sera le prochain épisode? Déjà, Alger bruisse de rumeurs sur ce que pourrait être la riposte du chef de l'Etat. Certains lui prêtent l'intention de rouvrir l'enquête sur l'assassinat du président Mohamed Boudiaf, abattu en juin 1992, six mois après sa prise de fonction, par un sous-lieutenant des forces spéciales. Le Quotidien d'Oran évoquait aussi récemment la mise en place d'une commission chargée d'examiner les circonstances dans lesquelles l'un des dirigeants de la sécurité militaire, le général Fodil Saidi, a trouvé la mort sur une route déserte aux confins du Sahara en 1996. Le chef de l'Etat de l'époque, Liamine Zeroual, envisageait de le nommer à la tête des services secrets.


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