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La mémoire du FLN au-dessus de la curée du jour
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 04 - 2019


Par Pr Abdelmadjid Merdaci
La remise en cause inédite et massive du régime politique en place par les marches populaires s'accompagne, au-delà de ses embrayeurs immédiats – le refus d'un cinquième mandat, l'exigence du départ du système — de l'interpellation récurrente du FLN identifié par la puissance de l'évidence au pouvoir autoritaire.
Pour rappel, le FLN, initiateur de l'insurrection du 1er Novembre 1954, s'est construit en «Front» — dans le sens du rassemblement projeté par la proclamation du 1er Novembre — dans les années 1955-1956, sous l'autorité, notamment, de Abane Ramdane.
Cette construction politique avait été consacrée par les Congrès de la Soummam d'août 1956 avec la mise en place formelle d'un organigramme — le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), le Comité de coordination et d'exécution (CCE) — en charge de la direction du Front et de la mise en œuvre de la plateforme adoptée par le congrès.
L'ALN (Armée de libération nationale) était ainsi placée sous l'autorité du FLN dont l'instance suprême, le Conseil national de la révolution algérienne, rassemblait différents courants politiques en activité avant le début de l'insurrection à l'exception du Parti communiste algérien.
Le Comité de coordination et d'exécution exerçait la responsabilité directe de la conduite de la résistance et son action devait être soumise au contrôle du CNRA qui avait le pouvoir d'en changer la composition. Le CNRA tenu en août 1957 au Caire avait ainsi procédé à de profonds changements dans la direction du FLN – dont l'élimination politique de Abane fut l'un des tournants marquants — et préparé la mise en place du gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), nouvelle direction du Front.
FLN, la mise à mort de juillet 1962
Sans revenir sur les quatre années de mandat du GPRA — septembre 1958- août 1962 —, il faut retenir la création de l'état-major général de l'ALN (EMG) comme une séquence-clé dans la maturation de la crise du pouvoir au sein de la direction du FLN dont l'opposition de l'EMG au CNRA de février 1962 aux accords d'Evian, puis la dissidence déclarée de juin de la même année allaient précéder les confrontations publiques. La réunion du CNRA de juin 1962 dont l'objet éminent était d'établir le programme d'action du FLN au lendemain de l'indépendance – ce qui fut fait avec l'adoption, à l'unanimité, du «programme de Tripoli» — et l'élection d'un bureau politique du FLN appelé à prendre la suite du GPRA s'était séparé dans la confusion après que Mohamed-Seddik Benyahia ait rendu compte de l'échec de sa mission à rassembler une majorité sur une liste pour la formation du BP (bureau politique).
«L'armée des frontières» entre en Algérie en violation des termes des accords d'Evian et l'alliance EMG/Ben Bella engage le processus de prise de pouvoir, y compris aux prix d'affrontements fratricides avec l'ALN, qu'officialisera l'annonce, le 22 juillet 1962, à partir de Tlemcen, de la constitution d'un bureau politique qui se déclare dépositaire des pouvoirs de l'Etat.
Le 3 août, Benyoussef Benkhedda, président du GPRA, prend acte du fait accompli et remet les pouvoirs de son gouvernement au bureau politique dans le souci d'éviter un bain de sang aux Algériens. Au regard des statuts du FLN tels qu'adoptés lors du Congrès de la Soummam, seul le CNRA était dépositaire du pouvoir de désignation des instances dirigeantes du front et eu égard au fait que celui-ci n'était pas parvenu à trancher sur la question du bureau politique, toute autre option hors des attributions du CNRA était sans ambiguïté, frappée d'illégitimité.
Le rêve des nostalgiques de l'Algérie française
C'est le cas du coup de force de Ben Bella et de ses alliés — l'EMG principalement — et on peut considérer qu'outre fonder les institutions de l'Etat algérien sur la puissance des armes, il marquait, dans les conditions les moins prévisibles, le terme de l'existence et des missions du FLN.
Cela met dans l'obligation de dénoncer l'imposture historique qui conduit aujourd'hui des jeunes Algériens aussi enthousiastes que peu documentés à exiger le départ d'un FLN plus tapi dans des mémoires souterraines que dans les arcanes et les appareils de l'autoritarisme institué l'été 1962.
