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Les non-dits d'un appel à la grève
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 01 - 2019

Les appels à la grève se font entendre de nouveau. Qu'elle ait lieu ou pas, l'appel en lui-même suffit à remettre la pression sur les parents d'élèves et sur leurs enfants scolarisés dans les écoles publiques (cette école du pauvre). Les angoisser de nouveau, créer un climat de peur, voire de panique, au sein des familles. Perdurant depuis une dizaine d'années, ce climat anxiogène a pour finalité de déstabiliser la scolarité de nos enfants de l'école publique et tirer la qualité de l'enseignement (ou ce qui en reste) vers le bas. Si la légalité (ou l'illégalité) de cet arrêt de travail dépend d'institutions habilitées à le qualifier — justice et ministère du Travail — il n'en demeure pas moins que le simple citoyen a son mot à dire quant à sa légitimité ou non. Faudrait-il encore qu'il ait toutes les informations pour apprécier cet appel. Et à l'analyse du contenu des appels bien des zones d'ombre apparaissent. Bien des questions restent en suspens. En réalité, si certaines revendications sont rendues publiques, d'autres ne le sont pas : des non-dits.
Contradictions
Le premier responsable d'un des syndicats appelant à la grève, M. Sadek Dziri (Unpef) est intervenu sur le journal électronique TSA (Tout sur l'Algérie) le mardi 15 janvier 2018. Dans le communiqué envoyé à la presse, ce syndicat préconise sa participation aux décisions pédagogiques que doit prendre le MEN.
A la bonne heure ! On croyait que la pédagogie relevait de structures spécialisées (CNP, INRE, IGP) encadrées par des experts dument mandatés — enseignants du terrain, inspecteurs et universitaires — dont certains sont des syndicalistes et que la mission/vocation d'un syndicat est de défendre les droits moraux et matériels de ses adhérents. Il est vrai qu'en tant qu'enseignant de formation, un syndicaliste a le droit d'émettre son avis sur des questions pédagogiques. Qu'en est-il des revendications de l'Unpef ? Ils demandent à revoir les «horaires scolaires» : une formulation vague.
La formule exacte est de «revoir les rythmes scolaires» qui sont effectivement démentiels pour nos élèves (inflation de matières et lourdeur du cartable). Pourquoi ce syndicat a-t-il attendu 2018 pour déterrer un dossier ficelé en 2010 et qui dort dans les tiroirs depuis huit (8) ans dans un silence complice généralisé ? A-t-il eu vent de la volonté du ministère de rouvrir ce dossier pour, ensuite, venir s'approprier la paternité de l'idée ? Deuxième revendication : revoir les contenus des programmes et des manuels. Là aussi, il est bizarre de voir ce syndicat se réveiller sur ce dossier sensible des contenus au moment où ils commencent à être nettoyés de leur aspect archaïque à forte odeur idéologique. C'est que pendant des décennies, les contenus des programmes et des manuels scolaires algériens ont été marqués par l'empreinte wahhabo-baâthiste excluant l'identité algérienne et maghrébine au profit de l'identité wahhabiste moyen-orientale.
Depuis son agrément, jamais ce syndicat n'a bronché devant l'exclusion dont sont victimes les femmes et hommes de lettres algériens d'expression arabophone, amazighophone ou francophone. Ce syndicat serait-il déstabilisé par la décision prise par le MEN de réhabiliter les œuvres littéraires algériennes et rompre avec l'endoctrinement idéologique importé ? Ce syndicat ne fait qu'écho à la colère de partis politiques et d'associations d'obédience wahhabiste qui avaient critiqué la recommandation de la Conférence d'évaluation de la réforme (juillet 2016) préconisant cette réhabilitation de l'identité algérienne dans les contenus des programmes et des manuels.
