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Est-ce un constat amer ou un brûlot ?
LES «AFFAIRES ETRANGES» DE KAMEL BOUCHAMA…
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 12 - 2019


Par Chérif Izemis
«L'écriture, n'est pas une thérapie. C'est bien plus fort. C'est une manière non seulement de supporter l'existence, mais de la transcender, de la rêver souvent, de demeurer en permanence en débat avec soi-même.»
Patrick Poivre d'Arvor, écrivain journaliste
Cet ouvrage que nous propose Kamel Bouchama – qui n'est plus à présenter en tant qu'auteur prolifique – est un écrit non seulement croustillant, mais on ne peut plus audacieux, qui met à nu un secteur dans ses dysfonctionnements, et qui vient corroborer, sans nul doute, certains écrits, notamment la lettre de l'ancien moudjahid et ambassadeur, Abdelmadjid Sana. L'auteur a osé décrire, dans son propre style, cet important secteur qui vit, hélas, en totale autarcie, non pas économique, mais celle, selon sa conviction, qui n'accepte aucun apport en termes de cadres, venant de l'extérieur. Dans toutes ses pages qu'il a rédigées sans ressentiment – le précise-t-il – il tient à réaffirmer ce que disaient alors les hauts responsables du pays, sans faire cependant le moindre effort pour corriger le mal qui prenait de l'ampleur au fil des années. Il voulait, en mettant en relation des faits, des événements et des actions avec les circonstances historiques, politiques et sociales, dans lesquelles ils se sont produits, présenter un examen critique sur la gestion de cet important secteur de souveraineté.
Mais avant d'aller dans ses pages pour vous donner la quintessence de son produit, voyons d'abord cette dédicace surprenante, ou même étrange, dans la tradition de l'écriture d'ouvrages pareils. Une dédicace, qu'il place en exergue de son écrit et qu'il adresse à son petit-fils Iskander Kamel, en lui demandant d'être grand... Ainsi, commencer par ce clin d'œil est important pour la compréhension des cinq cents pages qui suivront. Nous prenons des passages de ce message, fort éloquent, lancé à son petit.
«Iskander Kamel…, ce titre, Les affaires étranges, veut dire beaucoup de choses. Il souligne, dans des descriptions véridiques et honnêtes, nos incohérences et nos contradictions poignantes. Il transmet à la jeune génération, dont tu fais partie, ce désir de la voir loin des pratiques, dont l'arrogance et la suffisance qui nous ont toujours habités et qui ont été d'un grand préjudice à notre évolution. En clair, il raconte, dans une approche frontale, descriptive, presque naïve, du fait qu'elle ne s'embarrasse d'aucun complexe, parce que rédigée sans amertume – même si quelquefois la plume devient scalpel –, le mal incommensurable que les gens du système génèrent et qui se transforme en désillusion et en perte de confiance, chez ceux qui ont toujours hissé haut les principes de la morale. Plus loin, il écrit : «Pour cela, n'approche pas le monde de la politique, s'il demeure dans cet état, un monde irrationnel et pervers où ses tenants sont inhumains, complexés, haineux, avides de pouvoir, allant jusqu'à la limite de l'intolérable pour assouvir leurs passions et leurs ambitions démesurées. Eloigne-toi de ceux-là. Sois plus près des hommes de culture et de science, ces hommes qui savent respecter autrui et qui restent forts par leur savoir, leur compétence, leur modestie, leur franchise et leur droiture...
[...] Le mot de la fin ? Voilà ce que nous sommes et ce que je ne voudrais pas que tu sois ! Accroche-toi donc au wagon de la Science et de la Culture, et apprends à vivre avec ton savoir, avec la sueur de ton front et ton courage. C'est la seule voie qui te mènera vers la grandeur.»
Ainsi, les affaires étranges, sans majuscules – le titre de cet ouvrage –, reprennent, selon l'auteur, «ce que tous les diplomates connaissent, ce que tous les responsables connaissent…, mais n'osent le dire ouvertement, simplement.»
