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Encore une petite lettre à mon Président…
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 29 - 05 - 2010

C'est la troisième lettre ouverte que je vous écris, Monsieur le Président. Je sais par avance que vous ne la lirez pas. Tout comme les deux qui l'ont précédée. Qui suis-je donc, parmi le troupeau informe dont vous décidez comment ils doivent vivre, ce qu'ils doivent accepter, et à quel moment ils ont le privilège de vous acclamer ? Pour tous les bienfaits que vous leur prodiguez, pour les toits que vous leur avez offerts, pour la douce quiétude que vous leur avez assurée, après tant de carnage, et de dévastation. Oui, j'entends bien que ma voix ne puisse vous parvenir. Celle d'un homme, insignifiant, parmi celle de quarante millions d'autres hommes, tout aussi, ou plus ou moins, insignifiants. Si l'on excepte celles de quelques uns, parmi eux, dont le couvre-chef est brusqué par une visière, et dont les épaules soutiennent des étoiles, des croissants, des sabres croisés et de grosses montagnes.
Ceux-là ont droit à un tout autre chapitre. Eux, n'ont même pas besoin de vous faire des lettres ouvertes, ni même des lettres tout court. Pour eux, votre sollicitude est toute ouïe. Même s'ils s'expriment par paraboles, par codes, par enquêtes sur la corruption, ou même par carnages de civils.
Et ce n'est que justice! Parce que vous êtes un homme juste, parce que nous ne mordez pas la main qui vous a secouru lorsque vous vous noyiez dans le désert, parce que vous avez la gratitude du ventre, et que vous n'insultez pas l'avenir, aussi court sera-t-il. Parce que votre surdité est sélective, mais aussi, et surtout, que votre vision de la gestion de ce pays va plus loin que la fin de votre propre vie. Non pas que vous pensez à l'avenir de votre peuple, mais à celui de votre fratrie. Et à celui des enfants de votre fratrie. Parce que vous voyez loin, très loin. Vous percez l'horizon des générations, et vous vous voyez, vous même, réincarné dans celui qui sera Bouteflika non pas II seulement, mais même III.
Certains charlatans, et autres arracheurs de dents, d'une histoire algérienne livrée en pack, avec des chouhadas en guise de figurants, figés dans des postures à donner des rhumatismes, et une épopée sur fond sonore de roulements de tambours, épée brandie sur un arrière plan de montagnes bleues, qui fait table rase de l'humain, de ses faiblesses, de ses lâchetés, de des trahisons, qui ignore que le sang est souvent mêlé à la m…., tentent de nous faire croire que vous êtes le fils spirituel de Boumediène. Je ne sais pas ce que vous pensez vous même de cette farce, j'imagine que vous l'acceptez dans la seule mesure où elle procède à alimenter l'imaginaire des gogos, mais en réalité, et vous le savez mieux que quiconque, c'est vous méjuger que de penser cela de vous. Parce que vous êtes à Boumediene ce que le volcan est au furoncle, ce que la lave est au pus, ce que le regard est à la sanie. Ce que Michel Ange est à l'apprenti peintre en bâtiment.
A la différence que ces comparaisons, si hasardeuses fussent-elles, ne sont qu'un mode d'emploi. L'emploi lui même procède d'une autre logique. Boumediène, lui, fermait toutes les portes qui ne menaient pas à lui. Par tous les moyens! Vous, vous ouvrez toutes celles qui ne mènent qu'à vous. Par tous les moyens. Boumediène a transformé les barons et les relais du régime en piliers de son pouvoir personnel. Vous, vous en avez fait des piédestaux, avec l'acharnement d'en faire des paillassons. Ce qu'ils sont désormais.
Boumediène n'avait qu'une ambition, celle de rentrer dans l'histoire, tout seul, en y arrachant des pages entières, toutes celles qui ne se mettaient pas d'elles mêmes sous ses pieds, comme autant de rampes pour handicapé moteur. Vous, ce n'est pas le passé seulement que vous voulez squatter, mais l'avenir, celui de la dynastie que vous érigez d'une main de fer, gantée de bon argent.
Votre père peut être fier de vous. Vous avez honoré le dépôt sacré qu'il vous a confié. Celui de protéger votre famille. « El amana ». Ah! que ne vous avait-il pas désigné tous les Algériens comme étant votre famille. Nous n'en serions pas là.