Les nostalgiques de l'Algérie française et de l'OAS en ont rêvé, les jeunes Algériens l'ont fait dans les rues de la capitale et des grandes villes algériennes : jeter l'opprobre sur le FLN, exiger sa récusation. Triste retour de l'histoire, criminelle conséquence de l'usurpation de juillet 1962.
Si l'on rattache le FLN à ses figures fondatrices, le constat est facile à établir, deux des survivants du groupe historique des six – Boudiaf, Krim Belkacem — avaient été les pionniers de l'opposition politique au régime établi en juillet 1962 et auquel seul Rabah Bitat s'était rallié.
A l'examen précis des compositions des instances dirigeantes du FLN — les CCE de la Soummam et du Caire, les CNRA —, combien d'entre ces dirigeants — à l'exception des hommes liges de l'état-major — se sont retrouvés en responsabilité dans les institutions de l'Etat indépendant ?
Le rappel doit être aussi fait que furent exclus de la candidature à l'Assemblée nationale constituante — prévue par les accords d'Evian — tous les responsables du FLN opposés au coup de force de l'alliance Ben Bella/EMG.
Si cela ne disqualifie en rien la légitimité des exigences portées par les jeunes marcheurs de rupture avec le système politique en place, ils ne doivent en aucun cas oublier que c'est à son ombre que leurs parents ont vécu et qu'eux-mêmes ont grandi.
Ceux qui avaient tôt dénoncé les usurpateurs — et Ben Bella n'avait pas hésité à détourner les pouvoirs de l'Assemblée nationale constituante pour imposer sa vision de l'organisation de l'Etat qui plus est en instituant une unicité partisane formellement en contradiction avec l'appel du 1er Novembre 1954 aux libertés — en ont souvent payé le prix le plus élevé.
Nommer la bureaucratie rentière
L'obligation politique et éthique est bien de nommer, identifier la bureaucratie rentière, assise de l'autoritarisme, de l'interroger sur ses racines et filiations et déconstruire l'abus insoutenable d'une couverture FLN. En quoi pouvait-elle se réclamer du FLN dont les choix ne sont, principalement, consignés que dans deux documents, la proclamation du 1er Novembre et la plateforme de la Soummam ? Les alliances coupables contre le parachèvement de l'indépendance nationale avaient tôt fait de se déliter — rupture Khider-Ben Bella, coup d'Etat de Boumediène contre Ben Bella — et il est notable que l'instance politique de direction de l'Etat de juin 1965 à décembre 1976 – date de l'entrée en exercice de la nouvelle Constitution —, le Conseil de la révolution était dominé par les officiers supérieurs de l'ANP. Au lendemain du 19 juin 1965, ce qui tenait lieu du FLN était pourvu d'une portion congrue, l'éphémère «Secrétariat exécutif» dont beaucoup seraient en peine de rappeler la composition – Chérif Belkacem, Youssef Khatib, Salah Boubnider.
Sous l'ère du président Bendjedid, une sociologie partisane mettrait en lumière les profondes recompositions de la société – l'accélération de l'urbanisation, la scolarisation massive, la modernisation du modèle de consommation — et leurs traductions en termes de renouveau de générations militantes de moins en moins en rapport avec la guerre d'indépendance nationale et ses acteurs. Le retrait formel des officiers supérieurs de l'ANP des instances de direction du parti unique, au lendemain des événements d'octobre 1988, informe aussi sur l'évolution des assises sociales de la bureaucratie partisane. L'observateur averti aura notamment relevé que l'unicité partisane formelle n'interdisait pas la diversité des intérêts et la montée en puissance des relations de protection et de clientélisme.
C'est cette bureaucratie rentière, désormais enracinée tant dans les profondeurs de la société que dans le paysage du pouvoir algérien, qui allait adouber, en février 1999, le «candidat indépendant» Bouteflika imposé alors par une hiérarchie militaire paniquée par les pressions extérieures. Et elle aura pris toute sa place, aux côtés des autres clientèles de l'absolutisme régnant, à toutes les prédations, concussions et son rejet sans concessions fait partie des préalables à tout changement durable, crédible.
Ceux qui jettent allégrement le bébé avec l'eau du bain se trompent et bien plus commettent la faute terrible d'atteinte, au travers du sigle du FLN, à la mémoire de tous ceux qui, sous son emblème, ont combattu, sont morts pour l'indépendance de l'Algérie. La place du FLN n'est pas dans un musée mais dans le cœur de tout Algérien attaché à l'indépendance de son pays.
A. M.


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