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Ghardaïa : guerre ethnique ou religieuse ?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 12 - 07 - 2015


Professeur, Université de Msila
La population de Ghardaïa, toutes « ethnies » confondues-ibadites et Chaâmbis confondus-, souffre depuis de longues années de violences quasi quotidiennes et met les nerfs des forces de sécurité nationales dépêchées sur les lieux ( police, gendarmerie, armée...) à rudes épreuves. Tandis que les populations du nord comme celles du sud, de l'est et de l'ouest du pays, suivent avec une grande inquiétude doublée d'angoisse et d'appréhension quant à l'avenir du pays et au maintien de la cohésion nationale, certaines puissances étrangères observent avec réjouissance le spectacle attristant offert par cette lutte fratricide dont Ghardaïa en est désormais le théâtre, et attendent le moment propice pour s'y engouffrer dans la première brèche ouverte dans l'édifice local...
Qui est derrière les évènements dramatiques de Ghardaïa ?
Qui est derrière ces luttes fratricides ? Qui a intérêt à les susciter en y attisant le Feu de la haine et de la passion entre deux communautés issues historiquement de la même nation ? Peut-on en imputer la responsabilité à un seul facteur ou à quelques facteurs déterminés ? A toutes ces questions, la réponse ne saurait être tranchée, mais sans nous interdire pour autant de supposer que les boutes-feu, les forces occultes qui travaillent au déchirement du tissu social local, de manière à le détacher de l'Etat-nation pour mieux l'affaiblir, sont multiples et relèvent à la fois du « national » et de l' « étranger ». S'agissant du premier cas de figure, il est permis de dire qu' il en est des « nationaux » aux couleurs politiques et religieux fort bariolées, allant des salafistes, en passant par des extrémistes berbérophones, des partis politiques soit disant démocratiques, des notables locaux en peine de reconnaissance ou de représentation politique légitime, jusqu'à des caciques du pouvoir, qui cherchent tous, chacun selon des objectifs bien déterminés, à souffler sur la braise et à entretenir la flamme de la haine et des rancœurs ancestrales, d'ordre religieux ou ethniques, entre les différents segments de la population, tant locale que nationale.
Ghardaïa, les puissances étrangères et la propagande anti-chiite
Pour le second cas de figure, l'étranger, il va de soi qu'il existe des puissances étrangères, à commencer par certains pays « frères », comme l'Arabie Saoudite qui nourrit une haine inexpiable envers la Chiâa en qui elle voit le Diable en puissance, et qui ont intérêt à exploiter les « différences » locales pour faire triompher leurs idéaux politiques en s'imposant comme l'arbitre entre des adversaires locaux que l'Etat algérien n'a pas réussi à maîtriser ou à réconcilier ! Dans les propos enflammés de certains de nos salafistes, tant à Ghardaïa qu'Alger ou ailleurs, propos qui sont autant d'appels au crime et à la Fitna, on reconnaît facilement le discours wahabite et les ennemis qu'il cible : le chiisme dont les Ibadites en sont une des fractions. Qu'on lise ce qui suit pour mesurer l'ampleur et l'impact du discours wahabite importé sur les cervelles juvéniles ou ignorantes de certaines fractions de notre population : « Les Ibadites, a-t-on écrit dans les pages des réseaux sociaux et répété sur les ondes, ne sont pas des Berbères algériens. Ce sont des Iraniens manipulés ». Et les notables ibadites ? Ils « appellent à tuer tout ce qui est sunnite et arabe ». Par ailleurs, « Les mozabites ont des rites criminels et veulent exterminer les arabes sunnites... » Ces discours qui sont une incitation flagrante à la haine et à la Fitna, choses que réprouve pourtant la sainte religion musulmane, se banalisent en Algérie grâce au relais wahabite dans le pays et dont les pseudo salafistes sont les portes- voix intéressés. « Cette propagande salafiste ne cesse de prendre de l'ampleur depuis le début des malheureux affrontements à Ghardaïa, sans que nos services de sécurité ne daignent intervenir pour y mettre fin.[1] » L'Arabie Saoudite n'est pas la seule puissance à s'immiscer dans nos affaires internes par le biais de ses valets et propagandistes salafistes et apparentés envers lesquels elle fait preuve d'une générosité financière sans limites, attendu qu'ils propagent ses politico-religieux.