Vous avez pris à la lettre les recommandations de votre père, et vous avez concentré toute votre énergie à réaliser ses vœux. Bien au delà de ce qu'il aurait voulu pour sa petite famille. Il aurait voulu que vous les mettiez à l'abri de besoin, et voilà que vous leur fabriquez un royaume, avec un vrai statut de rois, de famille royale. Pensez un peu à nous! Et faites que ce soit une monarchie parlementaire. Même si nos représentants continuent d'être ce qu'ils sont aujourd'hui: Une faune de zombies voraces, munie d'une paire de mains pour la claque, d'une tube bancaire pour se goinfrer, et réglée pour débiter des louanges à « fakhamatouhou ». En attendant qu'ils soient reformatés pour dire « sahibou el djalala ». C'est rien du tout. Vous le savez bien. Ça se bricole ce genre de bidule.
Vous voyez, Monsieur le Président, je vous écris en toute innocence. Parce que je vous respecte trop pour vous écrire n'importe quoi. Même si je sais que vous ne me lirez jamais. Mais sait-on jamais. Peut être qu'au hasard de vos lectures, que je sais fureteuses, tomberiez-vous un jour sur cette lettre. Je sais que vous lisez beaucoup. Une personne de vos connaissances, qui vit en France, et qui se vante de vous connaître un tant soit peu, mais que je soupçonne de vivre sur la bête, sauf votre respect, parce qu'il montre à tout le monde une photo où il figure à vos côtés, dans un grand hôtel parisien, du temps de votre traversée du désert doré, m'avait juré que vous lisiez Spinoza, Nietzche, Montesquieu, Chateaubriand, Djalal Eddine Erroumi, Theilard de Chardin, Malraux, et même De Gaulle. Entre autres. Je le crois sans peine, mais j'avoue que je me suis posé la question de savoir comment une personne qui s'adonne à des lectures si édifiantes n'ait pas été traversée par le génie qu'elles contiennent et qu'elles suscitent, tout naturellement, j'allais dire.
Serait-ce, Monsieur le Président, que comme ces pédants laborieux, plutôt que de vous imprégner de leur substance, d'être porté par ces flux de pensée vers l'unité et la transcendance, vers les cimes de l'intellect, vous n'en reteniez que les lambris qui les tapissent, que l'écorce qui les habille, pour briller dans les auditoires béats ? N'avez-vous tant lu de grandes œuvres, tant filé de fines laines, tant vécu, et ne vous êtes abreuvé de tant d'amères sources que pour éructer tant de silence ?
J'ai du mal, voyez-vous, Monsieur le Président, de croire qu'un personnage tel que vous, qui maîtrise deux langues au moins, qui est féru de lectures sublimes et supérieures, dont la destinée a été traversée de vicissitudes hors du commun, qui a été porté au pinacle de l'humanité, qui a été servi par la chance au point où le pays exsangue dont il s'est retrouvé à la tête est subitement devenu très riche, puisse ainsi bouder tout un peuple, avec un mépris si ostensible, sans même prendre la peine de s'adresser à lui, même en des circonstances tragiques, même lorsqu'il est question de son propre devenir.
Je le comprends d'autant moins que ce pays a été traversé par des circonstances tellement loufoques si elles n'étaient tragiques. Assassinat du patron de la police, gros scandales sur la corruption de votre entourage, révélations fracassantes sur la présence du FBI et de la CIA à Alger, à l'insu du peuple algérien, sur des connivences de certains des commis de l'Etat avec des intérêts étrangers, sur l'implication de vos proches dans de gros trafics d'influence, et tant et tant de scandales. Tellement nombreux et récurrents qu'ils ne choquent plus personne. Parce que le crime économique est devenu d'une vulgaire banalité. Et parce que ce peuple a été écarté de tout ce qui le concerne, et de ce qui ne le concerne plus désormais.
Rien! Vous ne lui avez rien dit à ce peuple qui est pendu à vos lèvres. Nous ne savons rien de ce qui arrive, ni des décisions que vous prenez, comme celle d'un remaniement du gouvernement, dont un des ministres, le plus important, puisque c'est celui de la principale richesse du pays, celui des hydrocarbures, est « appelé à d'autres fonctions ». Sans autre précision.
Nous ne savons rien de ce « plan spécial » que vous lancez, qui se chiffre à près de trois cent milliards de dollars. Mais dont on sait d'ores et déjà qu'il ira alimenter la voracité, et l'incompétence, de votre entourage. Et de l'entourage de votre entourage. Dont on sait que les populations du Sahara, de cette région qui fait vivre tout le pays depuis l'indépendance, ont été quasiment exclues. Parce que nos compatriotes du Sahara ont le malheur d'être, de nous tous, les plus affables, les plus doux, les plus généreux.
