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Le lumineux testament de Dom Christian Marie de Chergé
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 09 - 07 - 2008

L'admirable texte qui suit a été laissé par notre frère Dom Christian Marie de Chergé à sa famille. Dom Christian est l'un des sept moines trappistes qui ont été assassinés par les manipulateurs froids et déshumanisés qui ont plongé notre peuple dans le malheur et la détresse. En rédigeant ce testament spirituel, Dom Christian savait que la mort planait au dessus de sa tête et de celle de ses frères moines. Il n'a pas quitté, pour autant, ce monastère de la charité et de la fraternité, , au cœur d'une des régions les plus rudes et les plus exposées à la violence, lui, le tendre frère, dans cette Algérie qu'il aimait et qui l'aimait, dont il compatissait au malheur indicible des populations.
Il n'était pas parti, parce que ses frères humains, même s'ils pratiquaient une autre religion que la sienne, avaient besoin de lui.
A la fin de son testament, dans un émouvant élan du cœur, il remercie l »'ami » qui allait lui ôter la vie. Cette vie qu'il avait donnée toute entière à Dieu et à ses frères humains. Il avait pardonné à celui qui allait le ravir à l'affection des siens et au service de tous ceux dont il était le secours désintéressé. Notre frère Christian et les six autres victimes innocentes de la barbarie qui s'est acharnée contre notre peuple, sont toujours vivants dans nos cœurs. Ils auront fait de leur vie, et même de leur martyre, un exemple d'amour et de dignité.
Ce testament a été rédigé en 1994.
Quand un A-Dieu s'envisage
S'il m'arrivait un jour, et ça pourrait être aujourd'hui, d'être victime du terrorisme qui semble vouloir englober maintenant tous les étrangers vivant en Algérie, j'aimerais que ma communauté, mon Eglise, ma famille, se souviennent que ma vie était donnée à Dieu et à ce pays. Qu'ils acceptent que le Maître Unique de toute vie ne saurait être étranger à ce départ brutal. Qu'ils prient pour moi: comment serais-je trouvé digne d'une telle offrande? Qu'ils sachent associer cette mort à tant d'autres aussi violentes laissées dans l'indifférence de l'anonymat. Ma vie n'a pas plus de prix qu'une autre. Elle n'en a pas moins non plus. En tout cas, elle n'a pas l'innocence de l'enfance. J'ai suffisamment vécu pour me savoir complice du mal qui semble, hélas, prévaloir dans le monde, et même de celui-là qui me frapperait aveuglément. J'aimerais, le moment venu, avoir ce laps de lucidité qui me permettrait de solliciter le pardon de Dieu et celui de mes frères en humanité, en même temps que de pardonner de tout cœur à qui m'aurait atteint. Je ne saurais souhaiter une telle mort. Il me paraît important de le professer.
Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre. C'est trop cher payé ce qu'on appellera, peut-être, la « grâce du martyre » que de la devoir à un Algérien, quel qu'il soit, surtout s'il dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'Islam. Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l'Islam qu'encourage un certain idéalisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes.
L'Algérie et l'Islam, pour moi, c'est autre chose, c'est un corps et une âme. Je l'ai assez proclamé, je crois, au vu et au su de ce que j'en ai reçu, y retrouvant si souvent ce droit fil conducteur de l'Evangile appris aux genoux de ma mère, ma toute première église, précisément en Algérie, et, déjà dans le respect des croyants musulmans. Ma mort, évidemment, paraîtra donner raison à ceux qui m'ont rapidement traité de naïf, ou d'idéaliste: « qu'il dise maintenant ce qu'il en pense! » Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s'il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui Ses enfants de l'Islam tels qu'il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de Sa Passion, investis par le Don de l'Esprit dont la joie secrète sera toujours d'établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences. Cette vie perdue, totalement mienne, et totalement leur, je rends grâce à Dieu qui semble l'avoir voulue tout entière pour cette joie-là, envers et malgré tout.
Dans ce MERCI où tout est dit, désormais, de ma vie, je vous inclus bien sûr, amis d'hier et d'aujourd'hui, et vous, ô amis d'ici, aux côtés de ma mère et de mon père, de mes sœurs et de mes frères et des leurs, centuple accordé comme il était promis!
Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce merci, et cet « A-Dieu » envisagé de toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. Amen! Inch Allah!
Alger, 1er décembre 1993 Tibhirine, 1er janvier 1994,


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