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Débat identitaire en Tunisie : quel modus vivendi pour une transition démocratique?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 12 - 02 - 2014


http://liliamarsali.wordpress.com/
Posted on February 8, 2014by Lilia Marsali
Si les tensions se sont apaisées après le vote de la Constitution tunisienne adoptée le 26 janvier 2014, ce pan de l'histoire, marquant ainsi une étape juridique achevée, doit aussi se tourner vers une étape sociale où un modus vivendi avec les forces islamistes en présence, de la quiétiste à la plus radicale, est nécessaire pour éviter tout retour à l'ancien régime. Bader Lejmi, jeune Tunisien de France, militant anti-raciste anticolonialiste et membre d'Uni*T, association des Tunisiens de France en soutien à la révolution tunisienne et pour l'Etat de droit a accepté de nous éclaircir sur les clefs d'un débat identitaire .
Propos recueillis par Lilia Marsali.
Il a été reproché à Ennahda son manque de fermeté face au « phénomène salafiste radical ». Le mouvement salafiste Hizb u Tahrir quant à lui affiche un rejet envers l'islam politique de M. Ghannouchi qu'il juge « trop occidentalisé », trop « laïc ». Comment va s'orienter le débat identitaire en Tunisie ?
Quelque part, au travers de la fermeté à l'égard du salafisme radical, il est demandé à Ennahdha de montrer patte blanche. Sont-ils vraiment convertis à l'idéologie et aux pratiques de préservation à tout prix de l'Etat-nation fondé par Bourguiba et consolidé par Ben Ali ? Ou souhaitent-ils le subvertir au profit de leur propre projet politique ?
"Loin de s'en dissocier Ennahdha a revendiqué la volonté de maintenir l'ordre face à la menace que représentait Ansar Chariah à leurs yeux."
De plus, je relativiserais ce "manque de fermeté". Rappelons-nous que la police n'a pas hésité à emprisonner en masse les salafistes d'Ansar Chariah, se confronter aux manifestants de cette mouvance, quitte à tuer un imam à la tête d'une violente émeute dans le quartier de Douar Hicher pour, de leur point de vue, maintenir l'ordre. Loin de s'en dissocier Ennahdha a revendiqué la volonté de maintenir l'ordre face à la menace que représentait Ansar Chariah à leurs yeux. Menace que le groupe représente davantage par sa complaisance envers les dérives violentes de ses militants que par une volonté manifeste de passage à la lutte armée. Désormais cette organisation est déclarée organisation terroriste criminalisant de facto chaque militant ou sympathisant quelque soit ses actions réelles. Mêmes libres les salafistes jihadistes sont désormais, de facto, des condamnés en sursis.
Mais plutôt que face à ces derniers, c'est surtout la tolérance face aux actions directes des Ligues de Protection de la Révolution qui leur est reprochée. Peu contrôlables ces groupes militants se sont donnés comme objectifs de protéger la révolution face à un gouvernement qui semble avoir renoncé à mettre fin à l'ancien régime. Cette sorte de privatisation de la violence d'Etat, même si la plupart du temps se limitant aux discours, sème le doute et la suspicion. Les LPR sont dans un entre deux : sont-ils une forme de police révolutionnaire ou un mouvement politique de terrain ?
Enfin ce sont les assassinats de Chokri Belaid puis de Mohamed Brahmi qui ont alimenté les critiques les plus virulentes à l'encontre d'Ennahdha. Certains les accusent d'être les commanditaires, d'autres de laisser faire les "salafistes" qui seraient les réels commanditaires. La seule critique ne relevant pas de la seule propagande les tient pour responsables du fait de leur incapacité à assurer la sécurité des députés d'oppositions de gauche. Souvent les trois leur sont reprochés à la fois. Il est vrai que leur incapacité à assurer la sécurité dans tout le pays s'explique difficilement. D'autant que la direction actuelle de Nahdha n'a pas hésité à récupérer l'appareil sécuritaire dans sa totalité sans la moindre forme de purge des éléments tortionnaires.
