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A propos de l'histoire, ou la notoriété pour se consoler de la médiocrité
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 29 - 03 - 2015


Professeur, King Saud University
L'histoire est une compilation de témoignages humains, occasionnellement corroborés par des traces et empreintes physiques, et que des générations d'historiens revisitent et tentent rétrospectivement de recouper, discerner, pondérer, et nuancer, afin de reconstituer un tableau plus virtuel que les récits individuels, mais sans doute plus plausible et plus vraisemblable. Les incertitudes ne se limitent pas aux compléments anticipatifs analytiques censés recouvrir les différentes zones d'ombre, mais concernent davantage les témoignages eux-mêmes.
La probité, le jugement, et discernement humains jouent un rôle déterminant et délicat, aussi bien dans la mémorisation des évènements inéluctablement affectée par la hiérarchisation spécifique des différents témoins dont certains égos incommodes ou rôles peu glorieux peuvent pousser jusqu'à taire, déformer ou falsifier des faits, que dans l'anticipation et l'interpolation sociologiques visant à lever les indéterminations et combler les chainons manquants.
L'histoire des évolutions sociales et progrès technoscientifiques n'est pas très controversée, mis à part d'insignifiants caprices d'égos attribuant telle découverte ou percée à une civilisation plutôt qu'à une autre. Les grands mystères de l'histoire se trouvent plutôt dans les sphères politiques, notamment pendant les crises, guerres et conflits armés.
La sélectivité de la pratique politique, notamment dans les régimes totalitaires et démocraties de façade, a trop souvent fini par éloigner la vertu pour ne retenir que des personnes démesurément ambitieuses avec peu de scrupules, et pour lesquelles seul l'échec individuel est honteux. En dépit de la droiture de certaines exceptions œuvrant noblement dans l'ombre, beaucoup de faces cachées du monde politique sont consternantes, et les historiens feraient peut-être mieux de ne pas en ôter le couvercle, pour le bien de tous.
Durant les guerres et conflits armés, découlant souvent d'absurdités politiques, à la cruauté des puissants agresseurs, s'oppose une résistance moins dotée où se mêlent la bravoure, lâcheté et trahison ; et beaucoup d'énigmes sont enterrées avec les morts. Ce serait toutefois commettre une cruelle injustice rétrospective envers l'histoire et ses acteurs, de ne pas reconnaitre à la bravoure des moments de faiblesse et accès de peur, aux poltrons des instants d'héroïsme, et à la lâcheté des sursauts d'honneur. Il serait tout aussi ingrat de ne pas saluer l'humanisme et bravoure de ceux qui s'opposent à la terreur expansionniste de leur nation, parfois au prix de leur vie.
Même peu controversée, voire consensuelle, l'histoire demeure toujours incomplète et soumise aux aléas des différentes formes de faiblesses et défaillances humaines, inhérentes et incontournables même chez les personnes vertueuses animées que de bonnes intentions.
Un corollaire évident et immédiat recommanderait alors de ne s'attarder que sur l'essentiel et de n'accorder que très peu d'importance aux petits détails, aussi infimes qu'empreints de doutes ; mais force est de constater que ce sont les bagatelles superflues qui reçoivent souvent toute l'attention et causent tant de déroutes.
Naufrages des détails
« Dans le savoir, l'inutile fait souvent oublier le nécessaire« , Joseph Joubert.
Les évènements importants découlent toujours d'enchaînements de détails infimes, tout comme une intégrale mathématique résulte de la sommation de plusieurs infiniment petits. Intrinsèquement les détails ne sont pas tous insignifiants, et certains sont d'une importance capitale et constituent de véritables tournants de l'histoire. Mais même dans ces cas, les minuties du mécanisme décisionnel demeurent secondaires, et il est auxiliaire de savoir si une guerre déclenchée par un tyran est motivée par des visées expansionnistes, une folie des grandeurs, un cocktail de complexes personnels, ou bien sous les pressions des chefs militaires ou de l'entourage privé.
« Le diable se cache dans les détails« . Ce proverbe, d'origine suisse pour certains et que d'autres attribuent à Nietzsche, a fini par être détourné de sa signification originale. Cette sagesse est désormais pompeusement avancée par les pseudo-perfectionnistes pour prouver l'importance de certains détails pertinents, échappant aux autres, et foncer tout droit vers Satan. Ce dernier semble ainsi être entré de plein pied dans l'ère de l'économie énergétique, se contentant juste de se planquer dans la baraque des détails. Pourtant l'instinct primitif dicte que si le diable se trouve dans les détails, il serait tout simplement diabolique de s'en approcher.
