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Le changement : « Oui, nous le voulons » !
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 04 - 12 - 2009


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L'Algérie est notre pays. C'est ce que nous avons tous en commun, quelque soient notre couleur politique et nos convictions. Ce pays, nous l'aimons, parce que nous y sommes nés, parce que nous y vivons ou nous y avons vécu. Nous l'aimons parce que nous le portons en nous, à travers ce que nous ont légué nos parents – langue, religion, culture, traditions, valeurs, etc. – et nos expériences personnelles – joies de l'enfance, doutes de l'adolescence, dévouement de l'âge adulte.
Nous avons tous mal à notre pays – si on peut s'exprimer ainsi. La douleur que nous ressentons, le mal qui nous torture et que nous ne pouvons oublier, nous les exprimons différemment. L'un a mal à l'islam, l'autre à la langue berbère et le troisième aux droits de l'homme.
Cette Algérie, nous la voulons meilleure, c'est une évidence, puisque nous ne sommes pas satisfaits de son état présent. Tous, nous sommes d'avis qu'elle a été trahie par ceux-là même qui étaient supposés prendre soin d'elle, tels des parents qui prennent soin de leur enfant, lui donnent tous les moyens de s'épanouir et préparent son avenir. Ont-ils trahi par négligence, par ignorance ou l'ont-ils fait sciemment, en connaissance de cause – obéissant à des instincts diaboliques ? La question peut être posée, mais y répondre ne nous avance pas beaucoup.
A la question « Voulons-nous le changement ? », nous répondons tous : «Oui, nous le voulons.»
Avant de s'embarquer dans tout projet qui a le changement pour objectif chacun de nous doit cependant se poser les deux questions suivantes : «Le changement, pour aller où?» et «Le changement, comment?»
Les réponses à ces deux questions sont multiples et parfois contradictoires. C'est cela qui rend le changement difficile à concrétiser.
Le problème que nous nous posons – celui du changement – est un problème politique, l'enjeu étant le pouvoir, c'est-à-dire la capacité d'influer sur le cours des événements et de décider de ce qu'il y a lieu de faire pour améliorer la situation du pays.
Le terrain politique n'est pas vierge ; des forces s'y trouvent déjà : d'un côté le pouvoir actuel lui-même et ses alliés conjoncturels, de l'autre, les forces qui s'inscrivent dans l'opposition. Chaque force, pour gagner la confiance du peuple et se maintenir au pouvoir ou augmenter ses chances d'y accéder, puise sa légitimité dans un des éléments qui recèlent ou sont supposés recéler un fort potentiel : lutte pour l'indépendance, islam, démocratie et droits de l'homme, modernisation, etc.
D'où viennent ces forces ? Ont-elles un passé ?
Si nous remontons un peu dans le temps, nous découvrons une Algérie colonisée avec, d'un côté, une minorité d'origine européenne disposant de tous les pouvoirs et avantages y afférent et de l'autre, une population indigène sans aucun pouvoir réel, taillable et corvéable à merci, baignant, dans sa grande majorité, dans une misère intolérable. Après un siècle de colonisation, la minorité européenne, soutenue par la métropole, sûre d'elle-même, ne doutait plus que l'Algérie (sous-entendu la leur), c'était la France. Elle jouissait de son bonheur dans les grandes villes et les immenses domaines, dansant le samedi soir et sirotant tranquillement l'anisette à l'ombre des tonnelles…
Les indigènes – que cette minorité ne voyait pas – souffraient en silence. Petit à petit, cependant, des élites émergèrent et des forces politiques ayant pour but de défendre les intérêts de cette population brimée, se constituèrent. Au début des années 50, ces forces se répartissaient en trois courants principaux : les nationalistes radicaux du PPA-MTLD qui militaient pour l'indépendance, avec à leur tête Messali Hadj ; les partisans de l'assimilation, qui réclamaient pour les indigènes les mêmes droits que les européens, sans se séparer de la France, et dont le leader était Ferhat Abbas ; et le mouvement des Ouléma, qui défendait la personnalité arabo-musulmane du peuple algérien, sans s'inscrire pour autant dans une revendication claire de l'indépendance.
L'aile radicale du PPA-MTLD (les 21), après une longue crise de ce parti, décida de déclencher la lutte armée et créa le FLN. Les uns après les autres, une fois l'insurrection bien implantée sur tout le territoire, les leaders et les militants des différents partis rejoignirent le front et participèrent activement à la lutte pour l'indépendance.
Nous voyons donc clairement que durant la période coloniale la société indigène n'était pas monolithique, du moins au niveau des élites. Après le 1er novembre 54, l'union se fit autour d'un seul objectif clair : l'indépendance du pays. Les différents acteurs essayèrent de donner forme au projet de société qui serait mis en œuvre après l'indépendance, mais une lecture attentive de l'histoire permet de voir que ce projet a été élaboré dans le feu de l'action, en situation d'urgence. La rédaction et l'adoption des textes fondateurs du futur Etat algérien indépendant ne se firent pas sans tensions, obéissant aux rapports de forces sur le terrain militaire. L'assassinat d'Abane Ramdane, dans des circonstances obscures, donne une idée du climat qui régnait parmi les dirigeants de la guerre de libération.
