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«Le MCA a perdu son âme»
Abdelouahab Zenir (Ex-défenseur central international du MCA) :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 02 - 2019

Wahab Zenir a été l'un des meilleurs défenseurs centraux du MCA avec un palmarès inégal (5 championnats et 4 coupes d'Algérie ainsi qu'un titre de champion d'Afrique). Et il avait le charme en plus au point d'être surnommé Julio du fait de sa ressemblance physique avec le célèbre chanteur espagnol Julio Iglesias. Retour sur une glorieuse page de l'histoire du Doyen avec un ancien capitaine toujours serein.
Le Soir d'Algérie : Vous n'avez connu qu'un seul club, le MCA, et vous avez signé votre première licence à l'âge de onze ans.
Abdelouahab Zenir : Oui, dans la catégorie des minimes, première année.
Et qui vous a ramené au Mouloudia ?
«Ammi» Mouloud Djazouli, Allah yarahmou. Il faut dire qu'à «Scala» sur les hauteurs d'Alger, on jouait souvent des rencontres de quartier et comme la famille Djazouli habitait près de chez moi, j'avais souvent l'occasion d'affronter ses enfants et c'est ainsi que «Ammi Mouloud» a jugé que j'avais les qualités pour intégrer les rangs du MCA.
Et vous avez toujours évolué au poste de défenseur central ?
Non, à mes débuts, j'occupais le poste d'avant-centre. Ce n'est que par la suite que j'ai reculé en défense.
Et quel est l'entraîneur qui vous a fait reculer ?
C'était El Kamel «Allah yarahmou», dans la catégorie des cadets vu que j'avançais dans l'âge et que j'étais devenu adolescent et qu'il me fallait un entraînement spécifique.
Mais pourquoi un entraînement spécifique ?
Parce que le football était en train d'évoluer et devenait plus technique. Avant, les défenseurs remballaient et ne se souciaient guère d'une bonne relance. Pour El Kamel, les attaques devaient se construire à partir des défenseurs et il entame ce travail auprès des jeunes catégories pour préparer l'avenir du MCA.
Et à quel âge avez-vous intégré les séniors ?
Je n'avais que quinze ans et demi quand j'ai étrenné ma première titularisation avec les séniors.
Et qui était le coach qui avait pris le risque de vous faire débuter aussi jeune ?
C'était Hahhad, mais il faut dire que j'ai profité d'une occasion que je n'ai pas ratée et qui a été décisive dans ma carrière.
Quelle occasion ?
A l'époque, Mekidèche, Berkani, Maloufi et Metrah étaient des défenseurs centraux du MCA, où, à la veille d'un match, Mekidèche et Berkani étaient blessés et Maloufi avait eu un accident de voiture. Il ne restait que Metrah qui était bon pour le service. Il m'avait déjà vu avec les cadets et il a demandé à Hahhad de me titulariser avec lui, et ce dernier qui me connaissait aussi n'a pas hésité à me mettre dans le bain.
Cela devait être impressionnant de débuter aussi jeune ?
Surtout débuter face à l'ESS des Matten et Koussim qui était la bête noire du Mouloudia. Et le comble, ce n'est que le jour du match que l'on m'a informé de ma titularisation.
Et pourquoi ne l'a-t-on pas fait la veille ?
Les dirigeants savaient que s'ils m'avaient avisé la veille du match, j'aurais eu du mal à trouver le sommeil. Je me souviens bien, c'était un dimanche et tout le quartier de «Scala» était en ébullition. Je suis descendu à pied vers le stade de Bologhine accompagné par une foule de supporters. Le plus drôle, c'est qu'à l'entrée du stade, on ne m'a pas laissé entrer, car on ne m'avait pas reconnu vu que c'était la première fois que je me présentais et personne ne croyait qu'un jeune allait évoluer avec les séniors. Il a fallu que les dirigeants interviennent.
Et comment s'est déroulé le match ?
Je devais surveiller Koussim et finalement, le MCA s'est imposé par deux buts à un et moi j'avais réussi à museler l'attaquant vedette de Sétif. Et depuis ce jour-là, je n'ai plus quitté l'effectif sénior, et par conséquent j'ai sauté la catégorie juniors que je n'ai jamais connue.
Et ce fut le point de départ d'un sacré parcours avec le MCA et cette fameuse année 1976 où vous remportez un titre historique jamais égalé, coupe et championnat d'Algérie puis une coupe d'Afrique des champions ?
