La commune d'El-Biodh (50 km au nord de Naâma) a abrité mercredi dernier, les festivités commémorant le 57e anniversaire de la journée de l'Emigration relative au massacre des centaines d'Algériens jetés dans la Seine à Paris, rappelons-le le 17 octobre 1961. Une autre pieuse pensée a été organisée au lycée technicum de Aïn-Séfra, en présence de la directrice des moudjahidine, du directeur de l'éducation et bien d'autres figures historiques, où une conférence a été donnée par l'écrivain Ahmed Derdour. La Sûreté de wilaya de Naâma a, de son côté, commémoré la Journée de l'émigration, en rendant visite, au grand moudjahed Mohamed Hafaïna. Peu avant cette nuit d'horreur, alors que la guerre d'Algérie s'approchait de sa fin (quoiqu'on ne le savait pas encore), le préfet de police Maurice Papon avait instauré un couvre-feu pour les Algériens, en publiant un communiqué, leur interdisant de circuler la nuit dans les rues de Paris plus particulièrement de 20h à 5h30 du matin. La police parisienne était-elle noyautée par l'OAS, comme on l'a déjà dit ? Ou, était-ce du racisme ordinaire ? Des interrogations qui, 57 ans après, n'ont pas trouvé de réponses et que la lumière n'a toujours pas était faite sur cette nuit meurtrière qui a coûté la vie à des centaines d'Algériens, massacrés et jetés dans la Seine, par la police française. On relève dans un témoignage recueilli par l'écrivain Michel Levine, publié dans un livre intitulé : Dans les ratonnades d'octobre, un meurtre collectif à Paris en 1961. L'auteur publie dans ce livre, des témoignages dispersés de quelques Algériens rescapés ou dont leurs proches ont vécu durant cette nuit d'horreur : Slimane Alla de Aïn-Séfra, encore en vie à Annaba, l'a échappé belle cette nuit d'horreur, alors que son frère Ahmed, a été arrêté et jeté dans la Seine. Mohamed Badache que deux policiers ont étranglé avec un lacet, dans un fossé. Mohamed Trachi, assommé et jeté dans la Seine au pont de Suresnes. Ahcène Boulanouar battu, volé et jeté dans la Seine face au jardin Notre-Dame. Bachir Aïdouni, seul rescapé d'une autre tentative de noyade. Ramdane Berkani, assommé à coup de crosse. Medjdouli Lalou, violemment matraqué sur tout le corps, menacé, puis abandonné par les policiers au coin d'une rue, incapable de bouger. Akli Benadji et son ami Arezki, tabassés à coup de barre de fer et laissés dans les bois de Meudon. Ahmed Bouzidi, dont le neveu est retrouvé noyé. Misérable liste, fragmentaire, désespérante. Alors que pour la région de Aïn-Séfra, l'on dénombre plus d'une centaines de rescapés dont certains sont encore en vie, en témoignent les moudjahidine Fadel Mohamed (cicatrice au crâne), Batoul Kaddour (bastonné sur un capot d'une 2 CV), Belfar Houari, Mbata Mohamed et bien d'autres… Bref ! L'histoire avec un grand H reste l'un des grands soucis des anciennes générations : comment passer le flambeau aux futures générations. B. Henine