Quel est le parfum préféré des maquignons ? Fa-Berger ! Saisie au vol, au p'tit bonheur la chance du zapping sur les chaînes télé, cette analyse succulente d'un vendeur de «gourt», de foin, interrogé par Ennahar TV : «C'est comme ça, khouya ! Quand c'est la période du mouton, nous vendons le mouton et ce qui va avec. Quand c'est le Mouloud, nous vendons des pétards et des fusées, quand c'est l'été, nous louons des parasols, des tables et des chaises, et le reste de l'année, nous gérons les parkings.» Génial ! Enfin dit clairement et énoncé sans pudibonderie ni emphase inutile, le seul vrai plan de relance économique de la Principauté ! C'est carré et brut de décoffrage. L'année est ainsi quadrillée au millimètre. Les saisons domestiquées. Pas de surprise, et même en sus, la perspective de faire par anticipation des projections sur les cours et les niveaux de production ! Plus sérieusement, car parfois, même si c'est difficile, même si mon cardio m'a prévenu fermement contre de nouvelles prises de tête, m'ordonnant de ne jamais ôter mon gilet-humour-pare-conneries, il faut regarder les choses en face. Et écouter. J'ai regardé le mec et je l'ai écouté. Et très sincèrement, sur les tombes de nos dirigeants successifs, ceux qui prétendent nous sortir du tunnel depuis 1962 et qui se sont visiblement plus préoccupés d'en rallonger la longueur et la noirceur, eh bien sur leurs tombes, je propose de noircir à notre tour leurs pierres tombales avec cette épitaphe : «Ci-gît celui qui a fait de nos vies une suite saisonnière de misère faite de k'bech, de foin, de fusées et fumigènes, de centimètres de plages sanglants et de parkings sans fin. Allah la trebbeh ! » Eh oui ! Le désespoir, lorsqu'il n'est pas combattu se construit une logique, un mode de fonctionnement et les conditions de sa perpétuation. L'été. L'automne. L'hiver. Le Printemps. Les fêtes religieuses. Les congés. Et les parallèles mortifères. Ces chemins de traverse que l'interviewé présente en toute sincérité comme le cours normal de la vie en Principauté. Il aurait pu ajouter juste ceci, mais je ne lui en veux pas trop : fumer du thé et rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.