Une équipe d'archéologues internationaux dirigée par M. Mohamed Sahnouni a découvert des outils en pierre taillée remontant à 2,4 millions d'années, beaucoup plus anciens que ceux trouvés déjà sur ce site connu sous le nom de Aïn Lahnèche, près d'El-Eulma, dans la wilaya de Sétif. Cette importante découverte pourrait remettre en cause l'Afrique de l'Est comme berceau unique de l'humanité. Les découvertes ont été faites sur deux couches archéologiques, l'une datée de 2,4 millions d'années et la seconde de 1,9 million d'années. Cette information, soutenue par une publication dans la prestigieuse revue Science a fait le tour du monde. Il s'agit de galets en calcaire et en silex ressemblant exactement à ceux dits Oldowan, trouvés jusqu'alors principalement en Afrique de l'Est. On a également trouvé, tout près de cet endroit, des dizaines d'ossements d'animaux fossilisés, ce qui explique la présence de ces objets préhistoriques destinés certainement à la boucherie. Ces ossements sont ceux d'ancêtres crocodiles, éléphants, hippopotames et girafes. «Le site de Aïn Lahnèche est le deuxième plus ancien au monde après celui de Kouna en Ethiopie qui remonte à 2,6 millions d'années, considéré comme le berceau de l'humanité», explique le professeur Mohamed Sahnouni. Cette découverte signifie que les techniques d'outils sont rapidement sorties de l'Afrique de l'Est. Mais une autre hypothèse est évoquée : il ne s'agirait pas d'un déplacement d'hominidés venus d'Afrique de l'Est mais de l'existence de deux origines des anciens hominidés et des technologies lithiques, l'une en Afrique de l'Est, l'autre au nord du continent. Des retombées sur la recherche archéologique ? Cette découverte signifie aussi que les ancêtres de l'homme étaient présents en Afrique du Nord au moins 600 000 ans plus tôt que ce que les scientifiques croyaient jusqu'à maintenant. Auparavant, les plus vieux outils d'Afrique du Nord dataient de 1,8 million d'années, sur un site proche. Cependant, on n'a pas encore découvert de restes humains pour bien comprendre la réalité de ce site : de quelle espèce d'hominidés sont les créatures qui ont taillé ces outils et chassé ces animaux ? Nul doute que la poursuite des travaux permettra de répondre à cette question. D'ailleurs, c'est le souhait du professeur Sahnouni : «La découverte ouvre la perspective de trouver ‘'plus de matériaux archéologiques en Afrique du Nord et dans le Sahara''», écrit-il dans l'article signé par les chercheurs et validé scientifiquement par un comité de lecture. Un autre souhait auquel il faut une réponse politique : que cette découverte ait des retombées sur la recherche archéologique en Algérie. R. N.