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Mais pourquoi décède-t-on toujours à...Paris?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 08 - 09 - 2014

La presse rapporte parfois la disparition d'une personnalité de la société civile à Paris, souvent « à la suite d'une longue maladie »; un entrefilet de quelques lignes relatant le parcours de cette dernière dans le monde politique, artistique, sportif ou culturel. En général, le lieu, où la mort surprend, laisse indifférent. Pourtant, un avis nécrologique récent, citant précisément un nouveau cas, a fait poser cette question d'apparence saugrenue à un commentateur anonyme: mais pourquoi décède-t-on toujours à ...Paris? Un ami me l'a rapportée, et suggérée comme sujet de réflexion.
Etablir un lien entre quelques décès fortuits et la fabuleuse capitale européenne m'a laissé, cependant, dubitatif, car, quand on évoque celle-ci, c'est pour s'en émerveiller, point pour rappeler qu'on peut y mourir aussi. Champs-Elysées, tour Eiffel, Montmartre, hôtels-palaces, musées et librairies, Moulin Rouge et théâtres, parfums et gastronomie, la liste de ses attraits, tous relatifs aux plaisirs de la vie, est infinie; à l'évidence, le cimetière du Père-Lachaise ne possède pas ces qualités pour y figurer.
C'est, certainement, ce qui explique pourquoi nombre de nos élus, pourtant grassement payés par l'Etat pour œuvrer à la réhabilitation de la destination Algérie, ont néanmoins choisi d'y posséder résidences, hôtels, restaurants, entreprises, et même... nationalité. Pas New-York, Londres, Hong-kong ou Tokyo, ni même Dubaï (et encore moins Alger), mais Paris: le nec plus ultra, ou rien d'autre! Et tant pis s'ils ne maîtrisent ni la langue de Molière, ni ne sont en mesure d'adopter les mœurs d'avant-garde de cette ville mythique. Feu Boudiaf, qui préconisait de mettre « le FLN au musée » pour en protéger l'essence originelle, devrait se sentir profondément meurtri dans sa tombe de savoir que le premier responsable de cet organe de libération nationale est fortement soupçonné d'en faire partie. Gageons qu'avec son franc-parler, El Watani aurait tout de suite conclu à une flagrante « trahison de la raison de Novembre, et de ses valeurs « ; forcé de quitter le pays, il avait préféré le Maroc, et ses pairs Ben Bella et Aït-Ahmed optèrent pour la Suisse : il faut croire que le matérialisme de nos gredins a fait fondre la noblesse de certains principes révolutionnaires comme neige au soleil. Que Paris demeure, d'abord, et avant tout, une ville de la France, c'est-à-dire de l'ex-colonisateur qui, pendant plus d'un siècle, massacra, enfuma, viola, pilla, tortura et guillotina, ne semble pas suffire à contrer l'envoûtement, que dis-je, la fascination, qu'elle exerce sur le subconscient de cette nouvelle caste d'immigrants accueillis à bras ouverts pour renflouer une économie gauloise en berne; le souvenir de nos « anciens » qui accostaient à Marseille à la recherche d'un travail, et viraient une partie de leurs maigres économies à leurs familles restées au bled, n'existe plus que dans les mémoires de quelques parents édentés. Alors, quand quelques « pieds-nickelés », politiciens illettrés des temps modernes, brandissent occasionnellement l'épouvantail de la repentance pour menacer ‘'leur pays de tutelle'', l'odeur du « nifaq » prend immédiatement au nez!
Il est, d'ailleurs, navrant, mais hautement symptômatique de cet engouement inconsidéré pour Paris, que, de tous les pays où il fait bon vivre, dont certains sont même francophiles (pour ceux qui se réfugient derrière l'alibi de la langue), Mohamed Moulessehoul, alias Yasmina Khadra, écrivain de renom, mais surtout ‘'cadet de la Révolution'' et ex-officier supérieur de l'ANP, ait décidé, lui aussi, de sacrifier à ce must. Bien entendu, nous ne lui dénigrons pas son droit de s'y établir ; cependant, nous sommes tellement déçus qu'il n'ait pas associé, à sa célébrité, la fierté légendaire d'un Larbi BenM'hidi qui perturba son tortionnaire de ses convictions. Profitant de la crise économique ibérienne, beaucoup de nos compatriotes se sont installés en Espagne en famille, et ne s'en portent pas plus mal, leurs enfants déjà scolarisés.
Passons, car, et c'est là que la proposition de mon ami commença à me titiller l'esprit, la capitale française ne se réduit pas seulement à ses atouts touristiques; ses hôpitaux de renom lui confèrent, en effet, une autre dimension d'importance, à laquelle nos élus semblent extrêmement sensibles. Pour mémoire, rappelons que A.Bouteflika avait privilégié le Val de Grâce (établissement militaire de surcroît), par rapport à Aïn-Naadja (au statut identique), pour le traitement de son désormais célèbre AVC (en comparaison, Boumediène avait tout de même eu la pudeur de se rendre à Moscou): toute la symbolique liée à la souveraineté nationale, et contenue dans cette décision (humiliante pour quelqu'un qui se réclama toujours de la flamme anticolonialiste), sera davantage piétinée avec la convalescence qui s'ensuivit aux Invalides (une autre structure réservée aux militaires français). « Mon Dieu, et si notre Président a la mauvaise inspiration d'y trépasser? », me suis-je dit à l'époque, le corps humide d'une sueur soudaine, car je craignais des titres de presse dévastateurs, qui auraient achevé de ternir l'image du pays, genre: le Président qui refusa toujours de s'adresser aux journalistes et députés locaux, a refusé de mourir là où il projeta la 3ème plus grande mosquée du monde, et préféré rendre l'âme parmi les impies qu'il combattit! Bigre, il s'en est fallu de peu, mais gare à la récidive!
