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L'homme qui ne voulait pas être une balance
Alexandre Ahmed Djouhri
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 02 - 2020

L'homme d'affaires algéro-français Alexandre Ahmed Djouhri a été placé, vendredi 31 janvier, en détention provisoire par la justice française. Il est poursuivi pour « corruption active », « faux et usage de faux » et « complicité et recel de détournement de fonds publics par une personne chargée d'une mission de service public » dans l'affaire du financement libyen de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007. Retour sur le parcours d'un homme de réseaux.
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Rien ne prédestinait le jeune Ahmed Djouhri à devenir une des personnes les plus recherchées de France. Né le 18 février 1959 à Saint-Denis, dans une famille algérienne originaire de Béjaïa, il grandit à Aubervilliers, petite ville ouvrière située au nord de Paris.
Le jeune Ahmed n'accorde pas grand intérêt aux études, il préfère travailler dans les marchés de la région. A peine sorti de l'adolescence, il s'installe à Paris. Il découvre le monde de la nuit parisienne et ne tarde pas à comprendre les liens qui existent entre le milieu politique et celui des affaires. Un des réseaux les plus complexes et surtout le plus lucratif, c'est la Françafrique. Ahmed, qui devient alors Alexandre, se lie d'amitié - et d'affaires - avec des membres influents de ce vaste réseau qui contrôle la politique et l'économie de la quasi-totalité des anciennes colonies africaines de la France.
Dominique de Villepin, Jacques Chirac, Charles Pasqua… les amis d'Alexandre sont tous de droite. Une proximité qui tranche avec l'engagement politique de son père Akli, un ouvrier engagé dans les rangs du Parti communiste. En Afrique, il se lance dans le négoce du café et du cacao, puis dans le pétrole. Il lui suffit de s'annoncer pour rencontrer les dirigeants africains. « J'ai commencé par travailler, ensuite j'ai développé des affaires, mais je n'étais pas un apporteur d'affaires. J'ai une crédibilité que je n'ai pas achetée », explique-t-il dans une interview accordée récemment à la chaîne d'information LCI. L'homme se défend d'être un « intermédiaire ».
Dans son carnet d'adresses figurent également des personnalités du monde arabe, notamment de Libye. Durant les années 1990, alors qu'il gère des affaires florissantes, il se lie d'amitié avec Bachir Salah Bachir, un haut fonctionnaire et diplomate très proche de Mouamar Kadhafi.
Alexandre Ahmed Djouhri multiplie les affaires tout en maintenant un épais voile de mystère autour de sa personne. C'est le journaliste Pierre Péan qui a été le premier à évoquer ce personnage dans La République des mallettes. Enquête sur la principauté française de non-droit, un livre sur le phénomène de la corruption dans le milieu politique français. « Il sait aborder les gens, monter des réseaux. Dans sa jeunesse tumultueuse, il entre en contact avec le fils du directeur de l'Unesco Amadou-Mahtar M'Bow, devient très proche de lui avant de s'introduire dans son cercle. Il rencontre des fils de présidents africains, fréquente Souha Arafat, qui lui présente son mari. Il paie de sa personne et sait se rendre utile. Sa carrière connaît aussi un coup d'accélérateur après sa rencontre avec François Antona, un flic qui le met en contact avec les réseaux corses de Charles Pasqua, et avec François Casanova, un autre flic devenu commandant aux RG, qui fera de lui un acteur, resté très secret, de l'affaire Clearstream », déclare Péant dans une interview accordée au magazine Le Point. Pour Djouhri, le livre de Péant n'est qu'un tissu de mensonges. Il faut dire que «monsieur Alexandre » n'aime pas les médias. Après avoir été sorti de l'ombre par Pierre Péant, c'est au tour du journal d'investigation Mediapart de le mettre dans une situation très inconfortable.
Dans une enquête publiée en 2012, le média en ligne le cite comme faisant partie des protagonistes dans l'affaire dite du financement libyen de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007. Son nom figure aux côtés de celui de son ami Bachir Salah Bachir et d'un autre homme d'affaires franco-libanais, Ziad Takieddine. En 2013, la justice française se saisit de l'affaire. Le Parquet national financier (PNF) ouvre une instruction. Le domicile suisse d'Alexandre Ahmed Djouhri fait l'objet d'une perquisition. L'homme d'affaires, qui dénonce l'utilisation de la justice pour s'attaquer à son ami Nicolas Sarkozy, décide de limiter ses séjours en France. Durant cette période, il passe de longs séjours en Algérie, son pays d'origine dont il jouit d'ailleurs de la nationalité. Cependant, en France, les pressions judiciaires et médiatiques lui font perdre de précieuses alliances. La visite officielle en Algérie d'Emmanuel Macron, en décembre 2017, démontre l'ampleur du malaise de la classe politique face au phénomène Djouhri. Lors d'une réception donnée à la résidence de l'ambassadeur de France à Alger, le Président français se retrouve face au businessman poursuivi pour une affaire de corruption d'envergure internationale. L'affaire tourne au scandale.
Un mois plus tard, alors qu'il rendait visite à sa fille à Londres, il est arrêté par la police britannique dans le cadre de l'application d'un mandat d'arrêt européen. C'est un homme affaibli physiquement qui tente de se battre contre l'appareil judiciaire français à partir de Londres. Pour lui, ce mandat d'arrêt européen est un faux. «C'est un faux en écriture. Je n'ai jamais été en fuite de toute ma vie et je ne fuirai jamais la justice de mon pays», dit-il à un journaliste. Jeudi 30 janvier, les autorités britanniques ont décidé de le remettre officiellement à la justice française. Un acte qui met fin à une cavale qui aura duré plusieurs années. Un nouveau volet de cette affaire s'ouvre désormais.
T. H.
Une arrestation spectacle
A quelques heures avant le Brexit (après minuit, l'arrivée de policiers européens sur le sol britannique aurait été plus complexe), cinq policiers français arrivent à l'aéroport de Londres pour attendre Alexandre Djouhri. Alors que lui descend lentement de son taxi mais un peu inquiet quand même. Au milieu de ces cinq malabars, il est escorté dans l'avion, accompagné par un médecin quand même.
A son arrivée en France, Alexandre Djouhri est attendu par un détachement du Raid : policiers lourdement armés et cagoulés. Conduit immédiatement devant un juge qui lui signifie les neuf chefs d'inculpation, Alexandre Djouhri refuse de répondre.
Après deux heures d'interrogatoire stérile, il est conduit devant un juge des libertés et de la détention qui le met en état d'arrestation. Illico, il est conduit à la prison de Fresnes, où il passe sa première nuit.
Délesté de son argent, Djouhri ne peut même pas payer la télévision. Selon certaines indiscrétions de l'Elysée, Emmanuel Macron fait savoir que cette affaire était déclenchée avant son arrivée au pouvoir (il vise François Hollande et Manuel Valls), et ce n'est pas son affaire. Sans doute mais il en profite quand même.
R. N.


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