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Au nom de tous les saints…
Edition
Publié dans Le Soir d'Algérie le 10 - 03 - 2019

L'œuvre du grand poète soufi persan Farîd ad-Dîn al-‘Attâr (v. 1142 – v. 1220) est remarquable et unique en son genre. Ainsi, Le Mémorial des saints (Tadhkirat al-Awliyâ') commémore la vie merveilleuse de soixante-douze parmi les plus célèbres saints et pieux personnages de l'islam, dont il s'applique à citer les paroles mémorables et les faits prodigieux qui leur sont attribués. La Librairie de philosophie et de soufisme d'Alger réédite aujourd'hui la traduction de la seule œuvre en prose connue de Farîd ad-Dîn al-‘Attâr.
Cette traduction, quelque peu spéciale, a été réalisée non point directement sur le texte persan original de Farîd ad-Dîn al-‘Attâr, mais d'après la version en turc ouïghour (langue du nord-ouest de la Chine). La traduction française de celle turque-ouïghoure est due au grand orientaliste turcologue Abel Pavet de Courteille (1821-1889), petit-fils du grand mandarin des études arabes et orientales français, le baron Antoine-Isaac Silvestre de Sacy (1758-1838).
Unique ouvrage en prose d'al-‘Attâr, Tadhkirat al-Awliyâ', «célèbre la vie merveilleuse des saints musulmans les plus réputés et les plus anciens». Une galerie riche de 72 noms de saints.
Interrogé à propos du contenu de ce livre hagiographique, M. Mohamed Atbi, responsable des collections aux éditions Librairie de philosophie et de soufisme, a notamment tenu à attirer l'attention du lecteur sur le fait que dans Le Mémorial, ‘Attâr expose souvent des fragments de vie de ces saints personnages durant lesquels ceux-ci apparaissent aller à contre-sens de la manière de vivre et de penser du commun des mortels. Il est en effet difficile, selon lui, de bien interpréter ces «écarts» apparents de comportement si ces derniers ne sont pas liés par le lecteur à un itinéraire spirituel complet des soufis non accomplis dans lequel ils s'inscrivent le plus souvent comme autant d'étapes leur permettant d'atteindre un certain état spirituel (hâl), mais aussi comme autant de thérapies de choc leur ouvrant la voie vers la réalisation d'une certaine station (maqâm) métaphysique. Car, comme les grands maîtres du soufisme le précisent, il n'est pas possible de passer d'une situation excessive bien ancrée chez l'individu itinérant vers «le juste milieu» sans le faire passer, temporairement, par un intermède excessif dans le sens opposé du premier excès. C'est ainsi que l'on peut ― à première vue, et sans aller au-delà de cette ponctualité contingente ― déplorer que «l'idée de sainteté» soit «hélas, trop souvent confondue avec la réalisation de prodiges et d'actions hors du commun (khawâriq)», chaque fois que l'on constate «une affligeante propension à voir dans la sainteté une vulgaire «usine à miracles», alors que le plus grand des miracles ― comme, justement, ne cessent de le répéter les maîtres soufis ― est de remporter cette bataille intérieure (d'où le sens premier du mot jihâd) contre son propre ego et contre sa propre amnésie spirituelle : al karâmah fi ‘l istiqâmah ! Mais il est vrai aussi, précise notre interlocuteur, que les prodiges ou karâmât sont des sortes d'incursions, de manifestations des réalités métaphysiques supérieures dans la dimension contingente du monde de la finitude où nous vivons, dont la fonction est principalement de permettre aux itinérants ― avec d'autres moyens exotériques liés aux textes révélés ― de réaliser qu'ils sont en présence d'un lien réel avec un centre spirituel authentique et véridique.
Beaucoup de fausses représentations et de concepts grossiers peuvent ainsi, en donnant une lecture et une interprétation « au premier degré » de tels faits, dénaturer l'idée de sainteté (wilâyah), dont la plus profonde signification est une amitié élective entre Dieu et son serviteur. L'accès à cet honneur est théoriquement ouvert à tous les fidèles qui en ont la prédisposition (isti‘dâd) : «Tout homme, toute femme, peu importe son statut social, sa force et sa puissance, ses qualités physiques et intellectuelles ou sa race, peut, grâce à la pureté de ses intentions et à la sincérité de ses actes, se rapprocher de la Présence divine (al-hadrah al-ilâhiyyah) et, au bout du compte, accéder à la position privilégiée de saint homme, ami de Dieu (waliyyu 'Llâh).»
