Un ancien arbitre, Mohamed Zekrini pour ne pas le nommer m'avait prévenu : la saison footballistique 2018-2019 sera encore plus «chaude» que toutes celles durant laquelle la violence dans les stades a prévalu. A peine huit journées de championnat disputées que la bête immonde s'installe, plutôt, se réinstalle. Après Sétif, jeudi passé lors du classique ESS-JSK, c'est quelques dizaines de kilomètres plus au nord, à Béjaïa, que les ennemis du football et de la paix ont fait irruption. Sous prétexte que les locales ont perdu, des scènes de violence ont éclaté à peine quelques minutes après ces rendez-vous, d'habitude marqués par la sérénité. Les images tronquées (à Sétif, la télévision a fermé l'œil en ne diffusant pas la rencontre alors qu'à Béjaïa les équipes de l'ENTV ont été prises pour cibles par les fanatiques du MOB) montrent l'ampleur de cette haine désormais alimentée par une pratique insidieuse des acteurs du football. En l'occurrence, des joueurs qui trichent, des dirigeants qui gesticulent et palabrent à chaque faute d'arbitrage et des médias et réseaux qui s'enflamment pour des spectacles qui n'en sont pas vraiment. Des parodies de football qui finissent dans le sang. Que faire ? Le législateur, algérien et autre, a élaboré tout un arsenal juridique, son application demeure soit insuffisante, inadéquate, sinon peu adaptée. Parmi les mesures coercitives, figure la sanction du huis clos. Après moins de soixante matchs joués (sur les 64 prévus), la commission de discipline de la LFP a prononcé nombre de décisions disciplinaires dont 4 mesures de suspension de terrain. Il s'agit des stades de Béjaïa (JSMB), d'Annaba (deux matchs de suspension), de Bologhine (MCA) et le 20-Août-55 d'Alger (CRB). Toutes les sanctions ont été justifiées par le jet de projectiles après récidive. Dans un autre registre, la commission de Kamel Mesbah a pris plus de sanctions à l'encontre de joueurs, entraîneurs et dirigeants et ce, pour différents griefs. Les présidents des clubs de l'ASAM, du RCK, de l'USMH et de l'USMAn ont été suspendus ou mis en garde. D'autres dirigeants à l'exemple des patrons de la JSS et de l'ESS sont en «liste d'attente ». Pour quel impact ? Aucun si l'on juge par la poursuite des hostilités physiques et langagières avant ou à l'issue de chaque journée de championnat. S'il faut admettre que pareille déferlante s'invite à une période de grande incertitude sur le triple plan social, politique et économique du pays. Ce n'est pas pour autant qu'elle est justifiée. La fermeté des instances du football, particulièrement la nouvelle équipe de la LFP conduite par Abdelkrim Medaouar, est une condition sine qua non à la préservation de la paix dans nos stades. Les «injustices» constatées dans le traitement des dossiers disciplinaires et autres par le passé ont entamé la crédibilité de la fédération et de ses ligues. Pour première mission, il s'agira donc de restaurer la «confiance» des populations sportives lasses des deux poids, deux mesures qui avaient cours pendant les années précédentes. La «protection» des intérêts de certains clubs, relevant de certaines régions dont sont originaires des décideurs du football a souvent nui à l'instauration de ce climat de confiance. Que de présidents de clubs, de par leur influence réelle ou supposée, ont bafoué l'éthique et les principes fondamentaux du fair-play à partir de déclarations intempestives et irréfléchies. Voir une main de fer dans un gant de velours c'est bien, mais devant la précocité des faits et événements, seule la fermeté peut garantir un «retour à la normale». Sinon nous allons vers les extrêmes pour combattre ce mal et arrêtons la mascarade. Le football, jadis facteur de rassemblement, doit cesser d'exister en Algérie. Momentanément ou pour une assez longue période. Le temps de tout remettre en ordre. A commencer par cette fumisterie de professionnalisme qui ne rapporte que sang et désolation. M. B.