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La nouvelle bourgeoisie parasitaire ou le règne des beggarines.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 09 - 05 - 2013

Je crois que si on perd de vue un élément essentiel de l'histoire des sociétés post-coloniales du tiers-monde et en particulier celles de la région du Machreq et du Maghreb, on se perd dans un labyrinthe de suppositions et de conjectures, donnant le rôle de chef d'orchestre aux puissances occidentales et ignorant totalement les peuples des pays concernés. Cet élément essentiel est l'émergence dans tous les pays nouvellement indépendants, à plus ou moins brève échéance, d'une nouvelle classe bourgeoise parasitaire improductive qui a remplacé la classe dominante européenne du temps de la colonisation. C'est cela l'élément commun le plus important. Cette nouvelle classe bourgeoise se retrouve partout et a les mêmes caractéristiques dans tous les pays, qu'il s'agisse de l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, la Syrie ou l'Irak.
Qu'est-ce qui a permis l'émergence de cette nouvelle classe bourgeoise? C'est, incontestablement, la conjonction de deux facteurs : l'absence de démocratie et l'absence d'une classe ouvrière organisée et forte. Dans notre pays, il m'apparaît clairement que la première étape a été l'élimination de la classe bourgeoise nationale productive en voie de formation. Cette élimination a été l'œuvre du pouvoir de Ben Bella et Boumediene. Et le premier mouvement de ce processus d'élimination a été le coup de force mené par Boumediene et ses amis contre le GPRA et Ben Khedda – considéré, avec Ferhat Abbas et ses amis, comme le représentant de la bourgeoisie. La nationalisation de Tamzali par Ben Bella en 1963 a signé l'arrêt de mort de la bourgeoisie nationale productrice de richesses qui aurait peut-être mis en place un système démocratique libéral – bourgeois au sens marxiste – qui aurait permis une compétition plus ou moins loyale entre les différents acteurs politiques et économiques. Le pouvoir « socialiste » de Boumediene avait clairement affiché son hostilité envers la bourgeoisie nationale et avait tout fait pour la tuer – je me rappelle très bien comment la petite et moyenne industrie privée de la confection et de la chaussure avait été progressivement étouffée dans les années 70. Les représentants de la bourgeoisie nationale avaient essayé de se défendre en 1976, notamment par l'entremise de Ben Khedda, Ferhat Abbas et Kheir-Eddine, mais on connaît le sort qui a été réservé à ces patriotes de la première heure.
On me dira que l'option socialiste était un bon choix en 1962, le peuple étant démuni de tout et ayant besoin de l'assistance de l'Etat dans tous les domaines. Tout à fait d'accord, mais à condition que les élites au pouvoir s'appuient réellement sur les couches populaires et leur donnent les moyens de peser sur le cours de l'histoire. Ce ne fut malheureusement pas le cas et un groupe réduit d'individus monopolisa tous les pouvoirs. C'est donc cette absence de démocratie véritable qui a progressivement permis à la classe militaro-bureaucratique de se constituer en classe dominante et d'amasser des fortunes en puisant dans la rente pétrolière dont aucune institution élue ne contrôlait l'utilisation. Pour cette nouvelle classe dirigeante – dont certains généraux bien connus ont toujours été les chefs de file et les têtes de pont –, le dictateur Boumediene, après avoir accompli sa mission – éliminer dans le domaine économique la bourgeoisie nationale productive et ses représentants politiques éclairés les plus en vue –, était devenu un gêneur.
La deuxième bataille – décisive celle-là – fut celle que cette nouvelle classe bourgeoise livrera aux réformateurs du gouvernement Hamrouche. Le FIS, habilement manipulé, l'aidera à mener à bien cette tâche. Et là, effectivement, la guerre des années 90 lui permettra de passer à la vitesse supérieure dans le pillage de l'économie nationale. En 1999, cette bourgeoisie, dont le noyau dirigeant était composé des généraux DAF, adoubera le poulain « libéral » des années Boumediene afin de coiffer la couverture civile du système politique qu'elle allait mettre en place. Nous voilà donc aujourd'hui dans la phase finale du processus. Enterrés pour toujours les Tamzali, Benkhedda, Ferhat Abbas, Kheir-Eddine, etc. Le terrain est maintenant entièrement occupé par les nouveaux riches agglutinés autour des généraux et des barons du régime qui tiennent les rênes de l'Etat et des institutions économique publiques. Le petit groupe initial a pris de l'ampleur au fur et à mesure qu'il consolidait sa position et que le flot de la rente pétrolière grossissait. Cette nouvelle bourgeoisie constituée à l'ombre du socialisme de Boumediene domine aujourd'hui le pays et dicte sa loi au peuple algérien qui a assisté impuissant et incrédule au hold-up du siècle.
