Pour la femme algérienne, la fête du 8 Mars symbolise la lutte contre la violence, la dénonciation du mépris, ainsi que sa participation au développement du pays. Cette année, elle intervient dans un contexte un peu spécial. Les femmes ne sont pas restées en marge des mouvements de protestation contre le cinquième mandat, elles ont décidé de faire entendre leur voix. Sur les réseaux sociaux, le hashtag #Mouvementdu8Mars, qui appelle à une mobilisation massive, a été entendu massivement et cette journée a constitué une occasion pour les femmes algériennes, en général, et les Constantinoises pour sortir à leur tour et prendre le flambeau de la continuité du mouvement de protestation contre le 5e mandat. Elles étaient des dizaines de milliers à sortir défiler hier pour la dignité. «Nous marcherons pour vivre, nous marcherons pour l'avenir de notre pays», était le message lancé la veille par un groupe d'enseignantes universitaires qui expliquaient à leurs étudiantes la symbolique de cette journée de combat pour l'émancipation. Bien avant l'heure, des groupes de jeunes filles ont commencé à se former au centre-ville ; drapeau dans une main et une fleur dans l'autre. Une ambiance festive a marqué cette journée où les femmes de tout âge se sont livrées à des chants patriotiques en brandissant des pancartes hostiles au régime, au FLN et au 5e mandat. Universitaires, lycéennes, femmes au foyer, mamans, fillettes, grands-mères, moudjahidate, syndicalistes, toutes sorties pour exprimer leur soutien au peuple. «Nous devons continuer à résister, à lutter, à défendre notre pays et à affirmer notre solidarité», a souligné Mme Nadia B. cadre dans une société étatique. «Non à ce régime qui nous pourrit la vie», s'écrie Sabrina, une jeune étudiante en droit qui encadre un groupe de jeunes résidentes de la cité universitaire 2 de la nouvelle ville. «Les manifestants réclament des changements à la tête de l'Etat et rejettent la candidature du Président-sortant pour un cinquième mandat et il faut continuer à se mobiliser», a soutenu de son côté M. Bouhidel, avocat qui a manifesté également avec toute sa famille. «Les femmes ont toujours été présentes lors de ces mobilisations», a jouté Mme Ghries, médecin, avant de poursuivre : «Aujourd'hui, parce que c'est la journée de la Femme, on se rappelle un peu plus des femmes qui se sont battues dans le passé.» Cependant, cette fête a commencé dès la matinée et juste après la prière du vendredi, des milliers de femmes ont investi les grandes artères de la ville pour une marche gigantesque qui a secoué toute la ville aux cris : «FLN berra», «Pas de cinquième mandat pour Bouteflika», etc. Les Constantinoises ont affirmé que, cette fois, elles ne rentreront pas si Bouteflika s'accroche encore au pouvoir ! Suivant le même schéma des marches précédentes, les manifestants ont marché dans le calme agitant leurs drapeaux. Déployées en nombre, les forces de l'ordre ne sont toutefois pas intervenues, et aucun incident n'a été signalé tout comme les précédentes manifestations. Ilhem Tir