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L'Etat-DRS dénoncé sur les médias qui dépendaient étroitement du Centre de Communication de la Défense: cela suffira-t-il à faire prévaloir la vérité historique sur les vérités politiques?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 22 - 01 - 2016

Après le limogeage du général Toufik, le 13 septembre 2015, et la condamnation de ses principaux lieutenants, qui furent commentées plutôt sobrement, voici qu'arrive l'heure des explications circonstanciées et des révélations dérangeantes sur les pratiques de l'ancien Etat-DRS. Et ce sont les télévisions qui dépendaient étroitement du CCD qui facilitent la diffusion de s ces explications. C'est ainsi que la chaîne privée du Khabar a diffusé près de deux heures d'entretiens avec l'ancien colonel Mohamed-Tahar Abdesselem. Cet officier était chargé des relations avec les réfugiés politiques accueillis en Algérie. Il suivait aussi la situation complexe du Moyen-Orient, ce qui en a fait un très bon connaisseur du Liban, et un ami d'Arafat. Il a fini conseiller du général Fodil Saïdi qui était chargé des opértions extérieures du DRS jusqu'à sa mort mystérieuse en 1996 sur une route rectiligne et sèche près de Ouargla. On a supposé qu'il s'agissait d'un assassinat déguisé en accident de la circulation...
Le colonel Mohamed-Tahar dit avoir entendu , avant les élections législatives de décembre 1991, un officier supérieur du DRS éradicateur déclarer: « On peut aller jusqu'à accepter l'arrivée au pouvoir de Ben Bella si les électeurs le choisissent. Mais nous n'accepterons jamais que le FIS gouverne, même s'il sort vainqueur des élections ! » Ce qui montre que la décision d'interrompre le processus démocratique était mise à l'étude dès la constitution du groupe d'officiers qui finira par s'emparer de tous les leviers du pouvoir. Visiblement au courant de ces préparatifs secrets , Abdesselem mit en garde Abassi Madani, quand ce dernier lui disait que si le pouvoir avait été pour lui une fin en soi, il saurait investi le palais de la présidence à la tête de 2 millions de manifestants qu'il était alors en mesure de rameuter : « Cela ne servirait à rien, car le pouvoir réel est déjà ailleurs... », révéla le colonel Mohamed-Tahar en se pensant sans doute aux grignoatages progressifs des prérogatives de Chadli par les futurs pustchistes, avec la complicité de Larbi Belkheir.
Mohamed-Tahar Abdesselem raconte comment il s'est trouvé mis à la retraite d'office, en 1992, avec une dizaine de ses collègues, tous issus, comme lui, de l'ALN. La direction du DRS voulait éloigner les anciens de l'ALN qui n'auraient pas été favorables à toutes les formes de coopération sécuritaire avec la France. Bernard Kouchner raisonnera de la même manière quand il fera de la disparition des anciens de l'ALN la principale condition de l'amélioration des relations de la France avec l'Algérie.
Le général Toufik reprochait aussi à ce colonel ses relations avec l'ancien président Ahmed Ben Bella et, surtout, avec Abassi Madani. Le chef du FIS avait été son codétenu dans les prisons françaises pendant la guerre de libération. Après son retour en Algérie , le parti de Ben Bella était affaibli par de sérieuses dissensions. Mais l'ancien président Ben Bella était encore craint à cause de ses relations dans le monde arabe et en Europe .
Malgré sa mise à la retraite, Abdesselem était sollicité pour intervenir en faveur des premières victimes des singulières mesures prises après le 11 janvier 1992. C'est ainsi que le doyen des opposants marocains était venu le voir quand les nouveaux maîtres du pays lui notifièrent l'ordre de quitter sa villa du quartier du Golf, sur les hauteurs d'Alger. Informé de la décision, Hassan II permit à son opposant de rentrer au Maroc, histoire de montrer sa mansuétude et son esprit de conciliation, au moment où les Algériens s'entretuaient. Les généraux refusèrent qu'El Basri rentre au Maroc par la frontière terrestre et l'obligèrent à passer par Paris. Ils s'empressèrent alors d'attribuer la villa au...général Touati.
Abdesselem a pu se rendre plus utile quand Le cheikh Rached Gannouchi s'est trouvé menacé d'expulsion en Tunisie. Le gouvernement Ghozali voulait accéder aux demandes d'extradition réitérées par le général Benali. Le colonel se rendit à Lausanne pour informer Ben Bella. L'ancien président prit son téléphone et appela Ghozali : « Vous avez rabaissé l'Algérie jusqu'à obéir à un petit flic comme Benali. Je vous dénoncerai en Suisse et dans d'autres pays européens, si vous extradez Ghannouchi... »
Ben Bella pensait aux précédents d'Ahmed Bensalah et de Mohamed M'zali qui furent bien accueillis en Algérie après leur évasion de Tunisie. Ghannouchi n'a pas été livré à Benali, mais a dû quitter l'Algérie pour l'Angleterre.
Les généraux « janviéristes » convoitèrent aussi la villa du général égyptien Saadeddine Chazli, le héros de la guerre d'octobre 1973 à qui l'Algérie avait accordé l'asile après son conflit avec Sadate. Cette somptueuse villa se trouvait en face de l'ambassade américaine dans le quartier chic de Poirson, à El Biar. Chazli s'est vu proposer de la quitter en échange de deux résidences au Club des Pins. On lui a fait croire que la villa allait être attribuée au président Zéroual. « Je ne suis pas venu en Algérie pour me baigner », ironisa-t-il avant de rentrer en Egypte avec l'autorisation de Hosni Moubarak.
servaient donc aux putschistes de 1992 à dissimuler de prosaïques calculs tendant à faire mettre au coeur de leurs objectifs stratégiques des intérêts...immobiliers. En dépit des discours des éradicateurs sur « la sauvegarde de la République », et le sauvetage des libertés de la femme algérienne, on savait qu'ils n'étaient pas idéologues pour un sou. Mais de là à mettre de prosaïques intérêts immobiliers au coeur de leur stratégie….
