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Le parcours militant de Messali Hadj est à revisiter
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 21 - 09 - 2011


El Watan, 21 septembre 2011
Dante : «Il va chercher la liberté si chère, comme le sait celui qui pour elle abandonne la vie.»
Le colonialisme français et des nationaux ont nié l'existence de la nation algérienne. L'histoire de l'Algérie déjà présente dans la Numidie, qui esquisse à l'avance l'espace où elle allait grandir, n'a pas commencé avec la conquête romaine, arabe ou française, mais remonte à des millénaires où les Algériens se sont dénommés Amazighs unificateurs du pays, qui, par prédestination du langage, signifie hommes libres. L'Algérie, comme une rivière tranquille fidèle à sa source et à ses racines, suit son cours, s'élargit, grossit, s'enrichit de nouveaux affluents, arrive à la mer, ne porte pas le nom d'un de ses affluents, si important soit-il, mais celui de sa source.
Chaque occupant de ce pays, frappé d'amnésie pour toute autre période que la sienne, fait une lecture particulière de l'histoire qu'il dénature, détourne et mutile, pour dire, chacun à sa manière, avant moi rien n'existait, avec moi tout commence. Les Français qui, 132 ans durant, expliquent l'entreprise coloniale et la justifient, disent que l'Algérie n'a pas d'histoire, n'existait pas, est une terre sans authenticité, et que ce sont eux qui ont inventé son nom, l'Algérie. Dans sa déclaration du 16 septembre 1959, où il a reconnu au nom de la France, le droit du peuple algérien à l'autodétermination, à disposer de son destin, le général de Gaulle a nié l'existence d'une nation et d'un Etat algérien dans le passé et dans la présent, mais a reconnu que la France n'a jamais réussi à pacifier, à plus forte raison à intégrer et à assimiler le peuple algérien.
Longtemps le Parti communiste français (PCF) a soutenu que la nation algérienne n'existait pas, du fait que les thèses de Staline relatives à la formation de la nation ne s'appliquent pas à son cas. Les thèses de Staline de 1913 édictent : «La nation est une communauté humaine stable, historiquement constituée, fondée sur une communauté de langue, de territoire, de vie économique, et sur une communauté spirituelle». Tels sont les cinq critères qui servent à définir une nation : l'histoire, la langue, le territoire, l'économie et la communauté spirituelle. Pour Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, «la nation algérienne n'a pas existé, mais avait pris corps, était en formation. Il y a une nation algérienne qui se constitue elle aussi dans le mélange de vingt races».
La règle était que le Parti communiste d'un pays colonisé dépendait du Parti communiste de la puissance coloniale. L'association des Oulémas fut créée à Alger le 5 mars 1931. Son premier congrès à Alger en date du 7 juin 1936 écarte la question nationale, demande le rattachement de l'Algérie à la France, opte pour l'assimilation politique, revendique seulement l'autonomie religieuse et linguistique. La délégation du Congrès musulman algérien avec à sa tête le docteur Bendjelloul et composée notamment des cheiks Abdelhamid Ben Badis, Tayeb El Okbi, Bachir Ibrahimi et Ferhat Abbas, arrive à Paris le 18 juillet 1936 et demande au gouvernement français le rattachement politique de l'Algérie à la France, assorti de revendications religieuses et d'ordre linguistique.
Ce réformisme combattu énergiquement par Messali Hadj représentant l'Etoile nord-africaine considère qu'on peut modifier sensiblement de l'intérieur l'ordre colonial, sans le remettre en cause de manière fondamentale. Le rattachement du peuple algérien au régime colonial, qu'il ne s'est pas donné, mais qui lui a été imposé par la force, n'est pas possible.
Ferhat Abbas a adopté la politique jacobine française, s'est intégré à la culture française pour s'identifier à la France et nié, lui aussi, la nation algérienne. Dans son premier livre intitulé Le jeune Algérien, publié en 1931, il affirmait que «l'Algérie est terre française. Nous sommes des Français avec le statut personnel musulman».
Dans un article publié le 27 février 1936 dans le journal L'Entente, il déclarait sous un titre provocateur : «La France, c'est moi. Si j'avais découvert la ‘‘nation algérienne'', je serais nationaliste et je n'en rougirais pas comme d'un crime… L'Algérie en tant que patrie est un mythe. Je ne l'ai pas découverte. J'ai interrogé l'histoire ; j'ai interrogé les morts et les vivants ; j'ai interrogé les cimetières : personne ne m'en a parlé». Je fais mienne la formule de Jean Lacouture le concernant : «Il était dans la France, puis à côté de la France, ensuite en dehors de la France, et enfin contre la France.» La situation était trop grave, avec des risques incalculables pour l'Algérie avec les revendications des Oulémas et de Ferhat Abbas, pour respecter, les concernant, la célèbre pétition du principe de Voltaire : «Je ne partage pas vos idées, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez les exprimer.»
