La machine de guerre électorale qu'est le Front de libération nationale se met en branle ! Le parti majoritaire se prépare, en effet, à lancer une vaste campagne annonciatrice de ce que sera le rendez-vous politique majeur de 2019. «Le parti se penche actuellement sur le projet d'un plan d'action pour la mise en application de la feuille de route, 2020-2030, tracée pour le pays par le Président Bouteflika», nous révèle une source sûre. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Ce plan d'action «s'inspire de la dernière interview de Abdelaziz Bouteflika publiée fin janvier dernier par la revue Oxford Business Group, spécialisée en économie». Passée presque inaperçue, en tout cas pas assez «décortiquée» par les médias et les observateurs politiques, cette interview a pourtant permis à Bouteflika de s'exprimer longuement sur la situation économique globale du pays. Mais, surtout, sur ses perspectives à moyen terme. Abdelaziz Bouteflika y a évoqué «un projet de diversification économique (pour l'Algérie, Ndlr) à horizon 2030». Rien moins ! Un message politique clair, enveloppé sous des atours exclusivement économiques certes, mais qui ne laisse aucun doute quant aux intentions de l'homme fort du pays pour 2019. Ce message, d'apparence économique, le FLN est chargé de lui donner sa traduction en termes politiques. «Le FLN est le parti du Président. Il est, dès lors, évident qu'il accompagne et soutienne le programme présidentiel. D'où cette initiative», nous explique-t-on. Le secrétaire général du parti, Djamel Ould-Abbès, avait d'ailleurs préparé le terrain pour le lancement de la campagne en faveur d'un cinquième mandat pour Abdelaziz Bouteflika. La première étape consistait, ainsi, à préparer le bilan global et exhaustif des quatre mandats de Bouteflika, depuis son arrivée au pouvoir le 15 avril 1999. Il s'agit, pour rappel, d'un bilan que le parti fera au niveau de chaque wilaya. Des commissions avaient été installées à cet effet au niveau des quarante-huit wilayas. Une commission nationale fera ensuite le bilan global après réception de l'ensemble des bilans locaux. 23 wilayas ont déjà finalisé ce travail. «D'autres suivront au fur et à mesure et il est impératif que tous remettent leurs bilans afin de programmer la session du comité central.» Comme nous l'annoncions dans nos précédentes éditions, la date du 19 mars, initialement retenue pour la tenue de cette session, avait été abandonnée. «Ce sera lors de la prochaine session du comité central que sera présenté le projet de plan d'action pour la mise en œuvre de la feuille de route du Président pour la période 2020-2030. Un plan d'action qui va s'adosser, bien sûr, sur le bilan des quatre précédents mandats dont il s'agit du prolongement», nous confie encore la même source. Il était, en effet, évident que, cette fois, la préparation d'un autre mandat pour Bouteflika allait différer de toutes les précédentes. Pas comme le quatrième mandat, par exemple, dont la préparation avait connu deux phases totalement différentes l'une de l'autre : l'avant et l'après-27 avril 2013. Si les choses se déroulaient «tranquillement» jusqu'au printemps 2013, Bouteflika optera pour une nouvelle stratégie à partir du 16 juillet 2013, date de son retour au pays après une longue hospitalisation en France. Pour ne laisser subsister le moindre petit risque quant à l'avènement du quatrième mandat, Bouteflika frappera très fort, en effet, en écartant ou en affaiblissant tous ceux qui, au sein du pouvoir, n'étaient pas vraiment assez «enthousiastes» à son désir de rempiler pour un autre mandat. Cela avait donné lieu à la désignation étonnante de Ammar Saâdani à la tête du FLN, le 29 août 2013, à un grand remaniement ministériel en septembre de la même année, accompagné d'un changement à la tête du Conseil constitutionnel. Cela, bien entendu, en parallèle à une «restructuration» des services. Pour 2019, la méthode diffère nettement, donc, du moins pour le moment, et se veut beaucoup plus sophistiquée avec, pour le FLN, un rôle central et beaucoup plus politique. Finies les sorties spectaculaires et extravagantes d'un Ammar Saâdani qui n'épargnait ni l'opposition, ni les institutions ! Le FLN est chargé, cette fois, de prôner un discours apaisé et de redorer son blason de parti nationaliste. Même la Journée mondiale de la femme, le 8 Mars, n'y échappe pas. C'est sous le signe de «la participation de la femme algérienne à la guerre de Libération nationale» que le parti célébrera l'événement, cette année, au cours d'une cérémonie prévue pour samedi prochain au Centre international des conférences à Club-des-Pins. K. A.