Est-ce un brûlot, se demandent d'aucuns au vu du style un peu caustique usité par Kamel Bouchama ? Pas du tout, affirme-t-il, et il s'explique clairement en se situant dans la période où il l'a rédigé. En effet, parce qu'il faut lire cet écrit dans son contexte des années d'avant la révolution du 22 février 2019, pour comprendre que le secteur des affaires étrangères n'a pas été à la hauteur des exigences du pays... Même les responsables de ces années-là ne se gênaient pas pour dire le mot juste, souvent durement, comme cette déclaration du chef de l'exécutif de la même époque, au cours du séminaire des ambassadeurs et autres consuls généraux, avant de rejoindre leurs postes à l'étranger :
«L'offensive du chef de l'Etat, sur le plan international, n'a pas été appuyée par des actions des représentations diplomatiques. Au moment où des pays voisins, de moindre importance sur l'échiquier géostratégique, mènent des actions de lobbying en direction des milieux d'affaires, certains de nos diplomates n'arrivent pas à suivre la cadence, se contentant de gérer leur carrière… Une triste réalité, favorisée par le laxisme de nos ambassades à l'étranger. Ces dernières, qui ne se manifestent qu'à l'occasion de rendez-vous électoraux et/ou de visites de hauts responsables, sont loin de répondre aux attentes, aussi bien de la communauté émigrée que des grandes orientations économiques nationales.»
À la déclaration du chef de l'exécutif d'avant le 22 février 2019, encore une fois, s'ajoute cette autre tirade, non moins éloquente de l'un des pionniers des diplomates algériens fondateurs à l'indépendance du département des AE, l'ambassadeur Abdelmadjid Sana dans une lettre ouverte adressée, cette année, en 2019, au ministre des Affaires étrangères. Il affirme résolument, dans un passage, ce qui suit :
«Le ministère des Affaires étrangères n'est pas une entreprise familiale de recyclage de magouilleurs en tout genre, ni le vivier de relégations d'affairistes véreux en mal de reconversion... Le ministère doit se délester de ces personnes aux pratiques malpropres et scabreuses afin de se concentrer sur la seule mission salutaire qui lui incombe : celle de la représentativité d'une Algérie patriote, solidaire, égalitaire, et celle d'assurer une protection authentique et efficace de notre communauté à l'étranger, celle attendue et ô combien légitimée par son peuple...»
Sans commentaire !
Ainsi, comment peut-on parler d'un brûlot pour ce qui est de l'ouvrage de Kamel Bouchama, lorsqu'on se situe dans le contexte, voire dans le temps et l'espace d'alors, peut-être même dans l'ambiance d'aujourd'hui – parce qu'entre-temps rien n'a changé dans ce secteur – pour comprendre que son écrit se justifie aisément ? Et il l'affirme, à haute et intelligible voix. «J'ai mis fin, par éthique, à l'écriture de ce livre le 10 octobre 2004, une semaine seulement après mon retour à Alger. Je confirme ces dates pour être honnête vis-à-vis de moi-même, mais surtout des hommes et des événements. Beaucoup plus vis-à-vis des hommes qui penseraient, comme à l'accoutumée, qu'un écrit de cette propension leur est destiné, sous forme de brûlot corrosif, pour les attaquer personnellement, cyniquement et, de plus, méchamment, après mon divorce d'avec le secteur des affaires étrangères. Oh, que non ! Je l'ai déjà dit. Non pas que je veuille me justifier devant cette nomenklatura diplomatique, composée de responsables fort susceptibles et par trop complexés, mais pour confirmer que j'écrivais ces pages au fur et à mesure que j'avançais dans un domaine qui m'appartenait, hélas, en tant qu'Algérien d'abord, et en tant que cadre national ensuite, et que je n'étais pas fier de représenter, à cause de toutes les embrouilles, les confusions, les délires, les complications et les déceptions qui se l'appropriaient.»
Ensuite, l'auteur s'explique davantage. Il dit que ce travail, daté fidèlement et honnêtement, il l'a terminé, il y a bien longtemps, et qu'il l'a mis sous le coude depuis 15 ans. Kamel Bouchama insiste sur le temps, pour ne pas paraître comme cet ancien cadre irresponsable, et non moins hypocrite, qui s'accroche à toute occasion pour jouer l'opportuniste et d'aucuns puissent comprendre qu'il tire sur les ambulances. Il l'a déjà dit dans les premières pages de cet ouvrage. Le répéter, n'est pas superflu. En effet, il précise également qu'en novembre de l'année 2006, il avait bel et bien reçu l'accord ferme du président de la République – que lui a transmis son secrétaire particulier, M. Mohamed Rougab – pour la publication de son ouvrage. Mais il ne l'a pas publié... Etait-il prudent, voire plus sage, en tempérant un tant soit peu son ardeur pour ne pas aller à la rencontre de grandes et mauvaises surprises, comme il l'affirme dans ses pages ? Absolument, c'est ce qu'il ne voulait pas connaître..., ces «effets dévastateurs de l'inconstance du Président d'alors, pour les subir, amèrement. Vous comprenez fort bien les suites que j'aurais pâties, en conséquence de sa versatilité. D'ailleurs, il était bien connu pour ça», écrit-il clairement dans la postface de son ouvrage.
