- L'islam religion d'étal ! - Tu veux dire religion d'Etat ? - Non ! J'ai bien dit religion d'étal ! - ??? Alger. 6 heures 45 minutes. Deuxième jour de l'Aïd. Ainsi donc, ils l'ont fait ! Le Maroc aura profité de cette fête religieuse pour nous envahir. Sûrement une attaque chimique. Une odeur atroce flotte sur toute la ville. Et puis, il n'y a aucune trace d'impacts de bombes, de lâchers de missiles. Sauf les nids-de-poule et les cratères habituels. Mon Dieu ! Les poubelles regorgent de victuailles, de peaux de moutons qui n'attirent même plus les chats et chiens errants, tellement tout ce fatras dégage une impression de décharge immense. Mes compatriotes ont dû être surpris en pleine ripaille. Les lâches voisins du Royaume Perfide de l'Ouest ne leur ont laissé aucune chance, même pas celle de débarrasser, de nettoyer toutes ces immondices. Mais où étais-je donc au moment de l'agression ? Ah ! Oui, je me rappelle ! Depuis les appels pressants des autorités chéries de mon pays à éviter les comportements déstabilisants et à déjouer les plans diaboliques visant justement à nous faire vaciller sur nos bases pourtant si légendairement solides, je m'étais aménagé un abri dans la cave de mon immeuble. Et ces dernières heures, les bêlements de moutons se faisant de plus en plus forts, les odeurs de plus en plus fétides, mélange d'urine, d'ammoniac bio, de crottes et de «ras m'chaouet», je m'y étais réfugié pour avancer un peu dans mes projets d'écriture. J'ai dû m'endormir, sûrement. Ainsi donc, la fatigue m'a sauvé la vie ! Le sommeil lourd m'a permis d'être le dernier survivant en ce Day-After. Mais où sont les Marocains ? Je ne vois nulle part trace de leurs troupes d'invasion dans ma ville. Peut-être dans le palais, tout là-haut ? Je vous ai déjà dit qu'il flottait dans l'air une odeur horrible ? Ah ! Oui ! Dès l'entame de la chronique ? Bon ! Alors, dans ce décor de fin du monde dézédien, moi, le survivant, la légende, je n'ai plus rien d'autre à vous dire, à vous compatriotes aujourd'hui morts. Sauf peut-être de fumer du thé, car même là où vous êtes, le cauchemar continue. H. L. P. S. : une pensée ce jour. Cela fait 20 ans jour pour jour que 5 chérubins, 5 enfants de Dézédie sortis jouer dans Alger, à quelques pas d'une résidence d'Etat, au cœur de la capitale, ne sont jamais rentrés chez eux. Victimes de la horde terroriste tapie là, dans une grotte. Un endroit que les 5 anges avaient transformé en lieu de rêve, d'exploration et d'aventures extraordinaires. Aujourd'hui que certains d'entre nous font mine de découvrir que le terrorisme «revient» en force, je vous demande une pensée pour le Club des 5 chérubins arrachés à leurs familles inconsolables. Ils avaient des prénoms : Jamyl. Mehdi. Yassine. Hichem. Ilyes. Le Fumeur de Thé