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Sonatrach 2 – Du pays de la Mafia vient une leçon sur la supériorité de l'Etat de droit
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 22 - 02 - 2013


Khaled Ziri
Mercredi 20 Février 2013
« Sonatrach 2 ». Sous cette dénomination sobre, un communiqué officiel du parquet est venu « rassurer » l'opinion algérienne qu'une grosse affaire de corruption éventée en Italie était « prise en charge » par la justice. Le service minimum judiciaire était ainsi proclamé. Une nécessité apparemment ! Si les Algériens n'ont pas vraiment saisi de quoi il était question dans « Sonatrach 1 » qui avait entrainé, en 2010, la chute de l'ensemble du top management de l'entreprise publique, avec des juges italiens qui bossent et une presse italienne qui informe, les Algériens ont eu une vision d'une laideur plastique de ce que le parquet a appelé, à postériori, Sonatrach 2. Au grand dam de l'affairiste Silvio Berlusconi qui s'est alarmé du fait que les poursuites contre les chefs des grandes entreprises italiennes vont leur fermer la porte des juteux contrats, les juges italiens, disposant des moyens d'investigation d'un Etat de droit se sont mis à regarder avec attention dans les recoins des écuries mal famées du business. Et ce travail des juges provoque des répliques d'Alger à New Delhi. Pour notre pays, on même un chiffre d'une précision qui fait rêver les enquêteurs algériens « contraints » dans leur mouvement et leur expression : 197.934.798 euros. Et au moins deux noms « illustres » de la Nomenklatura du pays : Un Bedjaoui (Farid) (neveu d'un ancien juge à la CIJ (Cour Internationale de Justice) et par la suite Ministre des affaires étrangères avant d'être un improbable président de la Commission de surveillance des élections présidentielles de 1999 d'où se sont retirés les six candidats en lice après une dénonciation d'une fraude en faveur de Bouteflika), patron d'une société installée à Hong-Kong et le très puissant ex-patron du secteur des hydrocarbures, Chakib Khelil, l'ami de Bouteflika. Celui-là qui a failli rétablir un régime de concession qui aurait choqué – c'est dire ! – même les saoudiens ! Les juges italiens n'enquêtaient pas sur les Algériens mais leur travail, libre, aidé et conditionnée par la loi et avec l'aide d'une « gorge profonde » au sein de l'entreprise ENI a mis à jour l'existence d'une catégorie d'Algériens qui coutent beaucoup au pays. Ce sont les « amis utiles » des entreprises étrangères, incarnation parfaite de l'entrée la plus calamiteuse qui soit du pays dans la mondialisation du bizness. Car ces 197.934.798 euros qu'un Berlusconi, décomplexé, inclue dans la dépense « normale » pour l'obtention de contrat doivent avoir une contrepartie encore plus faramineuse pour l'Algérie en termes de surfacturation. Surpris, les Algériens ? Non, plutôt écœuré de découvrir, une fois de plus, que la réalité dépasse toujours leurs imaginations pourtant assez fertile.
