Dernier vendredi de Ramadhan. Quinzième d'une mobilisation qui ne faiblit pas. Le Ramadhan n'aura pas eu raison du mouvement de protestation. Ce dernier a gardé intacte son ampleur. Le pari a été tenu : des millions d'Algériens ont fait fi de la chaleur et de la fatigue pour se faire entendre. Ceux qui avaient tablé sur l'essoufflement du mouvement ont dû rapidement se rendre à l'évidence. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La question était sur toutes les lèvres : le Ramadhan aura-t-il raison du mouvement populaire ? Ce n'est pas sans inquiétudes que les regards étaient tous braqués vers la rue lors du premier vendredi de ce mois particulier. Et pour cause : le premier vendredi avait valeur de test. La fatigue, la soif allaient-elles dissuader les Algériens de poursuivre le combat ? Allaient-ils mettre entre parenthèses la mobilisation au moment où les événements amorçaient un tournant décisif ? La réponse est venue d'une rue noire de monde, d'une foule bien décidée à ne pas renoncer. Au fil des vendredis, la mobilisation n'a souffert ni des conditions climatiques ni de la fatigue caractéristique du mois de Ramadhan. Les Algériens ont relevé le pari en n'ajournant pas leur mobilisation. Au contraire, ils se sont, au fil des semaines, adaptés au rythme qu'impose le Ramadhan. Les marches ont débuté un peu plus tard sans jamais perdre en intensité. A partir des balcons, des familles aspergeaient d'eau des marcheurs éreintés par la chaleur mais jamais démotivés. Dans le sud du pays, et en raison de températures trop élevées, c'est le soir que les Algériens investissaient la rue. Au fil des semaines, les slogans se sont également adaptés à l'évolution de la situation et aux propositions des tenants du pouvoir. Ces derniers font partie de ceux qui avaient fait le pari perdant de voir la mobilisation s'essouffler au fil des semaines. Partant du postulat que le mois du Ramadhan est souvent propice à une hibernation collective, ils étaient nombreux à y voir une occasion inespérée pour l'affaiblissement de la mobilisation puis son extinction. Leurs pronostics se sont avérés totalement faux et leurs calculs ont été faussés. La prise de conscience populaire aura été plus forte que les contraintes. Les Algériens ont relevé le défi : celui de faire la part des choses. Conscients qu'ils négocient un virage historique, ils n'allaient pas laisser la soif ou la faim les priver d'une véritable opportunité de changement. Assoiffés d'une véritable démocratie, ils ne se sont pas laissés détourner de leur objectif : un changement profond du système, tout le système. Ils promettent de rester sur cette ligne résistante et se donnent déjà rendez-vous pour vendredi prochain. Ils promettent une aussi grande mobilisation qui durera le temps qu'il faudra pour que leurs revendications atteignent enfin les oreilles des décideurs du moment. N. I.