On aurait aimé entendre ce syndicat s'élever contre l'ostracisme qui a frappé, pendant des décennies, la dimension amazighe dans les programmes d'histoire. Jamais, ce syndicat n'a dénoncé cette Histoire d'Algérie tronquée, falsifiée au mépris de l'éthique et du devoir de fidélité que nous devons à nos ancêtres. Le voilà en... 2019, se positionner sur des idées qu'il n'a jamais embrassées et en faire un argument revendicatif. Loin de nous l'idée de penser que tout est rose dans le tableau de l'école algérienne. Des points noirs subsistent encore, des tabous sont érigés en lignes rouges à ne pas dépasser et qui empêchent la modernisation de notre système scolaire et universitaire. Citons quelques tabous qui semblent agréer ce syndicat qui refuse de les remettre en question.
L'horaire de la langue d'enseignement, au primaire en particulier, sonne comme un défi à la norme internationale scientifiquement élaborée. En Algérie, le volume horaire hebdomadaire de cette langue d'enseignement avoisine les 60% du volume global — toutes matières confondues — il a même atteint les 70% au début de la réforme.
Or, la norme admise mondialement est de 20%. A titre de comparaison en Tunisie elle était de 26%. Conséquences : la qualité de l'enseignement de cette langue est hypothéquée par ce surdosage qui pousse l'élève à s'en détourner (ras-le-bol). Ramener ce volume hebdomadaire de 60% à 20% (norme scientifique) suppose d'augmenter les maigres horaires d'autres disciplines comme les maths, les sciences, l'EPS, l'éducation artistique, tamazight, le français. Ce qui serait conforme aux besoins de nos élèves et aux exigences d'une éducation moderne. Mais relever ces maigres horaires n'est pas du goût des «idéologues» promoteurs de ces tabous.
Deuxième tabou : la coupure linguistique entre le système scolaire et l'université. Les élèves scolarisés dans l'école publique (école du pauvre) souffre de ne pas pouvoir suivre leurs études universitaires dans les spécialités les plus demandées (médecine, pharmacie, architecture…). Comme ces filières sont enseignées en français, seuls les élèves des établissements privés sont aptes à les suivre. Bien sûr qu'il existe des élèves des lycées publics qui sont en mesure de les poursuivre une fois bacheliers : ils appartiennent à des familles un tant soit peu favorisées qui leur ont payé des cours de français durant leur scolarité. Les bacheliers issus de familles pauvres n'auront d'autres choix qu'à suivre des filières… à chômage. N'est-ce pas un apartheid à triple tête (linguistique, culturel et social) qui ne dit pas son nom ? Pourquoi ce syndicat ne se soucie-t-il pas du sort peu envieux réservé aux élèves de l'Ecole publique pour casser cet apartheid honteux ? Pourquoi ne demande-t-il pas à ce que l'Etat autorise l'Ecole publique à jouir de cette même liberté qu'ont les écoles privées pour offrir une langue étrangère à ses élèves dès la maternelle ? Leur permettant ainsi de la maîtriser pour s'épanouir à l'université.
Les non-dits
Il est communément admis que l'émergence des syndicats dits autonomes s'est construite suite à la mainmise du syndicat/maison de l'ex-parti unique. Ce syndicat (UGTA) avait la totalité des privilèges que lui offrait son statut politique : œuvres sociales, détachements d'enseignants, locaux… A juste titre, les nouveaux syndicats ont fini par dénoncer ces privilèges et, à partir de cette dénonciation, à se faire une place de choix. Mais le syndrome UGTA persiste dans les têtes : déloger ce syndicat pour prendre sa place et en jouir.
Nous apprenons que parmi la pomme de discorde entre le MEN et certains de ces syndicats, il y a justement le problème posé par ces trois privilèges accaparés, en son temps, par l'Ugta.
En 2013, le nombre de fonctionnaires détachés vers les syndicats était légèrement supérieur à 1000, pour la plupart des enseignants. Conséquences attendues de ce nombre de détachements : un manque à gagner pour le Trésor public, un déficit aggravé en enseignants actifs, un alourdissement des sureffectifs en élèves par classe. En 2018, ce nombre a été revu à la baisse pour atteindre 750 détachés.
