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Un violon pour mon enfant
Enquête-Témoignages
Publié dans Le Soir d'Algérie le 28 - 04 - 2018

Violon, piano, guitare, mandole, flûte à bec... Certains parents poussent leurs enfants à apprendre à jouer d'un instrument de musique pour leur épanouissement. Toutefois, cette tendance n'est pas généralisée. Bon nombre de parents orientent plutôt leurs bambins vers une activité sportive (judo, foot, athlétisme, danse...). Tour d'horizon et arguments des uns et des autres.
Sadek, 43 ans
«J'ai toujours rêvé de jouer d'un instrument de musique. Promener mes doigts sur les touches et faire naître des sons mélodieux représentaient le summum de l'art à mes yeux. Hélas, je n'ai pas pu concrétiser ce vœu. Mes parents n'avaient pas les moyens de me payer des cours de piano, encore moins de m'en acheter un.
Lorsque j'ai été à mon tour papa, j'ai transféré ce désir refoulé sur mon fils. A l'âge de 4 ans, je l'ai inscrit chez une dame qui lui a donné des cours. Je lui ai également acheté un piano d'occasion afin de lui permettre de s'entraîner à la maison. La capacité d'apprentissage chez les enfants est juste incroyable. A 10 ans, mon garçon est très doué.
Il est passionné par le piano et demande même à prendre des cours de guitare. Par ailleurs, ses résultats scolaires sont excellents. Je pense que jouer d'un instrument de musique lui apporte un grand équilibre.
Et qui sait, peut-être deviendra-t-il un grand compositeur plus tard ? J'encourage tous les parents à pousser leurs enfants à jouer d'un instrument de musique. Cela développe l'oreille musicale, ouvre l'esprit et apporte un grand épanouissement.»
Leila, 34 ans
«Ma petite fille a appris à jouer de la flûte à bec au sein de son école. Je n'ai jamais pensé à faire la démarche de l'inscrire dans un cours de musique. A la maison, l'entendre souffler dans sa flûte nous perturbe son père et moi. Avides de calme après une journée de travail, on lui ordonne de ranger son instrument et d'attendre le week-end pour en jouer. Inscrire son enfant à un cours de musique ne se fait pas de manière spontanée dans notre société. Ce n'est pas dans notre culture et n'est pas généralisé à toutes les familles. Déjà, les écoles qui proposent ce genre d'activités se comptent sur les doigts d'une main. De plus, les tarifs des cours et le prix des instruments de musique restent décourageants, vu la cherté de la vie et l'effondrement du pouvoir d'achat. A cela s'ajoute le problème de disponibilité pour accompagner son enfant à l'autre bout de la ville. Je pense que les communes devraient mettre le paquet afin de créer des conservatoires dans chaque quartier et promouvoir l'apprentissage de la musique (andalouse, classique, moderne.....). Les structures étatiques existent mais leur nombre est réduit.»
Kamal, 47 ans
«Petit, j'ai fréquenté le Conservatoire d'Alger. J'y ai appris le solfège et le piano. J'ai deux enfants mais leur sensibilité envers la musique est diamétralement opposée. L'aîné s'est montré réfractaire à suivre mes pas. La musique ne l'inspire pas du tout. Il préfère la natation. Mais le second est vraiment passionné par la musique.
En plus de jouer du piano comme un grand compositeur, il prend des cours de guitare. Cette activité extra-scolaire lui fait beaucoup de bien. Il est toujours pressé d'aller à son cours. Cela lui permet d'oublier un peu ses leçons et le train-train de la vie au quotidien. Par la suite, mon fils retrouve ses cahiers avec plus d'enthousiasme. Certains parents pensent que les cours de musique peuvent distraire leurs enfants et perturber leur scolarité. Au contraire, cette parenthèse leur permet de s'aérer la tête et d'avoir une meilleure concentration. Je pense que jouer d'un instrument est aussi important pour un enfant que de boire, manger ou étudier.»
Naziha, 41 ans
«Ma fille est autiste. Elle est âgée de 8 ans et prend des cours de violon depuis deux ans. J'ai pu mesurer le bien-être que la pratique de cette activité lui apporte au quotidien. Ma fille est plus calme, plus sereine. Elle s'isole moins et fait d'énormes progrès dans tous les domaines. Jouer du violon est devenu une passion pour elle. La voir heureuse me comble de bonheur.»
Pour certains parents, permettre à leurs enfants d'avoir une activité extra-scolaire en prenant des cours de musique est primordiale. Peu importe les sacrifices financiers que cette démarche implique.
L'épanouissement et le bien-être de leurs petits lutins n'a pas de prix. Il n'en reste pas moins que l'apprentissage d'un instrument de musique chez nos enfants n'est pas automatique. Sa généralisation à travers les écoles par exemple, comme dans le passé, serait une excellente initiative.


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