Le slogan lancé par Cheikh Rached Ghannouchi, leader de Nahdha, "Jaych, Amen, Chaab, Yid Wahda" (Armée, Sécurité, Peuple, ne forment qu'un) illustre bien la politique menée de récupération de l'appareil sécuritaire d'Etat. L'objectif principal étant d'éviter un putsch fasciste à l'égyptienne. Cette crainte et ses conséquences gravissimes a grandement facilité à faire passer la pillule en interne... Les années sombres de la torture érigée en système sont encore bien vivantes dans les esprits et les chairs de nombreux cadres et militants Nahdhaoui. Or en Egypte, c'est précisément l'appareil sécuritaire qu'on pensait avoir été récupéré par les Frères Musulmans qui s'est le plus acharné sur eux une fois Mohammed Morsi renversé. Cette ligne est ainsi de plus en plus contestée par une tendance plus radicale d'Ennahdha elle-même.
Quant à Hizb Ettahrir, il fait partie des bons élèves avec deux autres partis salafis. Ceux qui jouent le jeu de la politique civile non violente. Bien sûr ils ne manquent aucune occasion pour écorner Ennahdha. Mais ces partis islamistes, malgré leurs discours véhéments, ont tendance à considérer Ennahdha comme un moindre mal face au potentiel retour de l'ancien régime. Surtout après le putsch militaire en Egypte et ses conséquences.
Lors de débats identitaires passés Al Qutb ad dimuqrâtî al hadathi (la gauche et le centre gauche) avait agité le danger fondamentaliste sans trouvé le « modus vivendi » avec les islamistes. Le référant « communiste » étant associé à celui d'athée au sein de la population tunisienne à majorité électorale islamiste : quel scénario électoral nous réserve les formations politiques de gauche ?
La gauche moderniste s'est récemment regroupé autour du Front Populaire ce qui a créé beaucoup d'espoirs. Mais ils ont été réduits à néant lorsqu'il s'est avéré que la stratégie adoptée du "tout sauf ennahdha" menait à s'allier avec le bloc des déchus de l'ancien régime autour de Nida Tounes. En réalité, cette gauche-là a préféré la lutte culturelle à la lutte sociale. Les luttes sociales et syndicales y sont instrumentalisées dans cette optique.
Mais il existe plusieurs autres gauches en Tunisie. Celle de Marzouki (CPR) et de Ben Jaafar (Ettakatol) qui ont fait le choix du gouvernement d'union nationale avec le parti Ennahdha. Il y a aussi ceux de Al Wafa et d'autres, qui ont préféré rester sur une ligne révolutionnaire sans concessions, n'hésitant pas à se porter au secours des salafistes réprimés au nom de la dignité humaine et de l'anticolonialisme. Sans compter la gauche syndicale, qui fait la base et la force de l'UGTT, mais qui est étouffée d'un côté par la bureaucratie syndicale, et de l'autre par son incapacité à se transformer en voie politique. Enfin une nouvelle gauche émerge rejetant sans concession autant l'Etat que l'identité arabo-musulmane de la Tunisie, et qui se concentre sur des thématiques identifiées aux "jeunes" tel que le rap, la consommation de cannabis, l'écologie.
L'implication du Président Abdelaziz Bouteflika dans la "réconciliation" entre Essbessi et Ghannouchi, la France comme environnement stratégique d'alliances, les relations des différents acteurs politiques tunisiens influents avec Washington : comment analysez-vous toutes ces ingérences politiques consenties dans la survie de la révolution tunisienne?
Le rôle de l'international est extrêmement pesant dans toutes les décisions prises sans que nous en ayons la moindre visibilité contribuant à créer une atmosphère complotiste où chaque évènement est sur- interprété à l'envie. Ce qui est sûr, c'est que la Tunisie est considérée comme le laboratoire de beaucoup trop de pays et d'intérêts pour que le peuple tunisien soit pleinement souverain de ses décisions...
Est-ce que une alliance Ennahda et Nidaa Tounes est envisageable?
Je n'y crois pas à court terme. Nidaa est trop affaibli, trop construit sur l'anti-Nahdha, et trop lié à l'ancien régime pour être un partenaire fiable. En revanche, il n'est pas exclu que certains éléments de Nida et de Nahdha tournent casaque et préfèrent une coalition gouvernementale islamo-destourienne à la troïka actuelle pour ceux de Nahdha, ou à la coalition avec la gauche pour ceux de Nida.


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