Après avoir «sondé l'opposition», Abderrazak Makri passe à la «consultation populaire». Comme quelqu'un qui est… gêné d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle, il s'est d'abord cru obligé de se lancer dans un pathétique exercice de contorsion politique dont tout le monde connaît la figure. En appelant l'«opposition» à une concertation dont l'objectif final est de s'entendre sur un «candidat consensuel», il n'y avait manifestement que lui qui n'avait pas compris sa propre manœuvre, tellement elle est grosse. Parce que dans la foulée, comme s'il appréhendait que ses éventuels partenaires ne saisissent pas très bien le sens de son «initiative », il a fait preuve d'un remarquable sens de l'anticipation. En se proposant, en des termes à peine voilés, comme le… candidat consensuel ! Et de sommer déjà ses partenaires de présenter un projet et un homme qui puisse le concurrencer, devant lesquels il serait prêt à s'effacer… s'ils sont convaincants ! Manifestement, l'«initiative» n'a pas enthousiasmé beaucoup de monde parmi ceux à qui elle est destinée. Si c'était le cas, on imagine que Makri n'aurait pas boudé son bonheur en en parlant publiquement. Et pour cause, les initiatives du genre, il ne doit pas être le seul à y avoir pensé parmi les potentiels «candidats ». Quand il s'agit de solliciter des ralliés au lieu de choisir des… alliés, ce n'est pas bien compliqué. En plus, ils ne doivent pas être nombreux, les opposants qui envisageraient de mettre leur ambition en sourdine pour faire place nette à un… perdant à coups sûrs ! L'islamiste Makri, lui, est comme ça. Après l'entrisme, il peut aussi tenter le diable. Sinon les deux, simultanément. Suite au bide, certainement attendu du «consensus» donc, le voilà qui s'en remet au… peuple pour un «sondage» dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est cousu de fil blanc. Il n'est même pas besoin de discuter de ses résultats et de leur crédibilité scientifique. Deux questions y figurent. Dans la première, il demande aux Algériens ce qu'ils pensent de «l'initiative du MSP». Comme il ne viendra à personne l'idée d'aller contrôler l'opération dans son déroulement et ses résultats, Makri s'en sortira la conscience tranquille, qu'il ne manquera pas d'exhiber le moment venu, en prenant l'opinion à témoins : il n'y a pas de candidat du consensus, je suis l'unique rassembleur ! Et la première question préfigure déjà la seconde. En demandant aux Algériens ce qu'ils pensent de la candidature de Bouteflika pour un cinquième mandat, il ne va quand même pas s'accommoder d'un résultat contraire à celui dont il caresse le rêve secret. Parce que le chef du MSP, comme tous les islamistes ne lâchent jamais rien et en l'occurrence, il est convaincu que tout peut arriver. Et si ça… arrive dans le sens de ses «prévisions» et de son souhait, c'est tout bénef. A moins que tout ça ne soit plus prosaïque : Chercher la manière la plus honorable d'assumer une candidature, même sans illusion, ce qui n'est déjà pas si mal, dans sa tête. S. L.