Les nostalgiques de l'Algérie française
D'autres puissances, comme la France, s'ingèrent également par alliés locaux interposés dans les affaires de l'Algérie dont la perte n'est pas encore digérée par beaucoup de nostalgique de « l'Algérie française ». Comme l'écrit à juste titre Abderrahmane Hadj Nacer : « la France qui n'a jamais supporté de n'avoir pas récupéré son « Sahara ». Et ici localement, enchaîne-t-il, on peut considérer que le M'zab est la meilleure région pour une mise en scène entre Daech d'un côté et des « Khawaridj » de l'autre. » Mais il faut ajouter aussi qu'un pays comme l'Arabie Saoudite qui passe pour être non seulement le plus gros exportateur du pétrole du monde, mais aussi le plus grand propagateur d'archaïsme, d'islam obscurantiste, et de salafisme, version wahabite, en direction des quatre coins du Globe, a fait de la lutte contre le chiisme la priorité de sa politique extérieure et apporte de ce fait un appui et une caution religieuse et morale puissante à l'impérialisme américain et à ses alliés stratégiques que sont justement les sionistes de Tel Aviv. Hadj Nacer écrit encore : « Je considère que les Israéliens, les Français, les Américains et les Saoudiens ont tous des légitimités à intervenir en Algérie parce qu'ils ont des intérêts. Cela ne veut pas dire que je leur reconnais le droit ! Le problème se pose en ce qui concerne nos services de sécurité. Ces services sont par définition là pour anticiper ce qui risque d'arriver à l'intérieur ou à l'extérieur d'un pays pour qu'on puisse intervenir à temps. Si nous ne sommes pas intervenus à temps, c'est que quelque part il y a des intervenants qui ont un agenda antipatriotique. Je ne sais pas lesquels. »[2] Justement, la question qui se pose, mais qui demeure néanmoins sans réponse, est celle de savoir pourquoi nos services de sécurité, notamment les services secrets de l'armée ( SM, puis DRS..) qui se sont taillés naguère, et de nos jours encore, une réputation mondiale d'efficacité, de prévoyance et d'anticipation des évènements mondiaux, n'ont pas pu ou voulu ni intercepter à temps les menées séditieuses conduites par les auteurs de « cet agenda antipatriotique » à Ghardaïa, ni mettre fin aux agissements dangereux des auteurs de ces effusions de sang ? Nos services de sécurité ont-ils les coudées franches pour mettre une sourdine définitive à ces troubles fomentés par des agents occultes, internes et externes, ou ont-ils les mains garrottées par les responsables politiques pour des motifs dont on ignore les raisons profondes ?
Les complicités et les non- dits entre certaines puissances étrangères et une fraction des salafistes algériens
Il ne fait guère de doute qu'entre certaines puissances étrangères et nos salafistes, il existe des affinités idéologiques, des complicités et des objectifs partagés. La haine commune éprouvée envers l'Iran chiite est la cause essentielle qui fait que des salafistes peuvent fermer les yeux et boucher les oreilles sur les crimes commis par Israël en Palestine, notamment à Gaza, en épousant les thèses anti -chiite de cet Etat terroriste. La haine partagée du chiisme relègue à l'arrière-plan la cause palestinienne et fait du salafisme dégradé et aliéné un allié naturel, mais déguisé sous le oripeaux de l'islam abstrait, de l'Etat sioniste et de l'Arabie wahabite, tous deux déclarés ennemis de Gaza traité de terroriste et de l'Iran chiite, qualifié de « kharijite », de sortant de la communauté musulmane. Qui dit Kharijite, dit selon les normes dominantes du sunnisme : « déviant » ou « déviance » par rapport aux partisans de la tradition sunnite. De là s'explique en effet la détestation que le sunnisme et ses dérivées corrompues incarnées par les différentes dénominations sectaires : néo-salafisme, takfirisme, frères musulmans, lesquels comprennent des versions diverses et contradictoires selon les pays et les traditions locales, vouent à l'islam chiite considéré comme une forme pervertie de l'islam d'origine. La propagande haineuse que mènent ces néo-fondamentalistes prétendument immaculés à l'encontre des ibadites n'est point étrangère à la conspiration internationale conduite par l'Arabie Saoudite, les Etats-Unis et Israël contre l'Iran accusé à la fois d'être « extrémiste » par les uns ( USA-Israël) et d'anti- arabe et d'anti musulman par les autres ( Arabie Saoudite, Emirats Arabes, Egypte...). Un Iran chiite doté en plus d'une « bombe atomique », voilà qui n'est pas de nature à rendre ce pays sympathique pour des pays qui veulent garder à tout prix le monopole de la puissance militaire !! Un hizb Allah chiite, bête noire de l'Etat sioniste, ne peut être en odeur de sainteté pour les régimes arabes limitrophes d'Israël incapables de lancer la moindre roquette en direction de cet Etat sans subir en retour une riposte foudroyante !!! L'organisation militaire de Hizb Allah et les dizaines de leçons politiques et militaires qu'il a administrées à cette entité sioniste dévoilent aux peuples de ces régimes couards, impuissants et corrompus, la nature foncièrement anti- nationale de leurs gouvernants et de leur armées dites à tort « nationales ».