Une vraie bureaucratie mais une fiction légale
Cet écœurement, Hocine Malti, ancien dirigeant à Sonatrach, l'a déjà exprimé dans le passé dans une lettre aux enquêteurs du DRS dans lequel il indiquait des pistes et des affaires dignes de les intéresser. Avec l'affaire ENI-Saipem, Malti perd patience et publie, dans son blog sur Médiapart, une longue lettre au Général Toufik Médiene, en personne, pour y exprimer, sous une forme faussement naïve, sa conviction que le « Sonatrach 2 » annoncé par le parquet n'est rien d'autre qu'une annonce, de la frime. Une sorte d'écran de fumée pour convaincre les Algériens subitement branchés sur les journaux italiens et le traducteur automatique de Google que les choses sont prises en charge. Hocine Malti connait bien son sujet (il a écrit un livre à ce sujet) et son indignation est rendue plus forte par le fait qu'il sait comment « ça fonctionne » et qui sont ceux qui tirent les ficelles. Sa lettre au général Médiene, chef du DRS, traduit une conviction très largement partagée que l'Etat Algérien est une vraie bureaucratie mais une fiction légale. Il s'adresse à celui qui incarne le « pouvoir réel » dont on devine qu'il n'attend rien. Les juges italiens ont donné ainsi une opportunité à Hocine Malti de dresser un sinistre état des lieux d'une Algérie où il n'y a en définitive qu'un seul clan et où les théories des deux ou trois clans ne servent, in fine, qu'à conforter le «clan », l'unique. La lettre de Hocine Malti fera date. Mais elle s'est accompagnée du grand évènement de sa reprise, localement, par le journal El Watan. La lettre se terminait par un « chiche », laissez les journaux algériens publier le texte, El Watan semble avoir relevé le défi. De manière totalement indépendante, comme l'affirment certains journalistes d'El Watan ? L'assertion laisse bien entendu dubitatifs beaucoup d'Algériens. Et si un autre journal avait publié le brulot, même les journalistes d'El Watan auraient trouvé qu'il y a « anguille sous roche », un « truc ». Et puis, comme toujours les questions d'accompagnement suivent : Toufik a-t-il veillé à la publication de la lettre dans un jeu assez compliqué mais où il se sent assez fort pour se permettre un texte qui le met en cause ? Ou alors, a-t-il perdu la main... Même Hocine Malti doit se dire que sa lettre ou plutôt son usage lui échappe quitte à se satisfaire à l'idée que les Algériens y ont eu accès dans un journal local.
Le DRS en question
La seule certitude que l'on peut en tirer est que désormais le DRS, le « cœur du pouvoir » voire le « seul pouvoir » est en « question ». Et que cela soit en rapport avec la gestion de Sonatrach, la mère de toutes les rentes, boucle ainsi la boucle. Certains peuvent tirer de cette publication par El Watan la conclusion que l'hypothèse du 4ème mandat pour Bouteflika vient de pâlir, d'autres peuvent spéculer sur un « printemps » devenu impossible par la rue, en raison d'une Algérie rétive et soupçonneuse, qui se déroulerait dans le cœur du système. Une sorte de remake habituel du « il faut que quelque chose bouge pour que tout reste en place ». Par contre, on peut imaginer aisément l'énorme potentiel de chantage dont disposent les services étrangers évidemment bien documentés sur les pots-de-vin versés dans nos contrées. La mobilité dans les cercles dirigeants politiques et économiques dans ces pays permet d'éviter les immenses fragilités de nos systèmes induites par la permanence de dirigeants inamovibles.
Finalement, on en arrive à la question centrale de l'Etat de droit, celui-là même qui permet à des juges italiens de travailler sans se soucier de la puissance des corrupteurs, ni des affaires futures des entreprises italiennes dans les pays où les pots-de-vin font partie des « règles » selon la formule de Berlusconi... Les voleurs contreviennent à la loi et la loi doit s'appliquer. C'est simple et fort ! Hocine Malti n'a rien d'un naïf. Il n'écrit pas au chef du DRS avec la conviction que cela va changer quelque chose, il le fait dans une démarche pamphlétaire pour souligner la gravité d'une situation où les richesses du pays échappent au contrôle des Algériens. Le système a fabriqué des mutants, des intermédiaires « mondialisés », des « amis nécessaires » et des puissances occultes qui recréent le système des Janissaires. Hier le pouvoir était à Alger, les comptes à la Sublime Porte, aujourd'hui, le pouvoir est formellement à Alger et les comptes dans les paradis fiscaux. Hier comme aujourd'hui, le pays profond qui se fait ponctionner. Ce que les juges d'Italie, pays de la Mafia, nous donnent comme leçon est là ! Une absolue suprématie morale, politique et économique, de l'Etat de droit. Ils nous montrent aussi – songeons aux dossiers qui peuvent s'être accumulés chez les amis des « amis nécessaires » l'état d'insécurité nationale où nous plonge un système qui prend en otage le pays, son présent et son avenir.


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