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Khalti Aziza
ATTITUDES
Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 06 - 2019

Les joues rubicondes, le front en sueur, il joue des coudes en essayant de se frayer un chemin parmi la foule compacte des manifestants du vendredi. Il pleure, s'égosille en appelant sa mère qu'il ne voit pas. Peine perdue. Personne ne l'entend. Des milliers de personnes agglutinées sur la place Audin, tambour battant, scandent les slogans hostiles à el-issaba. Une vidéo qui a fait le buzz. Nous avons partagé en direct la détresse du petit, âgé de 11 ans, qui, désemparé, s'est dirigé vers nous. Nous vous faisons découvrir ce qui n'a pas été filmé.
«Ma mère, je ne la trouve plus. Elle était là, il y a une minute !» crie-t-il. Des hommes, des femmes tentent de le calmer. «N'aie pas peur, nous allons la retrouver.» C'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Un homme, assis sur sa chaise roulante, lui propose de se mettre debout pour mieux dominer la foule. Un autre le rassure : « Ne pleure pas, où habites-tu ? Comment s'appelle ta mère? Ne t'inquiète pas, on va te déposer chez toi.» Il essuie ses larmes et répond : « Ma mère s'appelle Aziza, j'habite La Montagne.» On va la retrouver.
- Tu as un téléphone ?
- Non, il est chez elle.
- Donne-moi alors ton numéro, on va l'appeler. Peut-être qu'avec un peu de chance elle nous entendra.
- Je ne le connais pas.
- Et celui de ta maman.
- Non plus.
- Son Facebook ?
- Elle n'en a pas.
Comme un flash-back, un souvenir à ce propos et que je n'oublierai jamais me revient. J'avais 12 ans lorsque mon oncle retraité gardait mon petit frère de six ans pendant que ma mère se rendait au travail. Quand il lui arrivait de l'emmener au jardin public, il lui faisait réciter la leçon ; à l'époque, il n'y avait pas de téléphone portable. «Si tu ne me voies pas, n'aie pas peur, tu vas vers un policier, jamais vers quelqu'un d'autre, tu lui dis je m'appelle othmane, j'habite au 2, avenue Battandier, mon oncle s'appelle baba elhadj. Il me retrouvera.»
Revenons à nos moutons. Le gamin panique de plus belle, pleure comme une madeleine. Un homme lui tend une bouteille d'eau et lui propose de boire. Ne perdant pas le nord, il refuse, outré, en lui rappelant qu'il fait carême. Les manifestants l'entourent et chacun y va de sa proposition. «Un porte-voix, il faut chercher un porte-voix, on appellera sa mère, on aura plus de chance.» La foule devient de plus en plus dense, on est collé comme des sardines. On ne peut plus bouger. On ne s'entend plus. Puis une idée géniale illumine ce flot humain. «Il faut demander au groupe qui, perché sur des parapets, une feuille à la main, en chef d'orchestre, lit les slogans tels des refrains, répétés à l'unisson comme une seule voix par des milliers de protestataires, d'alerter la maman.
Les gens ont toutes les peines du monde à calmer l'enfant. On crie, on gesticule pour tenter de faire taire l'orchestre et toute cette marée afin d'expliquer ce qui se passe. Ce n'était pas peine perdue. Peu à peu le silence s'installe. C'est alors qu'un homme, sorti de la foule, se dirige vers l'enfant. Il le porte en le rassurant : «Viens avec moi, tu vas te mettre sur la balustrade, ta mère te verra mieux et on va crier son nom.» Avec son tricot rouge, ce blondinet joufflu domine enfin l'afflux. Et, à gorge déployée, on crie d'abord «on demande khalti Aziza», puis «khalti Aziza, ton fils est avec nous». Et, comme jailli de cette «mer humaine», khalti Aziza, souriante et visiblement zen, se dirige vers son fils qui, sous l'effet de l'émotion, a failli perdre connaissance. Ainsi, tout est bien qui finit bien. Gâce au génie du peuple, les voilà de nouveau réunis sous des ovations.


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