De là – et il l'explique encore davantage –, le report de sa publication s'imposait, tout en retenant d'autres raisons, aussi importantes. D'une part, l'existence d'une situation malaisée de l'époque dans ce secteur de souveraineté, et donc, il ne fallait pas en rajouter, en s'attaquant à une citadelle où la solidarité de corps est plus que ferme et cohérente à la fois, et pour cause... ! D'autre part, parce qu'il y a derrière ce front, ou ce parti monolithique des affaires étrangères, le spectre du népotisme et de la recherche de bonnes situations de rente. Alors, comment allait-il s'attaquer à cette citadelle inexpugnable ! Une gageure à haut risque, impensable…, une opération par trop entreprenante et impertinente chez d'aucuns ! Ainsi, l'auteur s'est rétracté et a remis son projet d'édition sur les affaires étranges à plus tard – il le confirme dans ses pages –, en tout cas, après l'avènement d'un climat politique plus sain, plus sincère, plus noble..., et, pourquoi pas, après le départ du système Bouteflika, si Dieu le veut.
Là, présentement, l'ouvrage est sur le marché, il a été même classé parmi les meilleures ventes au cours de ce dernier Sila. Nombreux étaient les cadres et de bons lecteurs qui sont venus au stand «Dalimen», éditrice de l'ouvrage, pour la dédicace de l'auteur. Ainsi, les affaires étranges, un ouvrage plein de vérités, parle uniquement de dysfonctionnements au niveau de la gestion du secteur des Affaires étrangères, ces dysfonctionnements «qui le plongent dans la dégradation, si ce n'est, en de nombreux cas, dans la déchéance et l'humiliation». Et à l'auteur de s'expliquer davantage : «Alors, peut-on me taxer de provocateur, d'agitateur et peut-être même de félon, parce que j'ai dit ce qu'il fallait dire sur un secteur délabré et rongé, depuis fort longtemps, par des pratiques moyenâgeuses ? Là, je ne vise que des cadres que j'ai approchés, que j'ai connus et pratiqués, depuis longtemps, au cours de mes nombreuses missions à l'étranger, ainsi que ceux avec qui j'ai travaillé péniblement, et malheureusement, durant ces quelques années d'accréditation au poste d'ambassadeur.»
Mais l'auteur Kamel Bouchama, qui présente un examen critique sur la gestion de cet important secteur de souveraineté, fait la différence en situant le mal là où il se trouve. Ainsi, aux premiers qu'il dénonce, il leur dit clairement : «Vous n'êtes pas plus Algériens que les autres Algériens et vous n'êtes pas les mieux placés pour nous donner des leçons [...] et réfuter toutes les accusations qui vous accablent.» Les autres, qu'il admire et respecte, les non-concernés par ce constat amer, sont de vrais diplomates, écrit-il, «parmi lesquels j'ai l'honneur de compter de nombreux amis, honnêtes et surtout compétents».
Ensuite, sans désemparer, l'auteur, va plus loin. Il avoue, clairement, qu'il peut tout effacer de ce qu'il a écrit, depuis la première page de son ouvrage, mais qu'il laisse, par contre, et seulement, pour faire face à ses détracteurs – afin de la publier, en gardant, bien sûr, le même titre – la déclaration du chef du gouvernement de l'époque qui est très, très éloquente. Et là, il leur réplique, «Qu'allez-vous lui dire, de même qu'à l'ex-président de la République, en prenant votre courage à deux mains ? Vous leur direz qu'ils n'avaient pas raison, qu'ils faisaient dans le nihilisme, dans le défaitisme et la provocation, qu'ils vous en voulaient peut-être, vous qui les flagorniez et les cajoliez, parce qu'ils étaient debout ?»
Donc, les affaires étranges, c'est le résultat du travail de sape d'une caste de dinosaures au sein de ce secteur qui vous assènent des coups de semonce, gratuitement, et subtilement, parce que vous ne faites pas partie de leur cercle fermé d'influents et patents plénipotentiaires, pour rester dans le jargon de la boîte. Alors, vous devenez l'indésirable, parce que vous n'appartenez pas à leur «chapelle». Vous êtes considéré comme celui qui vient comme un cheveu sur la soupe ou, carrément, celui qui vient manger leur soupe.
C. I.


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