La chasse aux détails est une voie classique d'égarement, et la focalisation sur le superflu finit toujours contreproductive par brouiller les priorités et éclipser l'essentiel ; les détails infimes ne servant souvent que de prétexte aux complications et querelles inutiles.
La leçon principale de l'histoire c'est de se concentrer et ne retenir que l'essentiel et de le méditer profondément. On peut tirer suffisamment de jus d'un citron coupé en deux, plutôt que de le disséquer en plusieurs morceaux éparpillés qu'on finit ensuite par jeter. L'histoire, ce sont des leçons à méditer sagement et lucidement, et non des détails à apprendre et débiter fièrement en bourgeois gentilhomme dans des salons mondains.
Dossiers non classés de l'histoire écrite par les puissants
Les puissants et les tyrans arrivent toujours à museler la mémoire officielle et soumettre l'écriture de l'histoire à leur bon gré, glorifiant et perpétuant leur impunité. Seuls les poètes et autres rêveurs croient en une postérité justicière. Que de despotes et criminels sont vénérablement morts de vieillesse en toute impunité ! Et certains continuent encore d'être célébrés. Et que de victimes sont disparues incognito dans l'anonymat total !
Malheur aux opprimés et oppresseurs qui ne croient pas en une justice divine ultérieure !
Bien sûr, l'humanité s'est occasionnellement réjouie et soulagée de la mort conjoncturelle méritée de certains tyrans. Et malheur dans ce cas aux humains épris de justice qui, frustrés de ne pouvoir exprimer leur gratitude à qui que ce soit, se contentent de remercier le hasard !
Il ne faut surtout pas imaginer le monde divisé en deux catégories, les oppresseurs diaboliques et leurs victimes angéliques. En période de recul des valeurs, la déchéance et l'injustice font ravage parmi les opprimés, et une partie, la plus vulnérable sur le double plan intellectuel et moral, n'attend qu'un signal pour se métamorphoser en sous-dictateurs acharnés, considérant génialement leur entrisme exceptionnellement salvateur pour la nation, comme hypothèse de départ et d'arrivée.
Il n'y a décidément que le remède des privilèges de la notoriété, fut-elle déshonorante, pour soulager certaines stupidités chroniques !
Les cas d'impunité collective et de délits continus en masse, telles les nombreuses disparitions forcées lors des guerres civiles, constituent des forfaits non-classés prolongés qui, en empêchant indéfiniment les proches de faire le deuil, réfutent jusqu'au statut humain des disparus.
Le subterfuge du gain de temps suffisant permettant de perpétuer l'impunité, sous prétexte de ne pas raviver les blessures, peut à l'usure porter ses fruits ici-bas, mais non sans laisser des séquelles sociales. On peut arracher des aveux de force, mais le pardon authentique ne s'obtient que dans l'apaisement d'une réconciliation. Il est aussi indigne de pardonner en position de faiblesse que de se venger en position de force.
A l'issue de certaines crises aigues, l'amnistie générale peut indéniablement s'avérer salvatrice comme solution à moindre coût, n'en déplaise aux irréductibles revanchards de tous bords, et aux bailleurs des crises et autres charognards se nourrissant des flots de sang et de larmes ; mais l'immunité institutionnelle sélective et l'étouffement de la vérité entrainent des préjudices sociaux profonds et écartent toute possibilité de retrouver les valeurs perdues. Une nation qui s'incline face à l'impunité lègue aux générations futures un avenir incertain plein d'injustice et d'immoralité.
Le Livre d'Histoire
Un livre d'histoire authentique basé sur les témoignages humains est donc une aberration utopique. Une histoire irréfutable ne peut être que de source divine. Pour ceux qui y croient. Et encore faut-il qu'elle échappe à l'intervention humaine ! Si plusieurs révélations divines sont disponibles, les anciennes versions intermédiaires, devant forcément être de portée limitée, pourraient ne pas bénéficier de la protection divine. Et ce serait même une bénédiction salvatrice logique, afin d'éviter tout amalgame autour de la religion finale universelle. La préservation du Coran, dernière révélation, est une volonté divine clairement exprimée dans un verset, et le mérite humain n'est qu'exécutif utilitaire ; la Sunna du Prophète (Prière et Salut sur Lui) n'ayant d'ailleurs pas pu atteindre le même degré d'authenticité. La bénédiction divine, insuffisamment appréciée par les humains, couvre dans ce cas la non-protection des révélations temporaires, l'attestation franche de la préservation du Livre Saint, et l'obstruction contre toute arrogance humaine pouvant équivoquement prétendre la même préservation divine pour d'autres écritures.
A cet effet, tous ces malheureux intellectuels musulmans qui se croient subitement illuminés et capables de revisiter Le Livre Saint afin de déceler des omissions ou d'offrir un nouvel agencement des Sourate, ne font que reproduire et plagier involontairement les premiers balbutiements d'une ancienne école de l'errance, « La Zandaka ».
