Elle s'empresse de regagner sa chambre en dissimulant le paquet sous son manteau, mais les yeux de lynx de sa belle-mère ont vite détecté la chose. Zahra ferme la porte, pousse un ouf de soulagement et range le sac dans l'armoire avant de la fermer à double tour. La gardienne du temple broie du noir. «Je suis sûre que c'est encore un cadeau qu'elle va envoyer à sa mère.» Zahra enfile sa robe d'hôtesse et se dirige vers la cuisine préparer le café de l'après-midi. Sa belle-maman marine dans son jus. «Il faut absolument que je sache ce qu'elle a camouflé.» - Aujourd'hui tu es arrivée tôt, comment ça se fait ? - J'ai demandé à mon patron de me libérer car j'avais des courses à faire. - Mais je n'ai rien vu. Qu'as-tu acheté ? - Rien de spécial, des petites bricoles intimes. Connaissant sa belle-mère, Zahra soupçonne qu'elle ait vu quelque chose. «De toutes les façons, le paquetage est à l'abri. Maintenant il faut que je file chercher l'essentiel.» - Le café est prêt. Je viens de me rappeler que j'ai oublié le sucre chez l'épicier. Je sors, j'en ai pour un quart d'heure. Elle s'éclipse ne lui laissant pas le temps de réagir. C'est l'occasion ou jamais pour «Colombo» de vérifier ses soupçons. Elle court dans la chambre, mais, en voulant ouvrir l'armoire, elle découvre que la clé n'est pas dans la serrure. «C'est ce que je pensais, elle a blindé la porte. J'ai bien vu qu'elle a apporté un paquetage avec elle. Elle ne perd rien pour attendre. Aujourd'hui, je vais crever l'abcès en présence de Mourad.» Elle quitte vite les lieux car elle entend la porte d'entrée s'ouvrir. Elle se réfugie dans sa chambre. Zahra entre la première en éclaireur, puis fait signe à Mourad de la suivre. «Pose le gâteau sur la table de la salle à manger, je vais chercher le cadeau.» En deux temps, trois mouvements, le décor est planté et prend une allure festive. Il ne reste plus qu'à appeler la principale intéressée. Mourad aura du mal à convaincre sa maman de le suivre. Elle affiche une mine renfrognée en lui répétant qu'elle doit absolument lui parler. «Plus tard, on a tout le temps.» Il la prend par le bras en lui demandant de fermer les yeux et la conduit dans la grande salle. «Maintenant, tu peux les ouvrir.» Elle est abasourdie. «Joyeux anniversaire ! On voulait te faire la surprise pour tes 80 ans.»