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Cursus historique de l'« Etat islamique » et du monde arabe.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 04 - 03 - 2012

L'Etat islamique s'est constitué en trois étapes : la première au moment de l'hégire quand a émergé un pouvoir prophétique; la deuxième en l'an 5 de l'hégire, après le siège de Médine, quand ce pouvoir a acquis les principaux attributs de l'Etat, graduellement, et quand son assiette spatiale s'est élargie à toute l'Arabie; la troisième après la mort du Prophète et avec Abû Bakr quand l'Etat islamique a montré qu'il pouvait réduire par la force toute dissidence.
En définition, « l'Etat prophétique », premier noyau de l'Etat islamique, s'est constitué essentiellement par l'autorité suprême de Dieu, le charisme prophétique, la constitution d'une communauté de solidarité ou l'Oumma, l'éclosion et l'instauration d'une législation et l'apparition d'un rituel unificateur.
Peut-être, en effet, s'agit-il là des éléments qui participent à la naissance d'un projet de société politique où les forces convergentes sont utilisées dans le but d'instaurer une architecture étatique d'ensemble unifiant, tolérant et recourant, lorsqu'il est nécessaire, à la force légitime. Mais, au point de vue de l'anthropologie de l'imaginaire, la représentation du politique en terre arabe passe d'abord par ceux qui l'incarnent.
Ici plus qu'ailleurs, l'incidence individuelle sur la marche des affaires publiques est très grande. Les pays arabo-musulmans ont certes connu des périodes où régnait une certaine abstraction de l'Etat, avec des dispositifs de lois communes pouvant servir de référent supérieur, mais dans leur globalité, de tout temps, les régimes qui gouvernèrent la nation arabe étaient soit des monarchies à généalogie religieuse, soit des systèmes despotiques à caractère militaro-gérontocratique. C'est un « mixte » des deux systèmes qui se distingua le plus, tant par la durée de son fonctionnement (pratiquement du VII au XXI siècle), que par son incidence sur l'imaginaire collectif.
En Islam, l'autorité religieuse ne se sépare guère de l'autorité politique. Religion et politique sont donc les deux versants d'un ordre unique, sans possible intercession d'une pensée plus diversifiée (pluripartisme, syndicats, dispositif électif, etc.), ni même d'une morale fondée sur l'hétéronomie (laïcité).
La lutte pour la succession du Prophète fut très rude. Les divers fractions s'opposèrent et se combattirent sans répit jusqu'à ce que l'ordre soit peu à peu revenu après la mort des quatre premiers califes, dit « califes légitimes ». Depuis lors, sauf accident, le pouvoir est resté entre les mains de leurs successeurs.
On fera donc observer que l'instauration du califat sous-tend l'histoire de l'Islam aux plans géopolitiques et spirituels. Il est donc un postulat premier, à l'origine de toutes les querelles entre musulmans depuis le début du califat. Il est nécessaire d'accepter le « préféré », quand bien même il s'en trouverait un « préférable », dans la mesure où le préféré répond parfaitement à l'ordre qui le soutient. Telle est la ligne de rupture entre légitimité et illégitimité politique, la cooptation. Aussi, lorsque les califes dits légitimes furent partis, les successeurs « préférés » se sont multipliés, par le fer et par le sang, hélas, souvent au détriment des « préférables ».
Toutefois, l'une des particularités du pouvoir absolu – observée depuis la haute Antiquité et théorisée par Machiavel – est d'affaiblir la vigilance. En analysant sans passion l'enchainement du pouvoir en terre arabe, depuis que l'Islam s'y est installé, on ne peut que constater la mise en place d'une tradition de gouvernement fondée sur le despotisme, au double sens que lui donne Rousseau, à savoir l'usurpation de l'autorité royale (tyrannie) doublée d'une usurpation de l'autorité divine.
À définir ainsi le despotisme comme l'instauration d'un régime, un Etat ou une simple clique dont les seules sources d'inspiration sont l'arbitraire et la tyrannie, les gouvernements arabes (qui n'ont jamais véritablement connu de régimes démocratiques et républicains) ont souvent pratiqué, sciemment ou non, une ou plusieurs formes de despotismes.
La pauvreté matérielle, le manque d'éducation civique des masses populaires, l'absence quasi complète de conscientisation et l'ignorance tout court expliquent que le despotisme en terre arabe reste constitutif des structures mentales qui gouvernent l'interprétation et l'application de la chari'â islamique.
Il est clair cependant que celle-ci ne peut être tenue pour la seule source du despotisme arabe, car, originellement – et probablement mythiquement – elle avait pour fonction de rééquilibrer au profit de Dieu l'observance par les hommes d'un comportement humble, tolérant et juste. Mais son dévoiement dès le califat primitif lui avait en quelque sorte « tordu le cou, sans la tuer complètement ».