Le meeting du 2 août 1936, au stade de Belcourt, organisé par les représentants du Congrès musulman, qui devaient annoncer le rattachement politique de l'Algérie à la France, est perturbé par l'arrivée de Messali à ce stade plein à craquer. Il prit une poignée de terre dans ses mains, et, la tenant à hauteur de son bras levé vers le ciel, déclarait que «la terre algérienne n'est pas à vendre». Il regarda le peuple algérien et lui dit solennellement : «Lève- toi et marche vers l'indépendance.
L'Algérie a une histoire et un passé, il y a une Algérie dominée par les Français, mais l'Algérie restera éternellement algérienne.» La foule, dont de nombreux militants de l'Etoile nord-africaine est venue de toutes les régions du pays pour dénoncer les Oulémas qui ont opté pour l'assimilation politique à la France, Ferhat Abbas qui a nié la nation algérienne et les communistes algériens qui ont soutenu «l'Algérie nation en formation» fit plusieurs fois le tour du stade avec Messali en chantant et criant : «Vive Messali, vive l'Algérie indépendante.»Comme le dit Fernand Braudel, académicien : «Le présent est fait de 90% du passé»
Le PPA-MTLD
Le 11 mars 1937, Messali Hadj a créé le PPA après la dissolution de l'Etoile nord-africaine et déposé les statuts du parti à la préfecture de Paris. Le PPA, comme son nom l'indique, est assimilé au peuple entier, et son autorité est celle de tous les Algériens. De son adhésion au Parti communiste français, Messali a retenu le caractère monolithique du parti et le centralisme démocratique, de sorte que le comité central s'est substitué à l'ensemble du parti, et le président du parti au comité central et au bureau politique.
Les premières années de la présidence du parti par Messali sont exemplaires. Son engagement et sa démarche en faveur de l'indépendance nationale lui valent auprès du peuple considération, estime et respect. Il incarne le parti sur lequel il règne sans partage avec le signe de la durée.
Le parti fonctionne à partir du charisme de son chef, repose sur le prestige du guide et sur le charme de son verbe. Il fait preuve de séduction, d'habileté oratoire, d'éloquence même. Venu du peuple, il se consacre au peuple. Il est aimé, admiré, respecté, adulé, vénéré, adoré par les militants, pour sa résistance au colonialisme. Sa personne fixe sa dimension historique, fait l'objet d'une dévotion particulière, ses photos sont largement diffusées, sa parole exerce un grand attrait sur les foules, ses mots ont du poids et ses gestes revêtent une signification religieuse.
Pour lui, l'hagiographie remplace la biographie, et à mesure que les années s'écoulent, les litanies de dévotion en sa faveur montent, et le schéma féodal de l'obéissance et de la fidélité au chef se met en place. Il se laisse gagner par l'ivresse du pouvoir, dès que l'écho qui vient de la base est adhésion, avant de se faire mécanisme. Il sait que la domination qu'il exerce sur toutes les instances du parti ravit et rassure les militants qui ont un faible pour le zaïm.Le comité central et le bureau politique ne tarissent pas d'éloges pour l'homme providentiel qui préside à la destinée du parti. Il les domine en renouvelant leurs membres et en les modelant à sa guise.
Il ajoute une pratique constante du mystère et du secret qui lui assurent le secret. Les éloges et les vaines flatteries justifient et encouragent le culte de la personnalité. Fort de sa position dominante, il sait jouer habilement les divisions de ses opposants, écarte des centres de décision les dirigeants qui risquent de lui porter ombrage, élimine le docteur Lamine Debaghine qui est en compétition avec lui pour la prise du pouvoir au sein du parti, afin de lui donner un nouvel élan.
Le PPA-MTLD est un parti révolutionnaire qui ne fait pas la révolution
Des problèmes sérieux agitent le parti à chaque fois qu'il s'engage dans des élections. Les militants frustrés par les élections à l'Assemblée algérienne d'avril 1948, célèbres par la fraude massive, l'arrestation de la plupart de leurs candidats, ont pris conscience que la voie électorale n'est pas la solution, mais la compromission. Le parti recrute les militants en mettant l'accent sur sa revendication principale, l'indépendance nationale, mais se comporte comme si elle n'est pas à l'ordre du jour, ou il la place sous l'orbite de la perspective. Le fossé entre les fins proclamées, la libération nationale par la violence légitime et les fins poursuivies, la retarder, l'éloigner au profit des élections, s'élargit, divise les militants. Une révolution s'annonce, est en marche, le parti est incapable de la prendre en charge, de s'ouvrir, de tisser des liens avec les partis opposés au colonialisme.