Il est bon de savoir que ces fonctionnaires mis à la disposition des syndicats jouissent de faveurs que n'ont pas leurs simples adhérents : promotion automatiques dans le corps d'origine et parfois promotions spectaculaires, pas de retrait sur salaire pendant les grèves ( immunité syndicale ?!?!). Ce privilège étant remis en question au vu de la situation précaire de la santé financière du pays, nous voilà avec cette levée de boucliers, colère, et menaces de grève.
Pour les locaux, là aussi, c'est le patrimoine de l'Ecole publique qui est sollicité pour servir de sièges aux douze (12) syndicats du secteur, et ce, au niveau de la capitale, et des chefs-lieux de wilaya.
Multipliez 48 wilayas par 12 et vous aurez le nombre de locaux soustraits du patrimoine de l'Ecole publique. Et ce sont des infrastructures utiles pour des usages multiples : des salles de classe, des laboratoires, des cantines, des bureaux.
Concernant les détachements d'enseignants vers les syndicats et l'attribution des locaux, le ministère de l'Education a lourdement fauté dès l'octroi des agréments en créant deux collèges. Certains syndicats — deux ou trois — jouissent de privilèges indécents comparés à leurs autres confrères qui se contentent de miettes. Et à certains syndicats de penser dur comme fer que les quotas de 2013 (nombre de détachements et de locaux) sont des acquis irréversibles. Depuis quand un syndicat «dit libre et autonome» s'accroche-t-il à des privilèges offerts par le pouvoir politique ? A moins de vendre son âme ! Au sujet des œuvres sociales, autre boîte à Pandore, les informations parues dans la presse parlent d'enquêtes diligentées par l'IGF et la Cour des comptes. Voilà un pactole qui se chiffre en centaines de milliards de dinars et qui part en fumée dans les voyages d'agréments, les omra, les hadj, les achats de voitures et autre prêts et selon le profil de la clientèle. Alors que le bon sens aurait voulu que cet argent de la solidarité aille aux plus démunis des travailleurs du secteur (logements, indemnité pour accroître les bas salaires). En ces temps de baisse du pouvoir d'achat, la piste d'une participation solidaire pour améliorer les bas salaires est envisageable : sur les 2% de participation aux œuvres sociales, une partie non négligeable pourrait servir à cet usage. Une bouffée d'oxygène pour les plus démunis des salariés ( les 18 000 dinars/mois)
A l'analyse des revendications — celles rendues publiques et les non-dits — on ne peut que faire un constat : trop de contradictions ! D'un côté, trois revendications : la retraite proportionnelle (tout à fait justifiée dans un contexte serein, socioéconomiquement et politiquement) ; l'augmentation du nombre de fonctionnaires détachés (mis à la disposition des syndicats) et la baisse du volume horaire de l'enseignant (18h/semaine pour le PES ; 22h/semaine pour le PEM et 30h/semaine pour le PEprimaire).
De l'autre côté, tout le monde se plaint — syndicats compris — des sureffectifs dans les salles de classe, le déficit en enseignants, la faiblesse de qualification professionnelle chez les nouveaux enseignants. N'est-ce pas que ces revendications viennent aggraver ces constats unanimes, au lieu de les solutionner ?
Au dernières nouvelles toutes fraîches, l'Unpef vient de publier un communiqué sous forme d'un appel. Appel à qui ? Aux femmes adhérentes de ce syndicat pour qu'elles se mobilisent. Voilà le syndicalisme à l'algérienne qui fait dans la discrimination entre hommes et femmes syndiqués. Une belle entorse à la dignité des luttes syndicales pour lesquelles des hommes et des femmes sont morts un peu partout dans le monde – et en Algérie – depuis le XIXe siècle.
A. T


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