Les voies du despote se constituèrent essentiellement à partir de deux éminences particulières: la justice féodale du souverain, une justice punitive, « non défaillante par essence » et rendue arbitrairement par un seul homme, souvent par le prince en personne, et le secret. Certes, une telle justice est secrétée par le système lui même, par le mode électif du calife, dont la légitimité au trône est fonction de sa proximité héréditaire avec son prédécesseur, souvent son père ou son frère aîné ou quelqu'un issu du même clan.
Mais face à l'aisance singulière avec laquelle les souverains accédaient au pouvoir, répond l'âpreté avec laquelle ils doivent le défendre : le nombre incalculable de courtisans, prompts à fomenter des troubles et à exciter les convoitises, ne fait pas du palais califal un havre de paix où il fait bon vivre.
Le harem, le sérail, la salle d'audience, la cour du palais, le hammam, la mosquée et les lieux de détente sont hantés d'une engeance peu amène et dont les exactions durant l'histoire du califat sont nombreuses. Ce qui explique que le règne de chaque calife est souvent de très courte durée.
L'assassinat politique était la règle. À posteriori, il trouve sa raison d'être dans le fait que les despotes gouvernants ne lâchaient jamais prise, même si de grandes déficiences de gestion ou des anomalies physiques et mentales venaient aggraver leurs incapacités personnelles.
Plus généralement encore, il y a lieu de noter l'étrange correspondance qui existe entre le fonctionnement violent et monolithique de l'appareil éducatif arabo-musulman (harem-sérail-monde) dans lequel baigne l'enfant, et le fonctionnement également monolithique et violent du despotisme en politique, du califat initial jusqu'à l'organisation de l'Etat actuel.
Le gouvernement despotique reproduit ainsi la violence spécifique du sérail, dont il est en quelque sorte la répétition grandeur nature à l'échelle d'un pays ou d'un empire. Le substrat psychologique et mental réapparaît, maquillé mais vigoureux, dans la structure latente du pouvoir en terre d'Islam.
Pour compenser ces faiblesses, que nous qualifierons de « congénitales », car elles participent à l'édifice social et politique de tous les despotismes, les souverains font un usage immodéré de la violence, de la terreur et plus subtilement de la culture du secret.
La catégorie du secret est une constante de la mentalité arabe. Pour celui qui est familier des textes arabes, le mot « sîr » (secret) ou « sîr al-asrâr » (le secret des secrets) sont des mots récurrents.
Dès le début de la prophétie, la compréhension de la révélation du Coran était soumise à une catégorisation propice à l'établissement d'assiettes d'intelligibilité où le révélé n'avait pas le même sens pour tous. Là se situe l'origine même du secret, à la fois au sens métaphysique et, plus tard, à celui d'un mode de gouvernement. Celui-ci se maintient, dans sa facture ancienne, dans nombre de pays arabes même s'il est régulièrement désavoué par les élites, intellectuelles notamment.
La fonction de la consultation (choûra) comme celle du consensus (idjma') qui, en principe, étaient conçus et par le Coran (III, 159) et par l'administration juridico-théologique initiale pour contrebalancer les décisions iniques ou imparfaites sont ainsi dépassés dans les faits par les débordements incessants et les manquements au droit le plus élémentaire de ceux-là même qui en sont les garants « naturels ».
Peu à peu, le secret était devenu l'allié du gouvernement despotique, de même que la transparence (relative) est la caractéristique du régime démocratique, pour autant qu'il se fonde sur des bases explicitées par avance.
Mieux. Si le secret pouvait s'entendre dans le cadre de monarchies constitutionnelles, d'oligarchies puissantes, pratiquant le népotisme et la gabegie, ou encore ressortir du fonctionnement de quelque sombre théocratie avide et oppressive, on peut penser qu'il n'a plus aucune raison d'être dans les régimes politiques arabes d'aujourd'hui. Il n'en est rien.
Le secret est toujours le mode de gouvernement le plus prisé par les gouvernants arabes qui répugnent à se remettre en question et qui retardent autant qu'ils peuvent l'avènement du modèle démocratique.
Dans leur majorité, ces régimes sont l'incarnation d'oligarchies militaires, comme posées à l'insu de l'histoire, et qui n'ont eu cesse, lorsqu'ils ont fait taire leur opposition interne, de fermer les officines de la presse libre, de réduire les foyers de contestation, même les plus sporadiques (étudiants, syndicats) et d'éliminer toute pensée non conformiste.
Le secret est de nos jours l'apanage de la dictature militaire revêtu de beaux costumes sombres, griffés à l'occidentale, le pire de tous les despotismes qui « encense » à sa guise de « nouvelles réformes » politiques, lesquelles sans nul doute, aboutiront à des futures « démocraties représentatives » où les futurs marchés économiques seraient dictés par les barons de la finance internationale de Wall Street et bien sûr de son lobby sioniste.


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