Une réussite due surtout à des dirigeants qui aimaient le club et qui étaient comme des pères pour nous. Quant à «Ammi Smaïl» Khabatou, l'artisan du succès africain en 1976, il avait réussi partout où il était passé que ce soit à l'OMR, au CRB ou au MCA.
Après votre triple succès en 1976, la réforme est intervenue une année plus tard. On est passé de dirigeants bénévoles à des entreprises nationales gérant les clubs. Avec le recul, comment jugez-vous cette phase ?
La réforme était censée aider les clubs à se professionnaliser, mais on a assisté à l'effet contraire. Il y a eu des milliards partis en fumée. Personnellement, j'ai débuté ma révolution en 1976 à ce jour. Je me bats toujours contre ces nouveaux dirigeants qui n'ont rien compris.
Qu'est-ce qu'ils n'ont pas compris ?
Avec la réforme, le MCA a perdu son âme. C'est un club particulier et il ne peut pas être géré par n'importe qui.
Même pas par ceux qui ramènent de l'argent qui est aussi le nerf de la guerre et qui est assuré par Sonatrach ?
Le MCA a toujours été riche et l'argent ne fait pas le bonheur. Moi, je dis que la réforme sportive de 1977 a bousillé notre football.
Et pourquoi ?
La réforme devait apporter des moyens mais le problème c'est qu'on a chassé tous les anciens dirigeants qui connaissaient bien le foot. Et du jour au lendemain, on s'est retrouvé avec des bureaucrates. Pour voir un responsable, il fallait prendre rendez-vous et éviter le dimanche, parce que c'était un jour de repos à l'époque. Ou alors, il fallait se présenter au niveau de l'entreprise avant 14 heures au risque de ne plus trouver personne dans les bureaux. Il n'y avait plus de dirigeants disponibles 24h/24.
Mais sans l'argent de la Sonatrach, le MCA aurait-il pu survivre ?
Mais où est passé tout cet argent ? Le MCA n'a ni son propre centre de formation ni son stade, non, la réforme n'a rien apporté.
Pour en revenir à votre carrière, quel est l'attaquant qui vous a posé le plus de problèmes ?
Hacène Lalmas, bien sûr il était doué techniquement et il était très dur mais aussi très respectueux envers ses adversaires.
Et les derbies MCA-CRB étaient très « chauds » ?
Je me souviens d'un derby où Kalem est venu me dire «c'est toi qui es chargé de me surveiller» puis, il m'a manqué de respect pour m'impressionner et m'intimider. Lalmas, qui avait vu la scène, n'a pas branché au début. Moi, j'ai répondu sur le terrain en muselant Kalem. Ce dernier a même commis une faute contre moi et en me voyant à terre, il est venu me relever. A ce moment-là, Lalmas est arrivé et m'a lancé «tu vois, tu l'as mis à genoux. S'il n'avait pas vu que tu étais un homme, il ne t'aurait pas relevé». Je dois dire que par la suite, moi et Kalem sommes devenus de bons amis. C'est vraiment un brave homme. Quant à Lalmas, c'est un monsieur qui m'a toujours respecté et qui m'a bien accueilli en équipe nationale.
Vous totalisez seulement 33 sélections. Vous auriez pu faire mieux ?
A l'âge de 24 ans, alors que j'étais au sommet de ma carrière, j'ai décidé de quitter l'EN mais personne ne m'a demandé pourquoi.
Aujourd'hui, on vous le demande.
J'ai quitté l'EN parce qu'il fallait que je choisisse entre la sélection et mon fils. A sa naissance, il avait une grave maladie et il était proche de la mort, mais il y avait un petit espoir grâce au professeur Grangau, un pied-noir resté en Algérie et qui aimait le MCA ainsi que la Casoral. Je l'ai emmené en France. Finalement j'ai pu le sauver et aujourd'hui, il est un bon père de famille. J'avais enfin la conscience tranquille même si j'avais été obligé de sacrifier le maillot national.
C'est votre plus grand regret ?
Qui ne veut pas faire une longue carrière au sein de la sélection, malheureusement je n'avais pas un autre choix que de tout faire pour sauver mon fils.
On vous surnommait « Julio du fait de votre ressemblance avec le célèbre chanteur espagnol Julio Iglesias. Comment l'avez-vous vécu ?
