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Il faut sauver l'Algérie!
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 09 - 08 - 2010

Cela fait quarante ans que j'entends les mêmes propos, les même conseils : « Il n'y a qu'à… », « Il faut que… » l'opposition fasse ceci ou cela, souvent le ceci contredisant le cela.
Tout et le contraire de tout est, en effet, avancé sans tenir compte des rapports de force, de la réalité du terrain, de l'environnement régional et international, des mentalités, de la psychologie des individus et des foules, de l'état de la société, de l'opportunisme des acteurs, des intérêts, de l'économie…mais aussi et surtout de l'histoire de cette opposition née en 1962 en même temps que le pouvoir qu'elle combat.
Depuis quarante-huit ans qu'elle existe, je ne dis pas qu'elle est, toutes les stratégies qu'elle a adoptées : l'entrisme, la lutte politique, par essence pacifique, la violence sous des formes diverses (attentats ou tentatives d'attentats contre les détenteurs du pouvoir ou insurrections armées, FFS en 1963, Bouyali en 1982, GIA, AIS, FIDA, GSPC dans les années 90) n'ont pas abouti à la chute du pouvoir et au démantèlement du système qui perdure malgré les symboliques concessions faites en octobre 1988 à la suite d'émeutes dont le bilan humain et moral est extrêmement lourd. Loin du champ de bataille, si j'ose dire, les partis de l'opposition qui n'arrivaient pas à se rassembler pour des raisons essentiellement hégémoniques et égotiques, n'ont pu ni déclencher le mouvement de contestation ni l'orienter ni encore moins le récupérer pour négocier la transition vers la démocratie que le pouvoir a su verrouiller devant le vide politique qu'il a exploité. Pourtant, moins de trois ans avant que n'éclatent les émeutes populaires d'octobre 1988, les deux leaders de l'opposition, MM. Ahmed Ben Bella et Hocine Aït Ahmed, que tant de choses séparaient, avaient signé à Londres dans la solennité une plateforme politique commune devant, en principe, conduire à une démarche unitaire leurs partis respectifs : le Mouvement pour la Démocratie en Algérie et le Front des Forces Socialistes. Mohamed Boudiaf, chef du Parti de la Révolution Socialiste, qui avait été sollicité dans son refuge de Kénitra, au Maroc, avait, par hostilité à son vieil adversaire Ahmed Ben Bella, catégoriquement refusé de se joindre à cette initiative tout comme Mohammed Harbi qui ne se voyait aucune proximité politique et idéologique ni avec le premier président de la République de l'Algérie indépendante dont il a, pourtant, été le conseiller le plus écouté au début des années 60 ni avec le rebelle de Kabylie qu'il avait désigné à la vindicte du peuple dans un inoubliable éditorial de Révolution africaine, organe officiel du Front de Libération Nationale.
Or, selon des responsables de premier plan du MDA et du FFS, le rapprochement de ces deux partis, médiatiquement retentissant, non seulement avait foiré pratiquement dès le lendemain de son annonce lors d'une conférence de presse dans les salons luxueux de l'hôtel Hilton du 22 Park Lane où logeaient les membres des deux délégations, à l'exception de Ahmed Ben Bella qui avait pris une suite avec sa famille à « The Montcalm » dans la bourgeoise Great Cumberland Place mais dégageait une forte odeur de dollars dont on soupçonnait l'origine libyenne. Un rappel historique concernant « Le Montcalm » : ce croiseur dépêché en Algérie a bombardé depuis la rade de Bougie les manifestants du 8 mai 1945 à Sétif et Kherrata faisant des centaines de morts. L'aide de camp de l'ancien chef de l'Etat ignorait, sans doute, jusqu'à l'existence de ce navire de guerre pour lui jouer ce mauvais tour sans conséquence politique par rapport aux querelles que soulèvera la Plateforme de Londres livrée clé en main par le FFS à un MDA qui subit une épuration idéologique de grande envergure touchant les « islamisants » ou les « cryptos islamisants » comme à l'époque de Staline concernant les trotskistes ou les cryptos trotskistes. Le FFS aussi n'avait pas échappé à la gronde de bon nombre de ses militants dont les tenants d'un berbérisme pur et dur qui voyaient dans cette alliance, même de conjoncture, une abdication devant l'arabo-islamisme de l'homme du mémorable « nous sommes Arabes, Arabes, Arabes… », ce cri lancé à l'aéroport de Tunis le 14 avril 1962, quelques jours avant la tenue à Tripoli du congrès du CNRA. Le « Rassemblement pour la Culture et la Démocratie » est, sans doute, l'enfant adultérin de cette défection au sein du FFS et de la Sécurité militaire qui l'a accouché, devant témoins, dans le bureau du général-major Larbi Belkheir avant même que le 1er article de la Constitution ne soit rédigé.
