Les algériens qui n'ont jamais été associés à la décision le savent bien. Ils sont absolument conscients qu'à la moindre tentative de lever la pression sur des revendications fermement posées, il ne leur resterait plus que les yeux pour pleurer. Candidat ou pas, un retour à la case départ est inenvisageable au regard d'une exigence populaire qui, au fil des jours, aura puisé sa force dans un rejet total de ses dirigeants. Une administration dont un nombre infini d'Algériens aimerait définitivement s'émanciper. Naïf ou délibérément sourd à la colère de la rue, le système campe sur ses positions face à la demande populaire, avec la certitude que ces dernières ne le mèneront pas droit dans le mur. Mais oui ! En haut lieu, on est en panne de solutions, mais on croit dur comme fer en un nième renoncement d'une jeunesse que l'on musèle à tour de bras. Un pays qui rêve de changement, d'ouverture et de démocratie et qui puise, là où il peut, son énergie pour en finir avec des interdits qui s'amoncellent. L'administration, dans une résistance désespérée au changement et incapable de prendre la mesure de la contestation citoyenne, ne renoncera pas de sitôt à la menace. Se ranger de façon aussi inspirée derrière la candidature la mieux placée, selon elle, pour s'assurer une pérennité sinon irréalisable faute de candidat de rechange fait pourtant courir un risque imparable à cette autorité qui n'admet de céder le terrain ni à ce qu'elle perçoit comme un «chahut de gamins» ni à ce qu'elle regarde avec mépris comme une «révolte de gueux». Parce que c'est bien sous ces images-là que l'on comprend en haut lieu le soulèvement indésirable et surtout inadmissible de la rue. Même si, dans les coulisses, ceux qui tirent les ficelles se doutent parfaitement qu'il y a un grand risque à maintenir le cap, ils jugeront plus rentable d'entretenir l'hostilité. Parce que céder à tout malaise exprimé n'est pas le comportement le mieux adapté à nos dirigeants. Mater la rue de façon sévère, je ne crois pas que cela soit désormais possible. Mais cela ne veut pas dire que l'autorité est prête à ranger son agressivité ou à offrir une issue qui satisfasse. M. B.