Les auteurs des appels au meurtre des Ibadites sont des criminels et des irresponsables
Bref, les Saoudiens et leurs amis israéliens ont réussi à transporter leur haine du chiisme du Proche Orient pour le transplanter au cœur de Ghardaïa, et cette réussite, ils la doivent tant à leurs relais locaux-les néo-salafistes-, qu'au laxisme des autorités algériennes qui ne semblent pas, jusqu'à ce jour, avoir mesurer tous les dégâts causés au pays par cette intrusion étrangère dans nos affaires...Le fait que les Hauts parleurs répercutent depuis les Mosquées de La Mecque et de manière quasi régulière des appels de haine contre les Ibadites, l'on doit s'attendre à ce que ces mêmes appels parviennent aux oreilles des Ghardaouis par le biais des prédicateurs stipendiés. Des observateurs relèvent comment les fausses rumeurs se propagent comme une traînée de poudre dans la ville de Ghardaïa et désignent comme boucs émissaires des Mozabites qui se prépareraient à descendre dans les quartiers arabes pour « violer » leurs femmes, rumeur répandue à la suite de l'assassinat de trois jeunes arabes...il y a quelques jours.
Cette propagande qui attise le feu de la haine et de la passion entre les deux communautés doit être dénoncée, combattue et stigmatisée par tous ceux qui sont attachés à la paix, à la stabilité du pays et au vivre ensemble, en harmonie. Pour faire un sort à ces dérives dangereuses, il faut que cesse aussi ce laxisme gouvernemental qui consiste à lâcher les brides aux extrémistes de tous bords, comme doit cesser cette tolérance accordée aux relais étrangers de mener leur propagande pernicieuse au sein de la population. En effet, ce laxisme, qui s'apparente par ailleurs, à de l'inconscience se reflète de manière flagrante à travers l'autorisation implicite ou explicite accordée à certains « repentis » de s'installer à Ghardaïa « avec énormément de moyens.. » Et les quartiers qu'ils ont investis : « abritent deux mosquées takfiristes qui appellent ouvertement au meurtre sans être pour autant inquiétés. Les Ghardaouis ont besoin de croire en leurs dirigeants et cela passe par la ré-légitimation du pouvoir et la reconstruction de l'Etat. »[3] Or, la reconstruction de l'Etat sur des bases juridiques durables doit être la tâche essentielle, prioritaire, de tous ceux qui placent les intérêts de la nation au-dessus de leurs intérêts propres, mesquins et étroits. Seul un Etat fort, au sens du droit, pourra inspirer crainte et ordre à tout et un chacun ; il doit imposer et en imposer, sans quoi il ne saurait y avoir ni justice ni sécurité pour tous. La sécurité des citoyens et leur bonheur ne peuvent être assurés de manière durable sans Etat fondé sur la force de la loi...
[1] Lire http://www.algerie-focus.com/blog/2015/07/video-violences-a-ghardaiala-dangereuse-propagande-salafiste/
[3] Hadj Nacer, op. cit.


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