Si elle a libéré l'énergie populaire, la brèche du 5 octobre 1988 a joué un rôle de révélateur de l'état de fragmentation de la « société politique » : plus de 60 micro partis naissent, souvent à l'incitation du pouvoir, à la faveur de l'article 40 de la Constitution du 23 février 1989 qui a fonctionné comme un piège, selon les propos d'un très haut dignitaire du Régime, par lequel le pouvoir a, une fois encore, spolié le peuple de son droit à choisir librement son système social par l'élection d'une Assemblée constituante souveraine, une revendication que le FFS continue de porter sur ses fonts baptismaux bien qu'il ait flirté avec les institutions illégitimes en participant à des élections locales, législatives et présidentielles, en siégeant dans toutes les assemblées que le pouvoir a mises en place, donnant ainsi à l'étranger l'image d'une démocratie à l'œuvre, et en ayant en 1989-1991 un ministre dans le gouvernement de Mouloud Hamrouche en la personne de Abdessalam Ali-Rachedi et un autre ministre en 1991-1992 en la personne de Hocine Benissad dans le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali, le Premier ministre des « élections propres et honnêtes » avant de se dédire sur l'ordre de Khaled Nezzar, ministre de la Défense nationale.
Le « contorsionnisme » politique auquel se sont livrés les partis, en particulier le FFS dont les changements stratégiques déconcertaient les électeurs (un coup, il choisit de participer aux élections, un autre coup, il les boycotte au gré de ce qu'il considère, à tort ou à raison, comme ses intérêts partisans qui ne concordaient pas forcément avec ceux des autres partis notamment le Front islamique du salut engagé dans une stratégie de la confrontation avec le pouvoir), a porté de graves préjudices à l'exigence de rassemblement pour faire échec à l'usurpation du pouvoir par le moyen de la force militaire. La passivité physique des partis qui ont remporté avec le FIS les législatives du 26 décembre 1991 arbitrairement annulées, pire la stigmatisation du vainqueur islamiste entre les deux tours par l'une des victimes du coup d'Etat, ont laissé penser au DRS et à l'état-major de l'ANP qu'ils pouvaient agir sans rencontrer de réelle résistance de cette société politique périphérique qui avait occupé avec une facilité et une rapidité déconcertantes les rues d'Alger. A posteriori, les militaires avaient raison de croire que seuls les éléments du FIS ou proche de lui allaient répondre à la violence de l'interruption du processus électoral et entreprendre des actions contre eux pour tenter de rétablir la légalité. Les autres protagonistes sont rentrés à la maison, abandonnant le droit à la force et laissant le FIS faire face à une armée qui avait, sans doute, étudié cette hypothèse si l'on croit les propos tenus en mars 1989 par le colonel Smaïn Lamari qui exhibait la nouvelle constitution à un opposant « islamiste » placé en résidence surveillée que je remercie de m'autoriser à me servir de son vécu : « – Par quel moyen comptez-vous prendre le pouvoir, questionne-il ? – Mais, des élections, mon colonel ! – Foutaise, répond-il. – Il me semble qu'il n'y a pas d'autres moyens que les élections dans une compétition démocratique… dit son vis-à-vis. – Non, il y a un autre moyen, suggère-t-il : les armes. Mais si vous prenez les armes, insiste-t-il, nous marcherons sur la tête de 100.000, 200.000 Algériens. – Mais, mon colonel, que faites vous de l'opinion publique internationale, ose son interlocuteur ? – Vous êtes naïf, monsieur… ! Aucun Etat ne viendra au secours des islamistes. Vous oubliez Hama, en Syrie… Hafedh El Assad a liquidé en 1982 plusieurs dizaines d'islamistes… Personne n'a bougé… Le régime syrien est encore plus fort et plus solide que jamais. » Ce dialogue qui m'a été confié dès 1989 est authentique, le lieutenant-colonel Mohamed Samraoui le confirme en partie en parlant lui-même de la volonté de son supérieur hiérarchique de liquider, s'il le fallait, 3 millions d'Algériens lorsque la violence a explosé en 1992.