Saviez-vous, Monsieur le Président, que sur leur propre terre, les Algériens du Sahara sont ceux qui souffrent le plus du chômage, de l'exclusion, voire de la discrimination ? Vous ne pouvez pas l'ignorer. C'est de notoriété publique. A la Sonatrach, et dans toutes les compagnies pétrolières, les Sahariens sont systématiquement discriminés à l'embauche. Au prétexte qu'ils sont indolents, peu productifs. Ils sont minoritaires dans les attributions de logements. Et ceux d'entre eux qui ont pu monter des « entreprises » doivent « cracher » pour obtenir des marchés. N'importe quelle région dans une situation analogue se serait révoltée, ou au moins exigé une autonomie administrative. Mais le Sahara, fidèle à sa générosité proverbiale, continue de ployer sous le joug, parce qu'il refuse de succomber à la haine et au régionalisme. Les gens malhonnêtes qui disent des Sahariens qu'ils sont paresseux ne connaissent pas le Sahara. Saviez-vous, Monsieur le Président, les efforts qu'il a fallu déployer pour planter, et entretenir les centaines de millions de palmiers dattiers ? Chaque palmier, planté dans un « ghout », du pluriel « laghouat », une fosse creusée dans le sable pour que les racines du plant soient en contact avec la nappe phréatique, nécessite un labeur quotidien. Parce que chaque matin, il faut déblayer le sable qui a recouvert le « ghout » pendant la nuit passée. Imaginez le travail que cela requiert pour autant de palmiers.
Mais, en plus de ce Sahara qui a été outrageusement négligé dans votre « plan spécial », pouvez-vous imaginer, Monsieur le Président, qu'un Etat, aussi despotique soit-il, puisse engager de telles sommes, qui sont le patrimoine de tout le peuple, sans le tenir informé de l'usage qui va en être fait ? Ni des mesures conservatoires pour empêcher qu'il ne tombe dans la poche des voleurs ?
Allons nous encore une fois, assister à une débauche de dépenses mirifiques pour des résultats relativement médiocres. Vous avez déjà profité de la formidable manne induite par l'augmentation des prix des hydrocarbures pour entreprendre de grands chantiers. Logements, autoroutes, ouvrages hydrauliques etc…C'est bien! Nous ne crachons pas dans la soupe, et nous saluons ces réalisations. Mais nous savons aujourd'hui qu'elles ont péché par un rapport qualité-prix désastreux. Ainsi, L'autoroute dite Est-Ouest a coûté bien plus cher que ce qui était prévu, faisant d'elle l'autoroute la plus chère du monde, sans parler des scandales pour corruption qui l'ont émaillée. Et nous ne parlons pas du reste, de tout le reste, du moindre budget que vous avez débloqué, et dont une grosse part a fini dans les paradis fiscaux.
Allons nous revivre le même film ? Cette cagnotte de votre « plan spécial », que les vôtres attendent en se frottant les mains, va-t-elle, encore une fois, servir à engraisser tous ceux que vous avez rangé sous votre bannière ?
Allons nous assister, encore une fois, à une empoignade, entre les clans que vous irriguez avec notre propre avenir, pour acheter le silence des loups ?
Mais que dis-je ? De quoi je me mêle ? Après tout c'est votre agent, celui de votre famille, de vos amis. N'est-ce-pas, mon cher Président ?
Pardonnez moi de m'être ainsi laissé emporter par ces considérations vénales. Je suis un incorrigible râleur.
Ne m'en veuillez pas trop d'avoir osé interpeller votre impeccable personne. Je sais que vous avez la rancune tenace. Et je souhaite que cette lettre ne vous parvienne jamais. D'ailleurs je vais courir après le facteur pour la lui reprendre. Mais si jamais je ne le rattrape pas, retournez la moi sans la lire. Je voulais juste discuter un peu avec moi même sur vous même. Mais curieusement, si tous les chemins mènent à Rome, toutes les discussions sur vous mènent à l'argent des Algériens. Mais sachez qu'ils n'en finissent pas de vous remercier, de leur avoir ramené la paix, de leur avoir permis d'avoir une voiture, un logement, un prêt bancaire …et l'envie d'aller faire du tourisme ailleurs.
Finalement nous sommes une bonne pâte, Monsieur le Président. Si seulement vous pouviez nous aimer un peu…


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