La date limite du déclenchement de la guerre de libération est l'été ou l'automne 1948. Le parti était encore uni, fort, pas affaibli par les crises qui viendront après, à savoir, la crise antiberbériste de 1949, la découverte de l'OS et sa totale destruction en 1950. Celle de 1953, qui a opposé les centralistes aux Messalistes.
Messali et le comité central sont sur le même bateau qui va affronter des tempêtes et ils couleront ensemble.
Le déclin du parti ne relève pas d'un phénomène passager, de son passage dans la zone des tempêtes, mais est irréversible. Il a besoin de sortir du conservatisme, de se renouveler, de se moderniser, d'abandonner ses attitudes rigides décevantes et négatives. La faiblesse de Messali est de n'avoir pas compris le parti qu'il a créé et mis en marche, qu'il conduit, mais qui grandit, le rattrape, le dépasse, avec une prise de conscience digne, et par dessus tout, le refus du culte de la personnalité. Des difficultés sérieuses apparaissent divisant les deux coteries de la direction du parti qui s'entredéchirent, le président du parti, d'un côté, et le comité central, de l'autre.
Les congressistes du 2e congrès du parti tenu les 4, 5 et 6 avril 1953 attendent un projet pour déclencher la révolution, et c'est Hocine Lahouel qui est licencié et remplacé par Benyoucef Benkhedda. En septembre 1953, Messali qui n'est pas «un roseau qui se plie dans la direction du vent» retire sa confiance à Benyoucef Benkhedda. Au congrès tenu à Hornu, en Belgique, du 13 au16 juillet 1954, le comité central est dissous, et Messali désigné président à vie du parti. Le congrès centraliste, tenu à Alger du 13 au 16 août 1954, prononce la déchéance de Messali. Le 5 novembre 1954, le MTLD est dissous, et les centralistes arrêtés, parce que considérés par le régime colonial comme étant les instigateurs de la Révolution du 1er novembre 1954.
Pour paraphraser Pierre Bloch de ce qu'il a dit de de Gaulle, je dis : «J'ai dit trop de bien de Messali pour dire du mal aujourd'hui, j'en pense trop de mal pour en dire du bien.»
Après le temps de l'hommage, vient pour lui le temps de la mise en accusation, pour ses erreurs, ses fautes, le culte de la personnalité. Il ne s'agit pas de faire le procès posthume de Messali, mais de le démystifier et de le désacraliser, car sa responsabilité devant l'histoire est grande. Mérite-t-il d'être considéré comme traître à la révolution, car un fleuve de sang sépare la révolution algérienne de son parti le MNA ? C'est un mystique et s'attaquer à lui durant la guerre de libération, prenait l'allure d'un blasphème ou d'un sacrilège, tant il était vénéré. La marque qu'il laissera dans l'histoire sera établie par les historiens, mais seulement après la disparition de la génération de Novembre. La réhabilitation dans le présent est une imposture intellectuelle.
Plusieurs questions relatives au colloque sur Messali à Tlemcen se présentent à l'esprit. Je ne retiens que quelques-unes pour conclure cet article. Il n'y a pas d'événement historique qui n'ait pas son reflet dans la réalité, quelque lointain qu'il soit dans le passé. Le lieu de naissance détermine en partie le cours de la vie, ce qui explique l'analogie des parcours politiques de Hadj Messali, Ahmed Ben Bella et Abdelaziz Bouteflika.
Qui a payé ce colloque, et quelle somme d'argent a été dépensée ?
Si c'est l'Etat, il n'y a pas de raison de ne pas donner la même somme pour organiser un colloque à l'université de Biskra sur Mohamed Khider, à l'université e M'sila sur Mohamed Boudiaf, à l'université de Tizi Ouzou sur Ouali Bennaï et à l'université de Bougie sur Abane Ramdane.Madame Djanina Benkhelfat évoque la réappropriation de l'histoire. L'Algérie doit récupérer son passé, tout son passé qui ne peut être effacé. Honorer Massinissa, Jugurha, Tacfarinas, Kahina et tant d'autres, c'est donner leurs noms prestigieux aux boulevards et grandes rues de nos villes et aux édifices publics.
La présence au colloque de Mohammed Harbi et Benjamin Stora, pour qui j'ai de l'estime et du respect, va-t-elle faire comprendre au pouvoir les luttes contre la négation de l'histoire et de la mémoire collective, l'oppression des cultures, la répression des peuples et des personnes humaines. Les jeunes Algériens garçons et filles savent qu'il y a une alternative à ceux qui veulent se maintenir au pouvoir par la corruption politique, qui s'appelle démocratie. Ils doivent réfléchir à la recommandation que donne Shakespeare dans Antoine et Cléopatre : «Abandonnez ceux qui s'abandonnent eux-mêmes.»
Ali Yahia Abdenour
Lectures:


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