Le nom de plume de ‘Attâr — est un mot d'origine arabe qui signifie littéralement «parfumeur», «droguiste» et, par extension, «apothicaire», «médecin herboriste»… Tel fut probablement le principal métier qu'exerça l'auteur, qui sera surtout un grand parfumeur spirituel… Les renseignements qui ont été rapportés sur la vie de Farîd ad-Dîn al-‘Attâr, surtout en ce qui concerne ses dates de naissance et de décès sont très divergentes. Mais il est plus sûr de le faire naître vers 1142 après Jésus-Christ et mourir vers 1220. Son lieu de naissance et probablement de décès est Nîchâpûr (Khurasân), dans l'Iran actuel. Al-‘Attâr a-t-il réellement trouvé la mort lors de la destruction de la prestigieuse cité persane par les hordes mongoles de Gengis Khan en 1220 ? Rien n'est moins sûr. «Une idée très largement répandue chez certains auteurs laisse entendre qu'al-‘Attâr aurait péri lors des massacres perpétrés lors de l'invasion de Nîchâpûr, mais cette assertion (…) semble très peu crédible !» Jusqu'à aujourd'hui, les touristes étrangers peuvent se faire montrer «l'hypothétique» tombeau, récemment restauré et mis en valeur, d'al-‘Attâr dans la ville de Nîchâpûr, non loin de celui du non moins célèbre soufi Abû ‘Abd ar-Rahmân as-Sulamî…
L'œuvre poétique de Farîd ad-Dîn al-‘Attâr – qui constitue en fait l'essentiel de sa production littéraire – est monumentale. Le plus fameux est le Mantiq at-Tayr (le langage de oiseaux), traduit au XIXe siècle par l'orientaliste français iranisant Garcin de Tassy (Paris, 1863). Ce même ouvrage a fait l'objet de nombreuses traductions modernes, par exemple celle, versifiée, de Leili Anvar (Le Cantique des oiseaux), paru à Paris en 2012 aux éditions Diane de Selliers. L'œuvre d'al-‘Attâr n'arrête pas de susciter un très grand engouement. Chantre et pratiquant fervent de l'Amour divin absolu, Farîd ad-Dîn al-‘Attâr a ainsi mérité le plus bel éloge qui fut jamais formulé par un autre très grand poète soufi persan, Mawlânâ Djalâl ad-Dîn ar-Rûmî (1207-1273), le fondateur à Qoniah (Anatolie, Turquie) de l'ordre des Mawlawiyyah ou derviches tourneurs, qui a dit de lui : «‘Attâr a parcouru les sept cités de l'Amour,/tandis que j'en suis toujours au tournant d'une ruelle.»
La traduction française du Mémorial des saints de Farîd ad-Dîn al-‘Attâr a déjà connu une réédition (Seuil, Paris, 1976 éditions du Seuil, coll. Points Sagesse, Paris, 1976), avec une très rapide présentation d'Eva de Vitray-Meyerovitch. le texte que nous donne à lire aujourd'hui la Librairie de philosophie et de soufisme se distingue par de multiples avantages. L'éditeur algérien a pris le soin de faire réviser en profondeur la bonne vieille version française de Pavet de Courteille, corrigeant systématiquement les erreurs de transcription des noms, les contresens, insérant de fort pertinentes notes supplémentaires pour le plus grand profit du lecteur. À cela s'ajoute, chose qui n'est pas moins louable, une très élégante couverture, une excellente mise en page et un luxueux papier pour l'impression. À lire et à faire lire !
Kader B.
(*) Farîd ad-Dîn al-‘Attâr an-Nîsâbûrî : Le mémorial des saints (Tadhkirat al-Awliyâ'). Traduit d'après le turc ouïghour (langue du nord-ouest de la Chine) par Abel Pavet de Courteille. Nouvelle édition revue et présentée par Abderrahmane Rebahi. 488 pages (Librairie de philosophie et de soufisme, Alger). Prix : 2 400 DA.


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