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Relizane y croit
RECONCILIATION NATIONALE
Publié dans L'Expression le 25 - 08 - 2005

«La réconciliation nationale, nous la vivons depuis longtemps depuis que nous avons compris que nous sommes victimes de la tragédie nationale.»
Relizane, écrasée par la chaleur du mois d'août, offre au visiteur l'aspect d'un bourg désert. Cette localité située à quelques encablures de Chlef a vécu les affres du terrorisme. Les blessures laissées par des années de crise ne demandent qu'à être cautérisées. «Nous voulons vivre comme avant quand nous étions tous frères, quand il n y avait pas de suspicion entre les voisins. Le terrorisme nous a fait beaucoup de mal mais il faut tourner la page et se tourner vers l'avenir», nous ont déclaré des Relizanais que nous avons rencontrés sur la terrasse d'un café de la cité Chemirik».
La région, qui a connu les pires atrocités durant les années quatre vingt dix, veut revivre, veut espérer. Le cauchemar, elle veut l'oublier. Cette impression, nous la constatons quand on nous dira qu'après la douleur des drames, les Relizanais se sont retrouvés. Les voisins qui s'épiaient du regard à l'époque ont fraternisé pour revivre comme au bon vieux temps. «Des familles de terroristes, de disparus et victimes du terrorisme ont réappris à vivre ensemble. Elles sont toutes des victimes de la tragédie nationale», dira Hadj Ahmed, un ancien moudjahid qui avait pris les armes pour défendre la République.
Pour illustrer ses dires, il nous montrera le frère d'un ancien émir attablé avec lui. A leurs côtés, se trouvait le père d'un disparu qui dit avoir remué ciel et terre pour retrouver son fils. «La réconciliation nationale, nous la vivons depuis longtemps depuis que nous avons compris que nous sommes victimes de la tragédie nationale», dira Hadj Ahmed.
Ces citoyens de modeste condition ont réappris à vivre ensemble comme avant. Ils veulent reprendre espoir dans une Algérie réconciliée et développée. «Nous espérons beaucoup du lancement du programme de la relance économique. Les projets lancés dans ce cadre pourront, une fois terminés, fournir de l'emploi pour nos enfants. Nous y croyons fermement et c'est pourquoi nous allons voter oui le 29 septembre» dira le père du disparu.
Djidiouya ou l'espoir retrouvé
Située à mi-chemin entre Chlef et Relizane, la localité qui vivait sereinement son anonymat avait brusquement fait la Une des journaux quand le problème des disparus avait été évoqué. A l'époque, un voile de suspicion s'était abattu sur cette ville où tout le monde se connaît. Une véritable cassure menaçait la cohésion sociale de la région. Le s des terroristes et les disparitions avaient provoqué une cassure que beaucoup qualifiaient d'irrémédiable. Mais, avec le temps et la sagesse des gens de ce monde rural, la raison avait fini par l'emporter.
On ne se regardait plus en chiens de faïence, on ne s'épiait plus. On réapprenait à vivre ensemble. «C'était après la promulgation de la loi sur la concorde civile quand des terroristes repentis qui étaient dans les maquis sont revenus. Leurs récits sur les conditions de séjour dans ces lieux et les faux espoirs que leur faisaient ingurgiter à coup de fausses fetwas les émirs avaient dupé plus d'un Djidioui» dira hadj Salah une connaissance qui devait nous organiser un rendez-vous avec des familles victimes du terrorisme du triangle Aïn Tarik, Remka et Had Chekala. La rencontre devait avoir lieu dans la localité de Hemadna, à quelques encablures de l'embranchement de la route qui mène vers la ville de Mostaganem. «Vous verrez, ici tout le monde connaît tout le monde et à la fête à laquelle je vous ai invités, vous trouverez des gens de Remka, de Relizane de Djidiouya et même de Chlef» dira-t-il.
Hemadna ou la fête de la réconciliation
Arrivés dans cette localité aux environs de 20 heures, nous avons trouvé la fête battant son plein. La musique que dispensait une sono ramenée de Relizane emplissait les airs. Hadj Salah, notre guide dans cette quête à travers la wilaya de Relizane, nous susurra, «vous voyez, là-bas un terroriste repenti partage la même table qu'un fils de disparu. Vous les voyez rire et plaisanter ensemble comme si aucune tragédie n'avait assombri leur existence», dira -t-il.
Après que nous eûmes présenté nos félicitations au marié, Hadj Salah nous pria de sortir à la recherche d'un peu de fraîcheur.
Quelques minutes plus tard, Saïd, un solide gaillard de 22 ans est venu nous rejoindre dans la voiture. Après les salutations d'usage, il se présentera comme un fellah dont la famille a été décimée dans la nuit du 04 au 05 janvier 1998 lors du massacre perpétré par les terroristes à Remka et Had Chekala.
«Vous savez, nous sommes des fellahs. Relizane est connu pour être le grenier de toute l'Oranie. Durant les années du terrorisme, les fellahs ont fui leurs terres. Cette situation avait engendré un chômage qui s'était répercuté négativement sur le niveau de vie des citoyens. Les terroristes avaient profité de cette donnée pour recruter de nouveaux éléments.
Lors du massacre de ma famille et de mes voisins, avec tous les fellahs qui vivaient sur leurs terres, qu'ils cultivaient laborieusement, j'ai fui la région. Par la suite, j'ai repris goût à la vie. J'ai, dans ma quête d'un travail, sillonné toute la wilaya à la recherche de chantier où je pouvais travailler. Il m'est arrivé de rencontrer, à l'occasion de mes séjours dans certaines localités, des terroristes repentis, des familles de disparus ou victimes du terrorisme comme moi. J'a discuté avec tous ces gens, nous avons débattu de la crise, de ses origines, de ses conséquences. Nous avons compris que nous avions tous été les victimes de faux dévots qui avaient instrumentalisé la religion pour des desseins funestes», dira-t-il.