Elle tient toutes les institutions de l'Etat et le haut commandement de l'Armée, les entreprises publiques – en particulier Sonatrach –, les « entreprises » privées d'import-import, etc. Son parti politique, c'est le DRS – avec ses divers appendices civils tels le RND. C'est lui qui dicte sa loi aux acteurs politiques qui veulent s'intégrer au système et qui filtre l'accès à tous les postes de responsabilité et contrôle la distribution des prébendes. Tous ceux qui acceptent le fait accompli et les règles du jeu dictés par le parti de cette nouvelle bourgeoisie – le DRS – sont les bienvenus : ils auront leur part de la rente. Tous ceux qui remettent en question son hégémonie seront écrasés sans pitié.
Mais alors, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes! Hé non, car il y a un défaut de taille : cette bourgeoisie est stérile; elle ne sait rien faire d'autre que piller la rente et spéculer. Le système qu'elle a mis en place n'est pas basé sur la promotion des compétences et le mérite. Bien au contraire, il a besoin de l'allégeance aveugle et de la soumission sans conditions. Un voleur ne peut pas encourager la transparence. Pendant que cette nouvelle classe bourgeoise est affairée à voler et piller H24, le pays – ou ce qu'il en reste après tant de destruction programmée – tombe en ruines et aucun service public ne fonctionne plus selon un minimum de normes, aujourd'hui. Les nouvelles générations de diplômés que les universités ont formés à la pelle se rendent bien compte que le système ne leur assure aucun avenir et qu'ils sont appelés à arracher leur part du butin par la force, la ruse et la fourberie, s'ils veulent avoir une place au soleil.
Les Algériens et les Algériennes vivent aujourd'hui dans un pays où rien ne fonctionne et où la nouvelle classe bourgeoisie, menée – et protégée – par le DRS et les généraux qui tiennent l'Armée et tous les instruments de répression, ainsi que la Justice, ne prend même plus la peine de cacher son jeu. Des couches de plus en plus larges de la population se retrouvent larguées – ce fut le cas déjà à partir de 1985, mais la crise, au lieu de se résoudre par l'élaboration d'un nouveau consensus et un renforcement de la démocratie, se compliqua pour aboutir à une guerre sans merci contre les couches les plus défavorisées menées par le FIS.
Voilà, brossé très brièvement le tableau historique qui a mené l'Algérie – comme les autres pays du printemps arabe – à la situation dans laquelle elle se trouve aujourd'hui. C'est la liquidation de la bourgeoisie nationale productive et patriotique par les représentants marxisants du FLN-ALN, et ce dès le 19 mars 1962 qui, associée à la faiblesse de la classe ouvrière et donc du courant communiste prolétarien et l'absence de démocratie, qui a mené à l'échec du socialisme et a du même coup permis aux éléments les plus anti-nationaux et anti-patriotiques du pouvoir de procéder à un véritable hold-up dont le résultat fut – au prix d'une immense tragédie – la mise en place d'une nouvelle bourgeoisie parasitaire qui domine totalement le pays aujourd'hui et qui s'adonne à un pillage effréné de la rente pétrolière.
C'est la hausse vertigineuse des prix du pétrole qui a permis à cette classe d'assoir définitivement son pouvoir acquis par la terreur et d'acheter de plus en plus de gens tout en injectant une partie de la rente dans les programmes sociaux. Elle est assise sur un baril de poudre, cependant, et le jour où elle ne pourra plus distribuer de l'argent et des avantages aux contestataires, le baril sautera.


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