Ouverte en mai dernier à Rouiba (Alger), cette école créée dans le cadre d'un projet Ansej représente un nouveau souffle pour les artistes en herbe. Parmi les disciplines proposées et enseignées par des professionnels, on peut citer la musique (différents instruments), la danse, la photo, la peinture, le dessin... Le jeune musicien Khaled Ikhtaben vient de révolutionner l'espace artistique algérois grâce à sa passion et sa détermination. Saxophoniste de formation, cet amoureux de la musique a eu l'idée ingénieuse de créer une école ouverte à tous. Baptisé "République des arts", ce lieu qui se situe à l'est d'Alger, plus précisément dans la commune de Rouiba, est un vrai "cocon familial", pour les artistes en herbe. Lors d'une petite visite dans cet établissement de 200m2 nous avons été immédiatement surpris par la décoration moderne et originale, réalisée avec les "moyens du bord", ainsi que l'atmosphère chaleureuse régnant dans les lieux. En parcourant le petit hall, on y trouve des petites salles de cours, où chacune d'elles offre un univers différent : guitare, piano, saxo, danse, dessin... Depuis son ouverture le 13 mai dernier, l'école a rapidement suscité l'intérêt des parents et des amateurs, d'ailleurs, elle compte déjà une soixantaine d'adhérents entre petits et grands. Et cet engouement est dû à la diversité dans le programme. Son responsable propose différentes disciplines : la musiques à travers de nombreuses spécialités, notamment le piano, la guitare, le violon, le violoncelle, la clarinette, le saxophone. Il propose également une salle de danse (classique, jazz moderne, oriental, zumba), des ateliers de dessin, de peinture, de photographie, et d'andalou. "Je vais réaliser une petite extension pour la création d'ateliers de théâtre, stylisme, art culinaire et sculpture", nous a indiqué Khaled Ikhtaben. Visant à former ses élèves dès leur jeune âge, l'école a investi sur des professeurs de "haut calibre", reconnus sur la scène nationale, et ce, afin d'apporter leur savoir-faire et leur expérience chacun dans sa spécialité. "Quand j'ai proposé à ces professeurs de travailler à l'école, dès le départ ils ont foncé tête baissée avec moi", nous a-t-il raconté. Et de renchérir : "Chaque enseignant dispense des cours dans sa spécialité : un pianiste pour le piano, je donne des cours de saxo, un peintre pour la peinture...". Dans cette entreprise, Ikhtaben voulait sortir du lot. "Je ne voulais pas d'une école qui existe déjà ! En rencontrant les parents, les enfants ou alors les profs, j'ai constaté que dans les autres établissements les cours sont dispensés à une quinzaine d'élèves par classe pour une heure de temps", a-t-il souligné. Et d'ajouter : "À cause de cette surcharge l'enfant consomme seulement cinq minutes de la séance, et au bout d'une année, il n'aura rien récolté de cet apprentissage !". Sur ce constat, le directeur a décidé de dispenser des cours pour seulement 5 à 6 élèves pour une séance de deux heures. Concernant les méthodes de travail, il nous a signalé que "chaque enfant possède son propre casque et instrument pour ne pas déranger ses camarades. Et les murs sont insonorisés". Pour notre interlocuteur, l'objectif de cet établissement est la "formation". D'ailleurs, il prévoit l'organisation d'un spectacle de fin d'année pour "les encourager, les motiver et leur faire connaître la scène", a-t-il confié. Tout en poursuivant : "La plupart des associations donnent des cours de piano et de guitare. J'ai décidé de lancer d'autres instruments qui ne sont pas connus comme le saxo, la clarinette, la flûte..." Selon Ikhtaben, la plupart des inscrits s'intéressent en premier lieu à la guitare ou au piano, mais dès qu'ils découvrent d'autres instruments, les enfants changent d'avis. "Les profs sont disponibles pour les démonstrations, car pour qu'il puisse choisir sa voie, l'enfant a besoin du son, de l'image et du toucher". Par ailleurs, pour revenir sur la genèse de cette école, son ouverture n'a pas été des plus faciles ! Pour sa création, Khaled Ikhtaben a dû batailler pour pouvoir concrétiser son rêve. "En 2014, j'ai décidé de créer une école pour enseigner la musique aux enfants. Alors, je me suis présenté à l'Ansej pour la réalisation de ce projet". Mais, il s'est trouvé face à de multiples problèmes de bureaucratie. "En faisant ma demande, l'institution m'a répondu que le code d'activité pour une école de musique est inexistant. En me battant pour sa création, ce code a fini par être créé par l'Ansej et dénommé ‘Etablissement d'enseignement artistique'". À travers cette démarche "innovante", la "République des arts" a été consacrée meilleur projet 2017. Ambitieux et motivé à transformer cette école en un vrai établissement professionnel, le saxophoniste a pour but de faire de la "République des arts" une institution diplômante et non qualifiante. "Pour le moment je ne possède pas d'agrément, mais juste un registre de commerce (Ansej). Je ne vais pas m'arrêter là, j'ai envie de professionnaliser cet espace ! Cela ne sera pas facile à réaliser mais je vais tout faire pour son accomplissement", a-t-il conclu. Hana Menasria