Had Chekala revivra grâce aux efforts de tous.
Depuis cette date, il a décidé de rejoindre la terre de ses parents pour reprendre le travail de la terre. «J'ai bénéficié d'une aide dans le cadre du Fnrda et sur mon lopin de terre, il y a un terroriste repenti qui travaille la terre à mes côtés» avouera-t-il.
Interrogé sur la réconciliation nationale et sur ses intentions de vote, il n'hésitera pas à dire qu'il votera oui le jour du référendum. «Je voterais oui pour consolider la paix et effacer les haines. Chez nous dans la région nous nous sommes réconciliés depuis longtemps et nous le clameronts haut et fort le 29 septembre» dira-t-il avant de prendre congé.
Kada, un ancien terroriste repenti que nous avions vu danser jusqu'à n'en plus pouvoir dans la cour de la maison où se tenait la fête, est venu nous rejoindre dans la voiture qui nous servait de bureau de travail. Essoufflé, il dira d'un air enjoué, «vous m'avez vu danser, je m'éclate à chaque occasion pour oublier les drames que j'ai vécus dans les maquis ou à l'occasion des descentes que nous faisons dans les douars à l'époque. Je veux oublier ce que j'ai vécu. J'avais pris les armes contre mes frères et eux aujourd'hui ne m'ont pas rejeté. Ils m'ont fait une place parmi eux. C'est vrai qu'au début quand je suis descendu du maquis, les gens me lançaient un drôle de regard. Ils ne m'accordaient aucune confiance. Je m'étais senti rejeté, renié à l'époque mais avec le temps, les choses se sont arrangées. Aujourd'hui on se parle, on s'invite pour les fêtes de mariage et on se retrouve dans les enterrements. C'est déjà un acquis qu'il faut consolider par la réconciliation nationale qui prendra en charge ceux qui sont encore victimes du drame national que nous avons vécu», dira-t-il.
Kada devient volubile quand il évoque comment il a eu l'occasion de revenir à la société grâce à la loi sur la concorde civile. «On m'avait accordé cette chance de repentir et je ne l'ai pas ratée. Il existe encore quelques malheureux égarés dans les maquis et il faudra leur donner la même chance. Je sais qu'ils vivent sous la menace de certains émirs, qui eux aussi, sont soumis aux ordres d'individus anti-nationaux qui leur dictent la marche à suivre pour installer le chaos en Algérie. Expliquer la réconciliation nationale aux terroristes encore dans les maquis doit incomber à leurs familles et à leurs anciens compagnons aujourd'hui repentis! Je peux aider dans cette mission», dira-t-il.
Aïn Tarik, Remka ou la fraternisation désintéressée
Ali et Ahmed, enturbannés et enveloppés dans des kamis amples se disent fiers d'appartenir à la tribu des flitta qui avait combattu aux côtés de l'émir Abdelkader. Ali faisait partie d'un groupe de GLD et Ahmed a passé de longs mois en prison pour soutien au terrorisme avant de rejoindre le maquis. Ils sont venus tous les deux d'un seul pas s'installer à l'arrière de la voiture et ont commencé à parler d'une malédiction qui s'était abattue sur le pays au point où des familles se sont retrouvées à s'entretuer pour de fausses idées soutenues par des fetwas conçues par les laboratoires de l'intégrisme. «L'Algérie nous l'aimons tous mais chacun à sa manière, ce que n'ont pas compris ceux qui sont à l'origine de la crise. Ils nous ont montés les uns contre les autres mais leur plan a échoué. Nos racines plongent loin très loin dans l'histoire et c'est pourquoi leur plan n'a pas marché», diront-ils. Ils racontent comment les gens de Remka et Aïn Tarik vivaient en symbiose avec leur environnement, leur terre. Comment ils formaient tous une seule et unique famille et comment le spectre du mal s'est abattu un jour sans crier gare sur la région. Ils racontent comment certains ont été séduits par les idées des forces du mal et comment ils ont plongé dans l'abîme de la sauvagerie. Ils racontent que, depuis, la malédiction divine s'est abattue sur la région connue pour être constituée de lopins de terres fertiles et comment le blé, miné par une sécheresse terrible ne pouvait plus germer.
Tous ces drames, Ali et Ahmed les racontent avec une pointe d'amertume avant de reconnaître qu'aujourd'hui, les familles se sont réconciliées et les haines se sont effacées. Nous voulons vivre en paix et nous voterons oui le 29 septembre pour offrir à nos enfants la possibilité de se tourner résolument vers l'avenir. Par ce geste nous voulons effacer les stigmates du passé. Nous avons vécu des drames que nous ne voulons pas oublier mais il faut tourner la page, se réconcilier et bâtir l'Algérie à laquelle nous aspirons tous, diront-ils avant de revenir à la maison où la fête continuait de battre son plein.
Hadj Salah, la mine enjouée, dira comme pour appuyer les dires des autres: «vous avez vu je n'ai pas menti, la réconciliation est déjà installée dans la wilaya de Relizane et le référendum du 29 septembre ne fera que la consolider.»
Nous reprenons la route vers Oran non sans avoir pris un copieux dîner offert par le marié qui ne manquera pas de lancer une tebriha retentissante pour le référendum: «a ya ouahadi fi khater, les journalistes et la réconciliation nationale»


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