Le nouveau marché de gros des fruits et légumes de Bourached, après moult hésitations des autorités wilayales, qui avaient prévu, d'abord, de l'implanter à El-Abadia, puis à l'entrée ouest de Aïn Defla, a été finalement implanté et réalisé par l'EPE Magros à Bourached, à une quinzaine de km au sud du chef-lieu de la wilaya. Le premier coup de pioche du projet a été donné en 2012 et sa réalisation est l'œuvre de l'EPE Magros Ouarsenis. La structure, avec son architecture moderne, dont la réalisation fut achevée en 2017, occupe une superficie de plus de 12 ha dont 3 pour la surface couverte et 1,2 ha de bâti. Elle est dotée d'un parking de plus de 7 ha sans compter les espaces verts et les structures annexes d'accompagnement comme un hôtel, cafétérias, restaurants, douches, agence bancaire, une climatisation par bruminisation qui offre aux visiteurs et commerçants confort et commodités. La quantité de fruits et légumes qui y transiteraient annuellement, selon les projections établies par les promoteurs, serait de l'ordre de 500 000 tonnes/an. Selon le directeur du marché, Abdelkader Abdelaziz, cette structure générera plus de 1 000 postes d'emploi directs et indirects, «un chiffre qui sera certainement revu à la hausse une fois que le marché atteindra sa vitesse de croisière ». Cependant, pour l'heure, la concrétisation de ces prévisions est encore loin. En effet, lors de l'entrevue que nous a accordée le directeur de ce marché, sur les 196 carreaux dont le pas de porte a été mis aux enchères, 181, aux plus offrants, à raison de 2 à 4 millions DA en fonction de la superficie des carreaux avec, en sus, un loyer mensuel fixé entre 2 et 5 millions de centimes. A cela, ajoute notre interlocuteur, le droit d'entrée pour tout véhicule utilitaire est fixé à 500 DA, 1 000 pour les véhicules légers. Pour l'heure, les mandataires ne se bousculent pas au portillon et l'activité à l'intérieur de la structure rencontre des difficultés. D'une part, les producteurs boudent le marché et les mandataires ayant pris option sur des carreaux n'ont pas encore signé les contrats des baux de location depuis déjà une année, alors que la réglementation n'accorde qu'un délai d'un mois, bien qu'ils possèdent les cahiers des charges. Partant de ce comportement, des mandataires ayant pris option, le directeur est décidé à appliquer la législation en vigueur. «Je vais purement et simplement remettre aux enchères les carreaux dont les titulaires n'ont pas honoré leurs engagements.» En réponse à la question sur les suites à donner pour ce qui est des sommes avancées pour l'acquisition du pas de porte, le directeur dira : «Il ne sera pas question de les rembourser. Cette clause figure dans les cahiers des charges dont ils ont pris possession.» Et en cas de désistement ? «Le terme de désistement est à exclure», souligne le principal gestionnaire. Cela signifie que « les versements effectués par les postulants ne sont pas remboursable dans ce cas, ils n'avaient qu'à lire le cahier des charges». Une autre difficulté est imputée au wali précédent qui n'a pas appliqué l'article 19 du décret paru au JO du 14-3-2012 dans son chapitre 4 intitulé «Conditions et modalités d'implantation et de gestion des marchés de gros et des activités de distribution au stade de gros», article qui stipule que «l'exercice de toute activité commerciale au stade de gros à la périphérie du marché de gros et au niveau des travées est interdite et sanctionnée par la réglementation en vigueur». A propos d'activité de commerce de fruits et légumes, les responsables de Magros ainsi que les acquéreurs de carreaux contestent le fait que les marchés de gros d'El Attaf, de Tachta et de Khemis-Miliana surtout (appelé Soug Ellil et précédemment Soug Antar) semblent poser problème parce qu'ils ont été constitués il y a une vingtaine d'années, marchés où s'approvisionnent tous les détaillants de l'est de la wilaya. Cette structure (marché de fruits et légumes de Khemis-Miliana) est actuellement mise en adjudication, ce qui constitue une source de revenus pour la commune de 4 milliards par an, ce qui est loin d'être négligeable. De plus, le marché de gros de Khemis- Miliana génère un nombre important d'emplois directs et indirects, des emplois qui disparaîtraient à coup sûr. Une autre inconnue persiste dans bien des esprits comme la question que tout le monde se pose : «A-t-on la certitude que les 3 marchés cités (ceux de Khemis- Miliana, El Attaf et Tachta), une fois fermés, tous les détaillants de la wilaya iront approvisionner leurs étals au marché de Bourached ?» Les avis restent partagés. A ce sujet, l'incertitude plane. L'ex-wali a reconnu que les marchés de Tachta et d'El Attaf ne constituaient pas un vrai handicap pour le marché de Bourached et que c'est celui de Khemis-Miliana qui pose vraiment problème Par ailleurs, il se trouve que le contrat de 3 ans d'adjudication du marché de gros de Khemis-Miliana prendra fin le 15 février prochain ce qui constitue une heureuse coïncidence pour les partisans du marché de Magros. Aussi, l'article portant protection des marchés de gros interdit le commerce de gros dans la périphérie de ce marché. Or, Khemis- Miliana se trouve à 30 km à l'est de Bourached et El Attaf à 40 km pendant que l'espace nommé périphérie n'est pas fixé par ce texte. Bien des avis font part de leur inquiétude si le marché de gros de fruits et légumes de Khemis-Miliana venait à être fermé parce que cela ne serait pas à l'avantage de la commune de Khemis-Miliana, la plus importante de la wilaya, commune qui avait été cataloguée comme «le poumon économique de la wilaya» par d'ex-walis, mais aussi parce que cette commune est la plus peuplée et se situe à un carrefour stratégique, par où passent les grandes voies de communication entre l'Est et l'Ouest, le Nord et le Sud. A quelques jours de l'expiration de l'adjudication du marché de gros de Khemis-Miliana, l'équation à plusieurs inconnues devra trouver une solution ou des solutions. «Pour le marché de Bourached, il s'agit d'une naissance au forceps avec bien des inconnues», nous dit un homme de loi. Karim O.