Quand bien même le FIS est-il tombé dans un traquenard que les hommes du DRS lui avaient tendu, l'attitude de « l'opposition » qui se retrouvera au début du mois de janvier 1995 à Rome sous l'égide d'une association proche du Vatican jusque là inconnue pour conclure un « Contrat national », apparaît aux yeux de l'opinion publique algérienne comme une marque de pusillanimité. En effet, lorsque le FIS est sur le théâtre des opérations, les autres partis se réclamant de l'opposition sont sur le balcon.
La rencontre de Rome dont on parle encore aujourd'hui comme une « solution possible » à la situation politique du pays n'avait, en vérité, aucune projection stratégique ; chacun des participants dont certains ne représentaient qu'eux-mêmes comme Ahmed Ben Mohamed ou Abdennour Ali-Yahia, par exemple, nourrissait des visées tactiques. Quant à Abdelhamid Mehri, il sera, un an après, victime d'un « coup d'état scientifique ». Que pouvait alors valoir sa signature au nom du FLN au bas de ce « Contrat national » ? D'autre part, de quel poids pouvaient également se prévaloir Ahmed Ben Bella et Louisa Hanoune qui mangent aujourd'hui dans la gamelle du pouvoir ou même Abdellah Djaballah qui sera évincé à deux reprises des partis qu'il a fondés ? Le groupe de San't Egidio a très vite implosé pour constituer une référence d'union de « forces politiques », même si le texte qu'il a produit reste dans la majorité de ses parties (de A à F) valable pour engager une politique de changement national que prône l'appel du 19 mars, le mal nommé, qui n'en fait d'ailleurs aucune mention, ce qui démontre de façon éloquente que, comme le pouvoir, l'opposition ne se revendique que de deux filiations idéologiques antithétiques : la proclamation de Novembre 1954 et la Plateforme de la Soummam du 20 août 1956 qui constituent, encore maintenant, la base matricielle de tout rassemblement politique. Le pouvoir a réussi pour des raisons d'intérêt commun à amalgamer les partisans de l'un et de l'autre courant, l'opposition qui n'est pas, en principe, fondée sur l'intérêt mais sur des idéaux doit pouvoir se regrouper selon l'adhésion à l'une ou à l'autre doctrine pour sortir de la culture FLN. La clarification des appartenances dogmatiques à partir de ces deux textes fondateurs qui n'ont pas les mêmes finalités comme chacun le sait ou devrait le savoir : l'un, la Déclaration de Novembre, veut « la restauration de l'Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques », l'autre, la Plateforme de la Soummam, optait, un peu moins de deux ans après, pour « la renaissance d'un Etat algérien sous la forme d'une République démocratique et sociale et non la restauration d'une monarchie ou d'une théocratie révolues », est plus que nécessaire pour faire prendre conscience à notre peuple des enjeux sociétaux qu'il doit affronter pour sa pérennité et des choix fondamentaux qui l'attendent. C'est, me semble-t-il, le rôle d'une opposition éclairée et éclairante que de s'y employer. Sinon, elle sera condamnée comme Sisyphe avec son rocher à un éternel recommencement.
Premier post-scriptum : En lisant certaines contributions, j'ai remarqué que l'on parle beaucoup de sincérité et de compétence dans ce quotidien en ligne. Il m'a semblé, (à tort?), que leurs auteurs se posaient comme des modèles de l'une et de l'autre qualité à l'exemple de Ahmed Rouadjia qui affiche son titre de docteur comme une preuve de son autorité scientifique. Je suis sûr que ceux qu'ils fustigent, peut-être à juste titre, dans sa diatribe « Le triomphe de la médiocrité et de l'incurie sur les compétences vraies » qu'il incarnerait, ont autant de références académiques que lui. L'homme en général, il ne s'agit donc pas de Rouadjia en particulier, est prisonnier de son ego comme l'insinue R.H Blyth dans ce texte chinois Hsin-Hsin-Ming (La Foi en l'Esprit) relatant une conversation entre Cheng-Tsan, le sage, et son disciple Tao-Hsin. Ce dernier vint s'incliner devant Cheng-Tsan et dit : « Je vous implore de m'accorder votre enseignement miséricordieux. Veuillez me montrer comment je puis me libérer. » Cheng-Tsan répondit : « Qui vous a enchaîné ? » « Personne, répondit-il. Cheng-Tsan dit alors : « Pourquoi, dans ce cas, me demander de vous libérer ? » A l'instant même Tao-Hsin réalisa la vérité.