Tout d'un coup, la pensée que nos ‘'grands'' puissent délibérément souhaiter une mort en cet endroit particulier du monde, idée incongrue au départ, et fâcheuse à bien des égards, prit consistance, et me sembla alors mériter d'être davantage explorée.
N'oublions pas qu'habiter Paris, et s'y faire soigner, sont déjà deux réalités que notre réflexion nous a amenés à admettre; mais, à la limite, où est le mal, si on a décidé de faire fi de considérations historiques contraignantes, d'ignorer Marine Le Pen et les 28% d'adeptes de son idéologie, et peut-être même de renier la société d'où l'on vient (soyons fair-play tout de même, et reconnaissons qu'il est assurément plus commode, et plus discret surtout, d'être transporté vers une clinique à partir du XVIème arrondissement qu'à partir de l'aéroport d'Alger où les témoins seraient plus nombreux, la gêne plus grande, et les conséquences de la rumeur plus nuisibles à l'image de marque).
Le souvenir du regretté chanteur Hachemi Guerrouabi, préférant rentrer dans la précipitation à Alger, plutôt que de rendre son souffle ultime loin des siens et des lieux qu'il loua de ses vers, vint me contredire dans mes supputations inconvenantes; peut-être, ai-je pensé, se souvint-il à temps de son compatriote, feu Abderrahmane El Harrachi, lui-même chanteur ayant vécu un temps en France, qui avertissait déjà, dans son célèbre « ya rayah ouine msafer... », que vient toujours le moment du retour vers la terre natale. Un réflexe qui, par son côté ringard, fait évidemment sourire aujourd'hui les harraga dans leur traversée en direction de Lampedduza. On ignore si l'état physique de Nora (qui chanta « Paris dans mon sac ») empêcha celle-ci d'imiter les deux maîtres du chaâbi; on ne sait pas, non plus, si la douleur de l'exil fut l'argument déterminant qui poussa Mohamed Dib à choisir de s'éteindre dans la ville où il vécut son aura. Mais la mort ne consulte pas, nous enseigne la religion.
Pourquoi, alors, justement à cause du désir humain de prétendre à vivre dans le bien-être, et à se faire plutôt soigner à Paris qu'au centre hospitalo-universitaire Mustapha Bacha, ne pas poursuivre dans la foulée, et subodorer (la logique nous y convie, et donne à notre question décidément plus de pertinence), comme une morbide envie chez certains que la mort les saisisse de préférence là-bas, plutôt qu'ici parmi leurs coreligionnaires? L'option d'un retour au pays dans un cercueil scellé donnant probablement plus de solennité au convoi mortuaire qu'un brancard ramené de la mosquée (et ayant déjà servi à transporter des gueux méprisables). Partir sans demander pardon, l'ultime quenelle en direction de ceux qui demanderaient des comptes ici-bas. On est presque tenté de penser qu'un trépas à Paris serait, dans l'esprit de ces derniers, l'apothéose qui attesterait de leur réussite, qui achèverait de prouver qu'ils sont différents de nous autres nationaux, mais, plus que tout, enterrerait toute velléité de poursuites judiciaires posthumes pour délit de détournement de l'argent public. Et le tour est joué! Astucieux pour éviter des tracas à leurs descendants, non?
La peur de lendemains incertains, quand on n'a pas la conscience tranquille, donnerait peut-être un sens au choix éhonté de mourir à Paris, quand la souche française ne peut être invoquée, ni aucun lien avec la culture ou la religion de ce pays prétexté. Surprenante par sa singularité, la possibilité d'une telle mentalité instille, malgré tout, le doute et l'incompréhension, le goût amer de la perplexité, mais aussi la colère; en réalité, elle contient, en filigrane, une dose d'ironie populaire, acide comme un rire jaune de hittiste. Elle expose un drame, mais le tourne en dérision pour mieux en faire connaître la nature tragique. Voilà un pays, le nôtre, qui se vide de son âme, tel un bateau en naufrage; ressources financières, pétrole et gaz, forces vives, écrivains, chanteurs, jusqu'au rire que Fellag emporta avec lui comme un bien à sauvegarder (tel Noé fourrant ses bêtes dans l'Arche) pour une restitution éventuelle aux rescapés de cette razzia ; jusqu' à la vie que des femmes, prétextant d'une visite familiale, vont donner en allant accoucher là-bas : tout « fout le camp » à Paris. Pire, n'a-t-il pas été dit que notre Président, aurait signé, lors de son séjour médical, des documents officiels avec des instruments de souveraineté qui, selon un professeur de droit consulté sur le sujet, ne doivent en aucun cas sortir du territoire national! Un transfert phénoménal d'Etat à Etat qui englobe pratiquement tous les indices de référence d'une nation digne de ce nom. Et, puisque même l'ange de la mort semble sollicité pour accomplir sa besogne là-bas, on peut désespérer que, bientôt, il ne restera ici que les retraités aux faibles pensions, les femmes, les enfants, et les handicapés mentaux!
Le raisonnement paraît absurde. En langage populaire, il s'appuie pourtant sur deux constats indiscutables: on a sciemment transformé les hôpitaux en mouroirs, et les cimetières sont saturés. En termes philosophiques, il fait remonter à la surface de la mémoire une Histoire où les vagues incessantes de pillards n'ont enfanté que de rares bâtisseurs ; il convoque, en tous les cas, Freud et la psychanalyse de l'aliénation, impose Malek Bennabi et son implacable principe de la colonisabilité. Il y a quelques jours, Internet rapportait que Saïd Bouteflika aurait racheté une propriété de Omar Bongo pour la modeste somme de 135 millions d'euros : où? Mais à Paris, voyons!
Bacha Ahmed


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