Le colonel Abdesselem révèle aussi que la déposition du président Chadli avait été programmée, pratiquement à partir d'octobre 1988. Ces troubles manipulés coûtèrent son poste au général Lakehal Ayat, un officier venu de l'Infanterie, et dont la nomination à la tête de la Sécurité Militaire avait déplus aux spécialistes du renseignement. Le service a été scindé en deux : la DCSA (Direction Centrale de la sécurité de l'Armée) et la DGPS (Direction Générale de la Protection et de la Sécurité). Le commandement de cette dernière direction a été confié au général Betchin qui était considéré comme le dauphin de Lakehal Ayat. Mais Betchin devait être contraint à la démission quand le général Larbi Belkheir, alors chef de cabinet à la Présidence, voulut rattacher son service au chef d'Etat-Major, le général Nezzar à qui il refusait d'obéir. Quand , après la première victoire spectaculaire du FIS aux municipales de juin 1990 , Nezzar a pu se faire nommer ministre de la Défense, le colonel Toufik, qui était chargé du renseignement à la Présidence, a été promu à la tête du DRS, Département du Renseignement et de la Sécurité, supervisant tous les services. Une des premières décisions de Toufik à la tête du DRS fut la réintégration, à la demande de Larbi Belkheir, du lieutenant-colonel Smaïn Lamari qui avait été limogé par Betchin et que l'on soupçonne d'avoir fait partie du groupe qui avait manipulé les manifestations d'octobre 1988 pour venger sa mise à l'écart avec une quarantaine d'autres officiers de renseignement.
C'est ainsi que fut constitué, après l'attribution du grade de général à Toufik et à Smaïn, le « quarteron de généraux » qui, craignant d'être mis à la retraite par un FIS triomphant, décidèrent l'opération du 11 janvier 1992 : « démission » de Chadli, proposition faite par Nezzar à Aït Ahmed de présider le HCE ; appel à Boudiaf après le refus d'Aït Ahmed, annulation des élections, état d'urgence, ouverture des camps dits de "sûreté" dans le Sud,...
Malgré la précision des révélations faites par Ali Haroun -le juriste de service des éradicateurs dont les garanties données au général Rondot suffirent à convaincre Mitterrand de ne pas s'opposer à l'interruption des élections- qui assista à l'entretien Nezzar-Aït Ahmed, l'artisan du coup de force de 1992 nie avoir proposé au fondateur du FFS la présidence du Haut Conseil d'Etat. C'est alors que Betchin décide de monter au créneau pour donner sa version à Nahar, qui dépendait étroitement du CCD du colonel Faouzi. En rappelant que Nezzar voulait rattacher la DGPS à l'état-major, Betchin met ce dernier face à ses contradictions et lui signifie la vanité de ses arguments, comme celui utilisé après le 13 septembre pour défendre Toufik qui, selon l'ex-ministre de la Défense, n'aurait pas de comptes à rendre à Gaïd Salah. Ce qui était valable quand Nezzar n'était que chef d'état-major devrait, selon lui, cesser de l'être quand il s'agit de voler au secours d'un Toufik qui s'est avéré incapable de bien se défendre.
Betchin parle aussi d'un rapport sur les agissements du clan des éradicateurs qu'il remit à Chadli, et dont il détient une copie, qu'il promet rendre publique. Il a fait également état des contacts qu'il a eus avec la direction politique du FIS, quand il est revenu au pouvoir aux côtés du président Zeroual. Selon lui ces pourparlers furent « sabotés par certaines parties... ». Betchin fait allusion aux négociations menées secrètement par Smaïn Lamari avec l'AIS de Madani Mezrag. Une chaîne privée a mis en ligne une vidéo montrant le numéro 2 du DRS en train de donner l'accolade à M. Mezrag quand il le rencontrait secrètement au milieu des années 90 dans les montagnes de Djidjelli…
Betchin laisse entendre qu'il sera amené à en dire plus dans de prochaines interventions ...Il annonce la publication prochaine de ses mémoires. En raison des pièces d'archives qui seront mises avec les doccuments annexes, ces mémoires promettent des révélations dont la publication a pu jusqu'ici être empêchée par le clan des éradicateurs, grâce à sa main mise sur la plupart des médias.
Le nouvel accompagnement médiatique, sur des chaînes qui obéissaient au colonel Faouzi, des changements intervenus ces derniers mois au sein du DRS promet d'être dur pour ce qui reste des "janviéristes" . Cela ne pourra qu'aider à faire prévaloir la vérité historique sur les vérités politiques servies dans des livres comme ceux de Khaled Nezzar et de Ali Haroun, sans que des gens aussi bien renseignés que M. T. Abdesselem et Mohamed Betchin aient pu les contredire avant le 13 septembre 2015. On comprend que les limogeages au sein du DRS aient commencé par celui du colonel Faouzi, dont le service se chargeait de veiller à une information qui ressemblait beaucoup à celle qu'imposait moins discrètement le colonel Gardes, qui commandait le redoutable V° Bureau, spécialisé dans l'Action psychologique pendant la guerre d'Algérie.
Grâce aux révélations des acteurs importants qui observèrent le silence jusqu'au 13 septembre 2015, ceux qui auront le courage d'étudier l'histoire du quart de siècle d'Etat-DRS en Algérie auront la tâche moins difficile que leuts collègues tunisiens intéressés par l'historicisation des terribles années Benali.


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