Et dans « L'Archange empourpé », récit mystique de Sohrawardi, Henri Corbin qui l'a traduit et présenté reprend ce dialogue aussi significatif que le précédent : « – O Sage, cette Source de la Vie, où est-elle ? – Dans les Ténèbres. Si tu veux partir à la quête de cette Source, chausse les mêmes sandales que Khezr (Khadir) le Prophète, et progresse sur la route de l'abandon confiant, jusqu'à ce que tu arrives à la région des Ténèbres. – De quel côté est le chemin ? – De quelque côté que tu ailles, si tu es un vrai Pèlerin, tu accompliras le voyage. – Qu'est-ce qui signale la région des Ténèbres ? – L'obscurité dont on prend conscience. Car toi-même tu es dans les Ténèbres. Mais tu n'en as pas conscience. »
Dans son Apologie de Socrate I, 28, Platon écrit : « Il ne mène pas la vie d'un homme celui qui ne s'interroge pas sur lui-même. »
Deuxième post-scriptum : Le 19 juin dernier, date funeste pour le peuple algérien et l'Algérie de 1965, madame Zehira Houfani Berfas interpellait M. Hocine Aït Ahmed dont l'âge canonique oblige au respect pour lui demander de sortir de sa réserve et l'inciter à provoquer un choc salvateur, je reprends ses mots et je m'accroche au dernier qui a pour sens « ce qui sauve », autrement dit le « salut » que le Front islamique a proposé au peuple algérien qui l'a massivement accepté, les abstentionnistes ne comptent pas dans des élections démocratiques, le 26 décembre 1991. « Sauver l'Algérie » était aussi le mot d'ordre de Mohamed Boudiaf qui accepte de recevoir le bâton de maréchal des mains de ses fossoyeurs. La prise du pouvoir par le moyen de la force armée est un crime dont Mohamed Boudiaf s'est rendu complice. Quelques fois, il faut attendre des décennies pour découvrir la nature d'un homme. Sa position « anti-militariste » de 1962 exprimait finalement un mécontentement, une contrariété. « On peut, en effet, tout faire avec une baïonnette sauf s'asseoir dessus », avait dit l'illustre Talleyrand.
Cela dépend donc de qui ou de quoi, nous devons sauver cette Algérie qui, comme un enfant illégitime, aurait plusieurs pères. Je ne veux absolument pas déplaire à Madame Houfani Berfas mais je crois que seul le peuple est à même de choisir son sauveur. Peut-être n'aura-t-il même pas à le faire si Dieu lui en envoie un comme Il l'avait fait pour les Hébreux avec Moïse pour les sortir d'Egypte. Hélas pour lui et peut-être pour nous, M. Hocine Aït Ahmed ne porte pas les signes du libérateur.
Selon une de mes connaissances, il a été conseillé à M. Aït Ahmed de dissoudre le FFS peu après les émeutes d'octobre 1988 pour que la nouvelle génération n'ait pas à porter le poids de l'histoire marquée par le paradigme kabyle de ce parti et de fonder un vaste rassemblement démocratique, ce qu'il a refusé de faire. Peut-être que l'opposition aurait évolué différemment…
Il me revient à l'esprit cette réflexion de bon sens que Chadli Bendjedid avait confié à un de ses ministres après avoir reçu en 1990 le leader du FFS : « Cet homme, lui dit-il, ne rentrera jamais au pays et n'acceptera de gouverner l'Algérie que de Lausanne. »
Je ne fais, ici, que commenter des événements qui auraient pu produire des résultats tangibles sans cette psychologie de l'homme fort, de l'homme providentiel, qui a ruiné nos Etats et nos oppositions. Je témoigne, comme d'autres peuvent le faire en toute lucidité, que M. Hocine Aït Ahmed n'est pas en cause dans son opposition indéfectible à un pouvoir qu'il a combattu les armes à la main mais sa gestion exclusive et ses erreurs stratégiques. Mais le comportement de ses dirigeants ne fait pas de l'opposition cette fiction que ses adversaires du dedans et du dehors croient y voir.
Troisième post-scriptum : Avant d'envoyer ce mot, un peu long, je veux dire à des contributeurs qui récusent jusqu'à l'existence d'une quelconque opposition en Algérie qu'ils portent atteinte à la mémoire de milliers de victimes d'un système despotique que des hommes et des femmes continuent de combattre, avec les moyens dont ils disposent, de l'intérieur et de l'extérieur. S'ils ne demandent à personne de leur rendre hommage, il n'est pas nécessaire, non plus, de leur cracher dessus. Comme dit le proverbe africain : « Que ceux qui n'ont pas traversé le fleuve ne se moquent ni n'insultent les noyés. »


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