L'indépendance acquise, les divergences éclatèrent au grand jour et, après une période de crise (la seconde donc), ce qu'on a appelé le clan d'Oujda, avec à sa tête Ben Bella et Boumediène, prit le pouvoir et évinça les opposants. De 1962 à 1992, date de la troisième crise majeure, le même groupe, avec des remaniements de circonstance, dirigea le pays et imposa sa politique, avec l'assentiment plus ou moins clairement acquis du peuple et des élites. L'élément important à retenir est le rôle joué par la force au détriment du dialogue, de la négociation et du consensus. Le projet de société mis en œuvre, bien que s'inspirant des programmes élaborés durant la guerre, ne fut pas débattu en toute liberté et souveraineté par les représentants élus du peuple. Une fraction du FLN décida unilatéralement que les courants politiques qui existaient avant le 1er novembre 1954 étaient morts et enterrés et qu'aucune autre force qu'elle ne pouvait prétendre à la légitimité.
Vint Octobre 88 et l'ouverture du champ politique – manœuvre ou concession arrachée au pouvoir par le peuple? – qui déboucha sur les élections législatives de décembre 91, remportées par le FIS, suivies du coup d'Etat de Janvier 92 et la guerre civile (ou guerre contre les civils, selon certains).
Les maitres de céans reportèrent la démocratisation du régime aux calendes grecques, maintenant ainsi le pays dans un état de crise larvée et bloquant indéfiniment toute possibilité de réel progrès économique et social.
Au vu de tous les déchirements vécus depuis l'indépendance, nous pouvons légitimement nous poser la question suivante : «L'Algérie est-elle vraiment une nation ?»
Ce qui est sûr, c'est que durant la période coloniale, il y avait deux camps clairement identifiés : d'un côté, la minorité européenne et de l'autre, la majorité indigène (appelée arabe, arabo-berbère, musulmane – il y a même eu des musulmans-chrétiens, indigènes convertis au christianisme mais n'ayant pas la citoyenneté française!). Face à l'oppression coloniale, cette population indigène, à travers ses élites, s'est progressivement reconnue comme une entité distincte de l'entité européenne, ayant une culture et une personnalité propres, irréductibles. L'immense injustice qui lui était faite par le système colonial lui a fait adopter d'emblée la cause du combat pour l'indépendance. La guerre de libération, avec tout ce qu'elle a mobilisé comme ressources, a été véritablement le creuset dans lequel s'est forgée la conscience nationale du peuple algérien.
Nous pouvons donc répondre sans hésiter que l'Algérie est bien une nation, puisque le peuple algérien a consenti d'immenses sacrifices afin d'exister en tant que nation indépendante de la France.
Cela posé, il nous apparait que l'échec de cette nation à prendre son destin en main après le recouvrement de l'indépendance est patent. Il faut avouer aussi qu'il est déroutant. Comment un peuple qui a réussi à se libérer d'une situation aussi dramatique que la colonisation française (l'Algérie était une partie intégrante de la France, rappelons-le) a-t-il pu échouer aussi lamentablement et se retrouver 30 ans après l'indépendance dans un état de quasi-barbarie – terre de non-droit ?
C'est une terrible question à laquelle nos historiens, sociologues et anthropologues devront répondre.
Afin de répondre à la question du but du changement (le changement, oui, mais pour aller où ?), il y a lieu d'élaborer une charte claire à laquelle toutes les forces qui veulent le changement et qui seront amenées, une fois le changement réalisé, à entrer en compétition pour le pouvoir, chacune avec son programme politique, doivent adhérer. Cette charte doit définir ce qui nous est commun et nous unit et qui ne doit pas être soumis à compétition, sous peine de mettre en danger l'existence de la nation algérienne. C'est là, il me semble, qu'est la difficulté majeure.
Par le passé, le peuple algérien et ses élites se sont focalisés sur le combat pour l'indépendance. Depuis 1962, le pouvoir a verrouillé tous les canaux d'expression du peuple et des élites et seule sa voix se faisait entendre. Cela a fini par donner naissance à un courant qui, bravant l'interdit (il faut lui reconnaitre ce courage) a utilisé les mosquées pour faire passer son message. Le peuple, de plus en plus déçu par la politique et révolté par le comportement arrogant des dirigeants du combat pour l'indépendance d'hier devenus des prédateurs, s'est massivement engouffré dans la brèche. Le mal a cependant été supérieur aux bénéfices, car un élément fondamental qui unissait les Algériens a été touché et mis en compétition. La tragédie des années 90 a clairement mis en évidence une ligne rouge à ne pas franchir : aucune force politique ne peut prétendre tirer sa légitimité de l'islam sans mettre en péril l'existence de la nation algérienne. Si elle le fait, elle s'engage alors dans un processus révolutionnaire qui aura un coût très élevé.
Que reprochons-nous au régime actuel ? Voulons nous chasser les dirigeants tout en conservant les institutions ou bien voulons-nous aussi changer d'institutions? Quels sont les fondements de l'Etat que nous voulons mettre en place, fondements qui ne peuvent pas être touchés ou mis en compétition ?
Ces questions sont importantes et il y a lieu d'y répondre, si ne voulons pas répéter les erreurs de 1962 – le plus agressif profitant de la confusion, et ne se sentant lié par aucun engagement, prenant et monopolisant le pouvoir au détriment des autres acteurs, moins enclins au recours à la force.


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