Méditation positive ou usure négative
Et quelle histoire nous enseigne Le Coran ? Que de récits répétés sur des nations précédentes et des civilisations disparues ! Avec très peu de détails ! Une majorité de prophètes est passée sous silence et seuls quelques uns sont évoqués. On n'apprend en outre rien sur la première langue utilisée par Adam et Eve, ni celles d'autres grandes nations. Ne s'agit-il pas ici d'une indication claire quant à la pondération prioritaire à accorder à la ressuscitation des langues et cultures disparues ?
Le mot d'ordre est la méditation du sort final de toutes ces nations. Telle est la leçon principale de l'histoire, la mort inévitable, des puissants et faibles, riches et pauvres, bons et méchants, que leur parcours historique soit connu ou ignoré, glorifié ou dénigré, rétabli ou falsifié. La contemplation ne se limite pas à l'histoire mais concerne aussi la géographie de la planète et de l'univers ainsi que tous les miracles de la création.
La méditation proposée par le Coran facilite la traversée des dures épreuves ainsi que les périodes euphoriques. Non appréhendée et méditée sagement, une épreuve difficile peut à la longue finir par causer des dégâts intellectuels et faire perdre petit à petit les défenses du croyant. Une certaine intelligentsia tient pour de la sagesse l'usure et l'érosion de la lucidité, clairvoyance, et facultés d'endurance. C'est le cas de plusieurs brillants intellectuels musulmans, qui, à la fois louablement impatients de faire sortir leurs sociétés des crises persistantes, et tout en subissant l'ascendant de la civilisation occidentale, finissent par tomber sous le charme de la laïcité, étrangement sans la nommer parfois, et lui trouver des vertus. Ils s'embarquent ensuite dans une pitoyable construction du plaidoyer, untel découvrant que certains termes (politique, démocratie,..) ne sont pas mentionnés dans le Coran, d'autres se livrant à d'éprouvants exercices de distorsion pour trouver de nouvelles interprétations aux « versets politiques prescriptifs »(1).
La laïcité a été adoptée comme compromis et refuge par des intellectuels chrétiens se retrouvant sans religion fiable avec une église répressive et scientifiquement discréditée, et vise surtout à préserver le Christianisme désormais menacé. Et si elle arrive en plus à piéger des musulmans, c'est de bonne guerre, puisque l'Islam, en dépit des crises de ses disciples, n'arrête pas d'attirer à son tour des intellectuels occidentaux qui, faut-il le rappeler, ne ramènent jamais la laïcité dans leurs bagages.
A force d'admirer et désirer ce que l'on n'a pas, on finit stupidement par mépriser et gâcher ce que l'on possède, fut-il plus précieux.
La politique est un passage obligatoire pour toute doctrine, morale, ou immoralité, aspirant à changer une société. La tribu de Kuraich n'a jamais osé défier cette trivialité. De peur de paraitre démodées et poussiéreuses aux yeux du modernisme auto-infligé, certaines élites osent prendre alors le risque de paraitre grotesques et ridicules aux yeux de leur propre société.
Leçons soutenues et rabâchées, mais examen sans rattrapage
Certains récits importants sont répétés maintes fois, telle la période pharaonique et le prophète Moise (Salut sur Lui). Les oppresseurs ont certes vécu et sévi longtemps, mais ils sont et resteront morts plus longtemps encore. Et tel est le sort de tous les mortels. Et ensuite alors, tout serait-il plié et enterré à jamais ? Que non ! En fin de compte, rien ne s'oublie avec le temps ! Qu'ils soient réglés, réfutés, étouffés, refoulés, ou en instance, les conflits humains ne sont jamais définitivement classés ; et ne connaissent l'épilogue que devant le Créateur, dont les arrêts et jugements sont sans appel.
Le Coran évoque la fin des tyrans, croyants et non-croyants, mais surtout le devenir des uns et des autres dans la vie ultérieure, et invite à la contemplation et recueillement comme guides et éclaireurs dans la vie ici-bas.
Arrivera bien ce Jour de la postérité ultime et de l'intemporel, paraissant si lointain(2), où chacun aura suffisamment de temps pour découvrir et lire son propre livre d'histoire(3) jusqu'aux menus détails atomiques(4). Et curieusement alors, en dépit de toute l'éternité dont il disposera, l'être humain sera si préoccupé par son propre sort qu'il n'accordera aucune curiosité à ceux de ses semblables. Tel sera l'héritage asymptotique final auquel aboutira logiquement l'itinéraire de chaque histoire.
Renvois sélectifs :


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