RESUME : Zahra et ses enfants vivent chez ses beaux-parents depuis que la violence s'est installée dans leur région. Cela n'est pas pour plaire à ses belles-sœurs. Zahra prie pour que la paix revienne, ainsi ils pourront retourner chez eux. Mais cela ne risque pas d'arriver. Il se passe quelque chose dehors. Le chien n'aboie plus. Son beau-père a sorti un couteau… Abdelkader pose un doigt sur ses lèvres, lui intimant l'ordre de se taire. Il est pâle et la peur se lit dans ses yeux. Zahra est effrayée et son esprit est traversé par des images horribles. Elle voit déjà leur mort arriver. La mort rôde autour de la maison. Elle la sent. - Va au salon et ferme à clef ! lui ordonne-t-il en prenant son couteau. Je vais voir ce qui se passe dehors… Ne leur dis rien ! - Fais attention ! lui dit-elle. Elle voudrait avoir son courage et sortir avec lui. Mais c'est à peine si ses jambes peuvent la porter jusqu'au salon. Sans un regard vers ses belles-sœurs et sa belle-mère, elle va jusqu'à sa couche et tire la couverture sur ses épaules. - Les enfants dormaient ? l'interroge sa belle-mère. - Oui… Zahra claque des dents, elle est morte de peur. Elle voudrait leur dire qu'il se passe quelque chose, dehors mais elle craint de les effrayer pour rien. Et son beau-père risque de se fâcher si elle n'a pas tenu sa langue. - Mon oncle Abdelkader… Elle est tentée de les mettre au courant de ses doutes mais toutes quatre se redressent lorsqu'on frappe timidement à la porte. Sa belle-mère manque de s'emporter en constatant que la porte est fermée à clef. - C'est quoi ces manières ? Pourquoi l'as-tu fermée ? - Qui est-ce ? demande Hakima en se levant pour ouvrir. - C'est moi, Aziza, répond la fillette. J'ai peur… Zahra bondit de son matelas et dès que Hakima ouvre, elle la prend dans ses bras. - J'ai entendu du bruit, leur dit-elle. - Retourne dormir avec tes frères, la prie Zahra. Reste là-bas… Mais la fillette ne peut pas retourner dans leur chambre. La porte d'entrée s'ouvre brusquement et plusieurs hommes barbus et des armes à la main entrent. Aziza reçoit une gifle qui l'envoie par terre. L'un d'eux a un couteau taché de sang. La première personne à qui il s'en prend est sa grand-mère. Il lui donne plusieurs coups et ne l'abandonne qu'une fois qu'elle s'est écroulée sur le sol. Les yeux rivés vers elle. Aziza se traîne jusqu'à elle et prend sa tête sur les genoux. - Grand-mère ! Grand-mère ! - Sauve-toi ! murmure celle-ci avant de rendre son dernier souffle. - Non ! non ! Ne meure pas ! Mais la fillette n'a pas le temps de réaliser qu'elle l'est déjà. Ses tantes et sa mère crient dans le salon. Les terroristes veulent les emmener mais elles se débattent. D'où elle se tient, elle peut les voir. Elle ne connaît encore rien des choses de la vie mais elle sait qu'ils vont les violer. Quand le terroriste s'en prend à sa mère avec son couteau, elle croise son regard. Elle semble lui dire de partir. Sa mère et ses tantes ne s'en sortiront pas. Elle le sait. À l'école, elle avait entendu parler d'eux, de ce groupe qui terrorise la région depuis des mois. Ils tuent les gens et enlèvent les filles. - Mes frères… Elle voudrait aller à la chambre pour les emmener mais elle se rend compte qu'un terroriste la regarde. Lorsqu'il se dirige vers elle, elle se met à courir. Elle sort de la maison et même si l'obscurité la freine un court instant, elle a conscience d'une chose. Sa survie ne dépend que de la rapidité de ses jambes… A. K. (À suivre)