Il y avait le vrai Julio et moi, certainement parce que j'étais son sosie. La belle anecdote, c'est que lorsqu'on se déplaçait en France, j'avais toujours une table réservée dans les restaurants parce qu'on me prenait pour Julio Iglesias qui venait déjeuner ou dîner. Pourtant, à chaque fois je leur disais qu'ils se trompaient, mais personne ne voulait me croire. L'avantage c'est qu'il m'arrivait de manger gratuitement.
Vous avez un point commun avec le vrai Julio ?
Je crois qu'il jouait au foot lui aussi au départ. Il était le gardien remplaçant du Real Madrid, ensuite c'est un accident de voiture qui a changé sa destinée.
En dehors du terrain, vous avez toujours cultivé l'élégance vestimentaire. On ne vous a jamais proposé une pub comme mannequin ?
J'aurais pu et j'avais participé à une pub pour autre chose, mais je suis bien content de ma carrière de joueur.
Quel est le souvenir qui vous a le plus marqué au cours de votre carrière ?
C'est le jour où «Ammi» Brahim Derriche a versé une larme.
C'était dans quelles circonstances ?
C'est en 1971, lors de notre première finale de coupe d'Algérie face à l'USMA. On était en regroupement dans un hôtel à la Chiffa, et le jour du match, on est montés dans le bus où je m'asseyais toujours à côté de lui. Au cours du trajet vers le stade, je l'ai vu pleurer puis essuyer ses lunettes de vue. Bien sûr, je lui ai demandé pourquoi ces larmes. Il m'a répondu «mon fils, c'est la première finale du MCA et j'ai longtemps attendu ce moment historique. Je ne sais pas si je serais en vie assez longtemps pour assister à un succès du Mouloudia». Alors, je l'ai rassuré en lui disant : «Ammi Brahim, ne t'en fais pas on gagnera aujourd'hui même si on doit mourir sur le terrain» et Dieu merci, on a remporté cette première coupe d'Algérie en battant l'USMA par deux buts à zéro. Mais à ce jour, je n'ai jamais oublié le visage de Ammi Brahim en larmes.
C'est le Président Boumediène qui vous a remis le trophée. En 1983, c'est Chadli Bendjedid qui vous tend la coupe. Quels souvenirs en gardez-vous ?
Avec Chadli, cela s'est passé très vite. Il m'a donné la coupe et je l'ai brandie immédiatement. Par contre, avec Boumediène, j'ai eu une étonnante anecdote.
On vous écoute
J'étais en regroupement avec l'EN à Sidi Moussa quand Boumediène est arrivé seul, avec son cigare aux lèvres. Nous étions tous réunis et il s'est adressé à toute l'équipe. Puis il s'est tourné vers moi, sur un ton serein : «Alors Si Zenir, tu es le plus jeune sélectionné, quels sont tes sentiments ?» A l'époque, j'avais une abondante chevelure et comme il s'exprimait en arabe classique et que j'étais plutôt francophone, j'ai compris qu'il parlait de mes cheveux puisque sentiment se dit «chouourek» en arabe. J'ai baissé la tête en me cachant le visage et j'ai répondu doucement : «Je vais me faire couper les cheveux.»
Dans les années 90, vous aviez été l'entraîneur du MCA avec Lopez, vous avez remporté un titre ?
(Il nous coupe) et que j'ai sauvé quatre fois de la relégation.
Ensuite, vous n'avez dirigé aucune autre formation bien que vous possédiez un 3e degré et puis vous avez été major de promo ?
Je suis un entraîneur qui a sa dignité. Dans le temps, pendant que je sauvais le MCA de la relégation, il y a des gens qui brûlaient ma maison. Comment voulez-vous travailler avec de telles
personnes ?
Vous auriez pu trouver un autre club ?
Non, je ne me suis jamais vu ailleurs qu'au MCA. Je ne me suis jamais imaginé crier sur des joueurs du CRB par exemple. Sans prétention, j'aurais pu être un bon entraîneur, mais le football est un sport d'hommes, des vrais qui ont des principes. Malheureusement ce n'est pas le cas chez nous, et je préfère vivre de ma retraite plutôt que de m'enrichir en renonçant à ma personnalité et ma dignité.
Propos recueillis par Hassan Boukacem


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